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Politique

CONDAMNE A UN AN D'EMPRISONNEMENT DONT TROIS MOIS FERMES : Dias, l'épreuve d'humiliation

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CONDAMNE A UN AN D'EMPRISONNEMENT DONT TROIS MOIS FERMES : Dias, l'épreuve d'humiliation

Hier, au Tribunal des flagrants délits, Jean-Paul Dias a été condamné à une peine d’emprisonnement d’un an dont trois mois fermes. Pourtant, la plaidoirie de la défense ne présageait pas cette sentence.

La voix du juge Katy Diémé, présidente du Tribunal des flagrants délits, trahit son jeune âge. Elle tonne sur la salle remplie d’un public hétérogène : «M. Dias, vous êtes condamnés à un an d’emprisonnement avec neuf mois de sursis.» Ensuite, comme si elle sentait la nécessité de s’expliquer, elle fixe son regard, jusqu’ici furtif, sur le prévenu Jean-Paul Dias et ajoute : «Vous avez trois mois fermes !.» Dias reste serein. Ses avocats accourent vers lui. Les gendarmes et autres gardes pénitentiaires aussi. Ils l’entourent. On lui apporte quatre bouteilles d’eau minérale paquetées dans un sachet en plastique, le prisonnier sort de la salle encadré par la meute de gardes sans laisser lire dans son visage aucun sentiment. Dans la salle d’audience qui se referme derrière le leader du Bloc des centristes Gaindés (Bcg), le public est visiblement interloqué. On chuchote des commentaires, «c’est trop sévère !» disent certains. Mais les avocats ne se limitent pas à cette appréciation. En effet, Me Djiby Diallo informe aussitôt après qu’ils vont interjeter appel le même jour et introduire une demande de liberté provisoire en attendant que la Cour d’Appel statue sur l’affaire.

LES GRIEFS DU PARQUET

Pourtant, le réquisitoire du substitut du procureur, Antoine Felix Abdoulaye Diome, maître des poursuites, présageait de ce délibéré. En effet, du haut de son podium, debout pendant une demi-heure, ce jeune homme à la trentaine bien sonnée, avec son sourire injustifié, «énervant», disent certains, s’est appesanti à enfoncer et à casser du Dias pour requérir, à la fin de son speech, une peine d’emprisonnement ferme de deux ans. «Pour l’exemple», argue-t-il. Avis du procureur Diome est que le comportement de M. Dias n’est pas digne d’un homme public, de surcroît quelqu’un qui veut briguer les suffrages des Sénégalais. En fait, il convoque tout le symbole que représentent les institutions de la République dont la magistrature fait partie pour accuser le leader du Bcg de vouloir «briser le mythe et le symbole» qu’elles incarnent. «Dans un pays, nous n’avons que ces symboles qui garantissent la sécurité des citoyens.» Et de poursuivre dans son pamphlet, que Dias est un contre-exemple comparé à d’autres leaders politiques, présents dans la salle, qui, «en six ans d’opposition n’ont jamais eu maille à pâtir avec la justice pour de telles déclarations». A cet instant de ses reproches, les regards se tournent vers Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste qui se dérobe avec ses mains sur le visage, camouflant timidement ses sentiments. Quant à la «volonté criminelle» de Jean-Paul Dias dans le délit de menace de mort, le procureur défend mordicus qu’il est établi. Son argument est que Dias a conditionné cette menace à ceux qui toucheront à son fils. Enfin, sur la diffusion de fausses nouvelles, le parquet note l’absence de preuve des allégations de Jean-Paul Dias.

LE PRETEXTE, LE CONTEXTE ET L’INCIDENT

Autant de reproches que la défense qualifie de «manigance et de complot» pour embastiller une langue qui gêne. Dans ces tractations qui ont entraîné Dias devant la barre, la bande à Me Assata Tall Sall, pour plaider une application bienveillante de la loi à défaut d’une relaxe, soulève le contexte de l’arrestation de M. Dias. En effet, Me Djiby Diallo est d’avis que la première convocation du leader du Bcg ne reposait sur rien du tout. Pour lui, il y a eu de l’acharnement, considérant la banalité de l’objet de la convocation : «enquête sur la nationalité de M. Dias», et le silence de la police sur cet objet. Me Tall Sall trouve que ce prétexte est grave dans la mesure où la nationalité de son client ne peut être mise en doute, surtout que ce dernier a occupé des postes de responsabilités dans ce pays. Aussi, note-t-il le danger que cela peut engendrer dans un pays comme le Sénégal. Me Djiby Diallo soutient que le Parquet n’avait pas besoin de saisir la Dic pour régler cette question. Et puis, «si on avait précisé l’objet de la convocation, M. Dias ne réagirait pas comme il l’a fait», renchérit Me Etienne Ndione.

Mais tout cela doit être placé dans son contexte, plaide Me Aïssata Tall Sall, selon qui M. Dias a réagi en père de famille. «En humain», ajoute-elle pour insister sur le fait que tout le monde est exposé à ce genre de réaction. Voulant aussi ramener les propos dans leur contexte, Me Djiby Diallo transcrit les menaces de Jean Paul Dias en wolof pour démontrer que c’est courant au Sénégal qu’un père de famille dit, «Kou laal sama doom ma rayla», littéralement : «qui touche à mon fils, je le tue».

C’est pourquoi, a estimé, la défense, la morale doit prévaloir au tribunal. Surtout que M. Dias a présenté ses excuses, insiste Me Jacques Baudin. «La force sans la Justice est tyrannique et la justice sans la force est impuissante.» Me Baudin salue le courage de son client qui a retiré publiquement ses propos et demande au juge de «renvoyer les politiques dans leur champ pour laisser la justice au tribunal». Pour lui, les propos de Dias sont un incident justifié par le contexte.

Hélas, le tribunal a vu autrement et a suivi le procureur qui estime lui, que le repentir comme la morale populaire ne sont pas suffisants en droit. «Ce qui est dit est dit, il faut le payer.»



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