CONFERENCE DE TALLA SYLLA : « 25 millions ou 25 milliards, le 25 février, Wade partira »

Les invités d’honneur au point de presse du Président du Jëf-Jël dans l’après-midi d’hier, mardi 29 août, ont royalement brillé par leur absence. En effet, dans l’ordre de jour de la rencontre étaient inscrits des témoignages de candidats à l’émigration, qui débarquent fraîchement des « lothio », avec leur lot de révélations fracassantes sur leur périple tourmenté. Finalement, les trois « stars » « qui ont eu le courage de franchir la porte du siège » du Jëf-Jëf », ont préféré s’éclipser sans piper mot, cloués par des « menaces », selon Benoît Sambou. N’empêche, Talla Sylla n’en a pas perdu sa langue pour autant. « L’homme au marteau », a craché son venin sur les responsables du « coup de poing institutionnel de l’occupation de l’Assemblée Nationale » et s’est aussi prononcé sur la caution à l’élection présidentielle fixée à 25 millions : « 25 mille, 25 millions ou 25 milliards, le 25 février, Wade partira ! »

Actualité oblige, le président du Jëf-Jël en conférence de presse hier, jette son grain de sel sur l’arrêté du ministre de l’intérieur Ousmane Ngom, portant cautionnement aux élections présidentielles de 2007 à 25 millions. « 25 mille, 25 millions ou 25 milliards, le 25 février, Wade partira. D’ailleurs, si la caution était fixée à 40 millions en 2000, Wade n’aurait jamais été candidat ! » Le président du Jëf-Jël, loin de se voiler la face, estime que cette décision n’est pas destinée à Niasse, Tanor ou Idy, mais aux politiciens de sa catégorie, « les plus pauvres parmi les plus riches ». En tout état de cause, que le régime au pouvoir se le tienne pour dit : « 25 millions ne peuvent pas nous empêcher d’aller à l’assaut du pouvoir, rien ne nous en empêchera. Je ne peux pas accepter qu’on écarte des Sénégalais parce qu’ils n’ont pas d’argent. On ne devait pas conditionner la participation aux élections aux finances, mais aux signatures ».

Les questions sur lesquelles il y a à boire et à manger et auxquelles le Président Wade devait accorder la plus grande attention, concerne le fichier électoral. « Je propose qu’on fusionne les deux fichiers, cela permettra d’aller vers des élections apaisées. On s’auto-glorifie de 4 millions d’inscrits, en réalité, les commissions d’inscription sont introuvables, elles jouent à cache-cache avec les populations ». Ces dernières, si elles sont inscrites, poursuit le conférencier, ne voient la couleur des cartes qu’à la télé. « Ils pensent que le régime veut les sanctionner en les privant du droit de vote. Nous n’accepterons jamais de hold-up électoral ».

Il est vrai, concède Talla Sylla, qu’il y a une prolifération des partis politiques, « mais aux vrais problèmes, ils ont trouvé de fausses solutions. En réalité, ce qu’ils veulent, c’est éviter l’éclatement de la Cap 21, il s’agit d’une mesure dissuasive ».

« L’ampleur du rejet du régime de Wade... »

Les vrais problèmes, estime-t-il, « ce sont ces milliers de jeunes, qui ont aidé Wade à faire la marche bleue en 2000 et qui se lancent dans des solutions individuelles de sortie de crise. Nous sommes tous responsables, c’est l’échec de la classe politique ». Cependant, avant la fin de la conférence, il retire ses mots « en vérité, je dis cela comme cela, mais tout le monde sait que nous n’avons pas de part de responsabilité dans ce qui arrive ». Les chefs religieux également, ajoute Talla Sylla, devaient s’impliquer davantage sur le sort de ces jeunes, mais personne n’ose les pointer du doigt. Les propos de Serigne Mod Seynabou Niasse en disent long sur ce pouvoir religieux : « si le pouvoir nous touche, il ne passera pas la nuit », aurait-il soutenu selon Talla Sylla.

En tournée à l’intérieur du pays, depuis le 16 juillet 2006, dans le cadre de « la réhabilitation de la souveraineté du peuple », Talla Sylla a avancé que les signatures de la pétition contre « le coup d’Etat de l’Assemblée Nationale », a largement dépassé ses espérances. Prétextant que « qui va en guerre ne dévoile pas ses armes », le leader du Jëf-Jël, se garde bien de dire le nombre de signatures. « Vous le saurez au bout du 120 ième jour, le 12 novembre, pour symboliser les 120 députés et je vous assure que vous serez surpris des noms et du nombre ! ». Sans violer un « secret d’Etat », Talla Sylla annonce que Moustapha Niasse a déjà signé à Keur Madiabel. « Nous ne nous sommes pas focalisés sur les partis politiques, mais sur le coup d’Etat de l’Assemblée Nationale. Nous avons déjà fait Louga, Kaolack et une partie de Fatick. Nous nous sommes rendu compte sur le terrain de l’ampleur du rejet du régime de Wade. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, nous n’avons eu jusqu’ici, aucun incident avec les gens du Pds. Nous avons aussi vu que les paysans, contrairement à ce qu’on peut croire à Dakar, savent parfaitement ce qui se passe dans notre pays. Ils ont faim et soif et sont en train de mourir à petits feux en silence. La campagne agricole risque d’être catastrophique ».

Barthélémy Dias, conclut Talla Sylla, en répondant à une question, a tout son soutien. « Il ne faut pas laisser ces gens-là voir que cela fait mal de se retrouver derrière les barreaux. Wade lui-même a plusieurs fois été emprisonné, pourtant, il est devenu Président ». Au sujet de Jean Paul Dias, il lance, avec un regard fuyant, qu’il n’est pas partisan du retrait de propos. Comprends qui voudra...