Cinq Premiers ministres, neuf ministres du Commerce, huit ministres de la Santé, sept ministres de la Culture… En matière de remaniements ministériels, le record de Wade est difficilement égalable. On peut même écrire, sans risque d’être démenti, que ce record tutoie ceux de la quatrième République française et des cabinets italiens où les changements de gouvernement relèvent, presque, d’un banal fait divers. Une des conséquences de cette instabilité gouvernementale, c’est que les institutions multilatérales de coopération peinent à trouver un interlocuteur au Sénégal. Confidence d’un fonctionnaire d’une organisation multilatérale : ‘Avant d’appeler au Sénégal pour parler à un ministre ou lui envoyer un courrier, l’on est obligé de se renseigner sur sa présence ou non dans le gouvernement, celle dudit ministère dans l’architecture gouvernementale, l’intitulé du ministère, etc.’. Une prudence révélatrice d’un manque de lisibilité institutionnelle qui déroute même les plus fins observateurs de l’évolution gouvernementale au Sénégal. Ainsi, selon ce fonctionnaire que nous avons cité supra, tous les partenaires du Sénégal en sont arrivés à devoir commercer avec le ministre de l’Economie et des Finances. Illustration de cet état de fait : c’est ce ministre qui signe, pratiquement, toutes les conventions de financement avec le Sénégal.
D’ailleurs, dans un rapport intitulé ‘Relations de l’Union européenne avec le Sénégal’, cette dernière note que notre pays ‘jouit d’une stabilité politique et institutionnelle notable. Mais l’instabilité gouvernementale et l’éparpillement des départements ministériels en charge de la coopération ont rendu difficile le dialogue sur les politiques sectorielles et affecté l’efficacité des stratégies de développement avec la Communauté européenne.
Cette instabilité gouvernementale qui s’est manifestée depuis l’élection de 2000, s’est poursuivie en 2005’. Et même au-delà, puisqu’entre 2005 et maintenant, Wade a nommé deux Premiers ministres et plusieurs ministres. Cette valse des ministres et des premiers d’entre eux fait qu’en la matière, en huit ans de gouvernance, Me Wade en a nommé plus que Senghor et Diouf réunis.
Si la seule conséquence visible de cette situation est que l’alternance a été la plus grande pourvoyeuse de ministres, il reste qu’en amont, l’instabilité découle d’un ensemble de facteurs politiques (ouverture à des partis anciennement de l’opposition, à la société civile, renouvellement de l’Assemblée nationale, etc.). Mais, si elle permet de régler, en interne, des équations politiques, elle a la lourde conséquence de dérouter les partenaires au développement qui doivent se couper le cheveu en quatre pour seulement trouver un interlocuteur.
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