Contribution: NI DIEU NI MAÎTRE !

"Ni DIEU ni maître" chantait Léo Ferré du temps de sa jeunesse. Cette devise n'est certainement pas celle du Président WADE encore moins celle de son Premier ministre Haguibou SOUMARE. Revenu aux réalités quotidiennes après une large période électorale, le Président de la république a pu trouver un Premier ministre en la personne de Haguibou SOUMARE que l'on dit intègre,qui lui tendra sûrement sa copie avant de la lire devant les députés.

Son discours de politique générale est attendu avec d'autant plus de curiosité que chacun a l'impression que tout a déjà été dit par un président qui prétend se mêler et répondre de tout. Pour Haguibou SOUMARE, c'est donc le moment ou jamais de sortir de l'ombre et de trouver cette place qui reste à inventer dans cette alternance-bis. Car derrière un Premier ministre toujours en pointillé, c'est tout le gouvernement qui subira la concurrence d'une équipe présidentielle logée au palais, dans laquelle les ambitions et rivalités personnelles pourraient rendre le partage du pouvoir de plus en plus difficile.

Cette présidentialisation du régime libéral a toujours affaiblit la position du "numéro deux" que tous les prédécesseurs de Haguibou SOUMARE se sont attribués avec un certain flegme. Pour l'instant, le ministre qu'il a été et dont les politiciens ne voulaient plus, est encore tout heureux d'avoir pris sa revanche en servant l'ex candidat WADE qui avait fait espérer la rupture et qui aiguillonne aujourd'hui ses ministres. Comment le Premier ministre conduira une politique sans l' avoir conçue et dessinée, même si, il se croit cosignataire des projets présidentiels? Il a beau épouser les idées du chef de l' État et multiplier les "nous" pour souligner leur communauté de vues, il semble condamné à la répétition, tout en jouant un ton en dessous. Quand le président WADE ferraille en première ligne, démine les dossiers explosifs, comme cela s'est souvent passé depuis Mars 2000, rédige la feuille de route des députés et se répand avec jubilation, son 1er adjoint, fut-il appelle Premier ministre, risque d'être transformé en spectateur ou en récupérateur de pots cassés. Mais que Haguibou SOUMARE se rassure: un quinquennat, c'est long, et un état de grâce, c'est court. Lorsque viendra le temps des rafales de vents contraires, le Palais se souviendra de l'existence de la Primature. Il pourrait même arriver que le Premier ministre soit un recours pour un président épuisé. Avec les urgences du pays les deux hommes courent. Cela les rapproche. Mais il est rare que dans un marathon un coureur en attende un autre. Tout l'intérêt est de savoir jusqu'où la présidence sur-vitaminée de Abdoulaye WADE arrivera à faire mener à ses ministres le train d'enfer dont les premiers conseils des ministres ont donné la mesure.

Si le souci gouvernemental de faire avaler le maximum de choses dans le minimum de temps, conforte une certaine lecture, celle-ci est à relativiser du fait des ennuis de santé d'un PDS devenu quasiment tétraplégique et de l'absence d'une opposition passée au laminoir électoral. D'où la tentation du pouvoir d'être amnésique aux cris d'angoisse du peuple en gavant l'oie au delà des trois mois réglementaires. Au risque d'une réaction sociale d'autant plus problématique que les syndicats ne seraient pas vraiment en mesure de l'encadrer et d'une montée en puissance de cette génération dite concrète.

Tous devraient se rappeler qu'il existe un Sénégal des bas-cote, celui qui trime, qui vivote, qui peine. Un Sénégal des sans travail et sans perspectives; des démunis, des non installes,de la non vie, des discrimines, des oubliés. Le Premier ministre devrait pour se déterminer équitablement, recourir aux lumières de raison pour faire un véritable bilan des politiques menées jusqu'à nos jours. Nous nous attendons à une autre manière de faire de la politique en aspirant à une relation permanente avec nos politiciens. Les Sénégalais exigent qu'on leur résolve les problèmes de bases plutôt qu'on ne leur fasse des promesses auxquelles plus personne ne croit. Pour ainsi argumenter et opter pour cette rupture générationnelle tant attendu par la jeunesse, les femmes, les ruraux etc....Espérant, heureusement qu'un peu de bon sens se réveille avec des prises de positions claires et dignes. Fallait donc ça?