Coronavirus : « Le rapatriement n’est pas un impératif » (Zhang Xun, Ambassadeur Chine)

L’ambassadeur de Chine au Sénégal, Zhang Xun, a donné une conférence de presse ce mardi à 11 heures, au sein de l’ambassade de la République populaire de Chine, à Fann. Le point saillant de l’évènement pour les participants était évidemment la situation des treize étudiants sénégalais résidant à Wuhan, ville où le Coronavirus est apparu. Affublé de questions, l’ambassadeur s’est montré serein : « Le rapatriement n’est un pas un choix prioritaire ni impératif. Les étudiants sénégalais à Wuhan sont en bonne santé. Ils ont accès à internet, peuvent aller faire des courses au supermarché, et leurs repas sont désormais gratuits. Nous garantissons leur santé et sécurité, et prenons soin d’eux comme de nos propres enfants. Cependant, nous veillons au respect des consignes énoncées par les autorités locales et l’OMS », a-t-il assuré. 

Il a également ajouté que l’ambassadeur du Sénégal à Pékin était constamment en liaison étroite avec les étudiants mais aussi les gouvernements chinois et sénégalais.

Dans un court film projeté avant la conférence de presse, on pouvait entendre une allocution de Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS : « la méthode la plus sûre pour les étrangers à Wuhan est de rester sur place, car le déplacement comporte des risques. Certains pays ont détecté des cas sur leurs sols. Il faut suivre les recommandations de l’OMS ». D’après l’ambassadeur, les peuples chinois et sénégalais se respectent, se comprennent et se soutiennent. Lors de l’épidémie d’Ebola, la Chine n’a pas rapatrié ses ressortissants. Au contraire, elle a envoyé une aide de 175 millions de dollars de matériel et 23 vols d’avion de soutien avaient été effectués. En passant, le représentant chinois a affirmé qu’un de ses amis a offert à la Chine 12 000 masques respiratoires, et que cet acte est « hautement estimé » par les autorités chinoises.

Afin d’assister les 5000 étudiants étrangers restants à Wuhan dont des milliers d'Africains, le gouvernement chinois fera tout son possible. 

Abordant le sujet de la mortalité du virus, Zhang Xun a rappelé les chiffres officiels : 1016 morts et environ 42 638 cas détectés à ce jour. Mais le gouvernement chinois garde espoir et est convaincu qu’il réussira à contenir le virus. En effet, en 10 jours, la ville de Wuhan s’est dotée de deux hôpitaux spécialisés avec 2500 lits et quelques jours plus tard, ils ont terminé la construction express de dix hôpitaux provisoires avec 10 000 lits. Aussi, plus de 10 000 médecins et experts ont été débarqués à Wuhan, des quatre coins de la Chine, pour lutter contre le virus. Le virus touche principalement la Chine, et le taux de mortalité hors de la Chine est de « seulement » 1%. Il ne s’agit donc pas d’une pandémie mais d’une épidémie, selon le docteur anglais Peter Holden. « L’épidémie est contrôlable mais il faut agir de façon rationnelle, scientifique et professionnelle », a déclaré le docteur britannique. Le taux de mortalité de la maladie elle-même est de 2%, soit moins élevé pour le moment que ceux du SRAS en 2003 (10%) ou de la grippe H1N1 en 2009 (17,4%), selon les autorités chinoises.

D’après les scientifiques, le Coronavirus (ou 2019 N-Cov, ndlr), est sensible aux ultraviolets et aux températures élevées. Il ne survivrait donc pas dans des environnements relativement chauds. De plus, il semblerait que l’éthanol à 75% peut inactiver le virus.

Néanmoins, l’ambassadeur a avoué que la provenance du virus n’est toujours pas exacte. Certains pensent qu’il viendrait de la chauve-souris. Mais étant donné que le virus ne peut pas être transmis de ce mammifère placentaire à l’homme, une autre théorie est survenue selon laquelle le pangolin, un mammifère terrestre recouvert d’écailles, serait à l’origine de la transmission. Dans les faits, le virus est apparu dans un marché de fruits de mer et de viandes sauvages à Wuhan. « En Chine, nous avons fermé tous les marchés qui vendent des viandes d’animaux sauvages. Tout est contrôlé par les autorités désormais », a expliqué Zhang Xun. Avant d’ajouter que les précautions premières étaient d’être très propre sur soi et chez soi, et de manger sainement. Dans ce contexte, l’ambassadeur a tenu à témoigner son appréciation de la campagne Zéro déchet du président Macky Sall. Il faut rappeler que le virus est transmissible par voie respiratoire et contact direct avec une personne infectée.

« L’épidémie aura évidemment un impact sur le commerce entre la Chine et le Sénégal, notamment à cause de l’annulation de vols (échanges humains). Mais les effets néfastes sont temporaires et limités. En plus, à cette période de l’année, les échanges commerciaux et personnels sont diminués à cause du Nouvel an chinois, les vacances de printemps. Les Chinois restent généralement chez eux. Dans le contexte actuel, le gouvernement chinois a prolongé les vacances de printemps. Et grâce à internet aujourd’hui, la plupart des gens peuvent travailler à la maison. Cette épidémie nous a montré qui sont nos vrais amis. Après cette période de crise, la coopération sino-sénégalaise sera encore plus forte », assurait l’ambassadeur.

Sous le contrôle du Parti communiste chinois et grâce aux leçons tirées depuis l’épidémie du SRAS, la Chine est capable de vaincre cette épidémie, tente-t-il de convaincre.

Concernant la situation des ressortissants chinois au Sénégal (environ 5000 individus), ils ont reçu des consignes strictes : s’ils proviennent de Chine, ils ne doivent pas quitter leur domicile pendant 14 jours, et ce après avoir été testés à maintes reprises. Mais de toute façon, il n’y a pas beaucoup de chinois qui viennent au Sénégal à l’heure actuelle. Ils restent en Chine et suivent les recommandations. Pour ceux qui sont dans le pays depuis plus longtemps, il n’y a aucun cas de discrimination envers les chinois au Sénégal. « Nous sommes au pays de la Téranga », s’est réjoui Zhang Xun, avant de conclure en évoquant l’activité constante et l’évolution du projet Bus Rapid Transit (BRT), porté par une entreprise chinoise, aspect non affecté par le phénomène du Coronavirus.