CORRUPTION PRÉSUMÉE DANS LA MAGISTRATURE : « Une affaire à tirer au clair », selon le chef de l’État

Aucune interférence ne sera admise sur le travail des enquêteurs dans l’affaire dite de « corruption de magistrats » qui a éclaté ces derniers jours. Ce sont les assurances données hier par le président de la République qui exige que cette affaire soit tirée au clair.

De retour hier de Salvador de Bahia au Brésil où il a participé à la deuxième conférence des intellectuels d’Afrique et de la Diaspora, le président de la République, Me Abdoulaye Wade, s’est prononcé sur l’affaire de corruption présumée de magistrats.

Me Abdoulaye Wade a souligné, peu après sa descente d’avion, que c’est une affaire à tirer au clair. « Aucune interférence ne sera admise sur le travail des enquêteurs dans cette affaire », a précisé le président de la République. Selon lui, si l’enquête en cours confirme que des magistrats sont coupables de corruption, ils seront jugés comme n’importe quel Sénégalais.

Aux yeux de Me Wade, il est inadmissible que, dans un contexte où le Sénégal fait d’énormes efforts pour asseoir la bonne gouvernance, et donc lutter contre la corruption et la concussion, que des cas similaires soient soulevés.

C’est la raison pour laquelle cette affaire sera tirée au clair, selon les fortes directives du président de la République qui rappelle, en passant, que les magistrats doivent être les piliers du développement. De ce point de vue, ils ne doivent pas être impliqués dans de telles affaires. Et c’est pour mieux permettre à la magistrature de jouer pleinement son rôle dans la société tout en s’épanouissant que le président de la République, comme il l’a rappelé hier, avait pris plusieurs initiatives en faveur de ce corps. Parmi ces initiatives, il y a, rappelle-t-on, l’augmentation très substantielle des salaires des magistrats.

Mais, autant il y a des magistrats qui, manifestement, n’honorent pas leur corps, autant il y a des magistrats très honnêtes dont le travail a été salué par le président de la République.

Les magistrats véreux seront extirpés du corps, si on suit bien le président de la République qui, encore une fois, tient à ce que la lumière soit totalement faite dans cette affaire.

Cette affaire, rappelons-le, est liée à des soupçons de corruption sur des membres de la magistrature, appartenant à la Cour de cassation. Elle a défrayé la chronique ces derniers jours. Elle a aussi beaucoup perturbé la quiétude de la Justice. Elle a enfin fait l’objet de beaucoup de commentaires chez une grande partie de l’opinion. L’Inspection générale de l’administration de la Justice a, dans un communiqué, indiqué qu’elle poursuit ses investigations « sans interférence aucune des autorités de la Cour de cassation qui estime que toutes les responsabilités doivent être situées, comme le souhaite l’ensemble des membres de la famille judiciaire ». De son côté, L’Ordre des avocats a réclamé, en conférence de presse, des états généraux de la justice.

Refus du chantage

Le président de la République s’est aussi prononcé sur la situation scolaire en cette période d’examens. Après avoir rappelé son engagement continu à faire de l’école un véritable creuset de formation pour le développement en lui octroyant 40 % du budget national, Me Abdoulaye Wade, qui constatait le blocage de la correction de certaines copies d’examen du fait d’un mot d’ordre de boycott des syndicats d’enseignants, a demandé à ces derniers d’être raisonnables et de ne pas accepter de sacrifier les élèves. Tout en saluant la position des syndicats qui ont accepté de corriger les épreuves du baccalauréat, Me Abdoulaye Wade a demandé aux autres de venir à la table de négociations car le gouvernement, sous la supervision du Premier ministre, est toujours décidé à dialoguer.

Ce que le président de la République refuse toutefois dans cette situation, c’est le chantage, comme il l’a martelé hier, tout en reconnaissant les bonnes dispositions du gouvernement.

Le président de la République était, depuis le début de la semaine, à Salvador de Bahia au Brésil, pour prendre part, en sa qualité de président d’honneur, à la deuxième conférence des intellectuels d’Afrique et de la Diaspora.