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Politique

Culture de la démission d'un poste de responsabilité : Cette vertu méconnue de nos hommes politiques

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Culture de la démission d'un poste de responsabilité : Cette vertu méconnue de nos hommes politiques
Dans l’exercice de leurs fonctions, les hauts responsables font souvent face à des situations très délicates qui doivent les amener à tirer les conséquences de leurs erreurs ou, simplement, pour partir à temps. En ce sens, Léopold Sédar Senghor est cité comme modèle. Lui qui, de son plein gré, a quitté le navire. Laissant ainsi le poste à son Premier ministre d’alors Abdou Diouf. Mais, de nos jours, la classe politique ne fait jamais sienne cette sage attitude. Rares sont ceux d’entre eux qui prennent leur courage en main pour sacrifier à ce rituel bien particulier. Loin de tourner le dos aux délices que confèrent leurs statuts, nos dirigeants préfèrent renoncer à leurs convictions ou retourner leur veste pour s’agripper à leurs postes et continuer à en jouir. Quitte à se faire humilier, à tout accepter, à se faire piétiner. Elles sont nombreuses, ces personnalités jadis citées dans des affaires louches sans pour autant que cela suscite chez elles une certaine obligation de devoir rendre compte et démissionner en attendant d’être rétablies. De même, dans le jeu politique, ceux qui étaient mis en minorité dans leurs fiefs ne jugent jamais nécessaire d’en tirer les conséquences politiques comme cela se fait ailleurs. En effet, l’on se rappelle encore cette sage phrase de l’ancien Premier ministre britannique, John Major, après sa défaite électorale en 1997 face à Tony Blair. ‘Quand le peuple vous désavoue, il faut partir’. Tirant les leçons de sa défaite électorale, le successeur de Margaret Thatcher a tout simplement décidé de rendre le tablier au profit de Blair. A sa suite, on peut encore citer l’exemple du socialiste français, Lionel Jospin, qui avait suivi la même démarche en 2002 lorsqu’il s’est retrouvé à la troisième place de la présidentielle, derrière Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen alors que tout le monde l’attendait aux côtés de Chirac.

Sous nos tropiques, les hommes politiques, dans leur immense majorité, n’ont pas le courage de franchir dignement ce pas lorsqu’ils sont désavoués par la population ou ne sont plus dans les bonnes grâces de leurs mandants. Sous l’ère de l’Alternance, quelques-uns ont (sous la contrainte ?) choisi de partir. Qui pour ‘mettre le président de la République à l’aise’, qui pour aller laver leur honneur avant de revenir à leurs postes. C’est ainsi qu’à l’aube de l’Alternance, le pays avait assisté à la ‘démission’ de Marie Lucienne Tissa Mbengue, alors fraîchement promue ministre de l’Education nationale. Quelques années plus tard, c’était au tour de l’ancien ministre de l'Economie et des Finances et actuel président de l’Assemblée nationale, Mamadou Seck, de s’illustrer à travers ce geste de grandeur. En effet, rattrapé par son passé à la Somicoa dont il était le Directeur général, le maire de Mbao avait démissionné de ses fonctions de ministre de l'Economie et des Finances le 23 mai 2001, quelques jours après sa nomination au sein du gouvernement de Mame Madior Boye, pour aller se faire blanchir avant de réintégrer l’attelage gouvernemental. A sa suite, perdus par le naufrage du bateau Le Joola en 2002, les anciens ministres Youba Sambou et Youssoupha Sakho étaient obligés de jeter l’éponge, à cause de l’implication de leurs départements dans la gestion de ce navire de transport qui faisait la liaison entre Dakar et la région Sud du pays. Cependant, ces deux démissions ne pouvaient être qualifiées d’acte de responsabilités car les deux hommes étaient presque poussés à la sortie par les partisans du régime qui voulaient donner des gages.

Puis, ce fut le tour du ministre-chef de cabinet du président de la République, Pape Samba Mboup, cité dans une affaire de mœurs. Avant qu’il ne soit rétabli dans ses fonctions. Très critique à l’endroit de ses frères de parti, l’ancien chargé de mission du président de la République, Moustapha Diakhaté avait, également, préféré renoncer à son poste.

Par la suite, il a fallu attendre plus de sept ans pour voir un ministre quitter de son propre gré l’attelage gouvernemental avec les démissions de Mamadou Abdoulaye Sow, ministre du Budget et celle de Aïda Mbodj, éphémère ministre de la Transformation des produits alimentaires. Aujourd’hui, avec la démission annoncée de l’actuel ministre de l’Energie et des biocarburants, pour son incapacité à prendre en charge le problème de l’électricité, c’est une vertu rare chez les bleus qui vient d’être réhabilitée.

 



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