Défilé du 4 Avril :le chef de l'Etat 'oublie' Bécaye DIOP dans les remerciements

Défilé du 4 Avril : le chef de l'Etat 'oublie' Bécaye DIOP dans les remerciements

Pressentie pour abriter les festivités de la fête de l'indépendance 2006 dans le faste né de nouveaux investissements, Kolda s'est, finalement, contentée de la traditionnelle Place Fanné.

C’est à la traditionnelle Place Fanné située sur la route de Vélingara que le défilé du 4 avril a eu lieu, la retraite au flambeau à la gouvernance dans l’obscurité. L’opposition, notamment Chérif Léhibe Aïdara, coordonnateur régional de l’Afp, peut à juste raison pavoiser. Ce dernier avait, en effet, parié qu’il n’y aurait rien de construit à Kolda dans le cadre de la célébration de la fête de l’indépendance. «J’aime ma ville, je souhaite que le programme annoncé soit réalisé, mais tout incline à croire que le président Wade ne tiendra pas sa promesse», avait-il prophétisé. Les premières clameurs de «Kolda 2006» ont fusé au lendemain de l’inauguration des premières journées de la coopération décentralisée en 2004. Le président Wade, venu ouvrir les manifestations a lancé au ministre-maire Bécaye Diop «Je sais ce que vous voulez, je vous l’accorde !». Il faisait ainsi allusion au choix de Kolda pour les fêtes de l’indépendance tournantes. Depuis lors, que de marches de protestation, de points de presse ou de déclarations fracassantes pour exiger que les autorités tiennent leur promesse. En dehors des Chinois qui s’activent à achever au plus vite la canalisation, il n’y a rien qui indique que des infrastructures seront réalisées à Kolda.

N’empêche, la ville a vibré au rythme des sons, des feux d’artifice et des détonations la veille du 4 avril. Quelque mille jeunes se sont rassemblés à la gouvernance tenant des flambeaux. Le défilé militaire s’est déroulé sous le regard de M. El Hadj Oumar Kane, gouverneur de Bassé (région gambienne), du préfet de Kountima (Guinée-Bissau) et du colonel Kerfala Souaré, commandant de la région militaire de Labé (Guinée). Une tradition respectée par leurs hôtes, en l’occurrence le gouverneur de Kolda et le colonel Mouhamadou Wade, commandant de la zone militaire 6. Les élèves de l’élémentaire, habillés par le conseil municipal, étaient tous en jaune et bleu, les couleurs du Pds. Une campagne électorale de mauvais goût à l’effet sans doute nul. Car, le tissu des habits enfilés par les écoliers est de mauvaise qualité. Mais les organisateurs avaient-ils vraiment le choix ? Parce que s’il est vrai que le conseil municipal a bien reçu 50 millions de francs pour les festivités de Kolda 2006, jusque-là, le comité d’organisation clame haut et fort n’avoir eu qu’une petite caisse d’avance de 5 millions de francs. La veille de la fête du 4 avril, les tailleurs, au total vingt-cinq, ont pris d’assaut l’hôtel de ville pour réclamer la facture des tenues qu’ils ont confectionnées. «Chacun en a au moins pour 56 000 francs», clame Alpha Oumar Diallo, leur porte-parole.

Pour contraindre les organisateurs à honorer la facture, les tailleurs avaient refusé de livrer la commande. Mais, c’était sans compter avec la police qui leur aurait intimé l’ordre de livrer les habits. Depuis que la caisse d’avance s’est épuisée, le comité d’organisation fait face à des problèmes de décaissement presque insurmontables. L’argent, logé dans la rubrique des fonds de dotation n’est guère aisé à retirer au trésor. Il faut, en effet, des factures justificatives avant de recevoir un seul sou. Une difficulté que le conseil municipal aurait pu surmonter si elle s’était engagée à temps dans les préparatifs. La manne financière, disponible depuis juin 2005 est restée huit mois au trésor sans servir d’avance à certaines dépenses indispensables. A-t-on voulu torpiller en haut lieu la fête ? Beaucoup de koldois répondent par l’affirmative. Mais, ils disent attendre, de pied ferme, le bilan des activités. Une belle bagarre en perspective dans un champ politique miné par la montée des ambitions personnelles.

Remerciements et félicitations du Chef de l'Etat : Me Wade «oublie» Bécaye Diop, le ministre des Forces armées

Solidarité et traditions. C’est le thème de la fête du 4 avril 2006. Pourtant, s’adressant à la presse pour livrer ses impressions à la fin du défilé, le président Wade n’a pas cité son ministre des Forces Armées dans le flot des remerciements et des félicitations adressés aux organisateurs, notamment au chef d’état-major des armées le général Pape Khalil Fall. A Kolda où l’on guette tout ce qui concerne le ministre-maire Bécaye Diop, l’«oubli» suscite des commentaires. Ses adversaires y voient un manque de considération, ses partisans minimisent et rangent 'l'oubli' dans le style Wade. Quoi qu’il en soit, une tradition d’élégance bien républicaine a été malmenée par Me Wade. Son prédécesseur, le président Abdou Diouf, a toujours sacrifié à cette tradition consistant à féliciter et à remercier le ministre des Forces Armées. Qui sait, Me Wade pourra sans doute se rattraper au prochain conseil des ministres.

D’autant d’ailleurs que l’instance est plus solennelle. Seulement voilà : pour le Koldois, ce n’est pas une première. Il y a deux ans, le président avait «oublié» de remercier Bécaye Diop. Il semble qu’il était furieux de son ministre. Ce dernier voulait, au cours d’une cérémonie avec des officiers de la sous-région, tirer d’affaire le président qui cherchait son mot.