La démission de Aïda Mbodj du gouvernement n’a pas laissé la ville sainte indifférente. A Touba, des dignitaires religieux se sont investis pour que la mairesse de Bambey revienne à de meilleurs sentiments. Seulement, face aux terribles pressions de ses militants de Bambey, tout « retour en zone » était impossible. Ces derniers voient dans le département ministériel confié à leur mentor l’humiliation suprême infligée à une responsable libérale payée en monnaie de singe, en dépit des multiples efforts consentis, pour élever haut l’étendard du Pds. Suffisant pour que Hadj Bara Mbacké prie pour elle et lui témoigne de tout son soutien.
La démission de Aïda Mbodj du Ministère des Transformations alimentaires des Produits agricoles a été ressentie comme un tsunami dans la ville sainte de Touba. En effet, de sources sûres, des chefs religieux ont tenté de convaincre la mairesse de Bambey à revenir à de meilleurs sentiments, mais en vain. « Quand Aïda Mbodj s’est confiée à de hauts dignitaires de la capitale du mouridisme, pour leur annoncer sa volonté de rendre le tablier, tous ses interlocuteurs ont cherché à l’en dissuader ». Mais, c’était sans compter avec sa volonté et celle de ses partisans. Conséquence : elle a poliment convaincu ses interlocuteurs de la justesse de sa démarche.
Hadj Bara Mbacké à Aïda Mbodj : « Je suis avec toi »
Même si les dignitaires n’ont pas réussi à faire revenir Aïda Mbodj à de meilleurs sentiments, il n’en demeure pas moins que la mairesse de Bambey jouit toujours de la sympathie et de la considération de « ses marabouts ». Selon une source digne de foi, le khalife général des Mourides a personnellement témoigné sa solidarité à Aïda Mbodj avant de lui dire qu’il est de tout cœur avec elle. « Je suis avec toi », lui a-t-il asséné, au bout du fil, lors d’un entretien téléphonique. Comme nous l’écrivions dans notre édition d’hier, Aïda Mbodji a formalisé sa démission, au terme d’une audience avec Wade, depuis lundi dernier, 11 mai. Après le Palais, elle a fait cap, le même jour, au 9e étage du Building administratif, siège de la Primature, où elle a rencontré le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye. Si elle a expliqué au président de la République les raisons de sa démission, l’ancienne ministre s’est contentée tout simplement de remettre sa lettre de démission pour « convenances personnelles » au chef du gouvernement. Aïda Mbodji réserve sa première sortie à sa base, lors d’une déclaration qu’elle fera samedi prochain.
Les pressions de ses militants…
Selon des témoignages concordants, la démission de Aïda Mbodj est la conséquence des terribles pressions subies de la part de sa base politique. Ses militants, qui ont estimé que le Ministère confié à leur mentor est une humiliation doublée d’un manque de reconnaissance vis-à-vis de la « Lionne » de Bambey, l’ont poussée à la sortie. Un proche de l’ex-ministre : « après avoir consenti beaucoup d’efforts pour la massification du Pds, on ne comprend pas qu’elle n’ait pas eu un poste plus valorisant ». D’autant que Awa Ndiaye et Ndèye Khady Diop qui ont fait nettement moins en terme de résultats dans les ministères qu’elles ont eu à occuper et au plan politique, ont été récompensées, avec à la clé des titres de ministre d’Etat ». Alors, soutient notre interlocuteur : « si elle a décidé de démissionner, c’est parce qu’elle s’est sentie humiliée ».
Un vaste élan de sympathie
En tout cas, « de nombreuses personnes ont pris d’assaut hier son domicile, pour lui témoigner leur sympathie », se glorifie une de ses amies de longue date. Car, pour ses visiteurs, avec toutes les faveurs qui s’y rattachent, il n’est pas facile de cracher sur un portefeuille ministériel. Mais ce ne sont pas seulement des militants qui ont défilé hier chez elle, parce que des personnalités de la société civile et d’autres formations politiques l’ont appelée pour magnifier son geste.
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