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DECLARATIONS POLITIQUES : Wade interdit ce qu’il se permettait - Les archives du journal «Sopi»

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DECLARATIONS POLITIQUES : Wade interdit ce qu’il se permettait - Les archives du journal «Sopi»

Le sémillant leader du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg), Jean-Paul Dias, risque de passer sur l’échafaud du délit de déclarations politiques, d’offense à chef d’Etat, pour avoir simplement déclaré que Me Wade est un mécréant, dans un climat d’étuve politique. Et pourtant des offenses à chef d’Etat, sur fond d’appels à la résistance populaire, à l’insurrection de l’armée dans une situation conflictuelle avec un pays voisin, Me Wade et les libéraux en avaient servi à satiété. A l’envi. A l’endroit du Président Abdou Diouf, de son gouvernement, à l’époque. Rappel de quelques joyeusetés offensantes, non exhaustives, à l’endroit du chef de l’Etat de l’époque, pour des mémoires happées par l’amnésie née de l’ivresse d’un pouvoir engoncé de plus en plus dans la déraison.

«Le régime carcéral et la détention préventive d’un pays déterminent en partie l’état d’esprit de ses dirigeants.» Qui rappelait cette vérité proverbiale ? Madior Sokhna Ndiaye. Où ? Dans un article signé dans le journal Sopi du vendredi 29 décembre 1989. Dans le même numéro, à la Une, un parfum d’offense au chef de l’Etat, Abdou Diouf, que le canard de l’opposant Me Wade affublait du sobriquet «Aay gaaf plus» après avoir rappelé qu’il avait été baptisé ainsi dans l’édition n°65 de Sopi. L’organe du Pds dressait «la liste non exhaustive des moussiba, ndiakhoum et d’autres malheurs et calamités que la seule présence de Diouf à la tête de l’Etat a valu au peuple».

Le 28 mars 1989, Me Wade, s’expliquant sur un certain 14 mars, servait cette joyeuseté offensante au Président Diouf : «J’en suis à me demander parfois s’il n’y a pas un fou quelque part qui jongle avec notre pays, ou un joueur malade qui s’amuse en échafaudant des intrigues, mais se perd parfois dans ses combinaisons.» Il ne s’arrêtait en si bonne offense, car s’en suivait une comparaison qui ne faisait l’ombre d’aucun doute : «Souvenez-vous, disait Me Wade, Néron était fou sans qu’on s’en aperçût au début et des fous qui gouvernent on en voit de temps en temps. Les wolofs disent : Gaalu dof du teer».

22 décembre 1989. Place du Parc à Mazout. Feu Boubacar Sall, assurant l’intérim du secrétaire général national du Pds, au cours d’un meeting de la Commission régionale de l’Ujt, sortit l’artillerie verbale lourde contre le Président Diouf. Dans son 114e numéro, Sopi, reprenant ses propos, dans un article intitulé : «L’Ujt/Pds donne le ton : A bas, Abdou Randal» (Le Président Diouf y était accusé d’enrichir sa famille, notamment son cousin qui aurait détourné 26 milliards), écrivait: «C’est un fou qui nous gouverne, ou il est fou ou il cherche à donner le pouvoir aux militaires en faisant peser des menaces.» Et l’intérim de Me Wade de fustiger «l’irresponsabilité, la malhonnêteté et la trahison de Diouf». Avant de déclarer publiquement : «Nous avions connu Abdou Diouf «aay gaaf», Abdou Diouf «ndiakhoum», aujourd’hui avec les récents révélations de Sopi, c’est un Abdou Diouf «Randal» que nous découvrons».

Dans la même veine, trempant sa plume dans le vitriol et l’éther, dans un édito caustique, paru dans le Sopi n°162 et intitulé «De Varennes à Palma», Me Ousmane Ngom, l’actuel ministre de l’Intérieur, parlant de la fuite de Abdou Diouf, revenait sur la même comparaison faite par Me Wade. Il écrivait que le Président Diouf «ressemble étrangement à Néron qui ordonna, dans un excès de folie et d’alcool, l’incendie de Rome». Dans un édito du Sopi, «Taisez-vous, frileux !» (n° 130 du 27 avril 1990), le même éditorialiste chargeait le chef de l’Etat en ces termes : «Quant à Diouf, son inculture et son inconsistance ne l’autorisent pas à être invité un jour à un débat d’intellectuels de haut niveau. Qu’il se contente de quémander des «docteur honoris causa» de complaisance que même Idi Amin a épinglé à son tableau de chasse.» Ce ne sont là que «perles sopistes» non exhaustives compilées au hasard d’un survol d’articles parus dans l’organe du secrétaire général du Pds, alors dans l’opposition. Mais, si ce n’était que cela !

CE N’EST PAS TOUT !

Combien d’initiatives, d’actes posés et d’appels lancés par Me Wade, alors opposant, dans un combat contre Diouf où toutes les déclarations politiques étaient permises ? En pleine situation conflictuelle avec un pays voisin. En août 1989, de retour à Dakar, après un séjour à l’extérieur, Me Wade, dans une déclaration exclusive à Sopi appela, alors que le Sénégal était en conflit avec un pays voisin, à «mettre fin à ce régime (celui du Président Abdou Diouf), avant qu’il ne soit trop tard». Et qui plus est, l’actuel chef de l’Etat, à l’endroit d’une armée sur pied de guerre, s’indignait de la vétusté de son armement et rappelait sa déclaration de 1981 au cours de laquelle il avait traité Abdou Diouf d’«incompétent et dangereux». Dans la même foulée, «Le Journal du changement» publiait à la une, un éditorial de Ousmane Ngom, titré «Briser l’encerclement». Me Ngom y déclarait se sentir «mortifié au vu des humiliations insoutenables et répétées dont notre pays est l’objet depuis quelque temps de la part de ses voisins». Il citait la Mauritanie, la Guinée-Bissau, la Gambie et le Mali, avant de s’étrangler de fureur: «Ce qui est plus désolant et plus effrayant, c’est la passivité et l’impuissance de nos dirigeants.» Il se demandait si «leur manque d’autorité», et de «leur caractère amorphe face aux multiples crises que connaît le pays n’ont pas réveillé l’audace de nos voisins et aiguisé leurs appétits annexionnistes». Avant de conclure : «Dès lors, ils (nos dirigeants) constituent, objectivement un danger pour la patrie et il convient de s’en débarrasser au plus vite.»

Qui ne se souvient pas de l’appel de Wade aux Sénégalais, en mars 1989, pour l’organisation d’«une fête nationale populaire à Dakar», le jour même de l’anniversaire de l’indépendance et à l’organisation de «Journées nationales pour préparer le 4 avril» ? Que dire encore de son invite aux populations pour un boycott de la parade militaire ? S’arrogeant les attributs de président de la République, Me Wade, dans un discours à la nation intégralement repris dans Sopi n°58 conviait «le peuple sénégalais debout» à une résistance populaire. Auparavant, en février 1989, dans une fameuse déclaration, Abdoulaye Wade demandait «à toutes les Sénégalaises et à tous les Sénégalais, travailleurs, paysans, ouvriers, étudiants, élèves, fonctionnaires, commerçants, tous sans exception, de marquer l’événement en organisant de vastes manifestations populaires».

Que dire encore de l’annonce par Me Wade de la mise sur pied d’un Gouvernement d’union nationale de transition (Gunt), de cette Une de Sopi, «Bienvenue Président» ou de cette autre parlant de «Haute trahison», concernant Abdou Diouf?

 



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