Mercredi 24 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

DECRYPTAGE - Idy à la «blanchisserie» de Wade : La capitulation du Maître

Single Post
DECRYPTAGE - Idy à la «blanchisserie» de Wade : La capitulation du Maître

Burlesque. Abracadabrant. Désopilant et désolant. Franchement triste. A certains endroits d’un ridicule effarant. On aura beau épuiser jusqu’à la lie la sémantique des horreurs et autres expressions tirées du lexique des égouts que l’on n’arriverait pas vraiment à qualifier la comédie époustouflante offerte, hier, au Palais Léopold Sédar Senghor, pour les besoins de l’audience surprenante entre le Président Wade et son ex-«fils d’emprunt», Idrissa Seck. Un spectacle d’une puanteur repoussante, d’une amoralité indicible et d’une félonie fracassante, au cœur même du Palais, perclus de son statut de premier sanctuaire de la République. Une République, on le savait, qui s’est affalée sous les immondes séries et scénarii compilés de règlements et dérèglements politico-judiciaires, de Carmagnoles banalisées et obscènes de détournements et de vols, parfois en direct, de milliards des pauvres et appauvris contribuables sénégalais, mais aussi de bricoles et bricolages institutionnels pour phagocyter un scabreux processus électoral.

Le comble, dans tout cela, en parjures et injures faites à l’intelligence des Sénégalais, c’est le discours, presque monologué, mais totalement renversant que le Président Wade a servi à ses compatriotes et aux étrangers vivant parmi nous, d’ailleurs avec une brièveté suspecte, à l’issue de l’audience de quatre heures avec l’ancien Premier ministre et actuel président de Rewmi. Ainsi donc, la farce de mauvais goût que Me Wade veut nous faire ingurgiter, c’est la thèse, qui ne convainc même pas le petit Toto d’écolier, de la confrontation entre Idrissa Seck et ses «accusateurs» qui n’ont pu apporter la moindre preuve de sa culpabilité. Mais de qui se moque-t-on vraiment ? Qui, de la tribune du Cices, et dans la langue de Kocc Barma, à l’occasion d’une réception en grande pompe à l’honneur de transhumants venus de Thiès, a défloré le contenu du rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige), pour pointer publiquement l’index accusateur sur Idrissa Seck que son «père d’emprunt» avait envoyé à la boutique et qui a distrait quelques pièces de la monnaie ? Pour nous, à qui les mémoires ne jouent pas encore de mauvais tours, aussi bien que l’on s’en souvienne, c’était le Président Wade himself. Qui, dans la même foulée, avait pris la décision, au cours d’un Comité directeur du Pds, d’excommunier l’ancien n°2 de la formation libérale ? Qui a observé un silence coupable et un tantinet amusé quand les faucons du Palais, toutes serres dehors, pilonnaient sans cesse Idrissa Seck, «le voleur», le «parricide», «le traître», tutti et quanti ? Me Wade, bien sûr !

Oublié alors maintenant le séjour carcéral de Idrissa Seck dans le geôle atroce de Rebeuss ! Effacé miraculeusement aujourd’hui le délit de détournement des deniers publics dans la gestion des chantiers de Thiès ! Aux placards de l’histoire, les misères et autres humiliations faites à plus de quarante personnes persécutées, auditionnées et retenues avant d’être relâchées pour «délit d’amitié et/ou de proximité» avec Idrissa Seck ! Sapristi !

Et voilà que d’un coup de baguette magico-verbale, dans un contexte politique gorgé jusqu’à l’overdose de déstructuration des règles du jeu électoral, sur fond de couplage et de découplage des scrutins, comme si, côté pouvoir, malgré les dithyrambes sur les réalisations du Président qui assureront sa réélection sa campagne, on n’était plus vraiment assuré de rien pour le locataire du Palais Léopold Sédar. La vérité est que Me Wade veut effacer, aujourd’hui, comme un tracteur, les traces encore fraîches de ce rocambolesque feuilleton politico-judiciaire.

RUSE CONTRE RUSE

Tout cela pourrait bien éclairer, à moins que l’on s’émancipe des superficialités ambiantes, les raisons et les déraisons ayant présidé à l’audience entre Wade et Idrissa Seck. Que s’est passé entre la période où le Président invitait tous les leaders de l’opposition, sauf celui de Rewmi, à des pourparlers sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, et la séquence surprenante de l’audience hier au Palais où, autre incongruité, c’est le maître des lieux qui monte au créneau pour livrer sa version de la teneur de l’entretien ? Il est vrai que la mayonnaise du gouvernement d’union nationale n’a pas tenu. Et la pilule du report des élections législatives pour une deuxième fois semble bien amère au point de révulser l’opinion nationale et de porter l’opposition vers une radicalité outrée. Sans compter au passage, l’épisode récent de la colère de Touba pour une histoire de 5 milliards à l’Etat remis par le khalife général des mourides. Ajoutez à tout ce cocktail détonant, le soufre politico-financier lié à cette kafkaïenne péripétie des 7 milliards du fonds de Taiwan, et le tohu-bohu, les tintamarres et les charivaris charriés par cette affaire au parfum mafieux. Sans compter les sempiternelles montées d’adrénalines intra-libérales, en veille d’élections.

C’est dans ce contexte de fragilisation et de réfrigération du pouvoir de Wade qu’intervient l’audience avec Idrissa Seck. C’est Abdou Aziz Sy Junior, qui lève le rideau des jeux de négociations qui ont été actionnés depuis quelques mois. L’habillage maraboutique est venu simplement donner un petit coup de pinceau culturel sur le «sens du dialogue», l’apanage des seuls Sénégalais à travers le monde (vas-y, sénégalo-centriste !)

La vérité crue qui découle de tout cela est que le Président Wade a capitulé face à sa tête de turc, l’homme à abattre par les prétendus faucons (ceux qui ne le sont que le miracle de leur proximité avec le chef de l’Etat). Eh bien, comment ? Wade a agi hier en blanchisseur pour laver Idrissa Seck de tout délit. Publiquement, comme il l’avait naguère publiquement accusé de détournement. Il a rappelé Idrissa Seck à ses côtés et au Pds. Publiquement comme il l’avait annoncé. Ainsi, Wade aura servi, hier, au Palais, de porte-parole à Idrissa Seck, en passant un kleenex sur les souillures qui lui ont été faites, à tort ou à raison.

Reste, maintenant, l’équation politique que devra résoudre totalement ou partiellement l’ancien Pm aujourd’hui au cours de sa conférence de presse. Des signaux, parmi lesquels le dépôt de la caution pour aller à la compétition présidentielle, effectué hier par Mme Awa Guèye Kébé, au moment même où l’audience se tenait au Palais, semblent indiquer que Idrissa Seck n’ira pas à Canossa. A moins que ce dernier ne choisisse de se faire hara-kiri politiquement pour aller grossir le rang des «tortueux» qu’il n’a cessé de brocarder. Plus prosaïquement, tout indique que Idrissa Seck a pris Wade au jeu dans lequel il excellait jusque-là : la ruse politique.  



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email