La révélation dans notre édition de mardi dernier de rapports circonstanciés, accablants pour le Directeur général de la Police nationale sur ses connexions avec certains milieux du trafic de la drogue, ne peut laisser le chef de l’Etat indifférent. Abdoulaye Niang avait été nommé le 28 mai 2013 à la tête de la police nationale. Mais on apprend que le ministre de l’Intérieur, le général Pathé Seck, s’était gardé, à l’occasion, de tenir le Président Macky Sall informé du côté sulfureux de Abdoulaye Niang qui avait dirigé l’Office central de coordination et de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis).
Pourtant, depuis le 18 février 2013, le Commissaire Keïta, Directeur de l’Ocrtis avait saisi d’un rapport, le ministre de l’Intérieur pour le tenir informé de la situation qu’il dit avoir trouvée à l’Ocrtis, qui au lieu de travailler à éradiquer le trafic de la drogue, participait à recycler les quantités de drogue saisies. Le général Pathé Seck avait alors désigné un de ses conseillers techniques en l’occurrence le Colonel Birago Diouf pour assurer le suivi de cette affaire. Aucune enquête administrative formelle n’avait été diligentée. C’est donc en connaissance de cause que plusieurs mois après, le même Pathé Seck proposa Abdoulaye Niang pour diriger la police nationale. Aussitôt Abdoulaye Niang nommé à la place de Codé Mbengue, le Directeur de l’Ocrtis se fendit d’un nouveau rapport en date du 3 juin 2013, encore plus compromettant avec, à la clef, des enregistrements sonores qui enfoncent encore Abdoulaye Niang. Le Commissaire Cheikhna Cheikh Saad Bou Keïta se mettra dans une défiance affirmant refuser de travailler sous les ordres «d’un flic ripoux, trafiquant de drogue». Le général Pathé Seck releva le défi en limogeant le Commissaire Keïta. Ce dernier, comme nombre de cadres de la police a considéré que la guerre leur été alors déclarée et qu’aucun cadeau ne leur sera fait. Ainsi, a-t-on pu assister au déballage qui a cours ces derniers jours.
Aujourd’hui la police, demain la justice, l’Armée, la classe politique
On retient de tout cela que le fléau de la drogue a fini de gangréner la haute hiérarchie de la police nationale. Combien sont-ils, les flics ripoux ? Nul ne le sait mais si l’on n’y prend garde, ils seront mille demain et beaucoup plus après-demain. On se demande encore jusqu’où le mal s’est déjà étendu dans les hautes sphères de l’Etat, car on sait que la mafia de la drogue agit comme une pieuvre en élargissant ses tentacules. C’est aujourd’hui la police, demain ce seront la gendarmerie, la magistrature, l’Armée et la classe politique. Une situation qui finira par placer tout un pays entre les mains de puissants milieux de narcotrafiquants. L’exemple de la Guinée Bissau voisine est là pour nous le rappeler ou celui du Mali, où les hautes autorités de l’Etat avaient fait montre de laxisme et de complaisance avec les trafiquants de drogue, jusqu’à ce que le destin du pays ne basculât.
On ne le dira jamais assez, on ne devrait pas badiner avec ces histoires de drogue. Il y va de la sécurité de tous. Dans les pays où les cartels de la drogue sont ancrés, pour garder leur hégémonie, les «barons de la drogue» envoient des escadrons de la mort tuer des juges, des procureurs, des policiers, des journalistes, des hommes politiques et déstabiliser des gouvernements…
Le Président Macky Sall doit réagir
Il y a urgence que le président de la République règle cette question «gênante», pour reprendre le mot d’un diplomate étranger. On sait combien certains pays sont regardants sur ces questions de trafic de drogue. Dernièrement, le Fbi avait été dépêché jusque dans les côtes de la Guinée Bissau pour arrêter et amener aux Etats unis le chef d’Etat major de l’Armée de Guinée Bissau. Va-t-on laisser jusqu’à ce qu’une pareille humiliation n’arrive au Sénégal ? On se rappelle que Manuel Noriega, alors Président en exercice du Panama avait été cueilli manu militari dans son palais et emprisonné aux Etats-Unis pour ses liens avec le trafic international de la cocaïne.
On apprend que les autorités judiciaires ont décidé d’ouvrir une enquête sur ces faits. La nécessité pour le Président Macky Sall de réagir et de démarquer totalement son régime de telles pratiques mafieuses est dirimante. On sait que la présence du trafiquant nigérian John Obi, avait contribué à donner au Sénégal une réputation de plaque tournante du trafic international de drogue. D’ailleurs, l’arrestation de John Obi avait provoqué une guerre de cartels en Colombie. Aussi, l’invasion des hôtels de la place de Saly Portudal par de curieux touristes provenant d’Amérique Latine, renseigne sur le fait que le Sénégal est un passage devenu naturel des cargaisons de drogue vers l’Europe ou l’Amérique du Nord. Quid de l’affaire Luc Nicolaï ? Il s’y ajoute que les soupçons de trafic international de drogue pesaient si fortement sur des personnalités politiques sénégalaises, que le Fbi s’était permis de fouiller la suite du Président Abdoulaye Wade en visite à New York. De même, le Président Abdoulaye Wade avait accordé le jour même de sa passation de services avec son successeur Macky Sall une grâce présidentielle, on ne peut plus rocambolesque, à Johanna Susarah Meiring, une Sud africaine, condamnée à dix de prison pour trafic international de drogue. Le Sénégal doit donner davantage de gages, surtout que les considérations de sécurité et de lutte contre la drogue constituent des préoccupations de premier ordre. Lors de sa visite au Sénégal, le mois dernier, Barack Obama n’avait pas fait mystère de son souhait de voir le Sénégal s’engager davantage dans la lutte contre le fléau du trafic de la drogue et de la lutte contre l’insécurité.
6 Commentaires
Xeme
En Juillet, 2013 (15:43 PM)Bra
En Juillet, 2013 (16:21 PM)il dit DOU MA SI DOUGGE et à la Tv les eternels conseillers avaient de grands sourires derrieres lui.... c'est affligeant
Boldak
En Juillet, 2013 (17:18 PM)Kmendya
En Juillet, 2013 (18:58 PM)Il faut surtout des sanctions.
Dior Oye
En Juillet, 2013 (19:56 PM)A la moindre bêtise ,c'est Macky par ci Macky par la', liberte veut pas dire libertinage
Mbodji Iba
En Juillet, 2013 (08:06 AM)Participer à la Discussion