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Politique

Derniere grande interview de la star avant un long mutisme Youssou Ndour solde ses comptes : “Comment quelqu’un qui refuse 500 millions peut-il demander 300 millions ?”“Je ne suis ni l’adversaire ni l’ennemi du président, je ne le serai jamais”

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Derniere grande interview de la star avant un long mutisme Youssou Ndour solde ses comptes : “Comment quelqu’un qui refuse 500 millions peut-il demander 300 millions ?”“Je ne suis ni l’adversaire ni l’ennemi du président, je ne le serai jamais”

Youssou Ndour était hier l’invité de notre rédaction. Le célèbre artiste s’est prêté au traditionnel jeu des questions-réponses.Et c’est de façon décontractée. Dans une ambiance mêlée de simplicité, d’humilité. Avec à la fois plein d’humour mais aussi de sérieux qu’il a répondu à nos questions. Sans complaisance.Sur son bilan de l’année 2 005.Sur ses rapports avec les autres artistes sénégalais. Sur la place aujourd’hui occupée dans staff par l’avocat Me El Hadj Diouf.Sur le film dans lequel il est entrain de jouer à Londres. Sans oublier naturellement ses relations actuellement heurtées avec le pouvoir… Bref, une interview qui n’en est pas une de plus. Puisqu’elle est la toute dernière grande interview que le roi du mballax a décidée d’accorder à la presse avant de se murer dans un grand silence. « Je vais rester dans mon coin » comme il l’a d’ailleurs dit avec beaucoup de détermination. Entretien décisif et à bâtons rompus avec un artiste de talent. Un héraut de la culture sénégalaise. Un homme de conviction. Un exemple pour la jeunesse sénégalaise.

Quel sens donnez-vous au Sédar 2005 que vous avez récemment reçu ?

Durant ma longue carrière de musicien, j’ai reçu beaucoup de distinction qui sont très importantes. Mais comme j’ai eu à le dire à Sorano : si on dit d’une personne qu’il est bien, il faut demander si ce sont ses proches ou ses parents qui le disent. C’est très important que des gens reconnaissent, encore une fois de plus, le travail que je fais au Sénégal. Cela est encourageant et réconfortant. Cela a eu un double effet sur moi. D’abord, on m’a décerné ce prix au Sénégal. Et deuxièmement, on me l’a décerné dans un contexte bien déterminé. Et cela va permettre de bien remettre des choses à leur place. Figurez-vous que je n’étais même pas au Sénégal. C’est en Angleterre que j’ai appris la nouvelle et lorsque je l’ai expliqué aux gens avec qui je suis entrain de tourner un film, ils m’ont donné un billet d’avion pour venir prendre ce prix. J’en profite d’ailleurs pour remercier Ahmed Amar, le président de jury, Laye Bamba, qui est à la tête de Nouvel Horizon. Et je rappelle qu’en 1985, j’avais voyagé avec lui et feu Ahmadou Bâ, dans le cadre de festivals internationaux. Après un concert tenu au Danemark, il avait vraiment apprécié la prestation de mon orchestre. C’est d’ailleurs ce même jour que le chanteur David Bowie m’a appelé la nuit, pour m’inviter à animer une soirée privée chez lui, à l’occasion de laquelle, il a remercié et encouragé tous les musiciens qui étaient présents à ce festival de Punk. Si aujourd’hui cet homme, à la tête du journal Nouvel Horizon, vient me décerner un prix, je peux dire que je lui en suis très reconnaissant. Car je peux dire qu’il était là hier et aujourd’hui, témoin oculaire de beaucoup de choses. Donc il sait à qui il a décerné ce prix.

Quel bilan faites-vous de l’année 2005?

Contrairement à ce que disent beaucoup de gens, l’année qui s’est écoulée a été la plus importante de toute ma carrière. J’ai eu à initier en 2005 le concept Africa Live, qui a eu beaucoup de succès. J’ai réuni pour la première fois, autant d’artistes africains à Dakar, dans des conditions professionnelles, et d’annoncer un combat contre le Paludisme. Briefer les artistes, faire des voyages, rencontrer des participants et lancer le message à partir de Dakar. Les Nations unies, par l’intermédiaire de Kofi Annan m’ont demandé de célébrer le soixantième anniversaire de cette Institution en incluant la lutte contre le Paludisme. Je l’ai fait à Genève et cela a aussi connu un grand succès. J’ai aussi reçu pour la première fois dans ma carrière le Grammy qui est le prix le plus important pour un musicien. Parce que ce sont des professionnels de haut niveau de la musique qui le décernent. Et vous avez tous suivi l’impact de ce prix, qui était très important pour le pays, pour moi et pour mes collaborateurs. Ensuite, il était un peu spécial, parce que le disque d’Egypte Sant Allah, était une parenthèse dans ma carrière, car je n’ai jamais fait un titre de ce genre. Dès le départ de ce projet, il y a eu beaucoup de polémiques sur ce disque, car les gens n’avaient pas compris ce que je voulais faire. C’est après que je suis parvenu à leur parler et à les convaincre. A la fin, ces mêmes gens m’ont félicité et ont compris le message. Il y a eu aussi le Mabo awards, qui est aussi un prix très important, de la diaspora noire en Angleterre. C’est Akon qui l’a pris pour moi, j’y n’étais pas. Il y a eu aussi un grand Bercy, au niveau professionnel et technique. Et c’est la cinquième année consécutive, ce qui est pratiquement un record. Et l’effet de Bercy continue toujours avec la sortie du Cd. J’en profite pour remercier tous les Sénégalais. C’est en 2005 que j’ai aussi été suivi par une firme américaine, Griot Us, qui a décidé de faire un long métrage sur ma carrière musicale. Depuis 2004, ils me suivent partout dans le monde. Le film est en train d’être monté. Cela est peut-être une première pour un artiste. Généralement, on ne voit cela qu’à travers des films de cinéma, dans tous ses aspects. C’est vraiment une nouveauté. C’est un film qui va être distribué un peu partout dans le monde. Vers la fin de 2005, au moment où j’étais à Genève entrain de faire Africa Live, j’ai reçu la proposition de participer dans un film de Holly Wood. Le film s’appelle amazing grace. C’est l’histoire de l’abolition de l’esclavage en Angleterre, en 1864. On m’a demandé de jouer un rôle dans ce film alors que je ne suis jamais allé en studio de cinéma, ou prétendu être un acteur. Il y a eu beaucoup de promotions et de propositions autour de çà. Dans ce film, on m’a demandé de jouer le rôle de Aluda Acquiano. C’est un poète Nigerian, qui écrivait des livres et les vendait dans la rue. Il est même devenu un best seller en Angleterre. Une partie du Parlement était pour l’abolition de l’esclavage, suite au témoignage de Acquiano, qui a poussé le Parlement à prendre une décision dans ce sens. Ce rôle m’impressionne beaucoup et j’en remercie le bon Dieu. En plus de ce rôle, il y a la musique du film aussi. Je ne suis venu au Sénégal qu’en fin d’année, pour respecter les engagements signés par mon manager, bien avant. Parce que lorsqu’on m’a proposé le film, je leur ai dit de prendre les dates durant lesquelles je suis libre, et ils ont accepté. Dernière chose importante, nous avons entamé avec la télévision suisse un documentaire, pour le voyage de Gorée à New Orléans, dans le cadre de l’histoire du Jazz. C’est un bon projet, parce que ça nous fait vibrer musicalement. L’année 2005 a été une année, contrairement à ce que certains pensent, l’année la plus accomplie de ma carrière professionnelle.

Cette année a été une année faste pour vous et votre groupe mais quand même 2005 a été aussi une épreuve notamment avec le groupe Futurs Médias pour ne pas dire l’Observateur qui a eu des démêlés judiciaires avec le fils du Président et vos relations avec le pouvoir ont été mises sur la place publique , comment avez-vous vécu cette épreuve entre l’Observateur et le fils du président et par ricochet les accusations de Karim Wade sur votre personne?

Youssou Ndour : Moi j’ai toujours eu de bonnes relations avec le pouvoir. Et comme je l’ai dit le pouvoir doit reconnaître et encourager les gens à quitter l’informel pour se lancer dans le formel. C’est d’ailleurs ce qui a permis la création de sociétés. Les journalistes connaissant la convention qui régit leur profession et sachant ce qu’ils doivent faire . j’ai investi dans le groupe Futurs Médias et j’y ai engagé des professionnels en qui j’ai confiance. Je leur laisse le soin de travailler. Et je n’y intercède pas. Vous savez, Alioune Ndiaye et Jean Pierre Mané ont écrit un article. Ils sont de grands journalistes et savent bien se défendre. Moi, ce n’est pas mon problème et je n’ai rien à y voir. Les journalistes m’ont dédouané dans la mesure où je ne leur ai pas dit d’écrire l’article. Donc ceux qui croient que j’ai commandité l’article sont dans l’ erreur. Et je leur demande en ce mois béni, par la même occasion, de me demander pardon . Un journaliste doit pouvoir s’assumer et vous l’avez fait. Vous vous êtes défendus. J’en suis ravi. Et je ne vais pas entrer dans les détails. Moi, en ce qui me concerne, je suis un homme public, si je me sens diffamé, je peux intenter une action en justice. Le fils du président vous a traînés devant la justice et la justice lui a donné raison. C’est bien. On en prend acte. C’est un citoyen sénégalais comme tout le monde. Et dans ce cas, il appartient au Groupe Futurs Médias de prendre ses dispositions pour voir s’il doit interjeter appel ou payer la somme tout simplement D’ailleurs , on ne m’a pas demandé mon avis par rapport à ça jusqu’à présent. Car, dans ma société, il y’ a une séparation des rôles. Le Pca , il n’est pas là à faire des comptes dans une société. Une société marche selon ses avoirs. C’est la première des choses. Ensuite, il y a eu la bataille médiatique. Nous sommes tous des professionnels. Et ,Il y a des gens qui nous conseillent çà et là. Quand cette affaire a éclaté, mon père en qui je crois plus que tout au monde m’a interpellé sur cette question des 300 millions pour me demander de ne plus jamais en parler sinon il prendrait la décision de ne plus m’adresser la parole. Et comme je respecte sa parole, j’ai décidé de ne plus en parler. Je ne vais pas polémiquer avec Karim Wade, ni d’ailleurs avec le pouvoir. Mais je vais vous raconter une histoire très simple. Le président de la République, par sa générosité, a demandé à ce que l’on m’octroie une parcelle de 5.000 m2 de terrain dans Dakar avec titre foncier pour que j’en fasse tout ce que je veux.

C’est vous qui lui avez demandé ce terrain ?

Non. Je ne lui ai rien demandé ! . Je ne tends la main à personne pour demander quoi que ce soit. Je ne suis pas quelqu’un qui demande. Je suis certes le fils d’un griot du côté de ma mère. Ma grand-mère chantait et en contre-partie les gens lui donnaient des chevaux et des habits. J’ai certes bénéficié de cet héritage. Mais je ne demande pas à une personne de l’argent. Je ne connais que le travail. Je crois au travail par la sueur du front. Tous ceux qui se trouvent chez moi-même savent que la plus petite chaise qui s’y trouve, je l’ai obtenue par la sueur de mon front. Personne ne viendra me dire qu’il m’a donné quoi que ce soit. Je crois au travail et c’est ma conception des choses. Donc, je n’ai rien demandé au président. D’ailleurs je ne demande pas et je n’ai jamais demandé. Je travaille par la sueur de mon front et je remercie le Bon Dieu de m’avoir aidé dans la vie à ne jamais tendre la main. Vous savez combien cela coûte 5.000 m2 dans Dakar ? Presque 500 millions. Avec courtoisie, j’ai refusé cette offre du président Wade. Et c’est mon manager Mady Dramé ici présent que j’ai mandaté en lui remettant une lettre adressée au Président de la République pour le remercier pour son geste. Et lui faire savoir que tout ce que je voulais avoir en matière de terre, je l’ai déjà eu dans ma vie. Et si vraiment , il souhaitait que j’acquiers un autre terrain dans Dakar, on n’a qu’à me le vendre. Je m’en suis tenu à cela. Et tout ce que je dis ici est vérifiable sur papier. Mais entre nous, comment celui qui refuse une valeur de 500 millions peut-il demander 300 millions ? (rires)

Voilà devant le tribunal, Karim Wade a dit que tu lui avais demandé 300 millions pour améliorer les relations entre son père de président et la presse

Comme je vous l’ai dit , je ne vais pas polémiquer avec lui. Je respecte jusqu’au bout les paroles de mon père. . Sincèrement je vous le redis, je ne vais pas polémiquer avec Karim Wade et avec le pouvoir. Je ne le ferai pas. Certes j’avais cette intention mais c’est terminé. C’est derrière moi, car je sais que si je parle ça risque de faire un tollé dans ce pays

Depuis l’alternance, vos relations avec le pouvoir étaient au beau fixe. Vous accompagniez souvent Wade dans ses tournées un peu partout dans le monde. Certains disent que vous avez forcé le boulon. Et l’on vous reproche même de vous être un peu trop affiché avec le régime de l’alternance alors que vous ne l’aviez presque jamais fait auparavant avec Abdou Diouf. Mais pourquoi avez-vous franchi le Rubicon avec Wade ?

On pourrait le comprendre si on était au moment des élections mais tel n’est pas le cas ici. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les institutions du pays et j’ai toujours fonctionné ainsi. Les gens oublient vite. Car en 1997, lors de la semaine nationale de la jeunesse c’est moi qui avais pris le micro au stade de l’Amitié avec 100 milles personnes devant Abdou Diouf au moment où ce dernier avait des bisbilles avec la jeunesse pour demander à tout le monde de l’applaudir. En 1993, quand j’ai tenu une conférence de presse au Sun Set Sahel, j’avais dit que je ne soutenais personne. Que je ne suis pas concerné par les élections, si ce n’est pour aller voter. Deux mois auparavant, Abdou Diouf était présent pour le dixième anniversaire du Super étoile à Sorano, tout le monde se souvient de ça. Des gens m’avaient interpellé pour dire qu’avec tout ce que le président a fait pour toi comment peux-tu dire cela ? Aujourd’hui aussi je pense qu’on n’est pas encore arrivé à des élections. Et Dieu a fait que j’encourage Me Wade dans le cadre de ses entreprises pour les libertés et droits de l’Homme. Je l’encourage dans ses prix pour la défense des droits de l’Homme, mais aussi dans ses acquis pour l’approfondissement de la démocratie. Mais je n’ai accompagné le président Wade que pour le prix des droits de l’Homme, deux fois, si je ne me trompe. Et pour la manifestation des anciens combattants à Reims. Je n’ai jamais animé un meeting du Pds, ni même pris la parole. Il se trouve que je souhaite vraiment à Me Wade de réussir sa mission. Je l’ai dit hier, et je le répète aujourd’hui. Je veux qu’il réussisse de même que ceux avec qui il travaille. Mais, avec tout ce qui s’est passé, j’ai choisi de me retirer de tous ces trucs-là et de rester dans mon coin.

Pourquoi Youssou Ndour veut-il se retirer dans son coin ?

Parce que je n’ai pas le temps. Avec tout ce que je fais je n’ai pas vraiment le temps pour autre chose. C’est entre deux avions que Youssou Ndour se repose. Si on parle de Youssou Ndour c’est à cause de sa carrière musicale. Je n’ai pas de temps pour autre chose. Je ne veux pas faire de politique. Je souhaite à Wade tout le bonheur, mais surtout qu’il réussisse sa mission. Je ne suis pas son ennemi, je ne le serai jamais, et je ne le souhaite pas. Je ne suis pas son adversaire, je ne veux pas l’être et je ne le serais jamais. Je ne veux pas d’un mandat électif, Abdou Diouf disait lui qu’il ne voulait même plus être chef de village. Mais moi je ne veux même pas être un chef de quartier. Il y a plein de choses qu’on m’a proposées, à cause de mes capacités et de mon statut mais j’ai refusé. J’ai dit que c’est dans l’art et la musique que je peux apporter beaucoup pour le Sénégal. Mais je ne gâcherais jamais l’image du Sénégal à l’étranger. Je sais ce que je dois faire et ce que je ne dois pas faire. On m’a même proposé d’écrire des livres, mais j’ai dit non car mon domaine, C’est l’oral.

On, c’est qui ?

D’une manière générale c’est tout le monde. Il y a eu des gens proches du pouvoir, et d’autres loin du pouvoir. Des chefs religieux et des chefs coutumiers et des Sénégalais lamda, qui m’appellent tous les jours pour me soutenir, pour m’encourager et pour me faire des propositions. On ne peut même pas imaginer le nombre de sollicitations que je reçois par jour, mais je ne fais pas la grosse tête. Si je me fiais à ce qu’ils disent je ne saurais même pas où j’irais.

Le pouvoir a pris la décision de vous combattre en commençant par vous censurer à la Rts … comment dans un tel contexte allez vous rester dans votre coin ?

Je rends hommage aux gens de la télévision car ce sont des professionnels et ils m’ont beaucoup aidé. Je me souviens très bien du jour où on a annoncé que j’ai reçu une balle, c’est dans cette maison même, que j’ai fait une déclaration à 20 heures pour dire que je suis bien portant. C’est moi qui ai fait le premier play back sénégalais, ce sont des professionnels et des gens que je respecte beaucoup. Mais dans une course de chevaux, la caméra ne va pas se limiter qu’à filmer le départ. Si la caméra s’arrête au départ, les gens vont zapper et aller sur une autre chaîne pour voir la suite de la course. J’espère que j’ai été bien compris.

Les gens vous voient de plus en plus rarement au Palais de la République, qu’est ce qui est à l’origine de cette situation ?

Je ne travaille pas au palais de la République. Je pense que ce n’est pas maintenant que je vais le dire. On ne m’a vu au palais que les rares fois où j’y suis allé de manière officielle. Il faut que les gens ramènent la situation à sa juste proportion. Il faut dire que le Sénégal est dirigé par un intellectuel et un homme de droit. Et je suis convaincu que ce n’est pas le pouvoir qui est derrière certains faits et dires. C’est par excès de zèle, que certaines personnes entreprennent certains actes. Mais il faut qu’on arrête ça. On n’est pas en guerre froide. Je ne dirige pas un parti politique. Je ne suis pas et je ne serai jamais intéressé par un mandat électif . Le Président Abdou Diouf disait qu’il ne veut même pas être chef de village , moi je vais plus loin en vous disant ici et maintenant que je ne suis même pas intéressé par un poste de chef de quartier. Je ne crois même pas que Wade ait demandé quoi que ce soit à qui que ce soit. Ni même Karim Wade. Ce sont des gens qu’on connaît très bien qui font du zèle. Il faut qu’on arrête çà. Le Palais de la République est pour le peuple du Sénégal. Tous les 12 millions de sénégalais ont le droit d’y aller.

A Thiès vous aviez demandez aux Sénégalais de s’inscrire massivement sur les listes électorales qu’est ce qui a motivé cela ?

Sur le concert de Thiès, il n’y a pas longtemps, lors des élections municipales, j’ai fait une tournée nationale. Et même Pape Diop était venu me voir et me présenter son programme dans ce sens, et cela avait créé un tollé. Ousmane Ngom, le ministre de l’intérieur m’a demandé il y a quelque mois, de faire la promotion des cartes d’électeur et des cartes d’identité numérisées. J’ai même écrit une chanson qui est passée une ou deux fois à la télé, appelant les gens à aller s’inscrire. Ce sont des choses qui sont pourtant de l’intérêt du gouvernement et je l’ai fait. Donc, on ne doit pas revenir pour penser à autre chose quand j’appelle les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales. En 1999, j’ai dit lors de l’émission «En toute liberté», à la veille des élections j’ai sorti un bout de papier pour dire que voilà ce qu’est une carte d’électeur et demander aux populations d’aller le chercher pour voter pour votre candidat. Et aujourd’hui je ne dois pas le dire. Mais dans quel pays sommes nous ? Je crois que les gens se méprennent à mon sujet, lorsqu’il me voit chanter et danser à la télévision sur scène. Mais j’ai 46 ans, je suis un grand gaillard et j’ai des enfants. Je suis un responsable de famille, et je dois gérer mes relations avec Dieu et avec mon prochain. Il y a plein de gens au Sénégal, qui ne sont pas plus âgés ou plus intelligents que moi , et je trouve qu’on doit me respecter autant que ces personnes.

Il paraît que vous avez épousé une deuxième femme ?

Depuis très longtemps je vous ai dit (Ndlr : la presse), qu’il y a des choses que vous n’apprendrez jamais sur moi car vous ne pouvez pas tout savoir sur moi. Je ne peux pas exposer ma vie privée. Si des gens s’y aventurent, ils vont dire des choses dont ils ne sont pas sûrs, qu’ils ne tiennent pas de moi. Ce que j’ai dit avant de me marier est toujours valable. Je suis un musulman et je peux marier jusqu’à 4 femmes. Je m’en arrête là. Pour le reste, ce qui se passe chez moi personne ne pourra me pousser à l’exposer sur la place publique. Mais , les gens écrivent parfois une chose çà et là sur moi, et c’est ce qui m’amène à apporter des éclairages. Mais à partir de maintenant, je ne vais plus répondre aux détails qui ne me concernent en rien et ou dit toujours que c’est You. J’ai eu un accord avec Me El Hadji Diouf, il sera mon avocat porte-parole. Son rôle est qui est différent de celui de mon conseiller en communication Malick Mbaye qui est ici, à côté de moi. Il va rejoindre mon avocat Me Guédél Ndiaye, pour se charger de tout ce qui doit être dit ou éclairci.

Dichotomie entre Youssou Ndour artiste et propriétaire du groupe futurs Médias et la gestion même de ce groupe ?

J’ai eu à poser la question dans un cercle bien restreint, pour dire qu’il faut qu’on réfléchisse sur comment faire, pour que les gens comprennent une bonne fois pour toute, quel est mon rôle dans tout ça. On doit voir si je dois endosser tout ce qui sort du groupe Futurs Médias. Car il arrive un moment où je ne lis même pas le journal pour savoir ce qui est à l’intérieur, ou ce qui passe à la radio. Il faut que les gens comprennent qu’il y a des professionnels qui gèrent tout ça, et il faut qu’ils aient du respect pour vous. Mais aussi il faut que vous soyez responsables sur ce que vous faites. Il y a eu une réflexion autour de çà, et on est en train de voir quelle position avoir par rapport à cela. J’avoue que ça devient un problème parce que des hautes personnalités m’ont réveillé chez moi pour me demander d’intervenir pour changer la une de mon journal, c’était avant qu’Aliou Ndiaye ne vienne au journal. Cela m’a beaucoup affecté lorsque je l’ai fait, car j’avoue que j’ai eu à faire de l’ingérence. Mais je crois des fois que lorsqu’on accuse une personne d’une chose, c’est parce qu’il y a une certaine originalité dans ce que dont on l’accuse. Et tu dois te demander pourquoi il a fait ça ? Aussi, permets à la personne de penser un moment que tout ce qui vient de ton côté c’est toi qui le commandite. Je n’ose pas penser que ce fameux article du Soleil , ait été commandité par Karim Wade ou le pouvoir qui sont derrière. Je ne peux pas le penser. Mais si moi je ne peux pas le penser, pourquoi eux pensent-ils le contraire? C’est une question qui mérite réflexion. Ceux qu’on a dit sur moi m’a beaucoup choqué. J’avais mal car, on a accusé des journalistes sur une chose qu’ils n’ont pas fait. C’est resté en moi depuis ce jour.

Quelles sont vos relations avec les autres musiciens sénégalais ?

Je ne souhaite le malheur à aucun artiste. Et s’il y’a un artiste qui a le plus aidé ses amis artistes, je peux me glorifier d’en être un. Celui qui a aidé le plus grand nombre d’artistes durant ces 15 dernières années. Surtout pour ce qui est de l’avenir de la musique sénégalaise. Les chiffres sont là, les titres sont là. Et tout çà ne m’a pas été bénéfique en termes d’argent. Je suis allé jusqu’à faire des choses pour la notoriété d’un artiste. Il y a eu des artistes qui ont eu des consécrations importantes. Et c’est grâce à moi, sans que mon nom n’apparaisse nulle part. J’ai même écrit et offert des chansons à des artistes sans faire de bruit. Pour ce qui est des artistes d’une manière générale, il n’y a aucun problème. Je compte le plus grand nombre de duo et de rencontres que quiconque dans l’histoire de la musique sénégalaise. Je n’ai aucun problème avec quelque artiste que ce soit. Un artiste ce n’est pas une équipe de football, ou un parti politique, où on demande un but et un résultat. Il n’y a rien de plus terrible qu’une personne qui se prive de la musique d’un autre parce qu’il se considère fan de l’autre. Il m’arrive dès fois de rencontrer une personne qui me dit : « je n’écoute que toi dans ma voiture », mais je lui réponds que ce n’est pas bien. Car il y a d’autres superbes choses et je ne crois pas avec ton cœur et tes intentions, que je sois un parti politique ou une équipe de football. Chaque fois, je le dis. Récemment lors d’une rencontre entre musiciens j’ai dit à Thione Seck, pour qui j’ai beaucoup de sympathie que je ne saurai avoir de problèmes ou de différends avec lui ou avec quelqu’un d’autres. C’est invraisemblable et utopique. Je le dis et le répète en Wolof « amu ma ak been artiste xarma yalla » (je ne suis opposé à aucun artiste). Maintenant, si je dérange parce que je suis Youssou Ndour, alors le suis désolé. Je fais ma musique par plaisir et mon credo c’est la qualité. Le problème au Sénégal c’est qu’il y a des artistes connus et des artistes populaires. Il y a aussi des artistes à la fois connus et populaires. Et, on ne fait pas souvent la différence. Mais cela n’entame en rien le mérite des uns et des autres. Je vous informe aussi que le Baobab Gouye gui a été reconstitué grâce à moi avec la collaboration de Nikk Gold qui est le propriétaire de la maison de disque qui a produit l’album « Neela Cass » de Cheikh Lô. Le plus difficile pour moi a été de faire revenir le guitariste Togolais du Baobab Attisso. Ce dernier est avocat et avait fini d’installer à Lomé. Mais à force d’insister, il est revenu. Pendant ce temps Nick Gold a appelé Thione Seck directement mais il se trouve que ce dernier était trop pris par son orchestre. Mais au finish le Baobab s’est reconstitué et, actuellement c’est le groupe africain qui tourne le plus dans le monde.Et j’en ai aucune contrepartie financière mais je suis fier aujourd’hui de ce groupe .

 



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