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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

[ Éditorial ] Dialogue au-dessus de l’instant ( par Mamadou SEYE)

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[ Éditorial ] Dialogue au-dessus de l’instant ( par Mamadou SEYE)

Le guide s’approche de la montagne. Il tient, de sa main droite raffermie par l’espoir, la canne qui lui fraie le chemin, depuis le début de la marche entre les rocs et les ravins. L’immensité ne lui inspire pas le sentiment de doute. Il se retourne vers son peuple. Dans le regard de ses concitoyens, il lit la puissance du serment des nations enfiévrées par les luttes et les espérances. Il se décide alors à franchir l’obstacle, avec la somme des énergies jointes. Il avait la force des furieuses audaces de son peuple, dans sa diversité, sa veille quelquefois frondeuse, ses attentes déçues et ses angoisses les plus tétanisantes. Il fallait bien franchir cette montagne pour, au bas des rocs et des dépressions, prendre la barre d’une embarcation. Il fallait bien regagner les étendues paisibles et verdoyantes de la prospérité, de la paix sociale et de l’épanouissement des générations futures.

Le point de fusion entre cette métaphore du patrimoine universel et la vérité du Sénégal de 2009, réside dans la posture présidentielle. Le remaniement ministériel du 1er mai n’est pas à lire comme un coup médiatique et politique qui s’inscrit dans une échelle temporelle séquencée et assez vite périssable. L’acte républicain qui a légitimé la mise en place de ce nouvel attelage est plutôt une invite au travail en ce jour symbolique de fête des travailleurs. Il est rencontre avec le Sénégal dans ce que la République a de plus cher : le dialogue au-dessus du temps présent et le rendez-vous avec la postérité. Le pari est une perspective déblayée par cette ferveur sincère et totale que le chef de l’Etat met dans le pacte de gouvernance conclu par deux fois avec les Sénégalais (en 2000 et en 2009) et qui comporte des chapitres comme la victoire de son parti aux Législatives (2001 et 2007) ou encore la percée de l’opposition dans de nombreuses localités au cours des élections municipales, régionales et rurales du 22 mars dernier. Un horizon de grâces et de délicatesses pour notre plus grand bien.

Le champ des adversités politiques est fermé par la très belle phrase du président de la République : « Je vous ai compris... » Nous sommes en présence de l’énoncé du devoir républicain : être à l’écoute des citoyens, la palette la plus large en République, en non plus simplement des militants. Me Wade a saisi la portée d’une posture qui situe les contingences politiques dans le seul dessein de conquête du pouvoir ou de s’opposer au système en place. Il ne doit point avoir de tache sur l’appareil d’Etat. Cet appareil d’Etat, il le détient légitimement, en restant fort d’un bilan admirable en matière d’infrastructures, d’éducation, de santé, d’agriculture, de rayonnement international du Sénégal, d’emploi, de compétitivité de l’économie, de prise en charge de la facture énergétique, etc. Et il ne s’est pas suffi de ce bilan. La nature du citoyen en fait un interlocuteur qui en veut toujours plus ! En faisant preuve d’une grande qualité d’écoute, jusque dans les abus politiciens les plus gênants pour l’Etat dans sa mission de préservation de la paix sociale, le président de la République opte pour le langage de l’action et de l’ouverture sans faiblir devant les tentatives de saper le socle de notre engagement à édifier, ensemble et riches de nos différences comme de nos convergences, le pays que nous voulons. Tel un monument que des habitants d’une ville fière et debout lègueront à la postérité...

La promesse est tenue. La mise en place d’un gouvernement, dans la sérénité et le calme, est le signe de la vitalité démocratique. Le besoin de souffle nouveau, dans ce contexte-ci, n’est pas dicté par une situation d’exception ou d’instabilité. Il faut plutôt placer le remaniement dans l’exploration perpétuelle de nouveaux créneaux, les correctifs aux postes devant atteindre un meilleur pourcentage de rendement, la mise en selle de nouveaux performers prenant le relais de valeureux serviteurs de l’Etat, le redéploiement d’éléments méritants ou, enfin, la mise au repos de quelques combattants de la République en attendant le clairon qui sonne de nouveaux défis. La passation du relais s’est effectuée dans la douceur avec l’attelage d’un serviteur loyal de l’Etat, Cheikh Hadjibou Soumaré. C’est la preuve de la capacité de ce pays à fermer des séquences et d’en ouvrir d’autres, les yeux toujours rivés sur le chronogramme établi en compagnie des électeurs. C’est tout à l’honneur de Me Wade.

La même philosophie guide le même engagement à exceller en dépit des contextes et des servitudes de la vie publique. Toujours plus et mieux, voilà le challenge du Gouvernement Souleymane Ndéné Ndiaye. Le choix de ce jeune cadre libéral aussi bien spontané dans son élan vers l’autre que ferme sur ses convictions, hisse, une fois de plus, son patron au sommet du hit des bourreaux de tous les pronostiqueurs. La manie à chercher de nouvelles têtes a le don de mettre d’accord, à chaque fois, sur le choix de l’homme à placer sous les spotlights de l’actualité de la République. Comme en football, l’équipe a bien de la profondeur au banc des remplaçants. Au-delà du nouveau Premier ministre, l’expérience de Me Wade est le pont sur lequel se hissent d’autres jeunes cadres comme Karim Wade, ministre d’Etat dans un département de la Coopération internationale, de l’Aménagement du Territoire, des Transports aériens et des Infrastructures où sa présence est déjà éclairée du flambeau de ses réalisations et de son carnet d’adresses au moment où il assurait la conduite de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence islamique (Anoci). Cette génération compte de valeureux serviteurs de la République qui ont fait leurs humanités dans la longue marche de leur leader politique sur les chemins de la postérité : Aliou Sow, Mamadou Lamine Keïta, Ndèye Khady Diop, Moustapha Guirassy, Kalidou Diallo, Samuel Amète Sarr, etc. L’alchimie est une réussite avec des alliés, cadres du Pds ou technocrates au poste depuis longtemps : Cheikh Tidiane Sy, Oumar Sarr, Cheikh Tidiane Gadio, Abdoulaye Diop, Madické Niang, Habib Sy, Thierno Lô, Moustapha Sourang, Bécaye Diop, Oumou Khaïry Guèye Seck, etc.

Cap sur nos rêves, expressions d’une réalité de combat quotidien contre la fatalité malgré la grande tentation du renoncement porté par des clameurs politiciennes sans consistance. Cela est plus important que de s’attarder sur des trouvailles comme celle de ‘’gouvernement politique’’. Et rien que ça ! A priori, il n’y a aucun mal à émettre une telle interprétation. Les vainqueurs d’une présidentielle et d’élections législatives sont appelés à gouverner seuls ou à partager l’exercice de prérogatives constitutionnelles. Cela est vrai. Il est impensable de faire grief à un chef d’Etat de choisir des hommes de son parti pour mettre en œuvre ses options de gouvernance. Ensuite, ceux qui ont gagné chez eux au cours des dernières élections sont comme ceux qui sont restés au gouvernement à la faveur des résultats enregistrés dans la conduite des dossiers brûlants : ils ont le mérite de la popularité pour les uns ou de l’efficacité pour les autres. Toutefois, la logique politique n’est qu’un élément d’analyse dont la portée a pour frontière la compétence. Cette logique politique, à elle seule, ne suffit pas à faire un bon gouvernement. Il s’agit d’une lecture réductrice de la portée d’un acte républicain aussi solennel que le choix des membres de l’équipe devant conduire la politique élaborée par le Chef de l’Etat. Une injustice à la logique. Dans ce cas précis, le choix porté sur des hommes est guidé par le souci de mettre en cohérence les bons points d’une méthode, de rectifier le tir dans certains domaines et de hisser le niveau du jeu dans la formulation d’une réponse globale et efficace aux questions économiques et sociales. Le mot qui sied est « recadrage » avec, en ligne de mire, le résultat. Ce principe surclasse les querelles d’approche de gouvernance, de bataillon politique comme d’appartenance géographique. Notre aire de compétition est bien le Sénégal. Il est face au reste du monde dans une interaction rugueuse par ces temps de crise internationale. Dans cette écurie, le vainqueur n’a qu’un nom : le citoyen. En clair : NOUS TOUS. Nous avons dépassé le cap de la montagne. Il est temps que nous posions pied sur cette terre paisible qui surgit du brouillard vaincu par la force de l’espoir et de l’action. Ce n’est point une fable ; c’est du vécu, malgré la tyrannie du contexte économique international.



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