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Politique

DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES ET OUTRAGE À MAGISTRAT : Barthélemy Dias fixé sur son sort mardi prochain

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DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES ET OUTRAGE À MAGISTRAT : Barthélemy Dias fixé sur son sort mardi prochain

Vingt-quatre heures après son père Jean-Paul Dias, Barthélemy s’est présenté hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour les délits de diffusion de fausses nouvelles et outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions. Pour sa défense, le prévenu a argué avoir fait des déclarations dans un cadre strictement privé et va même jusqu’à soupçonner un enregistrement à son insu. Le Parquet a requis des peines de trois ans pour la diffusion de fausses nouvelles et un an pour l’outrage à magistrat. Le verdict est mis en délibéré.

Il est très rare de voir défiler, à vingt-quatre heures d’intervalle, un père et son fils à la barre. C’est ce qui est arrivé à la famille Dias. Si le père a connu hier son sort (il a été condamné à un an dont trois mois ferme pour diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions et menaces de mort verbales), le fils devra certainement méditer, au fond de sa cellule du Camp pénal, sur ce qui l’attend puisque le verdict a été mis en délibéré.

Car, la suite de cette affaire est incertaine et les propos qu’on prête au prévenu sont d’une extrême gravité. Alors que son père avait des démêlées avec la Division des investigations criminelles (Dic), Barthélemy donne une conférence de presse. Sans se retenir, il déverse sa bile sur le président de la République, Me Abdoulaye Wade et le procureur de la République, Lamine Coulibaly.

Au lieu de se limiter à prendre la défense de son père, le fils taxe le pouvoir de « brigand » et de « vagabond ». Le procureur en prend pour son grade, lui qui est présenté comme « une honte pour la justice sénégalaise », « un corrompu, un opportuniste, un arriviste ». Pis, M. Coulibaly serait « instrumentalisé » par le président Wade, qu’il ne manque pas de brocarder au passage sur son âge.

Barthélemy va plus loin dans la version wolof et s’adresse nommément au président Abdoulaye Wade qu’il présente comme « un voleur, un assassin, un menteur ». La coupe venait de trop déborder et c’est tout naturellement que le coordonnateur national de la Convergence socialiste s’est retrouvé à la barre pour répondre des délits d’outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions et diffusion de fausses nouvelles. Il fallait faire écouter à Barthélemy ses propres propos et le Parquet n’a pas hésité à présenter un enregistrement. Devant les juges, il a voulu vendre cher sa peau pour se tirer d’affaire. Et tous les moyens étaient bons.

D’abord, il conteste les faits et doute des circonstances dans lesquelles l’enregistrement a été fait : « ces propos, dit-il, n’ont pas été tenus lors de la conférence de presse, je n’ai pas traité le président d’assassin et le procureur de corrompu. J’ai parlé de la corruption dans la magistrature. La version audio ne vient pas de la conférence de presse. Et le (passage) wolof, c’est dans mon garage », ajoute-t-il. D’ailleurs, poursuit-il, il ne peut pas tenir ce genre de langage, lui qui révèle aspirer à diriger ce pays.

« Droit à l’intimité »

Pour se résumer, « j’ai donné une opinion personnelle dans un cadre privé », dit-il. En quelque sorte, il a appliqué un « droit à l’intimité ». D’où vient donc cet enregistrement ? Barthélemy pense qu’il a été enregistré, à son insu, dans sa voiture. Quant à la version wolof, c’est des propos qu’il aurait tenus dans son garage, le français, c’était une discussion avec son entourage et portait sur la corruption des magistrats. Il va même jusqu’à soupçonner les renseignements généraux de l’avoir épié avant d’ajouter : « je ne reconnais pas la paternité de ces propos ».

Comment se fait-il que la presse ait pu avoir à sa disposition de telles déclarations et les relayer à travers les ondes et dans les colonnes des journaux ? C’est la question que se posait tout le monde et, pour s’en tirer, Barthélemy fait comprendre qu’aucun journaliste ne lui a posé de question, ce jour-là.

Il va même jusqu’à croire que certains propos contenus dans le Cd ont été enregistrés, « peut-être », dans le salon alors qu’il venait de tomber sur le spectacle d’une mère violentée par les éléments de la Dic. Mais, lui rappelle le président du tribunal, « on ne traite pas quelqu’un de corrompu sans preuve, on doit respect et égard aux magistrats et au président de la République ». Et le président de poursuivre : « j’ai l’impression que vous ne faites pas amende honorable. Aucun repentir de votre part. Je vous attendais sur le terrain du repentir », lui fait savoir le juge. Au lieu de cela, le coordonnateur national de Convergence socialiste a préféré présenter ses excuses au peuple sénégalais car, croit-il, il n’a pas à le faire pour le président et pour le procureur. D’ailleurs, M. Dias ne comprend pas que le procureur « active » la Dic pour une affaire de nationalité et fasse un « acharnement » sur sa famille. Le procureur, dans son réquisitoire, a levé un coin du voile sur cette histoire de nationalité avant d’accorder un récépissé au mouvement politique du prévenu. Barthélemy Dias, explique-t-il, a diverses nationalités. Et c’est pour lui donner une convocation que les hommes de la Dic se sont rendus chez lui. Il s’en est suivi une confusion sur le destinataire. Après ces précisions, le Parquet a regretté que le prévenu assume, mais ne s’amende pas. « Il savait que toute la presse allait relayer ses propos, il a tenu ces paroles pour blesser, pour saper le moral du procureur », dit le Parquet, avant de retenir la constance du délit d’outrage à magistrat.

« Me Wade est son grand-père »

Pour ce qui est de la diffusion de fausses nouvelles, le délit est également constitué, « le prévenu est né en 1975, il est trop petit pour saper le moral des institutions. Le président de la République est son grand-père, qu’il le veuille ou non, nous sommes dans la société sénégalaise. L’anarchie n’est pas tolérée dans un Etat de droit. J’appelle de votre part des répressions particulièrement sévères ».

Et c’est ainsi que le Parquet a requis un an de prison pour le délit de diffusion de fausses nouvelles et trois ans ferme pour outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions.

Comme il fallait s’y attendre, la défense a axé sa plaidoirie sur l’irrecevabilité du document sonore présenté par le Parquet (voir par ailleurs). Mes Papa Ndiaye, Amadou Moustapha Mbaye, Demba Ciré Bathily, Aïssata Tall Sall et Jacques Baudin ont, unanimement, invité le tribunal à écarter l’enregistrement et sollicité la relaxe pure et simple du prévenu.

A titre subsidiaire, les avocats ont demandé de larges circonstances atténuantes pour leur client, un délinquant primaire. Le délibéré sera connu mardi prochain.

Querelle autour d’un élément sonore

Certainement pour lever toute équivoque quant à la gravité des propos, le procureur de la République a produit un Cd contenant les déclarations de M. Dias. A la grande surprise de la défense quelque peu désarçonnée par cet « invité surprise ». Toute la suite du procès a tourné autour du Cd. La défense a demandé le rejet de l’élément sonore, arguant qu’elle ne l’a pas reçu pour se préparer.

D’ailleurs, poursuit un des avocats, avant le procès, le Parquet avait fait savoir que l’enregistrement n’était pas « disponible ». Le président a préféré faire écouter au prévenu et à l’assistance l’enregistrement. Les mots ont laissé le public bouché bée, tellement les propos ont été durs. Le procès a viré ainsi à une sorte de dispute procédurière, la forme prenant souvent le dessus sur le fond de l’affaire. La défense, estimant que l’enregistrement sur Cd n’a pas été présenté sous scellé, a demandé au tribunal de l’écarter Le procureur justifie son attitude par l’article 414 du Code de procédure pénal qui stipule : « hors le cas ou la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge décide d’après son intime conviction. Le juge ne peut fonder sa décision que sur les preuves qui lui ont été apportées au cours des débats et discutées devant lui ». Alors, s’est posé un problème d’interprétation . « Il y a une mauvaise interprétation (de la part du Parquet) qui parle de preuves dont on a discuté », déclare Me Aïssata Tall Sall. Le procureur se suffisait à dire que l’existence d’un enregistrement est bien mentionnée dans le procès verbal de Police, c’est donc faute d’arguments de défense que les avocats « se sont acharnés sur le support sonore ». Même s’il n’y a pas de scellé, ajoute-t-il, le Parquet peut le produire à l’audience. La défense craint des manipulations ou une imitation de la voix du prévenu grâce aux nouvelles technologies. « C’est le procès de l’impossible preuve », lance Me Tall Sall. nvitant le tribunal à n’accorder aucun crédit au Cd et à relaxer M. Dias.



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