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Politique

DIOURBEL - Une région dans la campagne : Touba et ses nouveaux mourides

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DIOURBEL - Une région dans la campagne : Touba et ses nouveaux mourides

L’élection présidentielle du 25 février 2007 sera sans nul doute un tournant majeur dans la marche de la République. La région de Diourbel avec ses 388 744 électeurs ne sera pas en reste et jouera une partition non négligeable dans le choix du futur chef de l’Etat.

Les baol-baol sont réputés être de grands politiciens devant l’Eternel. Cette région qui englobe Touba, berceau du mouridisme, représente un vivier politique d’une grande envergure. Le défunt poète Président, dans sa marche vers le Palais présidentiel, s’était appuyé sur de grands chefs religieux et coutumiers dont Serigne Fallou Mbacké, 2e khalife général des mourides, Cheikh Diop Yaba chef de canton de Kaël dans le département de Mbacké et père du défunt ministre socialiste Samba Yéla Diop, Ousmane Alioune Sylla, chef de canton de Ngoye, Alioune Sylla dans le département de Bambey et Ely Manel Fall, chef de canton du Mbayard, actuel département de Diourbel, entre autres dignitaires du Baol. Son successeur Abdou Diouf avait en 1988, bénéficié du ndigueul du défunt Serigne Abdoul Ahad pour venir à bout de son adversaire Abdoulaye Wade. Depuis l’avènement de l’Alternance, cette tradition, loin de s’estomper a pris des allures incommensurables.

La région de Diourbel a renoué avec son passé de foyer politique, où les politiciens rivalisent d’ardeur et se bousculent aux portillons des différentes familles maraboutiques de sa capitale religieuse, Touba. Le Baol est devenu la région la plus courue et la plus visitée, pour différentes raisons dont la plus importante est Touba qui, à en croire de hautes personnalités, fait et défait des carrières politiques et administratives. Cette ville est aussi symbolique à plus d’un titre. D’ailleurs, les prétendants du fauteuil présidentiel que sont Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse, Idrissa Seck, Landing Savané, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily et Doudou Ndoye, ne ratent aucune occasion pour montrer leur attachement à cette ville même si, c’est purement pour des besoins électoralistes.

LES CANDIDATS ET LA BELLE

Le président sortant qui a démarré sa campagne dans cette localité, avait, au lendemain de sa victoire, rendu visite au khalife général des mourides et passé la nuit à Touba. N’avait-il pas dit aux responsables de son parti dans la cité religieuse, lors d’un de ses nombreux voyages, qu’il acceptait «de perdre toutes les autres villes du pays sauf Touba». Mais, il risque de déchanter et de voir l’électorat lui tourner le dos, du fait des derniers développements des chantiers des grands travaux du khalife. S’y ajoute que les responsables choisis par Macky Sall, lors de sa tournée de restructuration des instances du Pds, ne font pas l’unanimité dans la région. Le secrétaire général de l’Alliance des forces du progrès ne manque jamais de faire part lui aussi, des affinités et de la grande estime dont il jouit auprès de l’ascète de Khelcom. Mais, force est de reconnaître qu’il a perdu du terrain avec la défection de ses nombreux responsables locaux dans le Baol.

Le leader de Rewmi, n’échappe pas non plus à la règle. A sa sortie de prison, il avait tenu à se rendre dans cette ville et avait été reçu par Serigne Saliou Mbacké. Tout récemment, à la veille et après la première phase de ses négociations avec le Président Wade, il avait tenu à informer le guide spirituel des mourides. Toutefois, M. Seck pourra s’appuyer sur des marabouts comme Moussa Mbacké «Nawel», fils de Serigne Moustapha Bassirou Mbacké, bien que ses retrouvailles avec son ancien mentor ne militent pas en sa faveur dans ce Baol où on ne comprend pas la langue de bois.

Landing Savané n’a-t-il pas acquis une maison dans la cité religieuse pour montrer ses liens avec la communauté mouride ? C’est très significatif sur le plan politique, assure Serigne Cheikh Fall, chargé de la communication de leur comité électoral à Diourbel. Quant au Premier secrétaire du Ps, même s’il a perdu un soutien de taille en la personne de Serigne Abdou Fatah Mbacké qui a rallié le Pds, il compte sur beaucoup d’amis dont Sokhna Bally Mbacké Ibn Sokhna Maï, qui n’a pas hésité à aller au commissariat de Rebeuss pour exiger la libération de Tanor lors de la marche du front «Aar Sénégal». Il pourrait jouer les troubles fêtes et bénéficier d’un courant de sympathie né des frustrations accumulées par certains militants du parti au pouvoir. Du coté de la Ld/Mpt, le secrétaire général Abdoulaye Bathily, même s’il n’est pas trop fréquent dans la région bénéficie de solides amitiés. Mais, ses chances restent faibles. Tout comme le candidat de l’Upr, Doudou Ndoye, qui n’y est pas très connu, en dépit de tout le charme qu’il déploie.

LES ENJEUX

Le poids de cette région s’explique par le rush des ministres à Touba, à la veille de remaniements ministériels, histoire de chercher un «soutien» pour leur maintien. L’importance du Baol dans les futures joutes électorales n’est plus à démontrer. Avec ses 388 744 électeurs, la région de Diourbel occupe la quatrième place après Dakar, Thiès et Kaolack, en terme d’inscrits sur les listes électorales. Ces électeurs seront répartis dans 1030 bureaux de vote dont 214 pour le département de Diourbel, 241 pour Bambey et 575 pour Mbacké dont 220 à Touba.

Les candidats à la présidentielle comptent beaucoup sur cette région, dans l’espoir d’y engranger le maximum de suffrages. Quoi qu’il en soit, «la bataille du Baol sera épique. Le Pds est en danger car, de tout ce que son leader avait promis à cette région, rien n’a été fait jusqu’ici. Mieux, les électeurs sont déboussolés ici, parce que tous les responsables qui avaient combattu avec acharnement pour amener Wade au pouvoir, sont pour la plupart mis à la touche au profit de néo-libéraux transfuges en grande majorité du Ps. Je me demande, d’ailleurs, quel discours le candidat libéral va tenir aux électeurs de la région pour les convaincre de lui donner une seconde chance», analyse Babacar Dieng, un observateur politique averti.  Ce qui n’est pas le souci de Sanou Diongue, qui estime : «S’il y a élection, le candidat du Pds va gagner largement dans cette région où l’opposition n’existe que de nom.»

En tout cas les candidats qui espèrent un ndigueul de Touba devront voir ailleurs car, dès le début de son magistère, le guide de cette localité avait clairement dit que la politique ne l’intéressait guère. En outre, les marabouts qui ont tenté ces temps-ci de donner des consignes de vote se sont vus opposés un niet catégorique par leurs talibés. La conscience citoyenne est acquise depuis 2000 et les électeurs clament dans les grands-places et autres lieux publics : «Fini le temps où on nous embrigadait comme des moutons de panurge, pour nous dire de voter pour tel ou tel candidat.» Seulement, l’électorat de Diourbel est constitué à 70% d’analphabètes.

Une autre inquiétude est que la totalité du matériel électoral n’est pas encore en place, et personne, sur place ne peut renseigner sur la date exacte d’arrivée de ce matériel. «Contrairement à ce qui se passait lors des derniers scrutins comme en 2000 où le matériel électoral était mis en place trois mois à l’avance, cette année, on attend encore d’en disposer pour pouvoir faire le dispatching», apprend-t-on auprès d’agents de l’administration.

Au niveau des commissions électorales départementales autonomes (Ceda), les listes des membres de bureaux de vote arrêtées par les préfets ont été validées. Dans cette région, les 371 militaires et paramilitaires voteront à l’école Algor Dioum de Diourbel. Le taux de retrait des cartes dépasse les 75% renseigne le superviseur régional et par ailleurs président de la Ceda de Diourbel.

LE CŒUR DU BASSIN ARACHIDIER

D’une superficie de 4769 Km2 et d’une population de 1 million 59 mille d’habitants, la région de Diourbel, est située au cœur du bassin arachidier. Elle compte 39 collectivités locales composées de 34 communautés rurales, 3 communes et un conseil régional sous délégation spéciale depuis le 26 décembre 2005 date à laquelle, le chef de l’Etat a prit le decret de dissolution de cette institution. Elle est le centre économique et le point de ralliement des différentes ethnies du Sénégal d’où le rôle non négligeable qu’elle a eu à jouer dans le phénomène socioprofessionnel et socio-économique des saisonniers. Durant la colonisation, elle a bénéficié de la navigabilité des fleuves du Sine et du Saloum jusqu’à Fatick et Kaolack. Les ports de ces deux villes ont d’ailleurs permis aux producteurs d’écouler sans grands problèmes leurs productions arachidières pour les vendre au colonisateur.

La région de Diourbel qui correspond approximativement à l’ancienne province du Baol, navigue dans un paysage économique particulier. Elle est classée (d’après le document stratégique de réduction de la pauvreté), parmi les cinq régions les plus pauvres du Sénégal. Un environnement économique local peu clément avec le changement de parité du franc Cfa intervenu en janvier 1994, des sécheresses cycliques et une gestion non rationnelle des ressources naturelles, ont durement entamé les conditions de vie des ménages notamment dans le milieu rural. La région est faiblement dotée en potentialités naturelles avec une absence de cours d’eau pérennes, de façade maritime et de ressources minières. L’instabilité et la déficience des précipitations combinées à la nature extensive de l’agriculture, ont induit une surexploitation des ressources naturelles déjà limitées. Et l’interrelation dynamique entre la dégradation poussée de l’écosystème naturel et l’état de pauvreté des populations sont une réalité irréfutable. D’une manière générale, la pauvreté à Diourbel est un phénomène rural à visage de plus en plus féminin. L’indice du développement humain dans cette région est évalué à 0,365 pour Diourbel, au moment où celle de pauvreté humaine est de 52,22.

La baisse des revenus, les difficultés d’accès au crédit et la faiblesse de la couverture des services sociaux de base, constituent les principales manifestations de la pauvreté. Pour une région où plus de 70% de la population s’adonne à l’agriculture, on note paradoxalement que l’essentiel des revenus monétaires proviennent des activités non agricoles (transfert de devises par les Modou-Modou ou émigrés).

La région de Diourbel, c’est aussi la réussite du baol-baol magnifiée partout. Celle-ci est bâtie sur le socle des valeurs culturelles comme la solidarité, l’entre-aide ainsi que l’incarnation d’une identité commune. Parmi les cérémonies cultuelles et culturelles du Baol, il y a le Xoy et le Baunaan, des cérémonies de prédication et de divination qui précède l’hivernage, en vue de proférer des incantations à l’endroit des génies, pour le bon déroulement de l’hivernage. Seulement le bawnaan se déroule pendant l’installation de la sécheresse et des rites propitiatoires sont formulés dans les perspectives d’attirer la pluie. 



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