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Politique

DJIBO ET AGNE VEULENT RENFORCER LA MAJORITE PRESIDENTIELLE Une OPA cachée sur le PDS

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DJIBO ET AGNE VEULENT RENFORCER LA MAJORITE PRESIDENTIELLE Une OPA cachée sur le PDS

Djibo L. Ka ne devrait pas être désormais tout seul avec Wade. L’arrivée prochaine du Parti de la Réforme (PR) va renforcer le camp des ex-socialistes reconvertis dans la majorité présidentielle libérale. Derrière l’enthousiasme de recruteurs de DLK et du nouveau venu, Abdourahim Agne, il y a évidemment la succession de Wade et la perspective de ramasser un Parti Démocratique Sénégalais (PDS) handicapé par la médiocre qualité de son leadership.

 

Comme chaque année, de manière cyclique, l’hivernage est la saison des ruptures d’alliance ou la constitution de nouveaux pôles politiques. 2006 n’échappe donc pas à la règle, non encore écrite, qui veut que la saison des pluies est pleine de dangers pour les politiques. C’est donc, au cœur de l’hivernage, que le Parti de la Réforme a choisi de rompre avec la CPA, l’alliance à laquelle elle n’a pas peu contribué à sa création, pour jeter un regard appuyé vers l’autre camp, celui de la majorité présidentielle. Sans prendre des gants, le PR de Abdourahim Agne a donc choisi, lors de son Conseil Central du 19 août 2006, de ne plus continuer de cheminer vers février 2007 avec la CPA. Une rupture douloureuse car, ce ne fut point aisé de plaider ce divorce qui ressemble plus à une opération de rapprochement vers l’autre camp, celui de la majorité présidentielle, qu’une séparation consensuelle avec le camp de «l’Alternative ».

Une grande équation a dû perturber les dirigeants du PR : comment convaincre les militants et autres observateurs de la scène politique que la rupture avec la CPA n’a pas été décidée pour se jeter dans les bras de Wade ? Et que va rapporter ce revirement spectaculaire au PR et son chef ?

La réponse sortira avant la fin de la saison des pluies. Le PR qui se veut un parti centripète a un cœur d’artichaut. Depuis sa naissance, il cherche sa voie en butinant à gauche comme à droite.

Des signaux comme les libellules des premières pluies donnent des indications très claires sur les intentions de Agne. Le PR va s’accrocher au bras d’un nouvel élu. Il s’apprête à rallier le camp de Wade. Premier signal fort et crédible : le ministre d’Etat Djibo L. Ka et Secrétaire Général de l’URD a donné le ton en appelant le PR et Agne à venir renforcer la majorité présidentielle. Le 24 août 2006, depuis la communauté rurale de Dodji, il a lancé un appel sans ambages à Agne et PR. « Je suis persuadé que mon ami Abdourahim Agne, un homme courageux et un fin politique, qui a quitté la Coalition Populaire pour l’Alternative et initié un nouveau pôle de rupture a sa place aux côtés du président Abdoulaye Wade », a déclaré DLK, selon les propos rapportés par l’Agence de Presse Sénégalaise. Pour le leader de l’URD, « Abdourahim Agne qui est un homme intelligent devrait venir accompagner le chef de l’Etat dans son ambition de changer le pays ».

Bref, le troisième pôle « de rupture » annoncé n’est qu’un prétexte pour quitter la CPA. En effet, DLK ne se gêne même pas pour reprendre l’argument plutôt tiré par les cheveux du « pôle de rupture » alors que le but de cette rupture d’alliance est de rejoindre un autre pôle, celui du PDS. Comment saluer la création d’un troisième pôle dit « de rupture » et appeler au ralliement à une coalition bien réelle, celui du gouvernement ? Cette main tendue n’est pas loin d’être une proposition officieuse de jonction entre la majorité présidentielle et le PR. A moins que ce ne soit là un subtil opportunisme du leader de l’URD qui veut tirer les meilleurs profits d’une entrée prochaine de Agne dans le gouvernement. Il en revendiquerait la paternité même si le Landerneau politique bruit de rumeurs depuis plusieurs semaines sur ce divorce d’avec la CPA et l’entrisme prochain de Agne. Et rien ne permet de croire que c’est DLK qui a démarché Agne.

En tous les cas, il y a un nouveau visage politique de la majorité présidentielle qui se dessine. Un visage qui ne manquera pas de surprendre les observateurs de la scène politique. Les sergents recruteurs du PDS, ce ne sont plus les « grands » ténors libéraux ni même Me Wade, mais les ex-socialistes convertis au libéralisme de Wade.

Situation ubuesque que de voir Djibo Ka, ancien banni du PS, qui fait appel du pied à Agne, un des maîtres à penser de la Refondation du PS pour aller renforcer le PDS et Me Wade. Quand les initiateurs du Renouveau avec DLK à leur tête faisaient face, en 1997, à leurs camarades socialistes pour rabibocher un Parti Socialiste déchiré par la naissance de ce courant politique, Agne était de l’autre bord. D’une certaine manière, il était celui qui avait pris la place de DLK dans le PS. Président du groupe parlementaire et porte-parole du PS, il faisait partie des ténors de la Refondation animée par Ousmane Tanor Dieng. C’est lui-même qui, le 12 novembre 1997 après un BP consacré en partie au courant du Renouveau, annonce la prochaine exclusion de DLK et de ses amis. Sans état d’âme, il déclare à la sortie du BP que « le Bureau politique considère la question du renouveau comme close » et par conséquent « aucune sanction n’est exclue ». Et toc. Cette déclaration corroborait la mise en garde de Abdoulaye Diack aux partisans de la négociation sur le courant du renouveau : « on ne discute pas avec un mouvement fractionnel ».

Retournement de l’histoire, aujourd’hui, Abdoulaye Diack milite au PDS qu’il a rallié parmi les premiers socialistes à transhumer. Le théoricien du « dioufisme », l’actuel ministre de l’Urbanisme, Assane Diagne, itou. Djibo Ka, après avoir vécu comme un pestiféré pour ne pas avoir soutenu Wade au deuxième tour de la présidentielle de 2000 alors qu’il avait été un des tombeurs de Diouf, s’est rallié au libéralisme. Il est devenu un ministre d’Etat du gouvernement et grand avocat défenseur du Wadisme. Au grand dam de tous ceux qui le vouaient aux gémonies du fait de son retournement du 9 mars 2000 allant à contre courant du changement dont la majorité des Sénégalais avaient exprimé leur envie à travers leurs votes du 28 février. Le voilà à leurs côtés et derrière Wade !

Avant la fin de cette année, Abdourahim Agne devrait aller le rejoindre chez Wade, retrouvant et Diack et Assane Diagne comme tant d’autres.

Cet exode massif des ténors du PS vers le PDS ne devrait donc pas s’estomper. Mais pourquoi donc les prairies chez Wade sont-elles plus vertes que dans l’opposition ? La question est tranchée, pourrait-on dire, par le retournement spectaculaire de Agne. Membre fondateur de la CPA mise sur orbite le 2 mai dernier, il ne lui a fallu que quatre mois pour se dédire. En effet, c’est dans son siège et avec lui comme porte-parole que la déclaration de création de la CPA a été faite. Une déclaration-réquisitoire qui, apparemment, ne le concernait pas ou il n’a pas cru aux mots qu’il lisait. D’ailleurs, le contenu de cette déclaration est presque conforme au niveau du diagnostic comme au niveau des engagements au communiqué commun de rapprochement entre le PR et l’AFP et signé il y a seize mois, le 25 mai 2005.

Ce retournement spectaculaire de Agne et l’appel automatique de DLK à son ex-camarade annonce peut-être une nouvelle approche politique dans le camp des ex-socialistes. De nouvelles ambitions font jour.

Si Diack a cru un moment pouvoir être recruté par Wade pour faire le même boulot que sous Diouf, il a vite compris que son mythe est tombé. Ses services ne sont plus sollicités. Sans parti ni électorat, il joue au fantôme de l’homme puissant au sein du PDS, son nouveau parti. Idrissa Seck a, un moment, été tenté de lui faire faire le sale boulot de coupeur de têtes.

Assane Diagne s’est remarquablement bien recasé. Il traînait les mêmes frustrations que Agne. Diouf n’en voulait pas des deux comme ministres. Comme un prestidigitateur, il a réussi à s’incruster dans l’entourage présidentiel et se faire un trou. Mieux, il a fait emprisonner Pape Diouf, un libéral pur jus qui a eu le malheur d’être son adversaire politique à Bambey. Agne comme Assane Diagne, traîne le handicap de ne pas avoir été ministre sous Diouf. Il va pouvoir étoffer son CV prochainement. Pour cela, il a attrapé au vol l’arlésienne du dialogue politique remis au goût du jour par l’appel au Pacte républicain de la Raddho et qui semble avoir fait long feu. « Il faut éviter que le refus du dialogue n’installe le pays dans des situations de conflit » s’est justifié Agne dans l’émission politique « Grand Jury » de RFM (27/08/06). Mieux, il a appelé la CPA à le suivre chez Wade. Ce qui a eu redonné du grain à moudre à Samir Abourisk accusé hier d’être la taupe de Wade tapie au CPC.

DLK qui avait perdu le seul boulot qu’il savait faire a retrouvé le gouvernement avec enthousiasme. Une belle revanche.

Et nous voilà avec un quarteron d’ex-socialistes dans la bergerie libérale. Le PDS s’est sans doute massifié. Mais durant la longue marche vers le succès et dans l’exercice du pouvoir, le Sopi a mangé ses enfants. Wade est arrivé au palais esseulé avec un Idrissa Seck à ses côtés mais étouffé d’ambitions et de revanches à prendre sur tout et tout le monde. Ce qui le perdit.

Le PDS d’aujourd’hui est devenu par la force des choses avec un chef vieux et sans testament clair, une belle opportunité d’affaire. Isolé de ses alliés traditionnels, le PDS semble dépaysé dans cette nouvelle coalition qu’il s’est bâti. Hier et avant-hier, c’était le PIT, la LD/MPT et And-Jëf puis l’AFP. Aujourd’hui, d’anciens socialistes en rupture de port d’attache sont devenus les alliés amourachés du libéralisme. Mais derrière le discours très enthousiaste des ex-socialistes sur les visions ambitieuses de Wade, il y a peut-être l’instinct de survie d’hommes politiques qui ne peuvent trouver leur salut dans l’opposition avec à leurs côtés un PS revigoré et une AFP toujours très solide. Pire, même au sein du PS où la fronde menace toujours, ils savent que ceux qui contestent Tanor ne viendront pas agrandir les rangs de l’URD ou PR dans un ralliement à la bête noire de Diouf. D’où la tentation de s’incrustrer dans la galaxie Wade en espérant profiter du tremplin gouvernemental pour mieux rebondir aux prochains scrutins. Ou mieux d’offrir aux libéraux en mal de leadership, des possibilités de survie politique si le PDS devient un héritage indivis.



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