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Politique

Djibo Kâ sur les retrouvailles Wade- Idy : « Je les ai suivies d’une façon distraite »

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Djibo Kâ sur les retrouvailles Wade- Idy : « Je les ai suivies d’une façon distraite »

Tantôt Abdoulaye Wade et Idrissa Seck se séparent, tantôt les deux hommes se retrouvent. Et le dernier « jeu politique » en date entre le père et le fils banni est celui des retrouvailles définitives annoncées par l’ancien Premier dans le Pds, lors de l’audience que lui avait accordée le président Wade au Palais. Dans cette interview qu’il nous a accordée, Djibo Leïty Ka, ironisant par la formule: " qui se ressemblent mais ne s’assemblent pas", considère ces retrouvailles Wade-Idy comme une farce de mauvais goût. Entre autres questions brûlantes de l’actualité, le secrétaire général de l’Urd nous parle de la recomposition de la classe politique sénégalaise qui  « va s’opérer plus vite que prévue » et de la responsabilité historique de tous les sociaux-démocrates à se retrouver.
 
Le Matin - M. Djibo Leïty Ka, vous êtes le secrétaire général de l’Union pour le Renouveau Démocratique et par ailleurs Ministre d’Etat, ministre de l’Environnement. Comment expliqueriez-vous la constitution des alliances qui s’opèrent en direction des élections locales du 22 mars 2009?

Djibo L. Ka - Actuellement, la tendance lourde, ce sont des alliances qui sont en train de se constituer pour aller aux élections locales. Mais, les alliances pour des élections locales, c’est très délicat. Je n’ai pas dit que c’est difficile, mais que c’est délicat. Parce que cela concerne les collectivités locales. C’est-à-dire les bases. Donc, je dirai que c’est du « dekeu ndo » (la cohabitation). Vous savez que dans nos traditions , il y a beaucoup de variables que nous ne maîtrisons pas, en tout cas, nous, les hommes politiques au niveau national.
C’est pourquoi, je pense que la meilleure façon d’y arriver, c’est de laisser s’exprimer les bases des partis politiques. Lorsque deux ou plusieurs partis politiques décident d’aller ensemble aux élections locales, s’ils réussissent le pari, c’est que vraiment ils ont été efficaces, intelligents, méthodiques et démocrates. Moi, je suis profondément démocrate. Parce que je souhaiterais que l’alliance dans laquelle nous sommes avec le Pds et la mouvance présidentielle, l’alliance Sopi 2009, à l’occasion du 22 mars, laisse les bases discuter librement pour que les directions des partis politiques n’interviennent qu’exceptionnellement, pour rendre les arbitrages ultimes et indiquer les voies de victoire. Parce que pour des listes gagnantes, il y a les préalables pour gagner.
C’est pour désigner des candidats crédibles porteurs de voix, connus et respectés dans leur famille, dans leur village, dans leur maison, dans leur communauté rurale et commune. Donc, si vous êtes très loin de ces réalités-là, vous pouvez vous tromper. C’est pourquoi, la meilleure manière de faire, est de renvoyer les discussions à la base. Jusqu’ au moment où je vous parle, ça se passe plutôt bien, sur l’ensemble du territoire national. Il y a des exceptions, des zones où il y a des difficultés. Cela ne peut pas manquer. Donc, en résumé, les alliances, c’est la tendance lourde actuellement, que ce soit du côté du pouvoir ou de l’opposition.
Mais, je souhaiterais qu’elles soient réussies (les alliances) pour au moins clarifier le jeu politique. Parce qu’il est bon que ce soit les blocs de partis qui s’affrontent ou qui soumettent leurs projets de société à la sanction populaire et non pas des partis pris isolément , souvent autour des personnes ou de personnalités locales ou nationales. Mais je préfère que les gens se prononcent autour des programmes très clairs, identifiés, visibles pour que demain, ils puissent se prononcer en connaissance de cause.

Plus précisément, dans le département de Linguère qui est de loin , le bastion de l’Urd, il se trouve que vos alliés du Pds ont aussi leur mot à dire. Pensez-vous que les investitures se feront de manière équilibrée, sans heurts ?

Mais Linguère n’est pas une exception même si c’est notre bastion, et vous avez raison. Parce que depuis 98, l’Urd domine largement la vie politique dans cette localité. Mais l’Urd n’est pas un parti provincial. C’est un parti national, elle est présente partout sur l’ensemble du territoire national. Et nous sommes prêts à présenter des listes partout en alliance avec le Pds, avec tous les partis de la mouvance présidentielle. Les discussions se déroulent actuellement à Linguère, comme vous me posez la question, dans le calme, la sérénité. Mais chacun défend pied à pied ses intérêts comme on dit. Le ministre d’Etat Habib Sy est sur place, il rend les premiers arbitrages. Je lui fais confiance absolument.
Après quoi, s’il y a des difficultés, il s’en référera à moi. Parce que je suis l’aîné, c’est la famille. Les Djolof-Djolof fonctionnent comme ça, ce ne sont pas les partis politiques qui vont nous changer. Et il n’y a pas d’opposition au Djolof. L’Urd et le Pds sont les seuls partis politiques, franchement, qui y existent. Mais aucune élection n’est gagnée d’avance encore une fois. Donc, nous serons vigilants, décidés et présents. Les populations de la ville de Linguère vont se prononcer en toute connaissance de cause, encore une fois dans la sérénité et dans la démocratie pour que les résultats soient incontestables et incontestés.

Vous aviez lancé un appel à tous les socio-démocrates, le 9 novembre 2008, et cet appel semble ne pas tomber dans l’oreille d’un sourd ; pas plus tard que vendredi dernier (16 janvier 2009) Robert Sagna et Moustapha veulent s’inscrire dans cette dynamique. Qu’est-ce qui pourrait justifier la réunification de la social-démocratie à l’heure actuelle ?

Il faut le placer dans le contexte général (ndlr, cet appel) de recomposition en cours du paysage politique au Sénégal. Une nécessaire recomposition va s’opérer plus vite que prévu. Dans mon ouvrage (Ndlr, Le Petit berger Peul au service de la démocratie au Sénégal), publié en août 2005 et à la page 289, je lançais déjà cet appel au rassemblement de la social-démocratie. Mais c’est comme si je prêchais dans le désert. Et comme j’y crois, je suis resté constant de sorte que comme vous dîtes, le 9 novembre 2008, à l’occasion du meeting des femmes de mon parti à Bopp, je suis revenu là-dessus de façon plus précise.
J’ai cité nommément les partis politiques, qui, je pense, se réclament de la social-démocratie. C’est le Parti de Robert Sagna, de Souty Touré, celui de Mamadou Diop et de Abdourahim Agne. J’ai invité leur parti à ce meeting, certains ont envoyé des délégations, je suis encore allé plus loin. Je me suis adressé aux Socialistes qui sont encore dans le Ps , parti duquel nous sommes tous issus parce que c’est l’enfant du Bds (Bloc démocratique sénégalais, ndlr) parce que moi qui vous parle j’ai l’âge du Bds, il y a des camarades qui sont encore là parce qu’ils n’ont pas le choix. Je leur dis qu’un autre choix est possible.
Au-delà des circonstances et des conjonctures politiques, j’observe que personnellement, nous avons une responsabilité historique sur le pays et pour nous-mêmes. Responsabilité historique de nous rassembler pour pérenniser la doctrine de la social-démocratie qui est revenue en force dans le monde. Chaque fois que le monde est interpellé, il fait appel à la social-démocratie. Parce qu’elle incarne la justice, la liberté et l’équité. Lorsque la crise internationale a sévi dans le monde, l’État est revenu massivement. Donc, la social-démocratie incarnée par l’État républicain, a apporté des solutions à la crise mondiale. Qui eût cru que la capitale du libéralisme, l’Amérique, ferait appel de façon si massive à l’État pour intervenir dans le fonctionnement de l’économie? C’est valable pour l’Europe tout entière.
Les gouvernements européens aujourd’hui se sont dit que l’État ne peut pas ne pas intervenir dans des circonstances exceptionnelles pour réguler l’Économie mondiale, pour réguler l’Économie nationale, et répartir les richesses. C’est ce qui s’est passé au Sénégal récemment. Le président de la République a annoncé dans son message du 31 décembre des mesures extrêmement importantes que le Gouvernement a mises en œuvre pour venir en aide aux ménages sénégalais et à l’Économie sénégalaise, puisque la demande se heurtait au coût de la vie. Toutes les denrées de consommations courantes ont eu leur coût baissé. Pourquoi ? Parce que l’État ne peut pas ne pas intervenir dans ce domaine-là. C’est une des valeurs de la social-démocratie : la justice et le progrès.
C’est pourquoi, je suis content de voir que ça commence à frémir. J’ai eu dans ce salon (ndlr, son domicile) des rencontres extrêmement satisfaisantes avec Robert Sagna, Souty Touré, Abdourahim Agne et dans mon bureau avec Mamadou Diop. À chacun, j’ai expliqué nos responsabilités historiques, à savoir que nous devons nous rassembler pour reconstituer encore une fois cette famille à laquelle nous appartenons tous, surtout que nos partenaires du Gouvernement actuel se réclament du libéralisme-social. Donc, ce n’est pas contradictoire. Et ils m’ont tous répondu positivement. Donc, je m’attends aux prochains jours à ce qu’on aille plus loin. Je suis heureux de voir ce qui se passe dans ce Sénégal si petit mais si grand en même temps et qui a une histoire politique passionnante. Je ne désespère pas que bientôt nous allons nous retrouver au grand jour ensemble pour fêter le rassemblement de la social-démocratie dans ce pays. C’est notre responsabilité pour nous assumer devant le peuple sénégalais. Et moi, mon devoir en tant que fils de Senghor, en tant qu’aîné de la famille social-démocrate est de prendre l’initiative. C’est ce que j’ai fait. Donc, je ne me suis pas lassé, je suis heureux d’arriver à ces résultats pour le moment.

Décidément, l’heure est aux retrouvailles des différentes familles politiques au Sénégal entre libéraux d’un côté et sociaux-démocrates de l’autre. Est-ce à dire, avec l’appel que vous venez de lancer, que Djibo Ka est appelé à quitter ses alliés du Pds ?

Non. Regardez ce qui se passe en Allemagne, et partout ailleurs en Europe. Le monde est au compromis et à la gestion concertée du pouvoir. N’oubliez pas que l’Allemagne a commencé par être gouvernée par les sociaux-démocrates et les libéraux. Donc, elle avait vu déjà juste. Aujourd’hui, elle est dirigée par les Chrétiens-démocrates et par les libéraux. Sarkozy, lui-même gouverne avec les socialistes. Il est vrai que ce sont des socialistes qui ont quitté le Ps. Je pense que le contexte sénégalais fait que nous devons nous enrichir mutuellement et non nous anéantir réciproquement. C’est vraiment l’expression qui convient. Je préfère dire les choses telles qu’elles sont. Aujourd’hui, l’avenir du Sénégal est au grand rassemblement, rassemblement des forces sociales, rassemblement des forces politiques mais dans le respect des diversités, des différences.
C’est un enrichissement mutuel. Donc, l’avenir nous dira ce que ça donnera. Je crois que même s'il est plus enrichissant pour les libéraux eux-mêmes de s’allier avec les sociaux démocrates forts, l’intérêt des sociaux démocrates, c’est de s’allier avec des libéraux forts. Donc, deux forces puissantes, c’est mieux que deux forces déséquilibrées. Je le pense franchement. Cette réflexion-là, je la conduis depuis des années. J’envisage même d’écrire un livre sur la question.

Parlant de l’actualité de façon générale, nous allons jeter un regard sur le front social, marqué par des tensions. Récemment, il y a eu des manifestations sanglantes de Kédougou qui ont été précédées quelques semaines seulement par la marche des imams contre la cherté des factures d’électricité. À votre avis, quelle est la part de vérité dans tout ça ?

Un Gouvernement ne dit jamais des contrevérités ; sans aucun doute, il y a une manière de le dire. Mais il ne dit jamais des choses qui ne sont pas vraies. Donc, je ne dis pas que tout ce que le Gouvernement a dit est conforme aux réalités, aux faits. Ça, ce sont les enquêtes qui doivent le prouver. Mais je ne souhaiterais pas que la parole d’un Gouvernement soit mise en doute, surtout la nôtre, par les citoyens. Parce qu’en ce moment-là, c’est le début de la fin. L’État républicain repose sur des règles précises, des principes intangibles. Parce que l’État est le garant de la sécurité publique. Donc, ce qui s’est passé à Kédougou, c’est regrettable. Et, je l’ai regretté au nom de l’Urd.
Mais comme l’enquête est en cours, attendons de voir. Déjà, le tribunal s’est prononcé. Est-ce que le verdict est lourd ou est-ce qu’il n’est pas lourd ? Je constate que l’État de droit s’est exprimé, et il était bon qu’il s’exprimât . Maintenant, je condamne la violence d’où qu’elle vienne, et je m’incline pieusement devant la mémoire du jeune Sina Sidibé dont je connais la famille. Mais, je pense que ce qui s’est passé à Kédougou est lié aux problèmes fonciers comme à la gestion des ressources naturelles de notre pays tout aussi qu'il concerne la répartition des richesses. De ce point de vue-là, si les gens avaient bien communiqué, je suis persuadé que les événements là n’auraient pas eu lieu. Parce que tout ce qui s’est passé, c’est comme si rien n’avait été prévu pour eux (ndlr, les populations de Kédougou) alors que c’est tout à fait le contraire. D’ailleurs, le ministère des Mines avait publié dans la presse tout ce qui a été fait par les entreprises minières, etc. jusqu’au fonds social pour les étudiants, la jeunesse, etc.. Donc, il y a eu un déficit de communication que je regrette profondément.

De la part de qui ?

De notre part du gouvernement et des sociétés minières qui avaient l’obligation de communiquer. Je pense que c’est la responsabilité de l’État quand même de communiquer.

Comment voyez-vous la marche des imams en tant que politique? Est-ce là une substitution à la classe homme politique ?

On peut avoir cette lecture là. Mais, ce que je voudrais retenir, c’est que l’Imam n’est pas hors de la société. Au contraire, c’est un des guides de la société. Donc, c’est normal qu’il indique la voie. Heureusement que les Imams ont manifesté. Parce que si les Imams n’avaient pas manifesté, peut-être que ça aurait débordé, peut-être les populations elles-mêmes auraient manifesté spontanément. Tandis que s’il y a les Imams, je ne veux pas dire qu’il serait bon de leur transférer ce rôle là. Mais en l’occurrence, je me réjouis que ça soit fait par les Imams. Parce qu’au moins les Imams ont une claire conscience de leurs responsabilités et ça ne débordera déjà jamais. Ils ont été entendus puisqu’ils ont rencontré les autorités compétentes au niveau de l’État et les mesures adéquates ont été prises. Cette histoire de facture d’électricité, c’est un vieux souvenir.

Le président Sarkozy s’émeut de la condamnation des homosexuels par la justice sénégalaise. Comment analysez-vous cette sortie de la France à l’égard du Sénégal ?

Je constate qu’en l’occurrence, la preuve est faite s’il en était besoin que nous ne nous référons pas aux mêmes valeurs que les occidentaux. Parce qu’autant nous nous sommes émus de l’homosexualité que nous rejetons systématiquement, autant là-bas, on célèbre maintenant des mariages entre homosexuels. Par rapport à la religion musulmane, l’homosexualité, je crois savoir, est formellement interdite. En tout cas, elle est considérée comme contre-nature. L’un dans l’autre, il faut être tolérant. C’est-à-dire comprendre la réaction occidentale, mais il faut qu’elle nous comprenne aussi. Parce que ce n’est pas simplement un problème de droit; c’est aussi un problème moral et éthique. Donc, je les comprends mais qu’ils nous comprennent aussi.
Parce qu’envisager de tolérer un seul instant des mariages entre homosexuels dans une société à 95 % musulmane et aux traditions si respectueuses de la dignité de l’homme, je ne pense pas que ça soit possible au Sénégal pour le moment. Je n’ai pas dit que l’évolution ultérieure de la société africaine, sénégalaise en particulier ne le permettrait pas. Mais ça c’est autre chose. En tout cas, on n’est pas prêt à aller dans le sens de l’Europe sur la question de l’Homosexualité. Je trouve d’ailleurs que les Sénégalais sont restés très tolérants par rapport à cette question de société. Je m’arrête pour le moment pour ne pas heurter certaines sensibilités.

Que vous disent les retrouvailles Wade-Idy ?

Je les ai suivies comme tous les Sénégalais. De façon distraite. Je ne dis pas que cela ne m’intéresse pas parce que je suis au Sénégal mais franchement, je n’ai pas accordé trop d’attention à cet événement quelle qu’en soit la suite.

N’est-ce pas là une amorce d’un dialogue politique national ?

May be! Je n’ai pas de commentaire franchement à faire là-dessus.

Par rapport à tout ce qui a été dit concernant l’argent du contribuable sénégalais. Vous qui avez des aspirations politiques, ne pensez-vous pas que les Sénégalais doivent savoir la vérité dans cette affaire ?

Sans aucun doute. De toute façon, tôt ou tard, ce sera connu. Ça c’est sûr.

Et comment ?

Par des voies appropriées, ça se fera. Cette affaire ne peut pas rester sans suite comme si ça n'a jamais existé. C'est trop sérieux ça.

C’est dire que la justice de notre pays a un rôle à jouer dans cette affaire ?

C’est évident. Je ne dis pas comment elle doit le faire, je fais confiance à la justice sénégalaise.

D’aucuns pensent que c’est une affaire strictement politique. Est-ce que la justice peut jouer un rôle là-dedans ?

Il faut poser la question à la justice.

Le groupe Libéral et démocratie auquel votre parti appartient vient d’exclure les députés Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lô. Mais la décision est qualifiée d’arbitraire par des observateurs de la scène politique nationale. Votre commentaire ?

Je m’en tiens aux déclarations du président du groupe parlementaire. Comme vous le dîtes, l’Urd appartient à ce groupe libéral; donc les décisions de ce groupe engagent mon parti. Donc, il est solidaire absolument du groupe auquel il appartient.

N’y a-t-il pas deux poids deux mesures avec le cas Modou Diagne Fada ?

Je ne justifie rien, mais je ne crois pas, vraiment. Je pense que le groupe parlementaire a pris la décision en argumentant et il a développé l’argument selon lequel les intéressés se sont auto-exclus parce qu’ils ont fait des consultations juridiques quand même. N’oubliez pas qu’à l’Assemblée, il y a des juristes. Ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère. Dans tous les cas, les tribunaux sont là. S’ils sont convaincus que la décision est arbitraire , ils n’ont qu’à saisir les tribunaux compétents. C’est ça la démocratie.

Est-ce que la question sur la succession du président Wade doit continuer à être un sujet tabou, quand on sait maintenant que Karim, le fils du président Wade, avance à visage découvert pour se lancer dans la course vers cette succession ?

La succession de Wade n’a jamais été un sujet tabou. Le président Wade lui-même, dès le lendemain de sa réélection, l’a abordé publiquement en conférence de presse au palais. Les Sénégalais oublient très vite. Ce qu’il faut dire, c’est que je suis mal à l’aise quand un président en exercice est en place d’aborder sa succession. Ce que je lui souhaite, c’est de mener à terme son mandat avec des résultats tangibles pour les Sénégalais et pour le Sénégal. Ce que je crois aussi, c’est le suffrage universel qui sera le moyen par lequel les Sénégalais vont choisir leur président de la république.

Les Sénégalais aimeraient savoir si Djibo Kâ garde toujours ses ambitions présidentielles.

Naturellement. Ce ne sont pas seulement mes ambitions , mais aussi celles de l’Urd qui, au cours de son congrès, a pris cette décision-là. Donc, on travaille pour cela. Mais encore une fois, méthodiquement.

Quelles sont les priorités de Votre département ministériel ?

Le ministère de l’Environnement a plusieurs domaines de compétences, mais comme on dit, "qui trop embrasse mal étreint". J’ai défini, et le chef de l’Etat a approuvé. Sous l’autorité du Premier ministre, nous avons dégagé sept priorités. Premièrement, lutter efficacement contre les feux de brousse pour des raisons économiques, sociales et pour des raisons culturelles. Économique parce que c’est le tapis herbassé qui nourrit notre bétail; sociale, parce que les feux de brousse participent pour 12% au réchauffement climatique. Les feux de brousse, c’est une calamité. Donc, tolérance zéro en la matière. Et je suis content de voir qu’il y a une accalmie durable. Depuis plusieurs mois, on n’a signalé aucun feu de brousse sur l’étendue du territoire national. C’est un premier bon résultat. J’encourage les services forestiers à maintenir le cap avec les moyens importants que l’Etat a mis à leur disposition. Deuxième priorité, ce sont les bassins de rétention. Nous aurons à réaliser 20 bassins de rétention par communauté rurale.
La seule année 2009, nous avons comme programme 45 bassins de rétention dans une seule région. Donc, c’est transitoire. C’est en 2010 qu’on va revenir au programme 20 bassins de rétention par communauté rurale et par année. Et le budget d’investissement est un important fonds. Pourquoi les bassins de rétention ? Parce que le problème numéro du Sénégal, c’est l’eau; numéro deux, c’est l’eau; numéro trois, c’est l’eau. Or, les forages coûtent extrêmement cher. Donc, il vaut mieux retenir les eaux des ruissellements que de les voir se jeter dans la mer. Cela va changer radicalement les écosystèmes et les conditions de vie des Sénégalais pour l’élevage, pour l’agriculture et la pêche.
Troisième priorité : la grande muraille verte qu’il faut réaliser. Nous aurons à faire 545 km la composante sénégalaise qui va de Widi-Thingoli à la frontière malienne. Cette année, nous avons fait 5200 hectares. L’année prochaine si Dieu le veut, nous en ferons 10.000. J’ai présidé récemment le comité de supervision. Je pense qu'il est possible pour nous de produire 20 millions de plantes dans les pépinières de proximité et in vitro. La quatrième priorité : c’est l’érosion côtière. De Rabat au Golf de Guinée, toute la côte africaine est menacée. Des villages entiers ont disparu, des villes entières sont menacées comme Rufisque, Saint Louis, Mbao etc. jusqu’au Cap Skiring au Sénégal. Ce programme là est tellement important pour notre pays au point que durant ce week-end, j’étais à Rufisque. J’ai visité les travaux de Diokoul et de Thiawlène.
L’Etat va mettre là-bas 1 milliard 250 millions cette année pour construire des murs de protection avec des systèmes que j’ai vus en Indonésie à Bali pour casser la violence des vagues surtout que Rufisque est au-dessous de la mer. La cinquième priorité : c’est l’aquaculture. Le président m’a rattaché l’aquaculture. Et comme je gère les bassins de rétention, c’est la production de poissons et de tous les produits aquatiques en élevage. L’objectif est de produire 100.000 tonnes de produit aquacoles au cours des 5 prochaines années. Nous avons déjà produit beaucoup dans la région de Dakar, dans les bassins de rétention, dans la région de Saint Louis, le département de Podor, avec des cages, et dans la région de Tambacounda, dans la zone de Médina Gounass, dans le département de Vélingara, ainsi de suite. Nous nous lançons dans la même dynamique au niveau de la région de Thiès aussi.
L’inventaire de cela est que le Sénégal sera un pays aquacole dans quelques années. Nous avons élaboré un code de l’aquaculture unique en Afrique avec l’assistance de la Fao qui va être présenté au gouvernement incessamment. J’ai déjà le document et je l’ai envoyé au Premier ministre pour observation. Ça a été fait avec les services du ministère des finances et des impôts, la douane. Sixième priorité : la lutte contre la salinisation des terres. Un programme national a été défini et approuvé par le gouvernement. Il s’agit de récupérer plus d’un million d’hectares de terre en Casamance dans le Saloum, dans le Sine et dans le Delta. La recherche de financements est en cours. La septième et dernière priorité est la protection des parcs nationaux et aires protégées. Il s’agit de sauver la biodiversité de notre pays et de valoriser les parcs nationaux qui, sur le plan touristique, pourraient être d’un apport inestimable. A ce titre, l’option a été prise d’en privatiser la gestion. 



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