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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Djibo KA : ‘On ne peut plus acheter le vote des gens’

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Djibo KA : ‘On ne peut plus acheter le vote des gens’
L'achat des consciences n'est plus possible au Sénégal. Telle est la réponse de Djibo Leïty Kâ à l'opposition qui avance un tel argument qui expliquerait sa défaite. Pour le secrétaire général de l'Urd, il s'agit là de vieilles théories souvent entendues qui ne sont d'aucune pertinence. Il est également revenu, dans la deuxième partie de l'entretien qu'il nous a accordé, sur la fiabilité du fichier électoral qui est fortement contestée par l'opposition ainsi que sur les difficultés enregistrées dans la distribution des cartes d'électeur.

Wal Fadjri : Beaucoup d’argent a été englouti dans cette élection par votre coalition. Une partie de l’opposition même parle d’achat de consciences. Qu’en est-il ?

Djibo Kâ : Mais le président était investi par une coalition qui s’appelle Coalition Sopi 2007, dont l’Urd est membre et comprenant une soixantaine de partis. Ne serait-ce que pour ça, les Sénégalais auraient dû se dire que ces partis qui sont des patriotes, allaient se mobiliser pour le triomphe de leur candidat. Parlant de l’argent, personne ne doit imaginer un seul instant pouvoir aller à des élections sans y mettre les moyens qu’il faut. Les théories d’achat de consciences, ce sont de vieilles théories qu’on a souvent entendues. Franchement, ce sont des arguments d’arrière plan. L’élection coûte cher pour l’Etat, elle coûte cher pour les partis politiques, elle coûte cher pour les citoyens ordinaires, parce que la démocratie a un coût, un prix qu’il faut pouvoir payer si notre pays veut rester un pays démocratique. On ne peut plus acheter le vote des gens. Les gens, ils votent pour vous parce qu’ils pensent que vous êtes l’homme de la situation. Et les Sénégalais avaient la certitude que Wade était l’homme de la situation pour poursuivre son action en l’approfondissant, au cours de ces cinq prochaines années. Reconnaître les qualités d’une personne n’enlève rien à vos propres qualités.

Wal Fadjri : Vous dites que les Sénégalais ont confiance en Wade, c’est pourquoi ils ont voté pour lui. Et ces jeunes qui ont risqué leur vie parce que tentés par l’émigration, en font-ils partie ?

Djibo Kâ : J’ai suivi à la télévision l’excellent cinéaste Moussa Sène Absa au Fespaco. Il se désolait que des jeunes africains - donc pas seulement des Sénégalais - préfèrent aller en Europe dans des conditions dramatiques que de rester à la maison et faire face aux difficultés. Ce n’est pas propre à notre pays. Le gouvernement n’a pas fui ce débat, le président en première ligne. Nous nous sommes évertués à expliquer que la solution, ce n’est pas d’empêcher l’émigration, mais c’est d’empêcher l’émigration à tout prix. Il faut l’organiser, la structurer. C'est ce que nous sommes en train de faire, non pas seulement avec l’Espagne, mais avec d’autres pays d’Europe. Vous regardez ce qui se passe entre les Etats-Unis et le Mexique. Sur 1 200 km de frontière, c’est un mur que les Américains ont décidé d’ériger pour éviter l’émigration clandestine. L’émigration est donc un phénomène planétaire. Que ces jeunes partent en Espagne dans des conditions que nous avons tous déplorées, ce n’est pas un manque de confiance vis-à-vis du gouvernement. Seulement, ils pensaient que ces mirages n'étaient pas des mirages, mais une réalité. Aujourd’hui, le dialogue s’instaure, des discussions se déroulent et la mise en œuvre des mesures arrêtées d’accord-parties avec les Espagnols prouvent qu’il y a des pistes de solutions concertées. A Kayar, il y a eu des brassards rouges portés par ceux qui avaient été tentés par l’émigration clandestine. Mais, le président a fait face à la jeunesse et a discuté de manière responsable avec eux. Les gens ont fini par applaudir.

Wal Fadjri : Sur la base d’un fichier qui a été contesté d’amont en aval, peut-on dire que votre candidat a été bien élu ?

Djibo Kâ : Il a été très bien élu sur la base de ce fichier qui est d’une fiabilité incomparable. Lorsqu’il a été question de réviser les listes électorales, beaucoup de partis politiques avaient des positions différentes. Les uns étaient pour qu’on révise à partir du fichier de 2000, les autres, à partir de celui de 2001, d’autres à partir des élections locales de mai 2002. Aucun parti n’était d’accord avec un autre. Et tous les partis se sont accordés pour s'en remettre à l’arbitrage du président de la République. Ce que nous avons fait. Et le président a dit à la classe politique : ‘Je souhaite que vous soyez tous au même point de départ, annulons toute la liste électorale sénégalaise qui date de 1977 et repartons à zéro !’ Nous avons fait voter une loi à l’Assemblée nationale qui annule la loi électorale de 1977 et qui décide de la refonte totale du fichier électoral. Tous les Sénégalais ont été donc obligés d’aller se faire réinscrire. Nous en sommes arrivés à près de 5 millions d’inscrits. Ainsi, il n’y a plus de stock mort. Il y avait à l’époque 400 à 500 000 personnes qui n’existaient plus. Ce débat est maintenant clos. Ensuite, à quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale, les partis d’opposition ont demandé au gouvernement d’auditer le fichier électoral. Le président a donné son accord. Les partis d’opposition, les partis au pouvoir et la société civile ont créé un comité d’experts pour l’audit du fichier. Cela, les gens l’oublient, mais ça date d’avant-hier. Quelquefois même, la commission était dirigée par un représentant de l’opposition. Au terme de l’audit, rien à signaler. C’est ce fichier qui a permis aux Sénégalais de voter sans tache. Et la Cena, de bout en bout, a joué son rôle de superviseur. Ce fichier est, par conséquent, plus fiable que tous les fichiers qui l’ont précédé. Il exclut les doubles inscriptions. Personne ne peut le contester. Il ne faut pas qu’on attende la proclamation des résultats provisoires pour reparler de ce fichier qui nous a coûté plus de 15 milliards de francs et qui permettra aux Sénégalais de faire des économies. Et la société qui l’a réalisé, est une société mondialement connue, c’est Delarue. Le Fbi, quelquefois même, fait faire ses specimen par cette société. Il faut des arguments autres que celui relatif au fichier pour contester les résutats du scrutin. Il ne faut pas, en outre, oublier que les observateurs étrangers ne sont pas venus le jour du scrutin. Le président avait invité beaucoup de gouvernements étrangers, y compris la Commission de l’Union européenne, à venir suivre le déroulement du processus électoral. Et tous les observateurs de même que la Raddho, connue pour sa vigilance, ont attesté que cette élection s’est déroulée dans les meilleures conditions de transparence. Je pense qu’il faut nous tourner vers l’avenir et travailler.

Wal Fadjri : Lors de sa dernière conférence de presse, le Parti socialiste a bien montré des personnes détentrices de deux cartes d’identité nationale et de deux cartes d’électeur. Sur la base des données biométriques que vous mettez en avant, comment peut-on expliquer cela ?

Djibo Kâ : Le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom l’a bien expliqué à la télévision le lendemain. Si vous perdez votre carte pendant la période contentieuse, vous faites une réclamation, vous pouvez disposer d’une nouvelle carte d’identité et d’une nouvelle carte d’électeur, mais qui ont les mêmes caractéristiques que celles que vous avez perdues. C’est tellement banal cette affaire. J’ai un responsable politique chez moi, à Linguère qui s’est retrouvé dans la même situation.

Wal Fadjri : Jugez-vous normal que dans un pays démocratique, des milliers de citoyens soient privés de leur droit civique parce que n’ayant pas reçu leurs cartes ?

Djibo Kâ : Bien sûr, il n’y a jamais eu de distribution des cartes à 100 %. Cela n’existe nulle part, dans aucun pays qui a un système de fichier électoral où il y a des distributions de cartes d’électeur et où il n’y a pas de vote électronique à partir de la maison (...). Par le passé, le nombre de cartes d’électeur qui n’a pas été distribué, a souvent été beaucoup plus important que le cas de cette année. Cette année, c’est dans une fourchette de 5 à 10 %. Mais cela n’a aucune espèce de pertinence sur le plan démocratique pour remettre en cause la fiabilité du système électoral sénégalais. Et cela, c’est indépendamment de votre appartenance à tel ou tel parti politique. Quelqu’un peut ne pas avoir sa carte alors qu’il est dans le camp présidentiel, ou dans l’opposition ou même dans aucun camp. Ceux qui n’ont pas reçu leurs cartes, on ne peut pas les classer. Cela ne peut pas changer la donne majeure qu’Abdoulaye Wade a été réélu à une large majorité dès le premier tour avec un fichier fiable.

Wal Fadjri : Le recours d’une partie de l’opposition au Conseil constitutionnel est, à votre avis, voué à l’échec ?

Djibo Kâ : Je ne peux pas dire cela. La loi a prévu des voies de recours, j’en ai usé devant le Conseil d’Etat. Le juge des élections, c'est le Conseil constitutionnel. Sur le plan de la légalité normative, il est bon que lorsque l'on conteste une élection, l'on fasse usage de cette possibilité devant le juge du contentieux électoral, dont la sagesse n'est contestée par personne. Je ne peux rien dire a priori.

Wal Fadjri : Vous aviez prédit 14 % aux 14 adversaires de Me Wade. A l'arrivée, ils ont obtenu plus de 40 % quand même. Sur quoi vous étiez-vous basé pour faire cette prédiction ?

Djibo Kâ : Senghor m'a souvent dit que l'humour est le genre littéraire le plus délicat. Moi, je fais beaucoup d'humour et je vois que beaucoup de Sénégalais n'ont pas le sens de l'humour. Je fais de l'humour parce que je ne veux pas prendre les choses de manière grave. Le vote est une expression démocratique. Ce n'est pas la peine de se prendre tellement au sérieux au point que les gens ne se parlent même pas. J'avais dit qu'ils ne feront pas 14 %. Dans tous les cas, entre Wade et eux, c'est l'océan atlantique. Mais, cela n'enlève en rien la qualité intrinsèque des candidats. Ils ont participé à l'expression du suffrage universel. Je disais à l'un d'entre eux qui est un ami, que j'étais content qu'il accepte de se soumettre au suffrage universel. Je l'ai fait depuis 1998.

Wal Fadjri : Me Wade déclare qu'il n'a plus besoin de personne pour gouverner. Vous sentez-vous vexé par cette déclaration ?

Djibo Kâ : Absolument pas ! C'est vous qui réduisez son discours à cela. Le président a raison. Il n'a besoin de personne pour gouverner parce qu'il a été réélu dès le premier tour avec une majorité extraordinaire. Mais, il a renouvelé son appel, notamment à l'opposition. Ce qui est une constante.

Wal Fadjri : N'est-ce pas, quand même, paradoxal que le président de la République appelle l'opposition à venir travailler avec lui et agite, en même temps, des dossiers ?

Djibo Kâ : Ces dossiers, je n'en parle pas. Le président en a parlé avec une telle clarté que je n'ai pas besoin d'y revenir. Je partage totalement son analyse. Maintenant, qu'il ait renouvelé son appel à l'opposition, c'est une constante.

Wal Fadjri : On vous soupçonne d'être l'inspirateur de beaucoup de décisions prises par le pouvoir...

Djibo Kâ : Vous m'accordez trop d'importance. Je suis un collaborateur du président, un allié loyal. Je ne revendique aucune part de responsabilité. Mais, je revendique toute ma responsabilité dans l'action qu'il mène.



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