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Politique

Djibo Leyti Kâ, Secrétaire général de l’Urd : « Je n’exclus pas une fusion avec le Pds »

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Djibo Leyti Kâ, Secrétaire général de l’Urd : « Je n’exclus pas une fusion avec le Pds »

Interrogé sur la proposition de fusion entre le Parti démocratique sénégalais (Pds) et son parti, l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) faite le président Wade lors de la présidentielle du 25 février dernier, Djibo Kâ dit qu’il n’exclut rien, précisant que cette question ne lui est pas encore soumise. Il ajoute que si l’Urd est saisie, elle décidera « en toute responsabilité ». Dans l’entretien qu’il nous a accordée, le chef de file des rénovateurs est revenu sur son départ du ministère de l’économie maritime, les assises nationales proposées par l’opposition, la refondation du Pds ainsi que les chantiers qu’il entend mettre en œuvre dans son nouveau département : l’environnement, la protection de la nature, les bassins de rétention et les lacs artificiels.

Votre parti, L’Union pour le renouveau démocratique vient de fêter ses neuf ans. Quel bilan tirez-vous de sa présence dans le landernau politique sénégalais ?

L’Urd est présente dans l’ensemble des 14 000 villages et 320 communautés rurales du pays. Donc sur l’ensemble du territoire national. L’Urd est un grand parti. Cela me réconforte parce qu’un parti, c’est d’abord une organisation qui doit avoir des racines à la base. Dans le cadre d’une tournée un week-end, une région, l’Urd a élargi ses bases. Nous avons réussi à faire le maillage du territoire national. Sur le plan de la représentativité, les élections sont la seule mesure pour un parti. En 2007, nous sommes allés en Coalition pour soutenir le candidat Abdoulaye Wade. Donc, je ne peux pas donner un poids spécifique à l’Urd, mais je peux dire que j’ai parcouru tout le Sénégal pendant cette campagne et je n’ai pas vu une seule étape de la caravane où l’Urd ne s’est pas fait remarquée. Ensuite, au cours de ces 09 années, le mouvement des femmes, un secteur capital, s’est affirmé dans le parti. Nous avons mis en place un mouvement national des jeunes qui sont très bien formés par une école du parti qui ne dit pas son nom. Il y a la coordination des cadres qui organise des réflexions. Si l’Urd maintient le cap et travaille bien, elle marquera davantage sa présence sur le champ politique.

Malgré ces avancées, votre parti a connu des crises et des départs. Cela vous a t-il porté préjudice ?

L’Urd a connu des crises. Des crises importantes en 2000 et nous avons connu des départs. J’en prends acte. Mais il faut relativiser parce que ceux qui ont quitté l’Urd n’étaient pas des rénovateurs. Ils étaient des membres d’autres partis. Ce sont nos amis troskistes qui, à un moment de l’histoire, ont préféré quitter. C’est même enrichissant. L’Urd a connu toutes les expériences. Il y a eu l’euphorie des premières années, car les Sénégalais aiment quelque chose de nouveau. Ensuite, il y a eu une percée électorale magnifique et une crise profonde en 2001. Heureusement, nous avons sortis la tête de l’eau. Nous avons rebondi depuis longtemps vers le plafond ; pourvu qu’on ne le crève pas. Quand vous avez connu toutes ces expériences, vous devenez plus regardant. Mieux, vous devenez très tolérant, extrêmement regardant, vigilant et déterminé.

Comment se porte votre alliance avec le Pds ?

Comme cela se voit, elle se porte bien. Elle est bâtie sur ce que j’appelle un triptyque fondateur. Ce triptyque c’est la loyauté, la transparence dans la gestion du pays et le culte du résultat. L’Urd est fière de cette alliance.

Le président Wade avait proposé une fusion entre vos deux partis lors de la présidentielle. Comment votre parti a accueilli cette option ?

Lorsque le Président est venu à Linguère pendant la campagne électorale, il y avait une mobilisation exceptionnelle des rénovateurs. Ce jour-là, je disais que les militants de l’Urd se confondaient avec les feuilles des arbres. Tellement ils étaient nombreux. Le Président s’adressant aux militants de l’Urd et du Pds, a proposé la fusion des deux partis alliés en une direction.

Et si la question vous est soumise directement ?

Je n’exclus rien. Mais la question ne m’est pas encore soumise. Si le Pds et le Président me la soumettent, les instances de l’Urd comme d’habitude, calmement et en toute responsabilité, vont prendre une décision dans l’intérêt du Sénégal.

Votre changement à la tête du ministère de l’Economie maritime a été interprété par certains comme un signe de l’effritement de votre complicité avec le Président. Quelle réplique apportez-vous à ces propos ?

Cela n’engage que ceux qui le disent. Est-ce qu’ils savent où je me sens le mieux. A la Pêche ou à l’Environnement ? Ce qui m’a le plus étonné, c’est que l’on ne m’a pas demandé où je me plais le mieux. Quel est l’objectif de mon parti, son projet politique. Et pendant ce changement de poste, des changements profonds se sont passé ailleurs et personne n’en a parlé.

Quels sont ces changements ?

Je ne vous les dirai pas.

Vous avez dit après la permutation, à Linguère, qu’il y a des gens qui cherchent à vous brouiller avec le Président. Qui sont ces gens ?

S’il ne dépendait que de certains Sénégalais, il n’y aurait jamais d’alliance entre le Président et moi. Il y a des Sénégalais qui prient à chaque fois pour que cette alliance cesse. Mais Dieu n’exhaussera pas leur prière. Ce que je veux comprendre, c’est que pourquoi les gens ne me posent pas la question : qu’aurait souhaité Djibo Kâ ? Où est-ce que je me plais le mieux ? Est-ce que j’aimerais gérer le secteur d’où je viens où j’ai fait trois ans et quelques mois ? Ou bien si j’aimerais changer d’air et affronter un nouveau challenge ? J’ai fait les ministères de l’intérieur, de l’information etc. Mais, je vous dis que le ministère de l’économie maritime est l’un des départements où j’ai duré le plus. Je suis un homme politique et un homme politique doit chercher des résultats.

Où vous vous plaisez le mieux ?

Je me plais partout où je peux servir l’Etat. Il faut savoir que c’est cela être un homme d’Etat. Vous pouvez servir l’Etat dans n’importe quel secteur. A vous de lui donner une importance.

Le Pds a émis l’idée d’un grand parti présidentiel. Etes-vous concerné par cette idée ?

Cette question ne m’a jamais été posée. Je veux être jugé sur ce que je fais et ce que je décide et non sur ce qui se fait ailleurs. L’Urd est un grand parti avec des instances. Cette question ne m’a jamais été posée en tant que leader et à l’Urd. L’Urd est un grand parti avec des cadres qui réfléchissent, un parti sérieux. Si la question lui est soumise, il analysera et prendra une décision dans l’intérêt du Sénégal qu’il assumera.

Quelle appréciation faites-vous de cette idée ?

C’est une bonne chose ce qui est de nature à rassembler largement, à élargir les bases du pouvoir. Cela renforce le pouvoir. Etant partie prenante de la mouvance présidentielle, je trouve que c’est une bonne chose. Mais, il ne faut jamais faire ce que j’appelle le nivellement de la pensée. La démocratie est une liberté en mouvement. Donc, il faut laisser cette liberté en mouvement s’exprimer.

Est ce que vous irez ensemble aux élections locales avec le Pds ?

C’est dans un an et le moment venu nous aviserons.

Peut-on parler de bataille de Linguère pour ces échéances ?

Mais, il n’y aura pas de bataille de Linguère. Pourquoi la bataille de Linguère et non celle de Guinguinéo ? En tout cas, Djibo Kâ ne sera jamais maire, cela est sûr. Maintenant, les gens de Linguère, qui habitent Linguère, ont le droit de diriger la commune et la travailler. Quoi de plus normal. C’est le contraire qui aurait été grave. Que quelqu’un soit natif d’une ville et s’en désintéresse totalement. Il ne faut pas exagérer. Je constate que partout où est Djibo Ka, il c’est extraordinairement mis en exergue. Je m’en réjouis, mais ce qui est excessif est insignifiant.

Est-ce que vous êtes prêt à parrainer la candidature d’un membre de votre parti pour les locales à Linguère ?

On verra, il reste un an. Pour le moment, on ne pense pas aux élections locales. On pense à consolider le parti, à élargir ses bases dans le pays. Je pense à la force de la base et je n’oublierai jamais d’où vient l’Urd. C’est le rejet du centralisme démocratique, de la pensée unique. Je crois beaucoup à la force de la base dans les quartiers, au sein des intellectuels, chez les cadres, les femmes, les jeunes. C’est un mouvement d’ensemble.

2012 reste une date importante pour votre parti. Maintenez-vous toujours votre candidature ?

Le congrès du parti se tiendra en fin de l’année et prendra des décisions. Attendons ce congrès. Je peux prendre une décision et le congrès peut me désavouer. Je suis respectueux des volontés exprimées par le congrès. L’Urd est un parti et comme tout parti, il n’est pas créé pour la galerie. Il est créé pour la conquête démocratique du pouvoir. C’est cela la définition d’un parti. Ensuite, son congrès s’est tenu en décembre 2004 et a pris une option. C’est tout. Je ne suis pas candidat à rien du tout, mais je vais mettre en œuvre les résolutions de ce congrès.

L’opposition propose des Assises nationales. Cette question vous semble t-elle plausible ?

Tout ce qui est excessif me gêne. Je considère que le Sénégal est un pays démocratique avec un processus impeccable lors de la Présidentielle, une refonte du fichier électoral, l’installation de la biométrie. Un audit du fichier électoral 15 jours avant les élections à la demande de l’opposition. Des résultats ont été publiés et rien n’a été signalé. Une élection présidentielle observée par 2500 observateurs étrangers et des résultats ok. Tout s’est bien passé. Celui qui ne se reconnaît pas dans cela, m’étonne. Sauf si les gens voulaient des résultats fixés d’avance. Les résultats ne peuvent que sortir des urnes. Personne ne peut le contester. Le reste, c’est de l’agitation politique. Ensuite, le mot Assises Nationales me dérange parce que cela rappelle les conférences nationales qui ont eu lieu dans les années 90 en l’Afrique Francophone, sauf au Sénégal. Il ne faut pas attendre 17 ans après pour nous ramener à des conférences nationales. Le pays fonctionne normalement. Le gouvernement fait son travail. L’Assemblée Nationale fait son travail. Le Sénat va être installé prochainement. Mais où est le problème ? Tout fonctionne comme il se doit. L’économie marche normalement. On fait face à la demande sociale. On est en pleine campagne agricole bien préparée par le gouvernement. L’éducation a connu des grèves certes, mais le système éducatif sénégalais produit des résultats formidables. Le Concours Général est là. Donc, je dis que le Sénégal est en situation debout.

Que pensez vous de la lettre du front Siggil Sénégal adressée au président français Nicolas Sarkozy ?

Je ne porte pas de jugement de valeur, mais en 2007, procéder par ce genre de décrébilisation de son pays devant une puissance étrangère relève d’un recul. Cela ne me dérange pas, mais elle me gêne. Elle n’a rien à voir avec ce que nous avons fait en 1998, en manifestant en France. En 1998, c’était la Constitution qui a été changée unilatéralement. Rompre un consensus sur la durée des mandats que pouvait faire un président de la République. C’est l’Urd qui était à la base du boycott de la séance de l’Assemblée Nationale. C’est dans la même suite que nous sommes allés en France pour manifester contre le président de la République. Il y a avait donc des questions politiques liées à des changements fondamentales de la Constitution de l’Etat par des voies différentes de la manière dont elle était adoptée.

Vous dites que le gouvernement fait face à la demande sociale. Pourquoi la hausse des denrées de premières nécessités ?

Le gouvernement fait bien face à la demande sociale. D’importantes mesures sont prises. Ce qui a permis une baisse des prix de certains produits comme le ciment. La tonne est vendue aujourd’hui à 67 000 Fcfa, alors qu’elle avait atteint 90 000 Fcfa voire 100 000 Fcfa dans certaines localités.

Vous venez d’être nommé au ministère de l’Environnement. Quelles sont vos ambitions pour ce département ?

Ce que je constate d’abord c’est que les Sénégalais ne savent pas ce qu’est l’environnement ; comme ils ne savaient pas hier ce qu’était l’économie maritime. L’expression les avait déroutés. Certains estimaient même que c’était une coquille vide. Je donnerai un visage à l’environnement comme j’ai donné un visage à l’économie maritime. J’essaierai de résoudre l’érosion côtière de mon pays parce qu’il y a des villes entières qui sont menacées de disparaître. Vous avez vu ce qui s’était passé à Rufisque. Nous avons un programme important dans ce cadre. Actuellement, nous sommes sur des mesures d’urgences pour sauver ces zones.

Lesquelles ?

Le 1er juillet, alors que je n’étais pas nommé, le quartier de Thiawlène à Rufisque a failli disparaître. Le cimetière avait été envahi. La digue réalisée en 1986 s’est affaissée. Nous avons tenu une réunion avec la commune et le Génie militaire. Pour sauver les quartiers de Thiawlène, Diokoul, Mérina, on a prévu de faire une digue. Cela va nous coûter 350 millions F Cfa. C’est une mesure d’urgence. Les mesures d’avenir et durables concernent toute la côte sénégalaise. Cette question fera l’objet d’une rencontre entre le gouvernement et les partenaires au développement du Sénégal. Si rien n’est fait dans les 40 prochaines années, des villes entières côtières de l’Afrique vont disparaître inéluctablement. Ensuite, les changements climatiques affectent l’Afrique. L’avant dernier numéro du magazine « Jeune Afrique » avait titré : l’Afrique en péril avec une carte en rouge. La fonte des glaciers nous affecte directement même si nous n’émettons pas de gaz à effet de serre. En Afrique, nous sommes les plus exposés. Les conférences mondiales le prouvent, le programme de Al Gore aussi. Les Nations Unies y accordent une grande importance. Là également je m’accrocherai aux options du président de la République pour donner un visage à l’environnement.

Relativement à la désertification, nos pays sont condamnés si rien n’est fait. C’est une évidence et au Sénégal, même la Casamance est menacée avec le déboisement généralisé. Ce sont des écosystèmes qui risquent de s’effondrer.

« La grande muraille verte » lancée par le chef de l’Etat constitue-t-elle une réponse à cette situation ?

La grande idée émise par le Président Wade sur la grande muraille verte en 2000 a fait l’objet de plusieurs réflexions. Je vais lui donner un visage clair. Le 11 septembre prochain, une conférence internationale se tiendra à Dakar avec les pays du Sahel, l’Union africaine, les partenaires au développement de l’Afrique. Nous allons leur dire voilà ce que nous allons faire avec un chronogramme précis. Le Président a donné les termes de références de ce projet jumelé avec la bande des bassins de rétentions pour changer les visages des pays du Sahel.

Donc, ce sont des questions très importantes. C’est un secteur transversal, pas seulement ce que je viens de vous dire. Tous les grands projets, miniers, chemins de fer, cimenterie, pétrochimie, dans lesquels le Sénégal est engagé, avec aussi les grands projets du Président de la République que gère l’Apix, l’environnement va occuper une place importante. Je suis heureux de gérer un secteur transversal. En coordination avec les ministères techniques, nous allons faire de notre pays un pays pilote en environnement.


PROPOS RECUEILLIS PAR BABACAR DIONE ET OUMAR NDIAYE



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