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Politique

Document : la lettre du Front Siggil Sénégal à l’hôte de Wade

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Document : la lettre du Front Siggil Sénégal à l’hôte de Wade

FRONT SIGGIL SENEGAAL

Dakar, le 25 juillet 2007

«Une France juste et solidaire… peut éclairer la marche de l’humanité» François Mitterrand 21 Mai 1988 in discours d’Investiture

Monsieur le Président de la République,

Le Sénégal et la France entretiennent des relations séculaires bâties sur une longue Histoire commune. Ces relations, à la fois denses et multiformes ont fait de votre pays un partenaire privilégié du Sénégal. C’est que, dès son indépendance, notre pays s’est évertué à occuper dans le concert des Nations la place enviable d’une République moderne et stable, d’une Nation unie et solidaire et enfin d’une Démocratie respectueuse du droit et des libertés.

Certes, cette triple construction ne s’est pas faite sans peine ni sacrifice. Elle s’est cependant poursuivie de façon obstinée et résolue, consacrant le 19 mars 2000, l’avènement de la première Alternance politique de notre pays selon un vote incontestable et librement exprimé par nos concitoyens.

Ce fait, rare en Afrique pour ne pas être souligné, avait alors été salué par l’ensemble de la Communauté Internationale et permis à notre pays d’être encore mieux apprécié par nos partenaires au développement. Or, depuis son élection à la Magistrature Suprême, le Président Abdoulaye Wade ne s’est guère montré à la hauteur de cette performance démocratique.

Bien au contraire, il s’est évertué jour après jour, acte par acte, de déviations institutionnelles en dérives autocratiques, à entamer sérieusement la crédibilité de notre système politique, bradant ainsi au gré de ses seuls intérêts personnels et partisans, l’ensemble des acquis démocratiques obtenus de haute lutte par notre peuple.

C’est ainsi qu’à l’occasion de l’élection présidentielle du 25 février 2007 à l’issue de laquelle le Président Wade s’est fait réélire dès le premier tour, l’opposition n’a eu cesse de dénoncer les innombrables irrégularités, violations de la Loi et autres fraudes qui ont émaillé le processus électoral - de l’inscription sur les listes électorales jusqu’au jour du vote.

- C’est pourquoi, au sortir de cette élection chahutée et fortement contestée, l’opposition républicaine qui, malgré le tripatouillage du Code électoral, la manipulation des votes et autres achats de conscience commis à son détriment, a quand même réussi à engranger près de 40 % des suffrages exprimés, avait alors proposé au Président Wade l’ouverture d’un dialogue politique franc et sincère devant permettre la restauration de notre Démocratie selon les normes légales et républicaines desquelles elle n’aurait jamais dû s’écarter.

Pour faciliter et instaurer ce dialogue, l’opposition, dans sa pluralité et la diversité de ses sensibilités, a mis en place un cadre unitaire de réflexion et d’action dénommé «Front Siggil Sénégal»

En appelant à ce dialogue, le Front Siggil Sénégal cherchait alors à faire organiser les élections législatives qui devaient se tenir - et ont effectivement eu lieu - le 3 Juin 2007 dans la transparence et au moyen d’un processus électoral fiable, maîtrisé et sécurisé.

Ce faisant, le Sénégal s’éviterait les risques d’une instabilité politique et sociale qui, souvent, a annoncé le chaos de nos fragiles Etats.

Contre toute attente, le Président Wade opposa à cette demande une fin de non recevoir.

Dès lors, une seule alternative s’offrait à l’opposition : aller aux élections au risque de rééditer pour la cautionner la mascarade électorale du 25 février, ou alors, appeler au boycott du scrutin en vue de provoquer le sursaut salvateur qui amènerait le Président Wade à, enfin, reconsidérer sa position en prenant conscience du grave péril qui guette notre Démocratie et les principes fondateurs de notre République.

Pour n’avoir guère eu le choix, l’opposition s’engagea résolument dans cette seconde voie, largement suivie en cela par le peuple Sénégalais.

En effet, fait sans précédent dans notre histoire politique, - qui jamais n’a connu de boycott d’une élection nationale -, le taux de participation chuta drastiquement de 70,52% à la présidentielle à un plancher de 34,75% aux législatives.

Ce fut une honte pour la Démocratie sénégalaise.

En réalité, plus que d’ordre politique, le boycott prit les contours d’un cinglant désaveu exprimé par une écrasante majorité de Sénégalais qui entendaient ainsi désapprouver et sanctionner Abdoulaye Wade pour sa tendance à l’autoritarisme, l’instrumentalisation des règles qui gouvernent la compétition démocratique et surtout, pour son refus de tout dialogue politique telle que la tradition en a été établie et consacrée au Sénégal par ses deux prédécesseurs, les Présidents Senghor et Diouf.

C’est ainsi qu’au sortir de cette parodie d’élections, le Sénégal fut doté d’une Assemblée nationale illégitime, monocolore, surdominée de façon outrancière par le Parti au Pouvoir et où l’opposition, réduite à la portion congrue, eut toutes les difficultés à former un groupe parlementaire crédible.

Pourtant, cela n’a pas suffi à la boulimie d’accaparement du Président Wade de tous les pouvoirs, puisque, le 19 août, il entend mettre en place un Sénat de cent membres dont il en désignera les soixante cinq de façon absolument discrétionnaire, c’est à dire arbitraire.

Pendant ce temps, l’opposition, rejointe par de larges secteurs de la vie économique et sociale du pays, se mobilise et structure un plan d’actions à l’échelle nationale.

Elle en appelle surtout à des Assises nationales réunissant toutes les forces vives du pays pour amener le Président Wade à la raison et faire éviter au Sénégal une situation de blocage politique irréversible, préjudiciable à la paix et à la stabilité de notre pays.

Tel se présente, Monsieur le Président, l’état du Sénégal au moment où vous foulerez son sol :

- Celui d’une démocratie largement compromise et dont la crédibilité a fini d’être sérieusement entamée.

- Celui d’une République bananière, ignorante de l’Etat de droit, adepte du favoritisme et des privilèges indus et surtout, peu soucieuse des principes de transparence et de bonne gouvernance qui doivent sous-tendre l’action publique.

- Enfin, celui d’un peuple fatigué, que l’espoir a quitté, parce que vaincu par la vie chère et rejeté dans les affres d’une misère que l’arrogance des tenants du pouvoir rend encore plus insupportable.

C’est au nom de ce peuple qui, à près de 40 % nous a crédité de sa confiance et au-delà, de tous nos compatriotes soucieux de la préservation de notre Démocratie et de la dignité de notre République que nous nous sommes adressés à vous pour que vous n’en ignoriez.



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