La voie est toute trouvée. C’est par le chemin du référendum que les citoyens sénégalais passeront en 2016, pour dire si oui ou non, ils sont d’accord avec le retour au quinquennat. Mais, entre les Sénégalais et les référendums, cela a été une longue histoire de « Oui », qui a métamorphosé la vie d’une Nation, changé des destins, bouleversé des institutions et dispersé les cendres d’une amitié au sommet de l’État. Un outil que la métropole a usé pour essayer de maintenir la colonie sous son joug, et que des gouvernants utilisent encore pour s’arroger de gigantesques pouvoirs.
« Je veux dire un mot aux porteurs de pancartes. S’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent le 28 septembre ». Vous avez sûrement une fois ouï cette apostrophe, sortie de la bouche du Général De Gaulle. Il l’a lâché le 26 août 1958 à la place Protêt, aujourd’hui place de l’indépendance, sous la pression des porteurs de pancartes qui réclamaient l’indépendance immédiate du Sénégal. Ce, face à la proposition de la métropole de créer la communauté française. Un référendum fut organisé au Sénégal, comme dans d’autres colonies françaises, pour approuver ou désapprouver cette proposition. Ce fut durant un contexte où l’effervescence politique n’avait d’égal que l’aspiration des colonies à briser les chaines qui les maintenaient sous le joug du colon. Et c’est à la veille de ce référendum que Lamine Guèye, alors sénateur et maire de Dakar, lancera à la métropole ces mots mythiques, encore frais dans les mémoires : « Le moment semble venu de nous dire si la France nous laisse tous les choix pour s’associer librement à elle. Notre “‘oui”’ n’aura de valeur que si nous pouvons aussi dire “‘non”’ ».
Au terme du scrutin, le « Oui » explose dans les urnes et range aux oubliettes les aspirations à une indépendance immédiate. « Les Sénégalais en dépit de la campagne intensive pour le non, avaient voté à 97 % pour le oui », indiquait Christian Roche dans « Le Sénégal à la conquête de son indépendance : 1939-1960 ». C’était la première fois que le peuple de la téranga s’exprimait à travers un référendum. Un référendum, qui amorça la marche finale du pays vers l’indépendance. Mais quelle indépendance? La métropole, à travers ce référendum, maintient partiellement sa colonie sous son contrôle pour continuer à tirer profit d’elle. Et aujourd’hui encore, l’ex métropole semble plus présente que jamais dans son ancienne colonie, à qui elle retire de la main gauche ce qu’elle lui donne par la main droite.
Senghor se blinde après la supposée « tentative de putsch » de Dia
Cinq ans plus tard, rebelote. Le premier référendum sénégalo-sénégalais, durant la période post-coloniale, a lieu en 1963. Il est organisé après un épisode tumultueux et inédit. En effet, de l’accession de notre pays à l’indépendance à 1962, le Président de la République d’alors, Léopold Sédar Senghor, et Mamadou Dia, président du Conseil, se partageaient le pouvoir. Mais, dès fin 1962, l’amitié entre les deux hommes se détériore. Le président du conseil (Premier ministre), Mamadou Dia, suspecté d’avoir tenté un coup d’État, est arrêté. Pour se blinder et parachever le divorce, Senghor organise un référendum en 1963 afin d’adopter une nouvelle Constitution. En mars 1963, les Sénégalais approuvent. Le « Oui » l’emporte à 99 %. Le pouvoir exécutif est désormais concentré entre les mains du chef de l’État. La Primature est supprimée. Le président de la République nomme et révoque les ministres. Loin d’être une réforme visant à promouvoir la culture démocratique, ou à garantir les libertés des citoyens ou à améliorer leurs conditions de vie des citoyens, elle détruit une institution pour étendre les pouvoirs du Président de la République.
Le référendum qui ouvre les portes du Palais à Diouf
En 1970, pour l’approbation de la nouvelle Constitution qui restaure le poste de Premier ministre, Senghor passe encore par le référendum. Encore une fois, le « Oui » sort victorieux des débats à 99 % des voix. La Primature revient. Ancien directeur de cabinet du président Senghor, ex-secrétaire général de la présidence de la République, le ministre Abdou Diouf hérite de la Primature. Il est âgé seulement de 35 ans. Poste qu’il occupera pendant dix bonnes années, avant de s’asseoir sur le fauteuil présidentiel pour succéder au Président poète. Sous Diouf, les Sénégalais ne connaîtront pas de référendums. Après Senghor, il faudra attendre plus de trois décennies, pour voir un président organiser un référendum pour changer encore la constitution.
Excès de pouvoir, mal gouvernance
En 2000, Me Abdoulaye Wade prend le pouvoir. Un an après son accession à la magistrature suprême, il soumet une nouvelle constitution à l’approbation des citoyens. Celle-ci prévoyait surtout la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans et l’élargissement des pouvoirs du chef de l’Etat qui pourrait ainsi dissoudre l’Assemblée nationale. « Le président Wade a par la suite, présenté son projet aux populations et l’a soumis à l’appréciation des Sénégalais lors du référendum du 7 janvier 2001. Il visait officiellement un changement de l » architecture des institutions publiques, non seulement par la suppression de certaines d’entre elles, mais aussi par une réorganisation importante des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, se traduisant par une réduction de la centralisation des pouvoirs. La manière dont Wade et ses collaborateurs ont géré le pays montre que cette Constitution a donné des pouvoirs très importants au Président. Ce qui a favorisé la mauvaise gouvernance. Cependant, Wade n’est pas l’unique responsable de cette situation. Le Sénat, très critiqué, a disparu du paysage institutionnel, en même temps que le conseil économique et social », expliquait Momar Coumba Diop dans son ouvrage « Sénégal 2000-2012 : les institutions et politiques publiques à l’épreuve d’une gouvernance libérale ».
Wade, le référendum et ses jeux de yoyo
Cette nouvelle constitution sera adoptée par les Sénégalais. Le « Oui » l’emporte avec 94 % de votes. Le projet de Wade est accepté. Désormais, place au quinquennat. Les prérogatives du Président de la République sont élargies. Wade a maintenant le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Le nombre de députés est ramené de 140 à 120. Le Sénat a disparu. Mais, Wade fera de ce référendum, une grande perte de temps. En effet, après les précieux milliards dépensés pour consulter les citoyens, passer au quinquennat, supprimer le Sénat et effacer le Conseil économique et social du paysage institutionnel, Wade fait marche arrière. Il oublie le choix du peuple. Progressivement, il ramène le septennat en 2008. Il ressuscite Sénat et le Conseil économique et social pour recaser une partie du personnel politique. Le nombre de députés explose à 150 et Wade se joue de l’Assemblée nationale. Et même, ce référendum fut le point de départ du jeu de yoyo que Me Wade jouera sur la durée du mandat au point d’installer le pays dans une fournaise, en 2012, ayant coûté la vie à nombre de sénégalais et engendrer sa propre chute.
Les Sénégalais abonnés au « Oui »
L’histoire a montré qu’au Sénégal, le référendum fut un outil démocratique et juridique qui a enclenché la marche finale de notre pays vers l’indépendance. Cependant, l’outil ne fut pas toujours usité à bon escient par nos anciens chefs d’État. Senghor l’a utilisé pour ses propres intérêts. Après ses suspicions de « tentative de coup d’État », il est passé par cette voie pour supprimer la Primature, s’arroser plus de pouvoirs, et parachever ainsi son divorce d’avec Mamadou Dia. L’hyper présidentialisme semble né de ce bouleversement induit par Senghor. Wade, lui, a presque joué avec. Il a installé le quinquennat et supprimé des institutions par la voie référendaire. Mais, les citoyens qui se sont levés de bonne heure pour aller voter, auront perdu leur temps. Car Wade a gommé la presque totalité des réformes nées de ce scrutin. Le référendum au Sénégal, c’est aussi l’histoire d’une question fermée, où le « Non » n’a jamais eu de place. Les Sénégalais sont toujours abonnés au « Oui ». C’est ce que nous enseigne l’histoire!
25 Commentaires
Non
En Février, 2016 (14:58 PM)Anonyme
En Février, 2016 (15:13 PM)Senegal En Danger
En Février, 2016 (15:16 PM)Anonyme
En Février, 2016 (15:31 PM)Anonyme
En Février, 2016 (15:42 PM)Nio tay né waaaaaaawaaawwww. Mo yéééénnn
Kalkulart
En Février, 2016 (15:46 PM)plutôt une consultation populaire organisée.
tous les referendum sont ORGANISES pour que le oui l'emporte;
c'est le voeu de l'executif qui l'emporte sur le legislatif
Anonyme
En Février, 2016 (15:53 PM)maky va dire oui officiellement pour le référendum auquel il a été contraint
maky va dire non par ses bouches comme cissé lo et autres qui se signaleront bientot
Anonyme
En Février, 2016 (15:59 PM)Anonyme
En Février, 2016 (16:30 PM)Anonyme
En Février, 2016 (16:30 PM)Arissoi
En Février, 2016 (16:35 PM)OU SONT LES VERTUEUX ET NOBLES POLITICIENS DE NOTRE REPUBLIQUE ANIMES PAR LE DESIR DE PLAIRE A DIEU ET MERITER LE PARADIS ETERNEL. ???????????
Anonyme
En Février, 2016 (17:04 PM)Anonyme
En Février, 2016 (17:07 PM)Teigne Fall Ndiogou Penda Yaci
En Février, 2016 (17:09 PM)avant-hier nous avons dit non à senghor pour faire ouïr que nous étions fatigués
avant-hier nous avons dit non à diouf pour lui faire ouïr que 20 ans c'était trop trop
hier nous avons dit non à wade quand il voulait"rien que 3 ans pour finir l'œuvre"
aujourd’hui''hui nous tous prêts à dire non à macky pour qu'il fasse son septennat
aujourd'hui comme demain notre peuple est assez mûr pour pouvir voter non et non
Anonyme
En Février, 2016 (17:17 PM)Anonyme
En Février, 2016 (17:19 PM)Arissoi
En Février, 2016 (17:35 PM)Anonyme
En Février, 2016 (18:34 PM)Anonyme
En Février, 2016 (18:38 PM)Anonyme Deug Deug
En Février, 2016 (20:18 PM)Patatra
En Février, 2016 (20:56 PM)Anonyme
En Février, 2016 (21:42 PM)Anonyme
En Février, 2016 (21:45 PM)Wade n'est peut être pas un saint mais il connait les affaires et le peut que ce pays connait comme innovation est réalisé sous son nom.
Macky lui n'en parlons pas vous pouvez juger vous même s'il travail pour un Sénégal emergent et la sauvegarde de notre démocratie .
Vive le Sénégal à bas les politiques
Anonyme
En Février, 2016 (23:39 PM)c 'est une révolution
Anonyme
En Février, 2016 (20:36 PM)Participer à la Discussion