Il faut avoir un portefeuille lourd pour se présenter aux élections présidentielle et législatives du 25 février 2007. La caution portée à 25 millions de francs Cfa pour la course à la magistrature suprême et 15 millions pour les joutes législatives met de facto sur la touche certains candidats et partis politiques. C'est pour limiter les candidatures fantaisistes, a-t-on dit. Dès lors, ce sont les hommes politiques ‘riches’ à qui revient le privilège de se disputer le suffrage des Sénégalais lors des prochaines élections. Désormais, ou en tout cas pour ce qui est des élections de 2007, il faudra régler ses besoins élémentaires, prouver sa représentativité avant de prétendre présider aux destinées des Sénégalais.
Quels sont les hommes politiques et les partis qui peuvent remplir les critères imposés par l'arrêté ministériel portant à la hausse la caution à l'élection présidentielle et législatives ? Le candidat de la majorité présidentielle, le président Abdoulaye Wade, certainement. C'est dire qu'au Sénégal, le pouvoir nourrit son homme. A la veille de 2000, le secrétaire général national du Pds avait improvisé une marche bleue faute de moyens financiers pour battre campagne. Aujourd'hui, il relève la caution à 40 millions pour les deux élections, une somme hors de portée de la bourse de certains candidats potentiels.
Néanmoins, Me Wade aura des adversaires de taille devant lui. Moustapha Niasse et son parti, l'Alliance des forces de progrès (Afp) sont de ceux-là. Avec ses 17 % et ses moyens financiers et logistiques, ce dernier avait permis l'élection de Me Wade au second tour de la présidentielle de 2000. Au surplus, le secrétaire général de l'Afp s'est toujours distingué pour avoir été un homme politique à l'abri du besoin. Il en a administré la preuve en faisant don de ses émoluments de Premier ministre et de député. C'est que Niasse est un fonctionnaire international, il est mandaté par les Nations-unies dans certaines régions d'Afrique, notamment la région des Grands lacs où il a effectué plusieurs missions.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, fait également, partie des candidats sérieux à la succession du président Wade. Il a pu éviter une noyade au Ps après la débâcle de 2000 suivie de la saignée occasionnée par le phénomène de la transhumance. Certes, le parti fondé par le président Léopold Sédar Senghor a perdu de sa superbe, mais il est loin du dénuement à lui prêté. Et le Premier secrétaire du Ps n'est pas aussi fauché que l'on voudrait le faire croire. Supporter les affres de l'opposition après avoir connu les fastes du pouvoir n'est pas donné à n'importe quelle formation politique. Il faut de la détermination, mais aussi des moyens. Il est à noter qu'Ousmane Tanor Dieng a une assise internationale certaine grâce, en grande partie, à l'Internationale socialiste dont il assure le comité Afrique.
Parmi ceux qui peuvent supporter la caution de 40 millions, on cite aussi Landing Savané. Son séjour dans l'appreil d'Etat depuis l'alternance de 2000 permet, en effet, de croire qu'il a, aujourd'hui, des ressources financières suffisantes pour battre campagne et affronter son allié du Pds. Mais, Landing Savané n'a pas encore officialisé sa candidature même si une bonne frange de son parti l'y encourage.
Transfuge du Ps, Abdourahim Agne n'est jamais allé à des élections sous la bannière de son parti qu'il a créé après 2000. Mais, le secrétaire général du Pr est donné pour être un homme qui a les poches pleines. Sa première campagne électorale sera, donc, l'occasion de prouver tout le bien qui est dit de lui et de son parti. A moins, qu'il ne décide de se ranger derrière Me Wade comme le prédisent certains qui analysent sa sortie de la Cpa comme un appel du pied envers le chef de l'Etat.
A la liste des adversaires de Me Wade, on peut ajouter Abdoulaye Bathily. Professeur d'université, le secrétaire général de la Ld/Mpt n'est pas un crève la dalle. Sobre et très discret quand il s'agit d'argent, il a toujours mis en avant l'éthique dans sa politique. Mais, pour croiser le fer avec Me Wade en 2007, il lui faudra casser sa tire-lire.
Mais, à sept mois des élections couplées, il serait prématuré de clôturer cette liste. Des candidats indépendants pouvant débourser la caution demandée pourraient venir la rallonger.
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