Entre Iba Der Thiam et Moustapha Diakhaté, les diagnostics se sont souvent rejoints quand il s’est agi de mettre à plat les maux du Pds. Le parti du président de la République, confronté aux tares de l’ostracisme et des querelles internes, est sous la menace d’une implosion s’il ne gagne pas les scrutins de février. D’où les exigences d’unité, d’ouverture et de démocratie interne, cent jours avant le jour J.
Plus que 100 jours avant l’élection présidentielle de 2007. Assez ou peu pour que les libéraux expriment enfin quelques inquiétudes liées à l’issue des scrutins du 25 février. Il aura fallu l’entrée en scène de l’Alliance pour la jeunesse démocratique et libérale (Ajdl), fondée par Madiop Bitèye, l’ancien dirigeant des élèves et étudiants libéraux, pour que les maux du parti présidentiel soient mis à nu. A cet exercice, le Pr. Iba Der Thiam et Moustapha Diakhaté de Waccook Alternance n’étaient pas de trop. Car au final, il semble que le Parti démocratique sénégalais soit bien un corps malade dont les responsables «ne communiquent que sur (leurs) problèmes», selon Bitèye.
Face à un public jeune, Iba Der Thiam a posé «l’exigence d’unité» comme une nécessité fondamentale qui précède «la victoire» de Me Abdoulaye Wade. «Si le Parti démocratique sénégalais veut gagner (en 2007), il lui faut être conscient des enjeux en question et de ce que Me Wade incarne.» Car aujourd’hui, les tares les mieux partagées à l’intérieur du Pds sont «l’hostilité, l’ostracisme, l’exclusivisme, les querelles entre anciens et nouveaux membres», indique le coordonnateur de la Cap 21. En lieu et place de la léthargie souvent notée dans l’animation interne, Iba Der Thiam juge incontournable une «organisation systématique» qui fait se bouger toutes les structures du parti grâce à «une vie interne ininterrompue».
Mais à cette «exigence», répond le diagnostic exactement contraire dressé par Moustapha Diakhaté. L’ancien leader de Waccook Alternance s’est appesanti sur «l’obsolescence des structures de base dans tous les départements du Sénégal où (pullulent) des morceaux de fédération, des morceaux de section…» Fustigeant la quasi-disparition de cénacles internes comme la Convention nationale ou le Secrétariat national (le gouvernement du parti) qui n’ont pas été réunis depuis plus de six ans, Diakhaté pointe du doigt le drame du parti créé par Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, «il est impossible de réunir le Pds sur une partie du territoire national sans qu’éclatent des querelles de chapelle». La raison ? «Chaque responsable a son écurie». Au final, le Parti démocratique sénégalais «a détruit ses bases de performances organisationnelles». Très applaudi par les jeunes militants libéraux, celui qu’un haut responsable libéral a surnommé «le fou du village» il y a quatre ans fixe un objectif : «Il faut que les militants et responsables comprennent que ce parti n’est pas un lieu où on devient millionnaires.» A ce sujet, il a fermement brocardé «l’absence» du Pds devant les initiatives du Président Abdoulaye Wade. «On ne sent pas le Pds au moment où le chef de l’Etat veut reprendre en main des secteurs stratégiques du pays», s’est-il interrogé.
DISPOSITIF DE VEILLE
Retour de charge. Le Pr Iba Der Thiam se lâche et fustige ce Pds dont les leaders ont les téléphones systématiquement fermés aux appels des militants de base, visibles uniquement dans les grandes manifestations et dont les rideaux des voitures sont toujours tirés. Le coordonnateur de la Cap 21 convoque cependant les valeurs d’ouverture et de discipline pour renverser les tendances. Qualifiant le terme transhumant de «désagréable», Iba Der Thiam appelle les libéraux à traiter leurs contradictions à l’interne car la presse est un espace qui privilégie le dérisoire et le sensationnel au détriment de l’information. Sur cette lancée, il a proposé la mise en place d’un dispositif de veille qui permet de «critiquer ceux qui nous critiquent», de «répondre du tact au tact», mais en «reconnaissant nos insuffisances». En n’oubliant pas l’objectif recherché : «La valorisation de notre bilan au caractère incomparable».
Plus catégorique, Moustapha Diakhaté ne cache pas ses appréhensions, sinon ses certitudes. «Ce Pds-là ne peut pas réélire Abdoulaye Wade» en dépit des «succès politiques, économiques, sociaux et diplomatiques» dont il peut se prévaloir. C’est que le Parti démocratique sénégalais est en quelque sorte l’otage de responsables tournés vers l’accumulation de prébendes quand l’enjeu est à la «concentration» et au «recentrage» du Parti démocratique sénégalais autour des attentes des Sénégalais. Sur cet aspect, il est rejoint par Iba Der Thiam pour qui doit prévaloir «l’intérêt du Pds, de l’Alternance et de Me Wade au-dessus de toute considération» particulière.
Avertissement : «Si nous ne gagnons pas en 2007, c’est que nous aurons été incapables» de vendre les réalisations du président de la République. S’ils se disent convaincus tous les deux de la supériorité intrinsèque d’Abdoulaye Wade sur ses concurrents potentiels à la présidentielle du 25 février 2007, il y a, selon Moustapha Diakhaté, «des rectificatifs (à opérer) dans la dévolution des responsabilités et dans la détermination du choix des hommes». Aujourd’hui, ajoute-t-il sur un air grave, «le Pds est plus proche de faire perdre à Abdoulaye Wade les élections présidentielle et législatives» de février 2007. Plus catastrophiste, il pronostique : «Si Wade n’est pas réélu, le Pds est fini»
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