ELECTIONS 2007- Le Sopi face à 5 Millions d’électeurs

Après de multiples prorogations, les inscriptions sur les listes électorales ont pris fin ce 15 septembre 2006. Le collège électoral constitué avec cette opération exceptionnelle d’inscriptions va devoir juger le bilan du Sopi. La fin de l’alternance ou l’alternative ?

Les électeurs convoqués le 25 février 2007 pour élire le prochain Président de la République et une nouvelle Assemblée nationale seront au nombre de plus de 5 millions de citoyens. Un nombre double des électeurs inscrits en 2000 sur les listes électorales. Une situation inédite qui s’explique par la décision de constituer de nouvelles listes électorales ; une opération entamée depuis le 6 septembre 2005 et qui s’est close ce 15 septembre 2006. En cinquante et trois semaines, quelque cinq millions de Sénégalais se sont présentés devant les Commissions d’inscription sur les listes électorales pour obtenir la nouvelle carte nationale d’identité numérisée tant vantée, mais surtout pour se faire inscrire sur les listes électorales. En décidant d’annuler les anciennes listes électorales et d’en constituer de nouvelles, le Sénégal a pris le parti de la transparence, car la fiabilité des listes électorales a toujours constitué un point d’achoppement dans le contentieux pré comme post électoral.

Avec les nouvelles listes électorales qui seront validées durant ces prochaines semaines avec leurs publications et le contentieux qui sera ouvert pour permettre à touts les inscrits de redresser, contester ou modifier leur inscription, on peut croire que cet hic dans l’organisation des élections au Sénégal ne constituera plus un point de conflit entre les différents protagonistes du jeu politique. Mais cinq millions, c’est un grand nombre d’électeurs. Ce qui signifie que la reconstitution des listes électorales a été un grand succès. Elle sera, en tous les cas, un paramètre important dans le cadre des élections prochaines de février 2007. Avec cinq millions d’inscrits sur les listes électorales, on a déjà deux fois plus d’électeurs par rapport aux dernières législatives. En effet, en 2001, le nombre d’inscrits sur les listes électorales étaient de 2.802.253. Avec les nouvelles listes, on aura quasiment deux fois plus. Au 31 août, le nombre d’inscrits étaient de 4.708.985 électeurs. Avec les quinze jours supplémentaires pour permettre aux retardataires de se présenter devant les commissions d’inscriptions, les 80 mille inscrits de moyenne hebdomadaire ajoutés aux Sénégalais de l’extérieur devraient permettre d’atteindre, voire de dépasser les 5 millions d’inscrits.

Le Sopi qui est arrivé au pouvoir avec 2,5 millions d’électeurs inscrits sera sanctionné avec le double de ce chiffre. Et déjà on appréhende le quart bloquant. En effet, pour être élu au premier tour, il faut non seulement avoir plus de 50 % des suffrages exprimés, mais ce score doit être supérieur au quart des inscrits. Avec cinq millions d’inscrits, la constitution fait obligation au candidat qui veut passer au premier tour d’engranger au moins 1million 250 mille voix. Or, jamais, un élu à la présidence n’a obtenu un tel score depuis 1980. Donc, les candidats aux élections de février prochain sont soumis à l’obligation de battre des records.

Avec les cautionnements très élevés fixés par le ministère de l’intérieur, la liste des candidats pour la présidentielle peut ne pas être aussi longue que projetée. Il n’y aura pas dix candidats en 2007. Peut-être même qu’il n’y aura que la moitié de dix candidats. Dans ces conditions, la probabilité de voir des candidats obtenir des scores élevés sera plus forte. En effet, il n’y aura pas, dans ce cas de figure, une trop forte dispersion de voix. Est-ce le but recherché en rehaussant fortement le cautionnement pour la présidentielle ?

En analysant les chiffres des inscrits, on se rend compte que trois régions totalisent plus de la moitié des inscrits. Il s’agit de Dakar, Thiès et Kaolack. Le vote urbain reste très fort dans ces régions, les plus urbanisés du pays. Autre indicateur important des nouvelles listes électorales : le pays wolof considéré comme le bastion du Sopi : Louga, Diourbel et Thiès concentraient au 31 août 1, 2 million d’électeurs. C’est presque autant que les populations électorales des quatre régions les plus au Sud : Kaolack, Kolda, Ziguinchor et Tambacounda totalisent en effet 1, 1 million d’électeurs. Ainsi, si le pays Wolof peut être considéré comme une zone où le PDS s’implique davantage, les régions Sud sont actuellement celles où les plus grands responsables politiques de l’opposition (CPA) ont leurs fiefs électoraux.

La région de Dakar totalise, pour sa part, 1,7 million d’électeurs inscrits. Ce qui en fait un enjeu de premier ordre. C’est Dakar qui avait commencé à sanctionner le président Diouf et le PS dès 1988. Et la vague qui avait emporté le régime socialiste avait pris naissance à Dakar au premier tour de la présidentielle de 2000. Reste à savoir, en février prochain, si le Sopi domine toujours la capitale.