Mercredi 24 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

ELECTIONS 99 - Quand l’opposition S/c de Me Wade écrivait au SG de la Francophonie : Vérités d’hier, erreurs d’aujourd’hui !

Single Post
ELECTIONS 99 - Quand l’opposition S/c de Me Wade écrivait au SG de la Francophonie : Vérités d’hier, erreurs d’aujourd’hui !

Les hoquets rageurs que pousse aujourd’hui l’opposition par rapport à la gestion du processus électoral et ses inquiétudes par rapport aux contentieux qui risquent d’empester le prochain scrutin ne sont pas, en réalité, des faits nouveaux, même sous le ciel de l’alternance. Le 23 octobre 1999, «S/c de Abdoulaye Wade», la Coalition alternance 2000 (Ca), neuf formations de l’opposition avaient écrit au secrétaire général de l’Agence internationale de la Francophonie (Oif), à l’époque, Boutros Boutros-Gali, pour décrier les méthodes du Président Diouf. Des méthodes que le Président Wade semble avoir clonées aujourd’hui. Les vérités d’hier sont comme devenues, par le miracle du pouvoir, des erreurs aujourd’hui…

A cinq mois des élections présidentielles de février 2000, le Sénégal bruissait, comme aujourd’hui, des récriminations outrées de l’opposition face à la gestion du processus électoral par le pouvoir de l’ex-Président Abdou Diouf. A l’époque, neuf partis de l’opposition (Adn, Aj/Pads, Phare Yoon Wi, Ld/Mpt, Mrs, Union des patriotes sénégalais, Pds, Pit et Udf/ Mboolomi), regroupée au sein de la Coalition Alternance 2000, avaient écrit sous le couvert de Abdoulaye Wade, Sg du Pds, et actuel président de la République, à M. Boutros Boutros-Gali, alors secrétaire général de l’Agence internationale de la Francophonie pour «une demande de médiation».

Dans cette fameuse correspondance, Wade et ses alliés n’avaient pas manqué de s’enthousiasmer sur l’ouverture par l’Oif d’«une nouvelle page dans l’histoire de l’Afrique avec sa médiation au Togo et celle qu’elle a entamée dans la Région des Grands Lacs». Envolée tout aussi enthousiasmée qui s’adosse sur «tous les démocrates» qui «ont aussi salué la naissance au Sommet de Moncton, Canada, de l’Observatoire de la démocratie en Afrique proposé par le Président Chirac».

Forts de tout cela, les neufs partis politiques de l’opposition, alors, sous la houlette de Abdoulaye Wade, avaient sollicité la médiation du Sg de l’Oif «sur les graves divergences qui (les) opposent au Président Abdou Diouf, à son parti et à son gouvernement, et hypothèquent lourdement le bon déroulement des élections présidentielles du 27 février 2000». Ils reprochaient, comme l’opposition a bien des raisons de le faire aujourd’hui, au gouvernement de Diouf d’avoir mis en place un «système consistant à utiliser son pouvoir et une majorité illégitime à l’Assemblée nationale, en tout cas contestée pour manipuler perpétuellement la Constitution, faire adopter des lois et des décrets de circonstance pour conforter son parti tout en donnant des apparences légales et faire durer indéfiniment son règne». Exactement, des griefs que l’opposition aujourd’hui serait en droit de formuler à l’endroit du pouvoir de Me Wade, en mettant en relief le vote de la loi Ezan, la prorogation unilatérale du mandat des députés, les ombres et ombrages sur le processus électoral, la décision de porter la caution des partis à 25 millions pour la Présidentielle et 15 millions pour les législatives. Sur cette dernière décision d’ailleurs, le Pr. Abdoulaye Bathily, compagnon de plus de 15 ans de Me Wade, que nous avons joint, rappelle que ce dernier avait vu dans la fixation du cautionnement des partis par le gouvernement de Diouf à l’époque comme «une mesure visant à l’écarter». Comme aujourd’hui, on décrie une décision visant à écarter les petits partis. Et il y en avait bien de petits partis dans la Ca 2000 !

LES IRONIES DE L’HISTOIRE

Pour revenir à la lettre adressée au Sg de l’Oif, le 23 octobre 1999, ses signataires dont Me Wade s’étranglaient de colère face à «un système électoral lui-même (…) modifié perpétuellement selon le désir du Parti socialiste (et) le fichier électoral (…) manipulé pour permettre des fraudes pernicieuses».

Dans la même correspondance, l’actuel président de la République, alors dans l’opposition, et ses alliés soumettent au Sg de l’Oif «des cas qu’aucun recours interne ne permet de résoudre d’ici le scrutin du 27 février 2000, soit par absence de voies de recours, soit parce que la seule procédure applicable est le droit commun qui s’effectue dans des délais trop longs pour être utile». Comme aujourd’hui, la mesure prise par le ministre de l’Intérieur et approuvée par le Président Wade, de porter le cautionnement des partis à 25 millions pour la présidentielle et 15 millions pour les législatives.

Ironie de l’histoire, comme seule elle peut en réserver aux hommes, Wade et la Coalition Alternance 2000, sur un point relatif à «la neutralité du président de la République», s’indignaient, auprès de l’Oif, de «l’engagement partisan du président de la République dans l’exercice de ses fonctions», là où, aujourd’hui, l’actuel locataire du palais Léopold Sédar Senghor a inscrit dans la Constitution le statut du président de la République chef de parti politique. Dans la même foulée, il était reproché au Président Diouf de «détournement de pouvoir et utilisation des institutions au profit du Parti socialiste». Remplacez Parti socialiste par Parti démocratique sénégalais, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de l’alternance ! Comme quoi, «vérités au-delà des Pyrénées, erreurs en deçà» !

Sur le fichier électoral, la Ca 2000 réclamait l’«élimination du surplus d’inscrits par rapport à la loi n°99-75 du 11 mars 1999, relative à la mise à jour du fichier électoral», son «apurement» et «l’incinération complète du stock de cartes non retirées des élections». Et comme solution sur ce cas précis, Wade et ses alliés la faisaient dépendre «de la bonne volonté du ministre», de l’implication des commissions locales concernant l’apurement du fichier. Ils exigeaient, entre autres, la publication des listes électorales provisoires et leurs communications aux partis politiques, «la suppression pure et simple des commissions de distribution de cartes», sans compter la nécessité de la représentation des partis politiques à toutes les phases du processus électoral. Aujourd’hui, les partis politiques peinent à accéder au fichier pour exercer leur rôle de contrôle et de vérification.

Ils refusaient le transfert des électeurs et la carte consulaire comme moyen d’identification de l’électeur. Ils réclamaient aussi l’adoption d’un «code de conduite que chaque camp s’engage à respecter avec disqualification d’un concurrent dont le parti fraude». Qui entend aujourd’hui parler de cette modalité en l’absence d’un dialogue entre pouvoir et opposition pour éviter au Sénégal les nuits noires des contentieux électoraux ? Qu’en serai-t-il, si aujourd’hui, l’opposition envoyait une lettre presque de la même teneur à l’actuel secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf ? (Lire ailleurs).

 



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email