ELECTIONS LOCALES DE 2014 : Le plan de conquête de Macky

Les élections locales sont pour bientôt. Mais dans la logique du parti du président de la République, il est impensable de céder les grandes villes aux autres alliés.

Après la présidentielle et  les législatives, le Sénégal s’achemine dans un an vers les élections locales. Pour ces joutes jugées cruciales en raison de l’enjeu national qui se profile derrière ces scrutins, les apéristes qui ont raflé toutes les précédentes élections de 2012 ne veulent pas faire la fine bouche pour récupérer les grandes villes du Sénégal  qui sont pour le moment dans l’escarcelle de la coalition Benno Siggil Senegaal lors des élections locales de 2009.  Rien qu’à Dakar, cette coalition de l’opposition a pris le contrôle de 13 mairies d’arrondissement sur 19. Conscients de l’ampleur et des tâches stratégiques d’occuper une mairie d’une grande ville,  le président Macky Sall et ses partisans de l’Apr se sont fixés comme objectif de gagner toutes les grandes villes du Sénégal. C’est pourquoi ses cadres s’activent depuis un certain temps pour remobiliser leurs troupes dans leurs bastions politiques respectifs. Samedi dernier, le ministre des Infrastructures, Thierno Alassane Sall avait donné le ton à Thiès où il a organisé un grand meeting. Pour cette mobilisation des militants de l’Apr et des transhumants, Alassane Sall qui a enfilé le costume d’un potentiel candidat à la mairie de Thiès n’a pas mis de gants pour cogner, l’actuel maire, le rewmiste, Idrissa Seck, qu’il qualifie «de maire fantôme». Et d’ajouter que la ville de Thiès ne mérite pas d’être tout le temps «en interim». Suffisant pour comprendre ses intentions pour cette ville.

Dans la zone de Louga, Aly Ngouille Ndiaye qui a fondu son mouvement dans l’Apr a exprimé ses ambitions de devenir maire. Il a annoncé lors de l’émission «Grand jury» de dimanche dernier sur Rfm qu’il va organiser un grand meeting à Linguère, en mars prochain pour matérialiser cette fusion. Ce dernier aura certainement des coudées franches pour déboulonner le maire de cette ville, Aminata Mbengue Ndiaye. A moins qu’il choisisse de briguer la mairie de Linguère où il avait été battu lors des précédentes locales par le responsable du Pds, Habib Sy. A Saint Louis, l’Apr devra dérouler une stratégie efficace pour déboulonner le maire Cheikh Bamba Dièye, actuel ministre de la Communication du gouvernement de Abdoul Mbaye. Seulement, le parti de Macky Sall souffre d’un leader charismatique dans cette zone. L’homme politique qui devrait faire l’affaire de cette formation politique, Alioune Badara Cissé n’est plus en odeur de sainteté avec son mentor depuis son éviction du pouvoir. A moins qu’il ait un autre revirement de situation dans leurs relations. Mais à défaut de Alioune Badara Cissé, les apéristes, mise sur le beau frère du président Macky Sall, l’actuel délégué général à la protection sociale et à la solidarité nationale Mansour Faye. Sa candidature a déjà été proposée par l’Apr. «Mansour Faye a été un militant de la première heure. Il a été de toutes les batailles aboutissant à l’élection du président Macky Sall à la tête de la magistrature suprême. Il a accompagné le secrétaire général Macky Sall partout à travers le pays pour massifier le parti(…). Nous le proposons comme candidat, il a le profil....», affirment les apéristes de Saint-Louis qui veulent tourner la page Cheikh Bamba Dièye, leur allié.

A Diourbel, l’Apr  s’appuiera sans doute sur la nouvelle présidente du Conseil économique et social et environnemental (Cese), Aminata Tall qui a longtemps occupait le poste de maire de cette localité, du temps où elle était militante du Pds. Sa nomination à la tête de cette institution obéit d’ailleurs à cette logique de déboulonner le maire socialiste Jacques Baudin.  En ce qui concerne la stratégique mairie de la capitale, L’Alliance pour la République (Apr) comme l’a souligné Enquête dans sa livraison du lundi 4 février, Macky Sall et Cie feront tout pour que Dakar, dont le budget est estimé à plus de 2 milliards de francs, tombe dans leur escarcelle. «Ça mijote bien dans le cercle des apéristes qui pensent que le poste devrait revenir à l’un deux et non à un autre membre de la coalition Benno Bokk Yakaar», note ce journal.  Pour ce poste, le nom de Mbaye Ndiaye, l’ancien ministre de l’Intérieur et ancien maire des Parcelles Assainies est au centre des débats dans les chaumières de ce parti. En revanche, le véritable enjeu de ces élections est sans doute politique. Contrairement aux élections nationales où les enjeux sont parfois très lointains des préoccupations quotidiennes et immédiates des populations dans les zones rurales, pour celles-ci, permettent une meilleure implication plus directe des populations aux projets de développement. Ils seront le plus attendus par les populations au niveau de la lutte contre le chômage, la pauvreté et par la création de nombreux emplois directs et indirects. Important pour un parti au pouvoir de recaser des militants.

 
REFLET - Benno Bokk Yakaar, Terminus 2014

Les élections locales de l’année prochaine risquent de sonner le glas de Benno Bokk Yakaar. Cette coalition qui a porté Macky Sall au pouvoir ne résistera pas à la volonté de l’Apr de prendre les grandes villes des mains du Ps, de l’Afp et des autres membres de la coalition. En 2011, au plus fort de la contestation de la candidature du président Wade, Amadou Guèye, le président de l'Union des Indépendants du Sénégal (Unis), avait initié le mouvement Wade, Terminus 2012. Il s’agissait pour ce membre fondateur de la coalition Benno Alternative 2012 de dire «non» à un troisième mandat de l’ancien chef de l'Etat et par conséquent de faire mettre fin à sa carrière politique.

L’année prochaine, toutes les conditions seront réunies pour que la coalition qui a porté le président Macky Sall au pouvoir se transforme en Benno Bokk Yakaar, Terminus 2014. En effet, le désir de l’Alliance pour la République (Apr), le parti présidentiel, de contrôler les grandes villes du Sénégal au terme des élections locales de l’année prochaine, va sonner le glas de la méga coalition Benno Bokk Yakaar. Cette coalition qui a porté Macky Sall au pouvoir ne résisterait pas à cette volonté de l’Apr de faire main basse sur les grandes villes du pays, en perspective de l’élection présidentielle de 2017. Le président Macky Sall va solliciter un second et dernier mandat en 2017. Et pour maximiser ses chances, il doit impérativement prendre le contrôle des grandes villes du pays. De l’avis de bon nombre d’analystes politiques, la déroute du Pds aux locales de 2009 a négativement influé sur leurs résultats lors de la dernière présidentielle. Conscient de ce fait, le parti au pouvoir aura à cœur de prendre le contrôle des grandes villes. Or, ces centres urbains, vrais bassins électoraux, sont entre les mains de ses deux principaux alliés: le Ps et l’Afp depuis les élections locales de 2009. Ces formations politiques ont conquis les grandes métropoles Dakar, Podor, Mbour, Louga, Diourbel (Ps), Pikine, Kaolack (Afp), Thiès (Rewmi) dans le cadre de la coalition Benno Siggil Senegaal.

L’année prochaine, ces partis politiques qui joueront également leur survie auront également à cœur de garder leur trophée. C’est pourquoi, ils ne vont pas laisser facilement leur «bien» à l’Apr. Le Ps, l’Afp, Rewmi, Fsd/Bj ne se laisseront pas mener à l’abattoir comme des moutons de sacrifice sans lever le petit doigt. Car, à l’instar de l’Apr, leur avenir dépend en grande partie des résultats de ces élections. Pour l’instant, seule la rivalité entre Rewmi et l’Apr est manifeste. Mais, les antagonismes entre l’Apr et ses alliés de circonstance ne manquent pas. Actuellement en sourdine, ils éclateront au fur et à mesure que les élections locales approcheront. Et Benno Bokk Yakaar, la coalition née pour faire Wade mourra de sa belle mort.