ELECTIONS - Mame Adama Guèye anticipe sur un éventuel report de la présidentielle : Un Plan B pour sauver le pays du chaos

Face à la probabilité du report de l’élection présidentielle après celui des législatives, le Mouvement Sellal et son candidat, Mame Adama Guèye, ébauchent déjà la tactique à adopter pour empêcher le pouvoir à se prévaloir de sa propre turpitude en commettant une telle forfaiture constitutionnelle. A travers un schéma dénommé Plan B, Mame Adama Guèye propose aux partis d’opposition, qu’il soupçonne d’être en complicité avec le pouvoir, la tactique pour contrecarrer le candidat Wade et sauver le Sénégal d’un chaos. C’était, hier, au cours d’une rencontre avec la presse.

A peine la décision du report des élections législatives annoncée, Mame Adama Guèye, le candidat du mouvement Sellal se penche déjà sur la réaction à opposer au régime du Président Abdoulaye Wade, en cas de report de la présidentielle. En effet, nonobstant les assurances données par le chef de l’Etat sur la tenue, le 25 février prochain, du scrutin présidentiel, le candidat à la Présidence de la République manifeste un scepticisme, quant au respect d’un tel engagement. Face à la presse, hier, il a annoncé la couleur par un appel à une attitude proactive à destination de la classe politique qu’il invite à la concertation en vue de trouver la réponse à apporter à une éventuelle récidive du pouvoir sur le calendrier électoral. «Il faut être proactif et réfléchir à un Plan B pour préparer cette éventualité qui n’est pas à exclure avec le régime de l’alternance. En cas de non-tenue des élections à la date du 25 février prochain, il faudra exiger le départ du président de la République à partir de la date du 3 avril et mettre en place un système transitoire.»

Dans ce «Plan B» qu’il soumet aux leaders de l’opposition, M. Guèye, dans un contexte de rupture de l’ordre constitutionnel, renseigne qu’avec cette donne, Me Abdoulaye Wade cessera de répondre du titre de chef de l’Etat à la faveur des habits d’un candidat sortant, puisque son mandat étant écoulé malgré la tenue de scrutins. Un système transitoire serait ainsi mis en place avec, à sa tête, un Premier ministre chargé d’organiser des élections libres et transparentes. A la Primature aussi, le candidat du mouvement Sellal explique que Macky Sall devra quitter son siège pour un autre chef du gouvernement impartial. «Il faudra penser à un Premier ministre consensuel dans ce cas, car nul ne peut se prévaloir de sa turpitude. Le pouvoir ne peut pas créer une condition aussi catastrophique et vouloir bénéficier des avantages qui peuvent en découler», tonne-t-il.

M. Guèye poursuit en soutenant qu’au lieu d’attendre le scénario du report des élections tomber sur leur tête pour qu’ils bandent leurs muscles et se mettent en pied de guerre contre le chef de l’Etat et son gouvernement, les partis de l’opposition gagneraient à se regrouper autour d’une table et réfléchir sur ce Plan B.

Ce plan, proposé à l’opposition, peut-être sujet à amendement ou simplement écarté à la faveur d’un autre plus à même de faire face à cette probable entorse sur le processus électoral. Alors, estime-t-il, seule une attitude proactive des composantes de l’opposition pourrait sauver le pays du chaos, comme c’est le cas dans plusieurs autres pays du continent : «Ce sont ces situations d’impasse qui ont causé ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire», fait-il remarquer.

Sous un autre registre, le candidat issu de la Société civile emboîte le pas à celui du Jëf-Jël dans la diatribe contre les formations de l’opposition politique qu’il juge complices du pouvoir dans sa campagne de désacralisation et de tripatouillage à des fins politiques de la Constitution et de la Charte fondamentale. Selon lui, le rapport du Collectif des organisations de la société civile (Cosc), qui annonce l’impossibilité de la tenue d’élections libres et transparentes à la date du 25 février, aurait dû attirer l’attention des leaders de l’opposition. Une opposition «très complaisante qui ne s’est pas privée de profiter de la prorogation du mandat des députés et a une part de responsabilité dans les abus du pouvoir. Deux prorogations du mandat des députés, c’est unique au monde ! Il n’y a qu’au Sénégal où une telle chose est passée», s’indigne Mame Adama Guèye.