L’association Education-santé en collaboration avec le ministère de l’Education ont organisé, hier, à Sorano la deuxième édition de la fête de l’Excellence. Cette manifestation s’inscrit dans le calendrier scolaire du Sénégal et encourage les efforts des 55 lauréats du Cm2 (cinq par région) qui se sont distingués lors des concours d’entrée en 6e et du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee).
La grande salle du théâtre national Daniel Sorano a servi hier de tribune au président de la République et à son épouse pour livrer un cours de «moral» à des auditeurs bien particuliers. En effet, avant de remettre leurs récompenses au lauréats du 2e prix de l’Excellence (qui récompense les meilleurs élèves du primaire), il fallait disserter sur le thème retenu cette année : «L’agriculture durable, enjeux stratégiques et intérêt pour la jeunesse.» Un prétexte pour le président de la République Abdoulaye Wade d’expliquer la pertinence du plan Reva (Retour vers l’agriculture), mais surtout de justifier le phénomène à l’origine de ce plan : l’émigration clandestine. A en croire le chef de l’Etat, l’émigration clandestine, est «un phénomène planétaire que les économistes ont prévu il y a des années». Un phénomène qu’il présente comme la suite inéluctable du commerce inégal, de la détérioration des termes de l’échange, et du sous-développement.
S’y ajoute, de l’avis du Président Wade, que «le mirage de l’Europe à travers la télévision et l’Internet fait que les jeunes Africains ne résistent plus à la tentation de l’exil». Toutefois, il admet que le phénomène s’est aggravé. «Le mirage exercé par l’Occident sur les jeunes consciences, c’est l’exhibition de l’enfant prodigue qui revient triomphalement au bercail avec son manteau de nouveau riche», à l’instar «d’Ibra Italien» ou de «Modou-Modou de New York» ironise le chef de l’Etat. Or, croit savoir le Président Wade, les candidats à l’émigration clandestine sont des anti-nationalistes. «Ces gens ont fait l’option de tourner le dos à leur pays pour aller ailleurs au moment où l’Afrique a plus besoin de ressources humaines», affirme-t-il.
Cependant, il n’y a pas de quoi désespérer. «Les jeunes doivent comprendre qu’ils peuvent mieux gagner leur vie ici qu’en occident» explique le chef de l’Etat qui ne manque pas d’options pour mettre un terme à l’émigration clandestine. Si ce n’est pas une émigration (ou immigration) concertée, en partenariat avec les pays d’accueil, c’est la mise en œuvre du plan Reva. Toutefois, le Président Wade tient à préciser qu’avec ce plan, «il ne s’agit pas de faire d’eux des paysans pour continuer le travail de leurs pères, mais des agriculteurs modernes». Et d’interpeller les émigrants en ces termes : «Si vos parents paysans se sont sacrifiés pour vous envoyer à l’école c’est parce qu’ils veulent que vous soyez autre chose que ce qu’ils sont». «Il serait absurde aujourd’hui de vous demander de retourner pour vivre les mêmes conditions que vos parents» précise-t-il.
D’ailleurs, poursuit le président Wade, les paysans de ce siècle, contrairement au paysan sénégalais, sont instruits. «Au Japon, le niveau le plus bas pour le cultivateur est le baccalauréat». Son épouse, Mme Viviane Wade, par ailleurs présidente de l’association Education-santé ajoute que la meilleure formule pour intéresser la population à l’agriculture, c’est de l’introduire dans l’enseignement scolaire. Ainsi, espère-t-elle, avec la «Ferme école», intéresser les enfants à la terre. Cela passera par le maraîchage et le jardinage dans les établissements scolaires, explique Viviane Wade.
Par ailleurs, ces établissements scolaires ont déjà une réalité, ce sont les échecs scolaires de certains élèves. Des échecs auxquels Mme Viviane Wade trouve une explication simpliste. «Les élèves issus de milieu défavorisé ont des problèmes de compréhension des textes.» Pour ceux qui n’ont pas ces problèmes et qui arrivent à l’enseignement supérieur, Mme Wade conseille de suivre des filières scientifiques. «J’insiste beaucoup sur le fait d’encourager les élèves à suivre les filières scientifiques car je pense que les séries littéraires mènent au chômage et les scientifiques seront sûrement les décideurs de demain» soutient-elle.
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