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Politique

EN PERSPECTIVE : Pourquoi Wade devrait dialoguer

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EN PERSPECTIVE : Pourquoi Wade devrait dialoguer
316 milliards de Fcfa attendus cette année en termes d’investissement direct dans l’économie nationale, soit 9 fois plus que les 34 milliards de Fcfa obtenus quatre ans auparavant, en 2004 précisément. C’est véritablement une prouesse, même si, bémol, il s’agit là d’investissements qui nous viennent en majorité de pays où l’on semble moins regardant sur l’origine de l’argent, ni encore moins où l’on se préoccupe outre mesure de son odeur. Le Fonds monétaire international (Fmi) a cherché cependant à verrouiller et à encadrer le financement, véritable manne et sa destination pour l’inscrire en définitive dans la « norme » libérale dont il est l’un des gardiens les plus surs. 

Les conditionnalités de son soutien au programme Ispe auquel le Sénégal a souscrit de son plein gré, en témoignent. N’empêche, si la tendance demeure, ce sont plus de 500 milliards de Fcfa, soit près du tiers du budget national actuel de 1600 milliards de Fcfa qui viendront fouetter positivement nos efforts de développement. Combien d’emplois directs et indirects cela devrait-il induire ? Combien d’unités industrielles, de sociétés de service, de Pme et Pmi ?

Certes, toujours insuffisamment, mais assurément fort utilement pour une économie qui se veut émergente. Une économie qui désire réduire durablement la pauvreté de ses premiers animateurs, c’est-à-dire les populations laborieuses sénégalaises. Faire en sorte, que moins de 70% des ménages voire un peu plus échappent aux affres du « Gobardiassi » (terme wolof qui signifierait dans l’imagerie populaire : préparer un seul repas pour toute la journée). Des investissements qui aideraient grandement à diminuer la paupérisation dans nos cités urbaines et de nos campagnes dépeuplées par le « Beuk-mi » (l’émigration clandestine vers l’Europe). Qui renforceront le travail, même si les contrats à durée déterminée (Cdd) dont les dispositions de mise en œuvre ont été prises sans, paraît-il, attirer l’attention la représentation syndicale nationale qui avait le regard tourné certainement ailleurs, tempèrent l’euphorie à ce niveau. Qu’à cela ne tienne, le marché de l’emploi n’en sera que boosté, pensent les théoriciens libéraux et leurs partenaires.

Pour bonnes qu’elles sont ces perspectives d’investissement pour le Sénégal, elles ne sauraient prospérer dans un pays coupé en deux. Entre une classe dirigeante, imbue de sa légalité, aveuglée par les ors du pouvoir, arrogante ou frileuse. Recluse et ou écrasante qui veut vivre en vase clos, parce que simplement, elle dispose des leviers du pouvoir. Et une autre confinée dans l’opposition qui aspire à prendre la place de la première. Pour pérenniser le système ? Elle a au moins le mérite d’inviter celle-là, à une réflexion collective pour un climat social apuré, serein, (re)normé avec ses assises nationales. On peut il est vrai se désoler de constater que depuis 2000, le débat politique et social ne se focalise que sur la question de la dévolution du pouvoir et sur le positionnement politicien (fichier électoral, résultats électoraux contestés, prolongation des mandats d’élus en mal de légitimité etc.) Reléguant loin derrières dans les préoccupations citoyennes, les questions institutionnelles, les projets de société, le devenir de la nation sénégalaise et sa place dans le concert des nations. Dieu saura reconnaître les siens.

Cependant dans les deux camps ainsi que chez les arbitres de la société civile, l’on doit se convaincre comme le souligne Sigmund Freud, dans « malaise dans la civilisation », par le seul fait qu’il fait partie d’une foule, l’homme descend plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation ; isolé, l’individu peut-être cultivé ; en foule, c’est un instinctif. « Il a la spontanéité, la violence, la férocité et aussi les enthousiasmes et les héroïsmes des êtres primitifs ». L’histoire nous a suffisamment donné d’exemples en la matière. Dernière en date : la révolte des marchands ambulants de la capitale qui a fait trembler la République et l’a obligé à se dédire toute honte bue.

Alors, Me Wade le président de la République se doit de se libérer du joug partisan,-il a été réélu même pour ça,- pour s’atteler à ressouder les morceaux d’une République que l’exclusion, la peur de perdre les positions de privilèges et l’affairisme gesticulateur de courtisans, véritables courtiers de l’alternance travaillent à disperser aux quatre vents, pourvu simplement qu’ils y trouvent leurs comptes… Sonnants et trébuchants…

Le chef de l’Etat, la clé de voûte des institutions de la République doit dialoguer avec la classe politique sans exclusive et le monde social ne serait-ce que pour offrir au Sénégal le bénéfice de jouir des perspectives que son « intelligence » managériale aura su susciter. Optiques qui ne peuvent hélas faire fortune que dans un pays stable, dans un climat social apaisé. Non au milieu des barricades des cités urbaines en proie aux émeutes de la faim, des pneus qui fument, des pierres qui jaillissent n’importe comment, n’importe où. Des populations qui râlent et mettent en pratique leurs solutions personnelles souvent sources de désordre et d’anarchie.

Comme Henry IV, au moyen de son lignage, Roi de France aux lendemains de la fameuse nuit de la Saint-Barthélemy, Me Wade devrait…édicter : « (…)Défendons à tous nos sujets, de quelque état et qualité qu’ils soient, d’en renouveler la mémoire, s’attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer l’un l’autre, par reproche de ce qui s’est passé, pour quelque cause et prétexte que ce soit, en disputer, contester, quereller, ni s’outrager de fait ou de parole : Mais se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens, sur peine aux contrevenants d’être punis comme infracteurs de Paix et perturbateurs du repos public (…) » ( Edit des Nantes 30 avril 1598) Si Paris vaut une messe, le Sénégal n’en mérite pas moins une prière.



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