Vingt-cinq millions de francs Cfa, c'est le montant du cautionnement que doivent verser au Trésor public les candidats à l'élection présidentielle du 25 février 2007. La nouvelle donnée, hier, par le ministère de l'Intérieur a été diversément analysée au sein de la classe politique. Si elle a provoqué colère et indignation dans les rangs de l'opposition, elle a été, au contraire, bien accueillie par les partis de la mouvance présidentielle (Voir par ailleurs).
En tout cas, avec ce montant, ce sont plusieurs velléités de candidature qui vont fondre comme beurre au soleil. Parce que la prochaine élection présidentielle sera une affaire de gros portefeuille où les lillupitiens (financièrement s'entend) n'auront pas leur place. Les candidatures fantaisistes, les dilletants et autres amuseurs de galerie devront repasser. Le président Abdoulaye Wade a décidé de se frotter avec les gros calibres politiques. N'avait-il pas dit qu'il n'a pas d'adversaire à sa trempe ? Une déclaration qui a, certes, de la morgue, mais qui préfigurait déjà de la volonté du président Wade de ne pas croiser le fer avec la petite catégorie.
Au surplus, l'Etat n'a pas, apparemment, envie de jeter de l'argent par la fenêtre en confectionnant des documents pour des candidats venus faire de la figuration. ‘Six millions de bulletins de vote seront imprimés pour chaque candidat à la charge de l'Etat, au titre d'imprimés et de documents de propagande’. Cette précision contenue dans l'arrêté du ministère de l'Intérieur fixant le montant de la caution sonne comme un justificatif. Le document d'ajouter : ‘12 000 affiches seront également imprimées pour faire connaître le programme des candidats, tandis que 12 000 autres vont servir à annoncer les réunions électorales de propagande’. Enfin, note l'arrêté, ‘255 000 circulaires de propagande seront imprimées à la charge de l'Etat et au profit des candidats retenus pour cette élection’. L'allusion faite par le ministère de l'Intérieur est claire et renvoie à la question suivante : qu'est-ce qu'une dizaine de candidatures, voire une vingtaine, coûterait au contribuable sénégalais ?
Ainsi, les cris d'orfraie de l'opposition qui avait dénoncé l'idée d'une augmentation de la caution à l'élection présidentielle n'ont-ils pas été entendus par les autorités qui ont préféré s'aligner sur les positions des partis de la mouvance présidentielle. Ces derniers avaient, lors de la rencontre entre les partis politiques et le directeur des élections, le 17 août dernier, préconisé une révision à la hausse de la caution, arguant que ‘c'est une manière de décourager les candidatures fantaisistes’.
Quoi qu'il en soit, aux futurs adversaires de Me Wade, il leur faudra des sous, mais aussi de la représentativité. Du coup, c'est une épine que le chef de l'Etat vient d'enlever, sans le vouloir, du pied de l'opposition qui cheminait vers une floraison de candidatures. D'ailleurs, si la question de la candidature unique n'est toujours pas évacuée au sein de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa), c'est, de sources bien informées, du fait des tenants d'une candidature multiple. ‘Et ces derniers ne sont pas les plus représentatifs en terme électoral’, soulignent nos interlocuteurs. Au reste, une séparation entre ces derniers et ceux qui soutiennent une candidature unique n'est pas à écarter si chaque partie se refuse à faire des concessions. Somme toute, le choix sera moins laborieux même s'il existe encore de grandes poches de difficultés. Il se fera entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng avec Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho et les autres dans le rôle d'arbitre. Mais, reste à savoir qui de Niasse ou de Tanor va se retirer au profit de l'autre.
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