Instauration du régime parlementaire
Dans le programme de la Coalition alternance 2000, l’un des éléments de rupture qui avaient convaincu plus d’un à voter pour le changement, c’était la suppression du régime présidentiel et son remplacement par un régime où l’Assemblée nationale, émanation des populations, exercerait la réalité du pouvoir. Ainsi, il avait été convenu entre les différents segments de la coalition victorieuse la mise en place d’institutions qui subiraient moins le poids de l’Exécutif. Il s’agissait, en quelque sorte, de revenir au régime qui avait cours entre 1960 et 1962, année de la rupture du tandem Senghor-Mamadou Dia. Mais, une fois installé à la tête de l’Etat, Me Wade tournera le dos à cet engagement et intégra dans sa Constitution tous les éléments d’un régime présidentiel fort. Flairant le coup, le Grand Maodo Mamadou Dia et Amath Dansokho appelèrent à voter contre le texte que le président de la République projetait de soumettre au référendum. Mais, cela n’y fit rien. La Constitution qui donne naissance à la troisième République sénégalaise sera approuvée à une écrasante majorité par les populations par voie référendaire le 7 janvier 2001. Elle fut promulguée le 22 janvier de la même année.
Suppression du quart bloquant
Pour être élu président de la République, il faut obtenir la majorité des électeurs plus un représentant le quart des inscrits. Une telle disposition qui se donne pour objectif de renforcer la légitimité du nouveau président de la République avait été introduite dans la Constitution après la concertation entre partis politiques présidée par feu Kéba Mbaye et qui donnera naissance au code électoral consensuel. Forts de leur majorité à l’Assemblée nationale, les socialistes abrogèrent cette disposition. Et Me Wade, sous son manteau de redresseur de torts, prit sur lui de la faire revenir une fois au pouvoir. Ce qu’il fit en 2001. Avant d’y revenir en 2006. Comme arguments, les nouveaux idéologues du régime évoqueront le fait que le fait de s’inscrire sur les listes électorales ne vaut pas à lui seul intention de voter. Comme au bon vieux temps du parti unique, la majorité libérale ne se le fit pas expliquer le topo pour biffer cet alinéa du texte constitutionnel.
Dissolution du Sénat
C’est l’une des mesures qui ont valu son impopularité au Ps et contraint ce dernier à un fatal second tour. Frappé de plein fouet par le Plan d’austérité Sakho-Loum, le Sénégalais lambda ne comprenait pas, en effet, que l’Etat augmente son train de vie en se permettant des dépenses de prestige surtout pour caser des militants à la légitimité douteuse. La Ca 2000 puis le Fal promettent de supprimer cette institution budgétivore. Robin des bois, Me Wade en fait son affaire personnelle. Il la dissout d’un trait de plume. Mais, c’est pour la restaurer le 31 janvier 2007 sous des oripeaux moins reluisants pour un démocrate : 35 sénateurs sur cent sont élus par un second collège ; les 65 restants lui doivent leur nomination.
Suppression du Conseil économique et social
Dans la batterie d’engagements pris par le Fal figure en bonne place la suppression du Conseil économique et social. Arrivé au pouvoir, Me Wade ne perdit pas de temps pour matérialiser cet engagement. Le 9 mai 2003, il fit remplacer l’institution que dirigeait Famara Ibrahima Sagna par le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales dont l’essentiel des membres était nommé par lui. C’est ce qui s’appelle reprendre par la main gauche ce que l’on a jeté par la droite.
Réduction du nombre de députés
Par la grâce de l’amendement Niadiar Sène, le régime socialiste avait porté le nombre de députés de 120 à 140. Une mesure qui lui valut une levée de boucliers de la part de larges franges de l’opinion en butte à l’impératif de survie. La Ca 2000 d’abord, le Fal ensuite promirent de ramener le nombre à 120. Leur candidat, Abdoulaye Wade, s’engage à en assurer l’effectivité…jusqu’en 2006 où il fit voter par sa majorité une loi ramenant le nombre à 150, c’est-à-dire 10 de plus que ce qu’il décriait.
Restauration du quinquennat
La Constitution de 2001 avait ramené la durée du mandat de 7 à 5 ans. Me Wade ne se l’appliqua pas préférant faire jouer la non-rétroactivité des lois. Réélu en 2007 pour un second mandat de 5 ans, le même projette de réviser la disposition constitutionnelle pour restaurer le septennat.
Ainsi, les seuls bastions demeurés jusque-là imprenables –pour combien de temps encore ? - face au bulldozer libéral sont la loi qui interdit à un député de démissionner de son parti et de continuer à conserver son mandat et la limitation du nombre de mandats à deux. Encore que sur le premier, un amendement initié par le jeune député Samba Bathily avait tenté de le faire tomber. Avant de faire flop.
0 Commentaires
Participer à la Discussion