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Politique

ENQUETE SUR LES TRACTATIONS POUR L’APRÈS WADE : Les dauphins sortent de l’eau !

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ENQUETE SUR LES TRACTATIONS POUR L’APRÈS WADE : Les dauphins sortent de l’eau !

N’empêche, des noms de présumés dauphins sont cités, des tractations menées et des shadow-coalitions entre responsables travaillées. D’autant que Wade a la latitude de choisir, en dehors des surprises qui peuvent apparaître, entre un dauphin légitime, un dauphin électoral, un dauphin biologique, un dauphin institutionnel et un dauphin auto-programmé. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs forces et faiblesses ? Sur qui peuvent-ils compter ? Qui seront les faiseurs de roi ? Enquête.

Macky Sall : l’étrangement solitaire

Pour avoir conduit la campagne électorale du candidat Wade, Macky Sall peut être un dauphin légitime, d’autant qu’il est le numéro II du Parti démocratique Sénégalais (Pds). C’est un acquis et Macky Sall le sait. A ses proches, il confiait avant la tenue de la présidentielle : «tout ce que je veux, c’est conduire le Président à la victoire pour qu’il termine ses chantiers déjà entamés». Mais, derrière le Macky «qui n’a aucune ambition», comme lui et ses proches se plaisent à le répéter,  se terre un Sall qui est en train de se positionner. D’ailleurs, comment peut-il en être autrement ? Aujourd’hui, la principale faiblesse du natif de Fatick, c’est qu’il est étrangement seul. «Son rang de Premier ministre et sa posture de numéro II du Pds devaient lui permettre de tisser des liens solides au sein du gouvernement. Malheureusement, les choses ne se déroulent pas ainsi. Aujourd’hui, ses rares soutiens réels sont Aïda Mbodji, Awa Diop, Abdoulaye Faye et Aliou Sow. Mais, il suffirait que le président de la République indique la direction pour que ces derniers le lâchent sans remords. Il avait de bonnes relations avec Ousmane Masseck Ndiaye, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui». En réalité, les seuls vrais amis de Macky Sall sont Serigne Mboup, Serigne Ababacar Diop et Assane Mbaye, tous responsables au niveau de la Cis dont il est le patron. «Ils n’ont pas un poids politique réel, mais ils ne le lâcheront jamais. C’est sûr !», tranche une source au fait des secrets des libéraux. Macky n’a pas beaucoup d’amis, mais des ennemis, il en a plusieurs : «il ne s’entend pas avec Pape Diop. Il en est de même avec Aminata Tall et Modou Diagne Fada. A l’heure du choix, s’il y a un candidat autre que Macky Sall, il ne serait pas surprenant que ces derniers le soutiennent». N’empêche, l’actuel Premier ministre a un atout : il est mouride. Et dans ce pays, Touba est incontournable. «Macky n’est pas le mouride genre Me Madické Niang. Il devrait forcer sur la dose comme Wade par exemple», conseille un analyste. Hanté par le syndrome Idrissa Seck, Macky refuse d’afficher ses ambitions, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Une erreur ? «Lors des renouvellements du Pds à Tambacounda, des mauvaises langues sont allées dire au Président qu’il se substituait à lui, comme le faisait jadis Idrissa Seck. Mis au courant, Macky a voulu tout laisser tomber et revenir sur Dakar. C’est avec peine qu’on l’en a dissuadé», confie une source. Le plus grand danger pour l’actuel occupant de la Primature, c’est de perdre son poste avant l’heure du choix. «Ce n’est pas la nature de Wade de garder un numéro II durant cinq ans. L’histoire du Pds le prouve. Mais bon, un miracle peut toujours se produire. Car, à l’heure du choix, mieux vaut être le dernier Pm du gouvernement», fait remarquer un responsable libéral. 

Pape Diop : la naïveté consciente

En cas de vacance de pouvoir du chef de l’Etat, c’est Pape Diop qui assure l’intérim et organise des élections 60 jours après. En tant que président de l’Assemblée nationale, il peut devenir un dauphin institutionnel. Derrière son visage calme, et son air désintéressé, se cache un homme très ambitieux. En résumé, affirme un de ses proches : «Pape Diop cultive une certaine naïveté consciente. Il fait semblant d’être naïf, mais c’est tout le contraire, car il ne l’est pas !». Comme tout le monde, Pape Diop nourrit le secret désir de devenir président de la République et il commence à tracer les limites de son territoire. Et discrètement ! «Remarquez que toutes les réalisations faites dans la capitale ne sont pas attribuées à l’Etat, mais à la mairie de Dakar où Pape Diop a placé ses parents à tous les postes clefs». Riche comme Crésus, son atout majeur est d’avoir l’oreille du Président. «Wade le consulte sur tout. A un moment donné, les décisions ne sortaient pas du quator Wade-Idy-Karim-Pape Diop. C’est cela, sans doute, qui lui a donné des idées. Il est très proche du Président, malgré les rumeurs. En fait, avant l’alternance, Pape Diop constituait l’un des principaux bailleurs de Wade et du parti», confie un interlocuteur. D’ailleurs, il n’est pas rare que recevant des militants voulant organiser une manifestation, Wade leur dise seulement : «Allez voir Pape Diop». Plus proche de Karim que de Macky, il demeure, cependant, que le Président de l’Assemblée nationale n’est pas un bagarreur. «Certes, il lui arrive parfois de hausser le ton. Par exemple, quand il n’aime pas un maire d’une commune d’arrondissement de la capitale, il ne l’aide pas. Pourtant, je suis sûr que si Wade ne le désigne pas en tant que dauphin, il ne se battra pas», confie une source qui reconnaît que «c’est le plus représentatif de tous les responsables de Dakar. A part lui, il n y a pas de vrai responsable à Dakar».

Idrissa Seck : le fils qui s’est pesé

Il se considère toujours comme libéral et, si, malgré l’épisode judiciaire de plusieurs mois (qui risque de continuer ?) il a rencontré à quatre reprises Wade, il ne faut jurer de rien quant à l’avenir de ses relations avec celui dont il fut le directeur de cabinet, puis le Premier ministre. Son score additionné avec le candidat Wade donne plus de 70 %. Idrissa Seck, un bon dauphin électoral ? «S’il revient dans le parti, il ne devrait pas avoir de problèmes pour s’entendre avec Modou Diagne Fada, Aminata Tall ou Pape Diop. Mais, il ne s’entendra jamais avec Karim Wade ou Macky Sall», affirme un responsable libéral sous le sceau de l’anonymat. A la différence des autres, Idrissa Seck est fortement convaincu de son destin présidentiel. «C’est depuis l’école, ça ! On lui donnait 100 Fcfa par jour, et il remettait la moitié au chauffeur pour qu’une fois arrivé devant l’école, ce dernier descende du véhicule pour lui ouvrir la porte arrière ! », confie un proche du maire de Thiès. Bête de la communication, fin politicien, l’homme est également inébranlable. «Quand Wade faisait sa dernière conférence de presse pour le menacer de ses foudres, il était en train de faire du squad à Saly. Le jour de la fronde des députés, un proche est venu l’avertir et lui dire que tout le monde pensait qu’il était derrière. Au lieu de s’inquiéter, il s’est mis à rigoler en jouant au foot avec un de ses enfants», signale un membre de son entourage. Riche, populaire, très intelligent, il traîne un sérieux handicap : son arrogance. «S’il ne change pas, cela va le perdre», confie un interlocuteur. «Il est très intelligent, très calé politiquement, mais son côté Wade demeure toujours. Parfois, il prend des décisions sans avertir personne. Il se méfie de tout le monde. Parmi ses proches, rares sont ceux qui étaient informés de son audience surprise avec Wade. Rares sont, également, ceux qui étaient au courant de son retour sur Dakar après un long séjour en France», signale une source proche du maire de Thiès.

A la différence des autres responsables du Pds, il a l’avantage de posséder un bastion, c’est-à-dire une ville qu’il contrôle à lui seul, sans l’appui de personne : Thiès. Mais Wade a dit lors de sa conférence de presse que son dauphin ne sera jamais Idrissa Seck. «N’est-ce pas aussi Wade qui l’avait accusé publiquement avant de le blanchir ? Ils se connaissent tous les deux. Avec eux, il faut s’attendre à tout», avertit un observateur.

Karim : de Dubaï à l’avenue Senghor?

Fils du président de la République, président exécutif de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci), on lui prête des ambitions présidentielles. Ce qu’il ne cesse de démentir, et c’est son père qui est monté au créneau la dernière fois pour venir à son secours. Celui qui clame qu’il veut être maire de Dubaï dit en privé que tout ce qui lui importe, c’est de travailler pour le Sénégal. N’empêche, dans l’éventualité d’un dauphinat biologique, le fils du chef de l’Etat, comme tout le monde, a ses forces et ses faiblesses. Le fait de ne parler couramment wolof constitue un handicap sérieux pour le fils du Président. «C’est un sérieux handicap au Sénégal. L’autre handicap, c’est qu’il n’est pas politique et il ne connaît pas assez le pays», reconnaît un interlocuteur. Pour combler cette lacune, Wade-Junior prend des cours pour maîtriser la langue nationale. Et si malgré tout Wade désignait Karim comme dauphin  ? «S’il le désigne, c’est sûr que tous ceux qui n’aiment pas Macky s’alligneront derrière lui», prédit un analyste. Et si c’est Macky Sall qui est désigné ? «Il aura le soutien de Karim». Beau la politique ! Homme de réseau, manipulateur à sa guise, tueur au sens politique, le fils du Président, même s’il n’est pas désigné, sera sans doute le premier faiseur de roi. «Ses forces ? Avant tout son carnet d’adresses et ses relations. Bref, les forces de Wade sont ses forces. Il soutient quelqu’un, celui-ci passe. Il combat quelqu’un, ce dernier tombe. Le sang est fort», soutient un responsable libéral. Pour ceux qui ne le savaient pas, des sortes de mouvements de soutien émanent petit à petit à travers le pays pour «soutenir » Karim. Mais l’acte le plus important, en ce sens, a été posé par le leader du Rassemblement pour le peuple (Rp), Serigne Mamoune Niasse. Selon les confidences qu’il a lui-même faites à Serigne Saliou Touré, représentant du khalife général des mourides à Touba, il est allé rencontrer un ministre d’Etat et lui a manifesté son désir de soutenir Karim Wade comme dauphin de son père, tout en l’invitant à faire pareillement. Le ministre d’Etat et le marabout ont par la suite rencontré le Président de la République pour l’informer de leur décision. Qu’a dit Wade ? Nos sources l’ignorent. En tout cas, tout en faisant le compte rendu à Serigne Saliou Touré, Mamoune Niasse, sur initiative propre, lui a demandé de tisser une toile pour Karim au niveau de la ville sainte de Touba. Le représentant du khalife général des mourides à Thiès a-t-il accepté ? «Il lui a dit que ces choses-là ne l’intéressaient pas», croit savoir une source sûre.

Djibo Kâ : héritage libéral pour un socialiste ?

«Je veux être quatrième président de la République», necesse-t-il de dire. Dauphin auto-programmé, il s’est invité dans la succession de Wade. Leader de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), il est cité comme l’un des meilleurs ministres du gouvernement par le chef de l’Etat dans des confidences recueillies par Cheikh Diallo. Malheureusement, selon toujours le chef de l’Etat, dans  «Si près, si loin Wade», Dlk n’est pas de son parti, et s’il a compris ça, c’est parce qu’il a tout compris. Et si Dlk était désigné dauphin ? «Quoi ? Personne ne l’acceptera. Wade ne léguera jamais son héritage à un socialiste. C’est un élément étranger, c’est tout juste une proximité politique qui le lie au chef de l’Etat», pense savoir un responsable libéral. N’empêche, il est arrivé qu’en privé, le chef de l’Etat parle de sa «retraite» au «petit berger peulh». Fin politicien, tête pleine et vrai dialecticien, son premier handicap c’est le fantôme du 14 mars 2000. «Au sein du gouvernement, on feint de s’entendre avec lui, mais ses amitiés sincères, ce sont les anciens du Ps», confie un responsable Pds. Et avec Macky Sall ? «Bon ils s’entendent comme ça. Parce que les gens prêtent à Dlk beaucoup de choses. Par exemple, vouloir fondre son parti dans le Pds et être Premier ministre». Est-ce un pêché ? «Non, mais ici chacun protège son fromage». Bref, même de formation socialiste, le ministre de l’Economie maritime bénéficie d’une influence certaine auprès du chef de l’Etat : «il a beaucoup conseillé le Président dans l’affaire Idrissa Seck», pense savoir une source.

Ce n’est là que des projections et analyses, mais tout peut se passer avant 2012. «Il y a des personnes dans l’ombre, et ne soyez pas surpris qu’elles soient elles aussi de la course». Parmi elles, le ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy ? «Il est très proche de Wade. Au soir du scrutin du 25 février, il était le seul à s’enfermer avec lui pour suivre les résultats. C’est important» confie une source.   Mieux : «il fallait le voir quand il assurait l’intérim du Premier ministre. Il a beaucoup savouré ce moment et certains ministres le raillaient dans les coulisses», confie une source sûre. Le Garde des Sceaux a aussi des relations internationales solides pour être un ami intime de Koffi Anan, ancien boss de l’Onu. Ils sont entrés à l’Onu le même jour.

Il y a aussi Cheikh Tidiane Gadio. Vrai ou faux, on lui prête des ambitions. «Il a de très bonnes relations internationales. Et vous savez, l’accession de Yayi Boni à la tête du Bénin fait a naître des idées. Comment analysez-vous la mise sur place d’un mouvement de soutien par les amis de Gadio. Il est intelligent, beau parleur avec un solide carnet d’adresse», raille un observateur. Mais aussi…Aminata Tall. «Si elle affiche ouvertement ses ambitions, c’est parce qu’elle se dit que les gens qui postulent à la Primature ou à la Présidentielle ne sont pas plus intellectuels ou populaires qu’elle. Mais, comme Wade a refusé de lui donner un poste de ministre des Affaires étrangères, on la voit mal demander la Présidence. Elle est à ranger dans le cercle des faiseurs de roi», croit savoir un responsable libéral. Et Modou Diagne Fada ? «2012, c’est dans cinq ans, tout peut se passer. Fada est jeune et a beaucoup de militants. Il garde au fond de lui beaucoup de frustration. Imaginez qu’à la veille de son départ du gouvernement, Macky Sall l’avait reçu pour lui annoncer une promotion. En lieu et place, on l’a débarqué. Il lui en veut toujours, même si un ami a fait beaucoup de tractations pour les réunir autour d’une même table». Et Ousmane Masseck Ndiaye ? «Avec son ami Omar Sarr, il peut facilement contrôler le Nord. Il sera incontournable comme faiseur de roi, si lui-même ne postule pas». Autant de projections, qui annoncent une bataille au sein de la famille libérale. Ce qui fait nourrir des craintes : «le Ps, s’est disloqué lorsque Diouf a porté son choix sur Tanor. On espère que ce ne sera pas le cas dans notre parti», confie un responsable libéral.



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