Elle se fait un peu trop discrète au moment où Idrissa Seck entre en politique sous sa bannière propre. Awa Guèye Kébé, ancienne ministre et une des personnalités préférées de l’ancien Premier ministre, s’enferme dans un mutisme qu’elle-même ne veut pas expliquer.
Elle est (était ?) en principe la caution «féminine» de Idrissa Seck, une sorte de bras droit genre. Comme Wade en possède avec Aminata Tall et Awa Diop. Comme Tanor Dieng en a avec Aminata Mbengue Ndiaye. Comme bien d’autres chefs de partis politiques n’en ont pas. Une figure de proue en mesure de capter un électorat national dont plus de la moitié est composé de femmes. Loin d’être un phénomène de mode, la mise en évidence du rôle des femmes est devenue une exigence de victoire, à tout le moins une réalité incontournable, même si les appareils politiques, souvent machistes, font de la résistance. Or donc, il apparaît aujourd’hui que Awa Guèye Kébé (AGK), proche collaboratrice de l’ancien Premier ministre, en compagnie duquel elle a été exclue du Parti démocratique sénégalais (Pds, au pouvoir) pour activités dites fractionnistes, disparaît de la circulation. Depuis plusieurs semaines, il n’a pas été donné à l’opinion publique de constater qu’elle serait engagée dans les activités liées à l’«élargissement» des bases d’influence d’Idrissa Seck. AGK est silencieuse jusqu’à l’extrême. Femme médiatique quand les circonstances l’exigent, elle s’éclipse du devant de la scène politique pour on ne sait quelle raison, au moment justement ou son mentor entre en politique sous sa bannière propre. Interrogée vendredi dernier par Le Quotidien à propos du retour de l’ex-Pm à Dakar, elle avait répondu ne pas être au courant. Plus loin, elle s’était quelque peu lâchée : «Je ne peux pas me rendre à un accueil dont je ne suis pas informée.» Un des lieutenants de Seck interpellé là-dessus trouve la parade en ces termes : «Vous savez, tout le monde n’était pas présent à l’arrivée de Idrissa. En outre, on était tous ensemble, aujourd’hui, y compris Awa Guèye Kébé.» Puis, un cours bref sur la différence entre «le temps de la stratégie» et «le temps de l’action». N’empêche, face à ce qui ressemble sinon à un malaise du moins à un mystère dans les rapports entre Awa Guèye Kébé et tout ou partie de la garde rapprochée du maire de Thiès, Le Quotidien a encore sollicité l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille et du Développement social. «Madame, on a vu presque tout le monde à l’accueil de monsieur Idrissa Seck, sauf vous. Qu’est-ce qui se passe ?» Un instant de réflexion, elle répond par une double question : «On cause ou quoi ? Vous faites un article dessus ?» «Oui, j’en suis à un projet de papier.» Peine perdue. «Dans ce cas, je ne peux pas vous parler, renvoie-t-elle. Je souhaite ne pas aborder cette question. Je suis vraiment désolée.»
En fait, AGK semble persévérer dans une posture de retrait perceptible depuis la mise en place d’un comité de coordination au service des ambitions présidentielles de Monsieur Seck. C’était à Saly Portudal les 14, 15 et 16 juin 2006 en présence d’Omar Sarr, Ndèye Maguette Dièye, Serigne Mor Mbaye, Waly Fall, Pape Diouf, Samba Bathily, Nguirane Ndiaye, etc.
Invitée, Madame Kébé n’avait pas daigné répondre à l’appel. Néanmoins, dans la répartition des postes de responsabilité effectuée à cet effet, celui d’organiser le mouvement des femmes lui avait été confié. Or, des proches d’Idrissa Seck indiquent clairement que AGK est dans une dynamique d’obtention de responsabilités autres que celles liées à la «simple» sphère des femmes. C’est une option anti-sexiste mieux en phase avec sa «stature nouvelle» d’«homme d’Etat».
Le refus de Awa Guèye Kébé de communiquer sur l’état de ses divergences politiques supposées avec des orientations définies à l’intérieur du clan Seck, prolongé durablement dans le temps, ne participe pas à instaurer la cohésion recherchée entre les principaux responsables. Qu’y a-t-il de plus simple que de dire : «Non, il n’y a aucun problème.» Le débat en serait clos. AGK est peut-être dans le temps de la stratégie pour Rewmi.
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