Existe-t-il une différence entre la démarche de l’opposition qui a abouti à la tenue des Assises nationales et l’appel à la nation de Me Abdoulaye Wade, au lendemain du boycott des élections de novembre 1984 par le Pds? La question a tout son pesant d’or, et pour cause. Dans ledit appel à la nation, comme l’écrit notre confrère Marcel Mendy, dans son ouvrage, «Wade et le Sopi La longue marche», l’opposant Wade, convaincu que le pays traversait une crise multiforme, déclarait : «À l’heure, enfin, où de sombres périls se profilent à l’horizon et se conjuguent, pour menacer notre existence, je prends, devant le pays, la responsabilité de lancer le présent appel à toutes les Sénégalaises et Sénégalais. (…). Afin qu’ils rassemblent leurs forces, pour relever le défi». Et, pour convaincre les plus sceptiques, il poursuit, «il est des moments dans la vie des peuples où s’embarrasser de querelles inutiles, de polémiques, d’invectives, confine à l’inconscience par ignorance de l’essentiel». Alors, fredonnait Me Wade : «Mes chers compatriotes, je sais qu’en ces graves circonstances, le peuple sénégalais souhaite profondément une concertation entre les organisations de masse, les forces démocratiques et les bonnes volontés. C’est pourquoi nous devons, tous, sans délai, nous atteler à cette exigence hautement patriotique». Fait saisissant : le régime de Diouf n’avait pas, à l’époque, brandi la crosse en l’air, histoire de menacer les différents segments de la vie, afin qu’ils ne répondent pas favorablement à l’appel du chef de file du Pds.
Autre dénominateur commun dans la démarche de l’opposition et celle de l’opposant Wade : leur refus de reconnaître le verdict des urnes. Seulement, Dansokho et cie n’ont pas poussé le bouchon plus loin que le chantre du Sopi. En effet, en février 1988, non seulement, Wade avait refusé de reconnaître les résultats du scrutin de l’époque, mais aussi, il s’était autoproclamé vainqueur de celui-ci. Ainsi, disait-il, en prison : «Étant actuellement privé de ma liberté, je vous prie d’indiquer à Monsieur le président de la Cour suprême que je lui demande, conformément à la Constitution, de prendre toutes les dispositions, pour ma prestation de serment et mon installation dans les fonctions auxquelles j’ai été élu par la majorité des leaders». Autant dire que c’est comme si l’histoire se répétait, à la seule différence, bien sûr, que les Assises nationales ont eu l’onction de 74 organisations de la société civile.
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