Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

ENTRETIEN AVEC… Insa SANGHARE, chargé de mission à la Présidence, trésorier de Rewmi : «La Cap 21, c’est des chefs de partis professionnels»

Single Post
ENTRETIEN AVEC… Insa SANGHARE, chargé de mission à la Présidence, trésorier de Rewmi : «La Cap 21, c’est des chefs de partis professionnels»

Montée subite. C’est le sort que le destin a réservé à Insa Sankharé, professeur de Mathématiques sans histoires, chargé de mission à la Présidence de la République, celui par qui Rewmi est né. Calme et posé, apparemment nonchalant, cet homme de 48 ans dont on sait que le parti n’est pas un mastodonte, justifie son départ de la Cap 21 et se veut lucide quant au choix porté sur l’ancien Premier ministre.

Qui êtes-vous Insa Sankharé ?

Je dois préciser que je suis Chargé de mission à la Présidence de la République et jusqu’à ce lundi (Ndlr : avant-hier) j’étais encore secrétaire général du Front pour le progrès et la justice (Fpj), un parti membre de la Cap 21. Je suis né le 27 mars 1958 et suis professeur de Mathématique. En adhérant à la mouvance présidentielle, le Fpj avait un objectif précis.

Lequel ?

Il s’agissait d’accompagner le chef de l’Etat dans l’exécution de son ambitieux programme, de faire des propositions constructives pour améliorer les conditions de vie des Sénégalais. Par contre, nous n’avions pas pour objectif de défendre l’indéfendable, de cautionner tout ce qui viendrait de l’Exécutif. Nous n’avions également pas pour mission de faire dans l’injure et l’insulte à tour de bras à l’égard de l’opposition. Nous avons fait une analyse objective de la situation politique et économique de ce pays. Il y a certes des avancées significatives opérées par le régime de Me Wade, mais beaucoup reste à faire.

Comme quoi ?

Les Sénégalais, dans leur grande majorité, sont confrontés à d’énormes problèmes au quotidien. Il y a la question de l’énergie, il y a surtout le problème de l’éducation. L’éducation doit être la cheville ouvrière de toute politique de développement, sinon le développement reste une illusion. Des enseignants sont allés en grève, mais je n’ai cessé d’attirer l’attention des décideurs sur la nécessité de les recevoir pour discuter avec eux, car ce sont des gens que je connais et avec qui j’ai servi dans l’enseignement et milité dans des partis politiques et syndicats. Ce sont de grands patriotes qui ne sont pas en mesure de saborder l’école sénégalaise qu’ils ont contribuée à construire brique par brique. Ils portent des revendications légitimes, il fallait discuter avec eux. Malheureusement, des tenants d’une ligne dure ont prôné le radicalisme, d’où le pourrissement de la situation, d’où la catastrophe qu’a été le Bac cette année. C’est pourquoi, le problème reste entier avec la rentrée qui s’annonce (…)

Vous vous êtes rebellé alors.

A un moment donné, un homme politique doit privilégier les intérêts généraux de la Nation avant les intérêts individuels. C’est pour cette raison que nous avons changé d’orientation. Nous ne pouvons pas être comptables d’un tel bilan.

Ce changement de cap, vous l’avez décidé quand ?

Il y a quelques mois.

Quand exactement ?

Il y a quelques mois. Le déclic a été la grève des enseignants. La gestion en a été calamiteuse. Il nous fallait prendre du recul, analyser la situation et définir de nouvelles perspectives. Alors, il y a eu le choix du Premier ministre Idrissa Seck.

C’est M. Seck qui vous a contactés ou c’est vous qui êtes allés vers lui ?

Nous sommes un parti politique souverain, nous prenons nos responsabilités en toutes circonstances. Qu’il nous ait contactés ou que ce soit nous qui sommes allés vers lui ne me paraît pas important, car c’est le résultat qui comptait pour nous.

C’était quoi le résultat ?

Nous avons vu en lui quelqu’un avec qui nous partageons des valeurs profondes comme la loyauté, la fidélité, le patriotisme et surtout la compétence dans la gestion. Alors, nous avons pensé devoir faire un compagnonnage avec lui. Un parti politique qui se respecte ne fournit pas tous les détails de son action. Je dis simplement que nous avons pris nos responsabilités en faisant en sorte que la jonction soit possible. Aujourd’hui, cette jonction a été réalisée. Au début, nous avions pour ambition de prendre part aux législatives de février 2007 sur la base d’un programme orienté dans le sens des intérêts du peuple. Or, le programme de redressement du Premier ministre (Ndlr : Idrissa Seck) répond à toutes nos attentes dans ce sens.

Pour réaliser cette jonction, qui a fait le premier pas vers l’autre ? Votre parti ou Idrissa Seck ?

(Il s’énerve un peu) C’est nous-mêmes, après analyse de la situation et des perspectives, qui avons décidé librement d’aller vers le Premier ministre. J’ai répondu à votre question ?

Oui merci. Vu votre appartenance à la Cap 21, en plus d’être membre du Cabinet du président de la République, n’avez-vous pas l’impression aujourd’hui d’être un traître ?

Mais de quelle appartenance politique vous parlez ? Dans la Cap 21, l’exercice favori est d’injurier les opposants. Je ne m’apparente pas à cette famille. En y adhérant, je voulais accompagner le chef de l’Etat. Cela, je l’ai fait. Sur toutes les questions qui nous étaient soumises, notre parti a fait des propositions constructives. Maintenant, c’est le terme du mandat. Il s’agit de choisir un nouveau président. Nous n’avons trahi personne, absolument personne.

Vous avez donc la conscience tranquille ?

Absolument (trois fois) ! Vous me ferez même tort d’évoquer une quelconque trahison ! Au fond, la Cap 21 c’est quoi ? C’est un groupe… (hésitations). Excusez-moi, je ne voudrais pas dire quoi que ce soit. La Cap 21, ce n’est pas vraiment la structure à laquelle vous pensez. Je ne pense à aucun type de structure…

Si c’était seulement la Cap 21 ! Vous étiez également Chargé de mission au Cabinet du vprésident de la République.

Mais je suis un fonctionnaire de l’Etat.

A quel titre étiez-vous au Cabinet du président ? En tant que fonctionnaire ou comme allié politique ?

Bon… J’ai été nommé Chargé de mission par le président de la République en tant que fonctionnaire. C’est en ma qualité de professeur de Mathématique que j’ai été nommé à ce poste. J’intervenais sur les questions d’éducations et sur d’autres. Mais là également, j’ai fait mon travail de la façon la plus loyale.

Comment se sont passés les préparatifs du congrès du Cices ?

(Il coupe) Au contraire, je dirai que c’est plutôt la Cap 21 qui m’a trahi.

C’est-à-dire ?

S’il y a trahison, c’est la Cap 21 qui a trahi parce que ce n’est pas l’orientation que nous pensions trouver dans cette structure. Il s’agissait pour nous de faire en sorte qu’il y ait une amélioration remarquable des conditions de vie des Sénégalais, que nous puissions tous ensemble formuler des propositions concrètes et pertinentes pour la bonne gouvernance et pour le développement économique et social du Sénégal. Mais nous ne pensions pas que nous avions pour rôle de chanter les louanges de qui que ce soit à longueur de journée, d’injurier tous ceux qui sont de l’autre côté.

Comment se sont déroulés les préparatifs de votre congrès ?

Il n’y a pas eu à proprement parler de préparatifs. Ce congrès était inscrit à notre agenda. C’est le Bureau politique qui en a fixé les objectifs, qui les a soumis au Comité directeur qui, à son tour, les a approuvés. Nous avons suivi et respecté toute cette procédure. Notre premier objectif était la restructuration du Front pour le progrès et la justice en revisitant nos textes fondateurs, en y introduisant des changements institutionnels et, au besoin, en changeant la configuration des organes dirigeants. Le deuxième objectif était l’investiture d’un candidat à la présidentielle. En tant que parti souverain, nous avons la possibilité de discuter avec qui nous voulons.

Comment votre choix s’est-il porté sur Idrissa Seck ?

Le Bureau politique du Fpj a fait un appel à candidatures ; la candidature d’Idrissa Seck a été retenue. Nous l’avons proposée au congrès qui l’a entérinée. C’est tout. Un parti a le droit de changer de dénomination, c’est inscrit dans la Constitution, c’est inscrit dans le décret 76-040 qui organise les associations. Nous n’avons fait qu’user de ces droits par leur exercice naturel. Il y a eu donc changement de dénomination, de couleurs, de sigle, de symbole. Il y a eu changement de direction à l’issue de laquelle Idrissa Seck a été porté à la tête du parti Rewmi.

Et vous voilà trésorier.

Je suis le trésorier de Rewmi, mais en fait ce n’est pas important pour moi. Ce qui prime, c’est de réunir les conditions pour améliorer la vie de nos compatriotes. Si je devais être un simple militant de Rewmi, je m’y consacrerai. L’intérêt du peuple sénégalais, c’est d’être avec Idrissa Seck.

Dont vous avez été finalement le cheval de Troie ou le sous-marin, pour certains.

Si c’est dans l’intérêt du pays, je l’accepte. Encore une fois, je suis constant. Si je pense que cet intérêt n’est pas pris en compte, je me repositionne. Il nous fallait être dans un cadre pour lutter d’une autre façon. Mais au fond, au sein de la Cap 21, on n’a pas besoin d’un cheval de Troie. Pour chanter les louanges du président de la République à longueur de journée, comme cela se fait dans la Cap 21, point n’est besoin d’un cheval de Troie.

Il y a un mois, vous étiez en pourparlers avec M. Seck ?

Vous pensez que nous avions du temps à perdre avec les histoires de la Cap 21 ? Mais la Cap 21, c’est quoi en réalité ? C’est un groupe de personnes soucieuses de certains avantages, qui passent leur temps à injurier les opposants et à chanter les louanges du chef de l’Etat. C’est tout. C’est cela la définition de la Cap 21. La seule structure qui y fonctionne, c’est la Conférence des leaders (…) Il n’y a pas beaucoup de ressources humaines de qualité. La majorité ont un niveau d’instruction très peu élevé. Il y a plutôt des chefs de partis professionnels, sans le niveau de conception qu’exige la politique.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email