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Politique

Entretien avec...Khadim GUEYE (Ex-Dg de la Sonacos) : ‘Je n’envisage pas de retrouvailles avec Aminata Tall’

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Entretien avec...Khadim GUEYE (Ex-Dg de la Sonacos) : ‘Je n’envisage pas de retrouvailles avec Aminata Tall’
Khadim Guèye et Aminata Tall ne sont pas près de fumer le calumet de la paix à Diourbel. Pour sa part, l'ex-Dg de la Sonacos n'envisage pas d'éventuelles retrouvailles avec l'édile de sa ville d'ici aux prochaines élections législatives. Et il s'en explique dans l'entretien qu'il nous a accordé et parle des difficultés qui attendent le Parti démocratique sénégalais aux législatives de juin.

Wal Fadjri : Par quelle magie Wade a-t-il pu gagner à Diourbel où son parti était traversé par d'importantes dissensions ?

Khadim Guèye : Diourbel a largement contribué à la réélection du président Wade avec un score de plus de 56 %, mais il faut regarder vers l’avenir et faire une analyse critique et détaillée des résultats de la présidentielle. Deux situations se présentent. Il y a les collectivités locales où Wade a obtenu moins de 50 %. C’est le cas des communautés rurales de Ngohé avec 36 %, de Ndindy, fief du président de la fédération Pds, où Wade était au coude à coude avec Ousmane Tanor Dieng qui a obtenu 1 073 contre 1 175 pour notre candidat. Dans la commune, au quartier Thierno Kandji, fief du maire de Diourbel, Wade n’a pas obtenu 50 %. Et il faut reconnaître que n’eût été l’excellent travail de proximité mené par Mamadou Tall, on n'aurait pas pu réduire l’écart qui nous sépare de l'opposition depuis des années. C’est d’ailleurs la première fois que le Sopi arrive devant le Parti socialiste, mais le paradoxe est que toutes les voix de l’opposition réunies font 52%. Ce qui signifie que les 56% de notre candidat dans le département ont été obtenus grâce aux apports des quartiers comme Médinatoul qui polarise le plus grand effectif électoral de la commune où Wade a obtenu 76 %, Mame Cheikh Anta avec 65 % et le quartier Cheikh Ibra Fall (60%). En zone rurale, il a obtenu 54 % à Ndoulo, 63 % à Gade et 60 % à Keur Ngalgou. Le parti doit faire une analyse de ces résultats. Sur les quinze candidats, les Diourbellois ont choisi celui de la coalition Sopi 2007 et je pense que ce sera la même démarche lors des législatives. Ils vont regarder le profil des candidats qui leur seront présentés et choisiront les personnes en qui ils ont confiance. Mais pour les législatives, elles seront plus regardantes sur le profil des candidats que sur le partis qui les investiront.

Wal Fadjri : Est-ce à dire que les législatives ne seront pas une promenade de santé pour les libéraux et leurs alliés ?

Khadim Guèye : Pas du tout, puisque seules 7000 voix nous séparent de l’opposition dans le département et ce sont les voix de Wade. Diourbel a voté Wade pour la présidentielle compte tenu de son charisme, de ses réalisations dans le pays et de ses projets pour l’avenir. Mais, avec les législatives, ce sera une affaire de représentation locale. Les populations seront libres de choisir les députés en qui elles ont confiance pour l’avenir de leur terroir. C’est dire que les 7000 voix seront un enjeu de taille. Ce sera une dure bataille et tout dépendra des personnes qui seront investies sur la liste départementale du Sopi. La preuve, lors du passage du candidat de la coalition Sopi 2007, les populations ont manifesté leur hostilité à l’égard du secrétaire général de la fédération. On nous a soupconnés d'être derrière ces huées alors que ce jour là, on a préféré accueillir notre candidat et rentrer chez nous. Je profite de l’occasion pour dire que le temps doit être révolu de voir une seule personne investie de responsabilités ministérielles depuis sept ans. Au cours des sept années d’alternance, Diourbel n’a bénéficié que d’un seul poste de ministre détenu par une seule et même personne. Or, vu les ressources humaines dont nous disposons, les personnalités politiques de Diourbel méritent de siéger au Craes, au Sénat, mais aussi d’occuper d'autres portefeuilles ministériels. Cette fois-ci, nous espérons que la politique du président Wade va beaucoup évoluer pour que les populations puissent voir en lui l’homme providentie

Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas d'être laissé en rade lors des investitures .

Khadim Guèye : Le parti doit analyser les résultats des communes et communautés rurales avant d’investir des responsables qui seront incapables de gagner. A Diourbel, les populations nous rappellent souvent qu’elles ont confiance en Wade, mais n’accepteront plus certains choix portés sur des personnes qui ont été incapables de traduire en acte concret la vision du président Wade. Personnellement, je ne crains absolument. Je ne m’accroche pas à tel ou tel poste. En parlant de responsabilité à confier aux Diourbelois, j’ai utilisé le pluriel. Pour vous dire que les choix ne doivent pas à se limiter à Khadim Guèye ou Aminata Tall seulement. Des ressources humaines compétentes issues du département sont dans les dispositions de servir leur pays. Maintenant, pour les investitures, j’ai mon électorat que je mobilise lors chaque compétition depuis que je milite au Pds en 1992. Dieu merci, je n’ai jamais perdu une seule élection à la section de Médinatoul. Et au niveau départemental, mes collaborateurs qui sont devenus de véritable compétiteurs portent haut le flambeau du parti dans les communautés rurales naguère hostiles au Pds .Il s’y ajoute qu’au niveau sportif, j’ai eu à diriger plusieurs clubs du département, plus le poste de directeur général de la Sonacos qui m’ont permis de tisser des relations avec les populations de la commune et des communautés rurales.

Wal Fadjri : Seulement, le Pds hésite à vous faire confiance, suite aux bulletins de renseignement vous faisant passer pour un proche d'Idrissa Seck.

Khadim Guèye : Un grand parti au pouvoir doit se doter de moyens pour avoir de vraies informations. Le parti a confiance en moi ou pas, ce n’est pas mon problème. En tout cas, à chaque occasion, nous avons montré notre engagement militant par de grandes mobilisations et nous n’avons jamais milité en dehors du Pds. Ensuite, le parti doit faire attention pour avoir subi des revers sur la base de fausses informations fournies par des hommes à des agents de renseignements qui ne font pas l’effort d’aller sur le terrain pour vérifier. En 2002 par exemple, nous avons perdu la communauté rurale de Ngoh qui est la plus riche du département avec un budget de plus de 100 millions, à cause de mauvaises investitures basées sur de fausses informations. C’est aussi le cas à Tocky. A Ndindy, aujourd’hui, il faut batailler ferme pour barrer la route aux socialistes. Pour dire vrai, le Pds pèche beaucoup dans le domaine de la collecte et de l’analyse des informations. On note parfois des prises de décision bizarres et si on les vérifie, elles sont non seulement erronées, mais parfois ridicules.

Wal Fadjri : Pourquoi continuez-vous à revendiquer la direction de la section communale du Pds alors que vous avez été destitué suite à un recours introduit par Aminata Tall après le renouvellement des instances par Macky Sall ?

Khadim Guèye : Non, je n'ai pas été destitué de la section communale. Tout cela participe de la campagne de désinformation orchestrée par des adversaires. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Déjà, en 1995, quand j'ai été élu secrétaire général de la fédération Pds avec 68% des voix, le secrétariat national avait décidé de geler la fédération sur la base d’informations qui n’étaient pas exactes. A l’époque, j’avais des raisons d’arrêter, mais j’ai décidé de poursuivre mon combat politique. En fait, les sections communales et les fédérations font l’objet de contestation à cause des batailles de positionnement. Au lieu de nous focaliser sur l’essentiel, on s’entretue. Voilà la maladie dont souffre le Pds. Et le socle sur lequel doit se battre la direction du parti est celui de l’unification qui n’est jamais facile dans un grand parti au pouvoir.

Wal Fadjri : Lors de la présidentielle, vous aviez mis sur pied une coalition malgré vos divergences. Elle était dirigée contre le maire, disent vos adversaires. Qu'en est-il ?

Khadim Guèye : Ce n’est pas une coalition. Ce sont les populations qui l’appelaient ainsi, mais c’est un comité électoral qu’on avait mis sur pied, après avoir été exclu d’un comité électoral. Tous les mouvements de soutien significatifs et les partis qui soutiennent Wade y étaient représentés, plus de grands responsables de section comme Mamadou Tall, Mbaye Diakhaté, Pape Koundian et des chefs religieux de la trempe de Sidi Moctar Mbacké. Notre objectif était d’occuper rationnellement le terrain pour faire gagner Wade, mais pas le départ du maire.

Wal Fadjri : Peut-on s’attendre à des retrouvailles entre Khadim Guèye et Aminata Tall ?

Khadim Guèye : Je ne crois pas qu’on puisse envisager des retrouvailles si les comportements ne changent pas. Il y a des attitudes qui ne feront que renforcer les dissensions. Il est impossible de parler de retrouvailles avec une personne qui fait de l’intoxication au moment où l’on cherchait un large rassemblement pour réélire le candidat Wade. Si quelqu’un se dit suffisamment fort, il n’a qu’à le démontrer sur le terrain pendant les batailles électorales. Aujourd’hui, 80 % de l’électorat du Pds est avec notre camp, vous avez les résultats par quartier et par village. Nous avions clairement dit avant la présidentielle qu'avec ou sans elle, Wade gagnera à Diourbel. Mais pour nous, le résultat le plus important est celui de la commune de Diourbel qui est de 62 % pour Wade. Au début de la présidentielle, nous nous sommes débrouillés avec nos propres moyens, parce qu’elle pensait qu’en nous privant de moyens, nous allions baisser les bras. Mais lorsque nous avons mis sur pied notre comité électoral, le parti a réagi en disant qu'il faut que nous soyons soutenus comme d'autres l'étaient.

Wal Fadjri : Les législatives, c’est dans deux mois et le programme Indépendance tant attendu tarde à se concrétiser. Aurez-vous des arguments de campagne pour ces élections ?

Khadim Guèye : Le programme Indépendance est un projet et les populations le savent. Il ne faut trop se focaliser sur ça. Pour ce scrutin, la meilleure façon de le remporter est d’investir les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Je me rappelle qu'en 2001, nous avions eu ce problème dans le département de Diourbel. Les députés investis n’étaient pas à la hauteur. Soit ils ont brillé par leurs absences, soit ils ont tenté en un moment donné de trahir le parti. Si de telles erreurs sont évitées, je ne crois pas que les populations se focalisent sur le programme Indépendance qui sera, à coup sûr, réalisé par le président de la République. Encore que dans les domaines de l’éducation et de la santé, la région de Diourbel a été gâtée par l’alternance avec la réhabilitation de l’hôpital régional qui est de niveau trois. Sans compter les dizaines de cases des tout petits et Cem de proximité construits dans le département.

Wal Fadjri : La succession de Wade est ouverte, d’âpres batailles de positionnement se profilent quel devra être la voie de salut pour le parti qui souhaite rester longtemps aux affaires ?

Khadim Guèye : Les problèmes de succession agités depuis la victoire du candidat Wade n’honorent pas les responsables que nous sommes. Je souhaite que le président n’y accorde pas une grande importance. Tous les responsables doivent aujourd’hui se focaliser davantage sur comment gagner les législatives. Une fois cette victoire obtenue, le préalable qu’il faut pour régner longtemps, comme le souhaite le président Wade, après son départ, c’est de satisfaire les Sénégalais dans leur écrasante majorité au cours de ces cinq années à venir par la réalisation d’un programme socio-économique de haute qualité, surtout à l’intérieur du pays. Régler les problèmes énergétiques, asseoir une bonne politique de l’eau, finaliser l’effort colossal fait au niveau de l’éducation et de la santé et surtout augmenter le revenu des populations par le biais d’une agriculture beaucoup plus forte, d’une industrie performante et compétitive, voilà où nous attendent les Sénégalais pour nous redonner confiance en 2012. Il s'y ajoute bien évidemment une bonne politique avec nos voisins, et la paix en Casamance. Une fois tout cela fait, il faudra à l’intérieur du parti procéder à des renouvellements avec vente de carte de manière saine et démocratique, et ne pas se baser sur un capital politique fondé sur l’ancienneté ou sur des responsabilités qu’on a occupées dans un gouvernement. Cela doit être révolu, car il est important à Diourbel par exemple de promouvoir l’émergence de jeunes cadres pour assurer la relève. La balle est maintenant dans le camp de la direction du parti qui doit mener la réflexion pour rompre avec le passé.



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