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Politique

Entretien avec MALICK DIENG ANALYSTE EN GESTION ET STRATEGIES DES POLITIQUES SOCIALES A BESANCON: « Une opposition vomie par le peuple, est condamnée à disparaître »

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Entretien avec MALICK DIENG ANALYSTE EN GESTION ET STRATEGIES DES POLITIQUES SOCIALES A BESANCON: « Une opposition vomie par le peuple, est condamnée à disparaître »

Faire de sorte que le monde, loin du tintamarre de l’opposition sénégalaise inepte et déconnectée des grandes mutations socio économiques politiques et sociales du XXIe, entérine l’apport colossal de Wade. C’est là, la tâche noble que Malick Dieng s’est juré de porter en bandoulière. Invité d’honneur du président Wade dans les prochains jours, l’auteur de « Wade, un symbole pour l’Afrique », n’a pu résister à l’idée de nous accorder cet entretien, dans lequel, l’intellectuel revient, de fond en comble, sur la situation politico-sociale du Sénégal. Entretien.

Quelle lecture faites-vous de la sphère politique sénégalaise ?

Il faut d’abord signaler, comme je l’ai fait dans mon ouvrage intitulé, « Président Wade un symbole pour l’Afrique, Editions Duboiris, 2008 » que le Sénégal est au banquet de la démocratie. Cette démocratie Wade l’a poussée plus loin que l’Occident car, loin d’être un abus du concept de liberté, la démocratie se conçoit dans une conscientisation et une responsabilisation citoyenne. Ce grand bond en avant est une vitrine en Afrique à travers lequel, chaque africain peut se regarder fièrement. Le Sénégal a mis à rude épreuve toute une pensée archaïque prônant la violence et la dictature comme mode de gestion des affaires en Afrique. Je vous expose brièvement pourquoi nous devons être fiers de notre avancée démocratique. En étudiant historiquement les grandes démocraties occidentales, nous nous sommes rendus compte que ces dernières partent sur des fondements de violence. Barrington MOORE est l’un des premiers qui ait tenté d’analyser, de manière systématique, les mécanismes historiques différentiels qui ont conduit des pays à la démocratie ou à l’autoritarisme. Sa recherche se situe à l’intérieur d’une problématique marxiste établissant un lien causal entre la dynamique économique du capitalisme et les superstructures politiques qui lui correspondent. Il fait œuvre originale en distinguant trois éléments déterminants des trajectoires politiques des pays considérés : le poids relatif de la classe bourgeoise, le type de structure agraire, enfin les potentialités révolutionnaires de la paysannerie. Le jeu de ces trois variables permet, selon lui, d’expliquer trois types de trajets politiques : révolution bourgeoise aboutissant à la démocratie occidentale (Grande Bretagne, Etats-Unis, France), révolution par le haut conduisant à la dictature (Allemagne, Japon), révolution paysanne conduisant au communisme (Russie de 1917, Chine de 1911). Ainsi, la violence prit-elle une large place dans son analyse. Or, l’alternance politique intervenue au Sénégal est également une source fondatrice de progrès. Si nous faisons le tour des différents secteurs politique, économique et social, nous nous rendons compte que des avancées significatives ont été réalisées. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que toutes les évolutions se font sous la douleur et les sacrifices que seuls les gens du progrès peuvent percevoir.

Malgré le bilan favorable de Me Wade certains soutiennent que la crise alimentaire qui prévaut résulte d’un laxisme politique de son régime. Partagez-vous cette opinion ?

Ceux qui le disent n’étudient pas en profondeur l’évolution du monde et des nouvelles règles qu’exige la mondialisation à outrance. Cette règle d’inflation frappe tous les pays du monde. Ici, en France, la crise, avec ses conséquences désastreuses, affecte les ménages, mêmes, les plus aisés. Les pays du Tiers monde comme le Sénégal sont lourdement frappés à cause de leur dépendance énergétique et alimentaire. Vous avez, la GOANA, si elle aboutit, replace définitivement le Sénégal dans la sphère des nations prospères. Il faut des initiatives de ce genre. Les potentialités agricoles de l’Afrique pourraient en faire le grenier du monde, avec ses 700 millions d’hectares de terres arables, soit cinq fois plus que les terres cultivées ou cultivables des U. S. A. Bien gérées, les terres africaines pourraient faire vivre trois fois plus de populations qu’aujourd’hui. Ce constat a été émis depuis les années 90 mais, n’a jamais trouvé écho chez les politiques de l’époque. Les stratégies de développement issues des élites précédentes avaient montré leurs limites. Dans la phase de transformation, durant laquelle, le centre de gravité de l’économie se déplace, petit à petit, vers des activités non agricoles dégage des surplus qui permettront de financer la phase d’industrialisation. Le régime n’a que 7 ans de règne et les résultats réalisés sont de loin plus intéressants que ceux des 40 ans du règne socialiste. Donc, à mon avis, il faut juger l’alternance par rapport à son intentionnalité. Même si elle n’est pas en acte, elle est en puissance. Vous voyez, de temps en temps, des pays africains venir s’enquérir de la voie de développement à travers le DSRP, les infrastructures, la démocratie. Donc, cette crise est mondiale et ne se résume pas à une mauvaise gouvernance comme le laissent entendre les pourfendeurs du régime. Les efforts consentis vont atténuer des risques catastrophiques sans pour autant annihiler totalement la flambée. Les grandes décisions de retour à la terre sont une des clés de résolution de cette crise. Je ne fais pas ici l’historique des causes qui ont conduit les pays africains en majorité à une dépendance alimentaire. Mais, la logique voudrait que l’on accuse le colonisateur et les régimes issus de la décolonisation.

Aujourd’hui, le Pds semble être en proie à une terrible guerre de leadership et de positionnement avec notamment l’irruption des concrétistes. Quelles seraient, à votre avis, les causes de cette divergence ?

Vous savez que le Pds est le premier parti d’opposition légale en Afrique fondé en 1974 par le Président Wade. Il a traversé toutes les épreuves de purgatoire, résisté à toutes les tentatives de déstabilisation. Il a acquis au cours des décennies de lutte, une maturité inégalée. Les fondements idéologiques qui l’animent n’ont pas varié et, aujourd’hui, ils sont en train d’inspirer les experts de la science politique. Le Pds a toujours respecté les éléments régulateurs de la société que sont les religions et les libertés. Parti de résistance, il pose ses propres mécanismes de consolidation politique et stratégique. Cette ténacité, issue des longues années de traversée du désert, ne peut écarter aujourd’hui un besoin de mutation et de refondation pour permettre aux nombreux sympathisants et convaincus d’y trouver leur place. Cette mutation ne doit, en aucun cas, occulter la ligne directrice et fondatrice tracée par la constante Maître Wade. Le réceptacle de toute cette nouvelle innovation politique ne peut se faire sans contradictions majeures. N’oublions pas que c’est dans cette contradiction que naissent et jaillissent les idées et la substance même de la démocratie du parti. Il ne pouvait y avoir de coexistence linéaire et soumise dans une démocratie mature comme la nôtre sans cette facette incontournable. Sa Victoire sur les partis marxistes et léninistes et son alliance avec certaines coalitions témoignent de cette phase incontournable de révision et d’orientation des mécanismes de son évolution. « Les rivières, pour continuer de creuser leurs sillons, charrient boue, débris et limons ». C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les querelles qui rythment son évolution. Un silence platonique dans ce parti serait assimilable à une dictature or, le Pds offre toute une opportunité de contestation et de discussion. C’est la raison pour laquelle, il est de loin plus structuré, plus démocratique, plus ouvert que les autres partis. Si nous observons l’évolution des autres partis comme le Ps, nous constatons que toute idée visant à remettre à plat le fonctionnement du parti est battue en brèche par les privilégiés. C’est la raison pour laquelle, une hémorragie perpétuelle sape ses fondements et les bases de sa survie.

L’opposition vient d’initier son dernier « salon ». Pensez-vous que les sénégalais ont bien saisi l’idée maîtresse de ces assises ?

Non je ne crois pas ! Et c’est pourquoi il urge de comprendre la position de l’opposition boycotteuse qui est fondamentalement paradoxale. En tournant le dos aux institutions légales, elle s’est auto exclue des sphères de décision. Elle a joué et perdu. Donc, il ne lui reste qu’une seule issue hypothétique, faire du tintamarre. Ils oublient que toute démocratie repose sur des fondements que les institutions consolident et garantissent. Dans une vision de haute portée, ils n’ont, en aucun moment, perdu de vue cette dimension myope de pouvoir, un jour, accéder aux ressources. Cette préoccupation ne colle plus avec les urgences et les orientations qu’exige un décollage économique. La nation est entrée dans une ère nouvelle de développement qui ne laisse plus de place à ceux dont les réelles motivations restent bassement alimentaires. La voie sénégalaise de développement et de démocratie est considérée comme une vitrine en Afrique. Parler de machine qui va se mettre en marche comme un rouleau compresseur et enflammer le pays, est mal connaître le peuple sénégalais, dont l’histoire politique stable ne se laissera jamais dorloter dans les entrailles de la violence. Sans programmes fiables ni propositions, l’opposition se conjugue au passé. Rares sont les partis d’opposition qui, en un moment donné, n’ont pas goûté aux délices du pouvoir. Leur composition laisse apparaître des suspicions dans la motivation des uns et des autres. Incapable de faire bloc et de reformuler des propositions actuelles, elle est condamnée à disparaître, vomie par le peuple lui-même. Le gros de la troupe est constitué par d’anciens membres du gouvernement qui ont été destitués et hais par le peuple. Il ne leur reste qu’à prêcher des discours de feu qui ont fini par agacer le peuple. A défaut d’une vision objective, elle continue de rater le train de l’histoire du Sénégal. Toutes les hypothèses sont évoquées par des fossoyeurs pour s’emparer du pays et assouvir des intérêts crypto personnels. L’idée maîtresse de cette force opposée ne rêve que des commandes du pouvoir. Les années de lutte et de réflexions pour arriver à construire une telle démocratie sont, aux yeux des détracteurs, des détails. On tente en vain de se substituer à l’homme par qui, le peuple continue à assurer sa continuité dans l’histoire. Sa rupture avec les modèles archaïques, les multiples trajectoires politiques ouvrent de nouveaux chapitres au Sénégal. Tout voyage du Président de la République est interprété comme une gabegie dans la mise en œuvre d’une politique stratégique de croissance. Il est avéré, pour cette opposition, que, dans tous les domaines, le régime est critiqué, loupant toutes les actions politiques, économiques et sociales. Si tel était le cas, le Sénégal serait assimilé à une jungle politico-économique. Ils sont allés plus loin dans leurs accusations sans fondements ni logiques contre l’alternance. Pour eux, les phénomènes sociaux et naturels défavorables peuvent être attribués au Président Wade. Les pluies qui tardent à tomber, les vents qui soufflent, les criquets pèlerins, les naufrages, sont imputables au régime. Cette posture criticiste mérite qu’on y apporte un éclairage théorique. Si le rôle de l’intellectuel et de l’honnête homme politique est d’éclairer le peuple, la majorité des nôtres passent à coté de l’essentiel. Aveuglés par des grilles de lectures critiques séculaires, ils n’ont d’autres issues que de se transformer en « snipers ». S’ils préconisent une plume de feu pour se faire entendre, c’est parce que leur connaissance des réalités est restée influencée et dosée par l’absence de visions rationnelles.

Et, si le président Wade avait concédé à y participer. En quoi cet acte allait se solder ?

Le Président a été élu de manière démocratique et transparente au premier tour d’élections auxquelles cette opposition a participé. Un an après, on organise « des assises » dans le pays le plus démocratique du continent, il y’a un problème. En ma qualité d’analyste, je ne sais pas sous quelle bannière, le Président Wade et son Parti y participeront. Y participer c’est cautionner l’ouverture à toutes dérives, à toutes inadéquations avec nos institution. Plus grave, ce serait porter un coup dure à la démocratie en ignorant que la majorité des sénégalais l’a élu au premier tour. Les initiateurs de ces assises peuvent être considérés comme dangereux pour toute démocratie dans la mesure où, ils oublient que la nature humaine demeure foncièrement sociale avant toutes considérations économiques, avant tout égoïsme. C’est d’ailleurs avec de tels individus que les africains continuent d’être considérés comme les maillons faibles de la marche du monde. Ce n’est pas avec eux que l’Afrique pourra se départir des méandres du sous-développement. Le Pds est un parti redoutable, une fois la grande famille réunie. Et, cette idée qui circule peut expliquer même la précipitation d’une certaine opposition à organiser des assises. Le rouleau compresseur qui est en formation autour du Pds avec l’émergence d’un élan patriotique nouveau ne joue qu’à la faveur d’une réunification de la grande famille libérale. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la ligne directrice du fondateur Wade doit rester intacte. Les nombreuses alliances des partis et des mouvements de soutien doivent être unifiées : la génération du concret, les partis qui se réclament de la matrice du Pds (Warwi, Rewmi).Une fois cette opération réussie, il sera difficile à l’opposition de se relever.

Retour d’Idrissa Seck dans la famille libérale ou divorce définitif, ce sont là des suppositions énoncées de part et d’autre. Cela signifierait quoi ?

Il m’est avis que le retour éventuel de Idrissa Seck dans la famille libérale peut être perçu, par les uns et les autres, comme une bouffé d’oxygène dans la mesure où le Pds est un parti capable de réinventer des stratégies défiant toutes prévisions. Avec ses 15% au premier tour des élections, statistiquement, il peut renforcer la dynamique et la puissance de la machine libérale. Mais, en politique, les stratégies varient selon les trajectoires menant à l’objectif. Les grandes sensibilités au Pds prouvent que, je l’ai dit tout à l’heure, il ne peut pas ne pas y avoir des querelles de tendances mais, au final, elles doivent être sources fondatrices de progrès.



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