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Politique

Entretien avec...Marie Thérèse DIEDHIOU, Responsable politique à Thiès et directrice générale de l’Adpme : ‘Il faut des moyens conséquents pour remporter la bataille de Thiès’

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Entretien avec...Marie Thérèse DIEDHIOU, Responsable politique à Thiès et directrice générale de l’Adpme : ‘Il faut des moyens conséquents pour remporter la bataille de Thiès’
Si les moyens dégagés à Ziguinchor pour appuyer Abdoulaye Baldé l’avaient été à Thiès, le Pds n’aurait pas connu la déconfiture dans cette ville lors de l'élection présidentielle. Selon Marie Thérèse Diédhiou, qui connaît Robert Sagna sait qu’il est un roc et qu’il a fallu des moyens énormes pour le déboulonner à Ziguinchor. Et ce sont ces moyens qui ont fait défaut à Abdou Fall, Mbaye Diouf et autres responsables libéraux de Thiès en février dernier.

Wal Fadjri : On vous connaît femme de développement, peut-on savoir quand et comment vous êtes venue en politique ?

Marie Thérèse Dièdhiou : Je suis dans le milieu de la politique depuis mon plus jeune âge, depuis Senghor. Quand j’étais encore élève, j’ai été exclue et interdite de fréquenter toutes les écoles publiques de ce pays pour des raisons politiques. J’étais alors en classe de 3e. J’ai alors eu la chance, avec tous les élèves d’alors qui étaient dans le même cas que moi, d’être récupérée par un abbé qui m’a inscrite au centre Lebré. Les cours nous étaient dispensés par des professeurs d’université catalogués de la gauche. C’est dans ce centre où j’ai décroché mon Bac ,avant d’aller poursuivre mes études en France. Pour dire que j’ai toujours évolué dans le milieu de la politique. Il faut dire que j’ai été très proche des maoïstes et des trotskistes, Landing Savané étant mon cousin. Mais je n’ai jamais cru à l’idéologie. Mon combat était plutôt pour le pluralisme politique au Sénégal .et la démocratie.

Wal Fadjri : Et pourtant vous êtes aujourd’hui une libérale.

Marie Thérèse Dièdhiou : Il ne faut pas oublier que j’ai été dans le cabinet de Me Wade quand il était le chef de l’opposition sénégalaise et que j’ai pris part à tous ses combats politiques. J’ai toujours voté pour lui. Mais sachez que j’ai milité pour l’homme Wade et non par idéologie. Un autre détail très important qu’il ne faut pas occulter est que j’ai des liens de parenté par alliance avec l’oncle d’Idrissa Seck, Alioune Badara Niang. Je suis la sœur de l’épouse d’Alioune Badara Niang et par conséquent cousine par alliance d’Idrissa Seck. Aussi vous comprendrez que j’appartiens à une famille qui fait dans la politique. Mais ce n’est qu’en 2002 que j’ai décidé de m’investir politiquement à Thiès. C’était pour appuyer l’équipe municipale du Pds dans cette ville. Avec la confusion qui s’est par la suite installée dans le parti à Thiès, j’avais pris sur moi de prendre du recul afin d’y voir plus clair.

Wal Fadjri : Comment se fait-il que vous soyez de la même famille qu’Idrissa Seck et qu’aujourd’hui vous vous retrouviez dans deux camps différents ?

Marie Thérèse Dièdhiou : Je vous l’ai dit. Je suis une cousine par alliance d’Idrissa Seck, mais n’empêche nous sommes dans deux camps opposés. Et ce n’est pas facile. Quand je dois passer la nuit à Thiès, je suis aujourd’hui obligée d’aller dans un hôtel de la place, car ma famille ne comprend pas que je puisse être avec Abdoulaye Wade. Mais ce choix est le mien et je l’assume. Car tout ce que j’ai aujourd’hui, je le dois à Wade et à personne d’autre. Quand Idy était encore tout puissant, je n’avais rien. Il n’a rien fait pour moi. Ce que je suis devenue, je le dois au président Wade et je le soutiens. C’est d’ailleurs ce qui explique mon implication politique dans la ville de Thiès. Je suis venue m’opposer à Idy pour appuyer le président Wade.

Wal Fadjri : Et malgré cet appui, Idy vous battu à Thiès à plate couture lors de la dernière présidentielle.

Marie Thérèse Dièdhiou : Qui me connaît sait que je suis une battante qui n’ai peur de personne. Si j’avais eu les moyens, je lui aurais fait face et les choses ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Si les mêmes moyens dégagés par le parti à Ziguinchor pour appuyer Ablaye Baldé l’avaient été à Thiès, le Pds n’y aurait pas connu la déroute. Si Abdou Fall avait eu le même appui que celui dont Baldé a bénéficié, nous aurions pu ensemble battre Idrissa Seck même s’il a avec lui l’institution municipale. Car qui connaît Robert Sagna sait qu’il est un roc et qu’il a fallu des moyens énormes pour le déboulonner à Ziguinchor. Il n’est pas du tout évident qu’un Baldé puisse battre un Sagna, un Diédhiou ou un Tamba, entre autres noms, en Casamance. Il ne faut pas aussi oublier que Robert Sagna détient, tout comme Idrissa Seck, une institution communale. La seule différence est que non seulement les moyens n’ont pas suivi à Thiès, mais aussi que le parti est inexistant dans la ville.

Wal Fadjri : Pourtant, des gens qui soutiennent qu’Abdou Fall a reçu beaucoup de moyens et a échoué.

Marie Thérèse Dièdhiou : Ces allégations sont fausses. Moi, je ne roule que pour le président Wade. Je ne suis ni pour Abdou Fall ni pour personne d’autre. Mais la réalité est que quand je venais à Thiès, je n’ai trouvé qu’Abdou Fall et lui seul. Aussi me suis-je vu obligée de travailler avec lui. Ces gens qui font ces allégations, s’ils veulent des boucs émissaires, qu’ils les cherchent ailleurs. Abdou Fall a fait ce qu’il devait et pouvait faire. N’oublier pas que quand il décidait de venir à Thiès, ce n’était pas du tout évident. Thiès était un terrain incandescent. Nul n’osait y mettre les pieds. Il a osé et il est venu. Et si Thiès est aujourd’hui pacifié, c’est à lui qu’on le doit. Je vous ferai savoir qu'au moment de la toute puissance d’Idrissa Seck, je suis venue à Thiès pour voir Mbaye Diouf en prison. Si je ne l’avais pas vu, c’est parce que le régisseur de l’époque avait peur de me laisser entrer. Je savais pourquoi Idy a jeté Mbaye Diouf en prison. Revenant à Abdou Fall, j’ai toujours soutenu qu’il fallait que l’on pense à réhabiliter le parti à Thiès. Pour ce faire, il faut un leadership fort autour de qui le parti devra se refaire. Et à ce propos, Abdou Fall est le plus indiqué.

Wal Fadjri : Que dire alors des anciens du parti ?

Marie Thérèse Dièdhiou : Où étaient-ils quand je venais à Thiès ? Qu’ils cessent ce genre de discours qui prône l’ancienneté. Je vous surprendrai peut-être, mais j’ai beaucoup d’admiration pour Aïda Mbodji. Elle a certes ses défauts, mais aussi ses qualités. Elle sait ce qu’elle veut et aide beaucoup le président dans son œuvre. Pourtant, c’est elle qui l’avait surnommé ‘Fantômas’. Et pour l’attaquer certains brandissent cet argument et c’est ce même argument qui fait qu’elle a quelque chose à prouver. Elle s’évertue à faire comprendre au président que ces propos n’étaient que politique, mais aussi qu’il faut qu’il les oublie. Aujourd’hui, beaucoup d’anciens responsables n’arrivent pas à l’égaler sur le terrain. Nul doute qu’Aïda Mbodji a apporté une valeur ajoutée au Pds. Que ces anciens-là se souviennent que ce n’est pas le Pds qui a porté Me Wade au pouvoir en 2000, mais bien une coalition. Qu’ils acceptent donc de s’ouvrir et de faire de la place aux nouveaux venus. L’ancienneté n’est pas un argument. Le président l’a d’ailleurs compris en investissant Mbaye Diouf à Thiès.

Wal Fadjri : Après avoir été battus à Thiès pendant la présidentielle, comment comptez-vous engager les législatives ?

Marie Thérèse Dièdhiou : Il faut que le parti sache ce qu’il veut. Il est temps qu’il comprenne que ce n’est pas en envoyant des responsables à Thiès qu’il arrivera à résoudre l’équation thiessoise. Les responsables locaux peuvent eux-mêmes solutionner le problème. Il suffit tout simplement de leur donner les moyens de travailler. Mais pour l’heure, il n'y a rien dans cette ville, sinon de bonnes volontés qui se débrouillent avec les moyens du bord. Comment expliquer que jusqu’à présent, Thiès ne soit pas encore mise sous délégation spéciale alors qu’il n’a pas de maire ? Nul doute que ceux qui l’ont empêché, travaillent contre les intérêts du parti. Le maire est absent, son premier adjoint est un militant de la Ld/Mpt, Nguirane Ndiaye qui assure la fonction de maire fait ce qu’il veut. Ainsi, le Pds est dans l’opposition à Thiès. La conséquence en a été que bon nombre de militants libéraux n’ont pas pu s’inscrire puisqu’on a refusé de leur fournir des extraits de naissance. Ainsi beaucoup d’électeurs n’ont pas pu voter. Un autre phénomène survenu pendant la campagne a aussi été déterminant. Les jeunes s’étaient mobilisés pour être des délégués dans les bureaux de vote, mais des problèmes sont survenus entre eux et certains ont décidé de sanctionner non pas le parti, mais les responsables, car la confusion était telle qu’on ne savait plus qui faisait quoi. L’Ujtl butait sur de réels problèmes de moyens.

Wal Fadjri : Malgré les très fortes sommes d’argent qui auraient été déversées dans la ville ?

Marie Thérèse Dièdhiou : A qui on a donné cet argent ? Qui sont-ils ? Ce à quoi on a assisté, c’est des gens qui ont débarqué dans la ville et disant solutionner l’équation thiessoise. On leur avait certes fait savoir que les responsables thiessois étaient incapables. Ils sont venus, mais ont fini de montrer leurs limites. Ce qu’ils ignoraient quand ils débarquaient, c’est qu’il y avait dans cette ville des jeunes qu'Idy avaient mobilisés et qui l'obéissaient du doigt à l’œil. Des jeunes qui ne le connaissaient pas, mais à qui on avait réussi à faire comprendre que les chantiers de Thiès sont bien l’œuvre de leur maire. Et cela allant de soi, ils avaient décidé de le soutenir.

Wal Fadjri : Est-il encore possible de renverser la tendance ?

Marie Thérèse Dièdhiou : Bien sûr qu’il est possible de renverser la tendance. Idrissa Seck a fui. Et puis, ce qui s’est passé à Thiès n’est qu’un feu de paille. Idy le sait, sinon pourquoi a-t-il décidé de boycotter les élections ?

Wal Fadjri : Une façon de dire que le boycott vous arrange.

Marie Thérèse Dièdhiou : On ne peut pas dire que le boycott ne nous arrange pas à Thiès. Loin de vouloir en profiter, nous en avons tiré les leçons. Il nous arrange et pour nous, il ne sera jamais question de report. Mais cela n’empêche pas que le parti doit nous appuyer. Il n’y a pas que les partis de l’opposition dite significative qui sont présents à Thiès. D’autres y sont et sont décidés eux aussi à tirer leur épingle du jeu.

Wal Fadjri : Partagez-vous l’idée de ceux qui soutiennent que les investis thiessois ne font pas le poids ?

Marie Thérèse Dièdhiou : Non ! Je pense qu’ils peuvent bien représenter la ville de Thiès à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi nous avons décidé de nous mobiliser autour d’eux afin de les encadrer. Tous les cadres thiessois sont autour d'Abdou Fall pour leur apporter tout l’appui dont ils ont besoin pour bien mener leur campagne, renverser la tendance et relever en même temps le taux de participation. Il faut que le cas de Ziguinchor fasse école. Il faut des moyens conséquents pour remporter la bataille de Thiès.



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