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Politique

ENTRETIEN AVEC… Nkrumah Sane, secrétaire général adjoint du Mfdc : «Les alliés de l’Etat du Sénégal sont disqualifiés à la succession»

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ENTRETIEN AVEC… Nkrumah Sane, secrétaire général adjoint du Mfdc : «Les alliés de l’Etat du Sénégal sont disqualifiés à la succession»

Il est l’une des dernières personnes à voir l’Abbé Augustin Diamacoune avant qu’il ne rende l’âme. C’est l’un à qui l’Abbé s’est confié avant de mourir. Nkrumah Sané, par ailleurs, secrétaire général adjoint du Mfdc basé en France, tranche le débat sur la succession de Diamacoune. De même, prévient-il que le mouvement reste dans sa dynamique de réclamer sa liberté.

Comment Diamacoune a-t-il vécu ses derniers instants ?

Ce qui m’a frappé en lui, c’est la dignité et la sérénité dans lesquelles il s’est maintenu jusqu’à son dernier souffle. L’appel qu’il n’a jamais cessé de lancer à mon endroit pour la poursuite de son combat pour la vérité, la justice et l’équité. La paix en Casamance, pour lui, ne peut se faire avec le bricolage. C’est une paix de vérité. C’est dire que le peuple casamançais doit retrouver sa liberté.

Quel est le contenu que vous donnez au mot paix ?

Le contenu que notre regretté secrétaire général donnait à la paix, c’est la liberté du peuple casamançais.

Il vous a instruit de continuer le combat. Maintenant, comment va s’organiser sa succession ? La succession de l’Abbé Augustin Diamacoune Seghor qui était notre secrétaire général va se faire dans le cadre des institutions du Mfdc. Nous vous le ferons connaître quand celles-ci et les membres du Mfdc, branche politique et Atika, en décideront en accord avec les institutions. Un communiqué vous sera envoyé.

Que disent vos textes sur la succession ?

Les textes ont bien désigné le secrétaire général et son adjoint. Mais, ça, c’est ce que les institutions avaient préconisé. Entre la date de la mise en place des ces institutions et aujourd’hui, il y a une vingtaine d’années. Ainsi, les membres qui composent ces institutions définiront, en fonction de la situation d’aujourd’hui et de demain. En conséquence, ils désigneront le successeur définitif de notre regretté secrétaire général.

Des noms sont déjà avancés. D’aucuns vous désignent alors que d’autres pensent à Jean-Marie François Biagui…

Les journalistes ont toujours la liberté de désigner qui ou celui qui doit succéder à Diamacoune. Ce sont des pronostics et cela fait partie de la liberté de la presse et des journalistes. Donc, nous leur laissons cette liberté. Et ce sont les institutions du Mfdc qui départageront les uns et les autres qui ont fait des pronostics.

Mais vous êtes candidat à la succession ?

Vous ne pouvez pas me faire dire ce que je ne veux pas dire et je ne voudrais pas le dire avant que les textes du Mfdc et les membres qui le composent ne fassent leur arbitrage.

Où est-ce que l’arbitrage doit se tenir ? En Casamance ou à l’extérieur ?

L’arbitrage se fera dans les instances régulières du Mfdc ici à l’extérieur et dans le maquis. Mais, si c’est en Casamance, vous risquez d’être disqualifié si l’on sait que vous vivez en France…

Ces institutions du Mfdc ne sont pas basées à Dakar. Elles sont basées en Casamance dans la partie libre où se trouvent les combattants du Mfdc. Ensuite, elles sont à l’extérieur où se trouve le Conseil extérieur du Mfdc.

Si le choix des institutions se porte sur vous. N’auriez-vous pas des problèmes à diriger le mouvement d’autant que vous n’êtes pas sur le terrain ?

Le Général De Gaulle, pour libérer la France, ne l’a pas fait à partir de Paris. Il l’a fait à partir de Londres. Malheureusement pour le peuple sénégalais, il n’était pas obligé de faire la guerre pour se libérer, tous les pays qui se sont libérés avec les armes à la main l’ont été avec leur leader à l’étranger. Donc, ce n’est pas une première dans le monde. C’est une constante.

L’on note nombres de branches au sein du Mfdc et chacune réclame la légitimité, on peut citer Biagui entre autres. Avez-vous des alliés en Casamance ?

Je ne sais pas ce que vous appelez alliés. Mais, je voudrais vous dire que tous ceux que vous citez sont des personnes que les gouvernements successifs du Sénégal ont fabriqué. La preuve est qu’ils sont basés à Dakar. C’est à eux d’aller en Casamance pour tenir des meetings au nom du Mfdc. Mais, c’est clair que ces gens sont disqualifiés pour succéder à Diamacoune dès l’instant qu’ils ont choisi librement de s’aligner avec l’ennemi du peuple casamançais. En effet, ils tireront les conséquences de leur collaboration avec l’ennemi.

A qui d’autres faites-vous allusion ?

Je ne cite personne. Ceux à qui je m’adresse savent et quand ils seront amenés à répondre des déclarations que je viens de faire, ils le diront eux-mêmes.

Quelle est la suite que vous allez donner aux accords de paix que Diamacoune avait signés avec l’Etat du Sénégal ?

Au moment où il signait ces accords, vous n’avez jamais vu son secrétaire général adjoint à ses côtés. Nous l’avons déjà dit dans un communiqué qui a été envoyé à la presse sénégalaise. Depuis le 17 mars 1993, le jour auquel l’Etat du Sénégal a kidnappé notre secrétaire général en Guinée -Bissau et amené à Ziguinchor sur une civière manu militari, nous avions dit ceci : «Tout ce qu’on lui fera dire, lui avec Sidy Badji, si ce n’est pas la liberté du peuple casamançais, toutes ses déclarations et signatures seront nulles et nul avenu.»

Dans la déclaration que vous avez publiée, vous reprenez une citation de Diamacoune disant à l’Etat sénégalais : «Si vous ne négociez pas de mon vivant, mon cadavre s’avèrera plus dangereux…» Qu’est-ce à dire ?

C’est à l’Etat sénégalais de répondre, car il tirera toutes les conséquences de son acharnement pour éliminer systématiquement tout Casamançais.

N’est-ce pas là des menaces ?

Ce sont les autorités sénégalaises qui ont menacé les Casamançais qui soient à l’intérieur de la Casamance ou à l’extérieur. Elles ont lancé un mandat d’arrêt contre moi. C’est aujourd’hui, une légitimité internationale et mondiale, de bouter dehors l’occupant à laquelle aucun gouvernement ne peut reprocher au peuple casamançais.

Quand est-ce que le corps de Diamacoune sera à Dakar ?

Dès demain (aujourd’hui), nous allons commencer à entreprendre des démarches et quand elles seront terminées, nous vous dirons la date à laquelle le corps sera acheminé en Casamance.

Vous ne serez pas présents aux funérailles. Est-ce que cela ne vous fait pas mal ?

Cela fait partie de la lutte des libérations des peuples. Souvenez-vous que le roi Diatta d’Oussouye a été arrêté par les colons français en ce même mois de janvier 1903. Ils l’ont laissés mourir dans la prison de Oussouye et ils se sont même contentés d’amener son corps pour le traiter à Paris. L’histoire, étant une très belle enseignante, voilà le cheminement de celui qui l’a remplacé. Diamacoune, lui aussi de Oussouye, par ce que les autorités sénégalaises lui ont fait subir, a rendu l’âme, à Paris. Je pense et je souhaite que son corps enterré à Oussouye ou en Casamance et que le squelette du roi Diatta le suivront.



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