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Politique

Entretien avec… … OUSMANE TANOR DIENG, Premier secrétaire du Parti socialiste : «Nous voulons des élections non bâclées à date due»

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Entretien avec… … OUSMANE TANOR DIENG, Premier secrétaire du Parti socialiste : «Nous voulons des élections non bâclées à date due»

Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste (Ps), de retour d’un périple au cours duquel il a rencontré ses camarades de l’Internationale socialiste et de France, jette un regard critique sur la situation politique, sociale et économique du Sénégal. Entre autres questions abordées avec lui, la crise scolaire actuelle et le processus électoral. Sur le premier aspect, il trouve que les enseignants auraient dû faire la correction des examens, alors que sur la question électorale, M. Dieng juge qu’il faut revenir à l’ancien fichier pour éviter des élections bâclées.

La crise scolaire prend une tournure nouvelle avec la plainte du président de la République contre une partie des syndicats d’enseignants. La démarche vous paraît-elle opportune et justifiée ? Des problèmes de cette nature ne peuvent être réglés que par la concertation et le dialogue. Le gouvernement a laissé pourrir la situation, parce que les enseignants avaient déposé leur préavis depuis plus de huit mois, dit-on. Il aurait dû, dès ce moment-là, commencer les discussions. Et à un ou deux mois des examens, une solution définitive devait être trouvée. Si véritablement la pomme de discorde repose, aujourd’hui, sur une différence d’appréciation de 5 000 francs CFA, ce n’est pas acceptable. Ce gouvernement qui dit que l’argent coule à flot, qui a donc les moyens, ne devrait pas laisser la situation être bloquée pour cette somme. De toutes les façons, on finira par le dialogue et la concertation ; c’est par là qu’on aurait dû commencer. Il me semble que les mesures envisagées par le président de la République de porter plainte devant le Bit et le Conseil des droits de l’Homme rentre dans le cadre d’un bras de fer. Or, cela n’est pas nécessaire. Ce qu’il faut, c’est qu’il rencontre les syndicats d’enseignants puisque, malheureusement, dans ce pays tous les problèmes se règlent au niveau du président de la République. Il y a quelques, efforts à faire, car ce type de question devrait normalement être réglée au niveau gouvernemental. Mais, puisque c’est ainsi que marchent les choses, il faut que Me Wade, qui a une responsabilité particulière en tant que chef de l’Etat, décante la situation.

Et aux enseignants, vous dites quoi ? Je leur ai déjà dit qu’ils auraient dû corriger les examens et, ainsi, prendre l’opinion à témoin que par ce geste de bonne volonté, ils montrent leur attachement aux préoccupations des parents et des élèves. Immédiatement après, enclencher la discussion. Là, nous serions tous avec eux, y compris les parents, les élèves et l’opinion, pour les appuyer. Mais, tactiquement, il ne me semble pas une bonne formule de refuser la correction des examens.

En recevant les membres du Comité de suivi du Pacte républicain, le chef de l’Etat a interpellé Mamadou Diop Castro pour lui rappeler l’alliance, sous le régime de Diouf, entre la Ld/Mpt et le Pds pour bloquer le système éducatif. Vous le saviez, cela ? En tout cas, c’est un aveu de taille. Nous soupçonnions que, derrière les agissements de l’opposition, il y avait des considérations politiques et même politiciennes. C’était un moyen de nous affaiblir. De la part de l’opposition, c’était de bonne guerre. Mais là, c’est vraiment un aveu de Me Wade qui reconnaît ainsi que, en matière de transport comme dans le domaine scolaire, c’est lui et ses alliés de l’époque qui bloquaient ces institutions.

Vous feriez comme lui ? Pas du tout ! Je ne fonctionne pas comme cela. C’est la raison pour laquelle je dis que si j’étais à la place des enseignants, stratégiquement, je ne serais pas allé jusque-là où ils sont allés. J’aurais fait prendre les dispositions pour que les copies soient corrigées dans un premier temps et exercer ensuite des pressions sur le gouvernement avec l’apport de tous. Mais, chacun a sa stratégie. Il y a des personnes qui pensent qu’il faut faire feu de tout bois une fois qu’elles sont dans l’opposition. Ce n’est pas ma conception.

C’est une pratique populiste ? C’est une pratique par laquelle l’opposition ou ceux qui usent de cette procédure pensent que tous les moyens sont bons pour faire aboutir sa cause, son combat. C’est un point de vue que je respecte ; je ne le partage pas.

Vous avez connu l’opposant Abdoulaye Wade. Vous pratiquez Wade, président de la République. Est-il un homme d’Etat, selon vous ? Je ne peux pas juger pour dire, de quelqu’un, s’il est un homme d’Etat ou pas. C’est un jugement de valeur. Ce que je peux constater par contre, c’est que Me Wade a évolué sur beaucoup de questions. Il fait référence, aujourd’hui, fréquemment, à la République en disant qu’il faut être républicain. Il dit même que nous, de l’opposition, nous ne devons pas faire ce que lui faisait, puisque ni le contexte ni la situation ne sont les mêmes. J’espère que quand lui et ses hommes retourneront dans l’opposition, ils continueront à avoir cette position qu’ils défendent, aujourd’hui, dans le gouvernement. Ce qui fait la constance d’un homme, c’est d’avoir les mêmes attitudes et les mêmes comportements dans des postures d’opposition comme de pouvoir. Si, dans notre pays, nous arrivons à avoir plusieurs alternances, cela permettra d’asseoir une pratique gouvernementale et une pratique d’opposition qui soient à un niveau digne de notre démocratie.

Si vous deviez le comparer à Abdou Diouf ? Ils sont totalement différents. Moi, c’est Abdou Diouf que je connais. J’ai eu avec lui des rapports particuliers ; il me faisait confiance et nous avons travaillé dans des conditions excellentes. Nous gardons aujourd’hui, lui et moi, les mêmes relations. Abdoulaye Wade, je ne l’ai pas connu. Je le juge donc en tant qu’opposant. Sur ce plan, il est totalement différent de Abdou Diouf qui était, lui, attaché au consensus. C’est cela qui me semble extrêmement important. Vous voyez que lorsqu’il s’est agi de produire un Code électoral consensuel, Abdou Diouf a fait discuter l’opposition et demandé qu’on n’en change pas une virgule. Abdoulaye Wade, lui, estime que, à partir du moment où c’est lui qui a la majorité à l’Assemblée nationale, des questions ne méritent pas d’être discutées. Il les envoie à l’Assemblée qui tranche. Ce sont des mesures unilatérales. Toutes ces lois majeures, fondamentales, qui ont été votées puis promulguées ensuite par lui, sont des lois sur lesquelles l’opposition et le pouvoir auraient dû discuter pour préparer la matière. Pour que la matière électorale ne fasse pas naître des conflits demain, elle doit d’être consensuelle. Là, Abdou Diouf me semble plus attaché à la recherche du consensus. Abdoulaye Wade, lui, pense que c’est le fait majoritaire qui doit tout organiser.

En matière de consensus, il semble que le pro-cessus électoral en soit très déficitaire. Ah oui ! C’est toujours le fait accompli, l’«unilatéralisme» dans la matière électorale. Pour la mise en place de la Commission électorale nationale autonome (ndlr : Cena), nous avons discuté du texte. Mais, une fois que nous l’avons mise en place, le consensus s’est arrêté. Le choix des membres a été unilatéral. Aujourd’hui, on ne lui donne pas les moyens ; chaque fois, le ministre de l’Intérieur prend des décisions unilatérales et appelle l’opposition pour lui rendre compte. Or, la bonne formule serait que, chaque fois, le ministre recherche le maximum possible un consensus. Maintenant, faute de consensus, c’est le président de la République qui décide. On ne peut pas continuer, sans dommages pour notre démocratie, à prendre des décisions sans consulter la classe politique.

Au vu du déroulement du processus électoral, peut-on supposer que les contentieux sont en marche ? C’est manifeste ! Sur le fichier électoral, il y a déjà les germes d’un contentieux, puisque la manière dont les choses sont menées n’est pas correcte. Dans le monde rural, dans les régions de Matam, Tambacounda, Kolda, il y a des Sénégalais qui risquent de ne pas être inscrits. Aujourd’hui, avec l’installation de l’hivernage, ces populations ne sont plus joignables et elles ne le seront qu’à la fin de la saison des pluies. Est-ce qu’il est normal qu’on puisse faire des élections, alors qu’il y a des zones entières où les gens ne sont pas inscrits ? Cela me paraît anormal. Il est manifeste également que pour le problème de la distribution des cartes, il doit y avoir des commissions spéciales. Une chose est de confectionner des cartes, une autre est de les distribuer. En ce qui concerne la comparaison que fait le ministre de l’Intérieur, je lui ai dit, plusieurs fois, que ce n’est pas acceptable de comparer le fichier actuel avec l’ancien fichier.

Pourquoi ? Pour l’ancien fichier, ceux qui venaient s’inscrire avaient déjà une carte d’identité nationale. Donc, le fait de venir s’inscrire est une manifestation de la volonté d’aller voter. Mais, chez ceux qui s’inscrivent actuellement, les uns le font pour avoir une carte d’identité nationale, les autres veulent une carte d’électeur. La comparaison est donc impossible. Aujourd’hui, on ne saura jamais quel est le fichier électoral réel jusqu’au jour où les gens viendront voter. Le danger qu’on va avoir est le suivant : on sera peut-être à 4,5 millions ou 5,5 millions d’inscrits. On peut parfaitement imaginer qu’au moment du vote, on se retrouve avec 1,5 million ou 2 millions au maximum qui votent. Alors, pour les autres, qu’est-ce qu’on va considérer ? Sont-ce des gens qui se sont abstenus ? Quelle sera la crédibilité d’une telle élection ? Avec le fichier ancien, les personnes qui venaient avaient la volonté de voter.

La triple révolution annoncée par Ousmane Ngom n’aura pas lieu alors ? Je n’ai jamais cru à ce qu’il appelle révolution parce que c’en était pas une. La révolution, c’était de tout numériser ! Pas de numériser les cartes d’électeur et les cartes d’identité en laissant le vote manuel. Le vote, il reste manuel, non ? On vote comme on a toujours voté. Ce n’est pas une révolution. Les cartes vont poser plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Avec les anciennes cartes d’électeur, il y avait la mention «A voté». Cette mention n’existe plus. Les éléments de contrôle pour fiabiliser le vote, qui existaient, disparaissent. En outre, nous n’avons aucune preuve qu’il y a 4,4 millions d’inscrits. La Cena qui devait avoir un fichier parallèle ne l’a pas ; elle n’a pas les moyens de travailler. Elle n’a de moyens ni au Sénégal ni à l’étranger.

Justement, les difficultés à assurer la continuité du processus d’inscription des Sénégalais de l’extérieur sont nettes… En France, il y a environ 170 000 Sénégalais. On pensait raisonnablement en inscrire entre 50 000 et 60 000 sur le fichier électoral. Au meilleur des cas, jusqu’au 31 août, on pourra inscrire peut-être 20 000 personnes ou un peu plus. En Italie, nos compatriotes sont autour de 200 000. Mais, je serais surpris que là-bas, également, on puisse arriver à un chiffre de 50 000 inscrits. Il y a de vrais problèmes et c’est valable pratiquement partout. Est-ce qu’il est normal, une fois de plus, que tous ces Sénégalais de l’Extérieur qui veulent s’inscrire en soient privés ? Nous, du Parti socialiste, on nous reprochait à l’époque d’avoir inscrit 160 000 Sénégalais de l’Extérieur. Je ne suis pas sûr qu’on atteigne cette fois-ci ce chiffre-là ou qu’on le dépasse. Il y a donc déjà au niveau du fichier électoral des germes de contestation. En plus, le temps prévu pour les contentieux me paraît court. Tout cela est dû à la précipitation. On a fixé des dates comme pour nous obliger à les respecter.

Ces difficultés seraient imputables à quoi ? Un manque de maîtrise des éléments du processus ou une volonté délibérée de violer les règles du jeu ? C’est dû à la précipitation, à l’imprévoyance. Je ne suis pas sûr que ce soit une volonté délibérée de ne pas organiser des élections normales. Mais, en plus de la précipitation et de l’imprévoyance, il y a l’incompétence et l’entêtement. Quand on se trompe, on doit le reconnaître et changer de direction. Cependant, dans le cas d’espèce, le gouvernement pense toujours qu’il a raison, qu’il n’y a pas de problèmes. On pensait que les inscriptions étaient prévues pour six mois, maintenant, de report en report, on en est à un an au 31 août prochain. Les autres délais qui sont prévus risquent d’être prorogés également parce que dans un processus électoral, les difficultés surviennent au fur et à mesure que vous avancez. Il faut bien leur trouver une solution.

Si les difficultés s’enchaînent, les échéances ne devraient-elles pas être revues ? Le ministre dit que les élections auront lieu le 25 février 2007. Tant mieux ! Mais nous ne voulons pas d’élections bâclées. C’est cela le problème.

C’est quoi des élections bâclées ? Ce sont des élections qui ne sont pas organisées dans les normes, avec un fichier qui n’est pas bon, une impossibilité de contentieux pour vérifier les inscriptions. Ce sont des élections qui ne respectent pas tout le processus électoral. Ce sont des élections contestées. Ce que nous voulons, ce sont des élections à date due mais incontestées. Ce que nous ne voulons pas, ce sont des élections à date due, mais bâclées.

Est-il possible selon vous qu’on en revienne à l’article 7 de la loi sur la refonte du fichier électoral autorisant le recours à l’ancien fichier ? Ma conviction est que c’est la meilleure formule. Et d’ailleurs, c’est ce qu’il faut faire. Ce que je propose est qu’à la date du 31 août, on aura clôturé les inscriptions et j’espère que ce sera la dernière cette fois-ci bien qu’il risque d’avoir des personnes non inscrites à l’intérieur comme à l’étranger. A ce moment-là, il faut faire une évaluation objective, sérieuse, neutre pour voir où nous en sommes réellement. Nous serons alors à six ou sept mois des élections, il sera possible de savoir s’il est possible d’organiser les élections ou pas, avec le fichier actuel. Si ce n’est pas possible, dès ce moment-là, on déterre l’article 7, on prend l’un des fichiers 2000 ou 2001, peu importe. Et à partir du fichier choisi, on procède à des inscriptions exceptionnelles pour avoir un fichier qui ne va pas être contesté, et on pourra sur la base de ce fichier et de la décision politique qu’on aura prise, comment organiser les élections. On laissera le fichier actuel en continuant à l’améliorer pour les élections de 2012. C’est cela qui est raisonnable. Je ne crois pas qu’avec ce fichier tel qu’il est on puisse organiser des élections incontestées. C’est cela le fonds du problème. Il ne s’agit pas d’organiser obligatoirement les élections à la date due. Ces élections doivent être incontestées, bâclées ou truquées.

Il n’est pas trop tard de recourir à l’article 7 ? Oui, mais les situations politiques sont malheureusement ainsi. Quand elles surviennent, on se met ensemble et on discute. C’est cela l’intérêt du dialogue. De toutes les façons, il faudra qu’on trouve une formule pour aller à des élections incontestées. A un moment ou à un autre, il faudra qu’on en discute. Le 31 août devrait être un moment où on se parle sérieusement et qu’on sache de manière définitive ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. En septembre, on le saura. On saura le nombre de personnes inscrites, d’une part, on connaîtra le nombre de cartes distribuées jusque-là et ce qu’il en reste. On devra savoir quand est-ce que ceux qui se sont inscrits jusqu’au 31 août 2006 recevront-ils leurs cartes.

Vous avez vos cartes, vous ? Pas du tout, je me suis inscrit, mais je n’ai pas ma carte, j’attends et la majorité des Sénégalais sont dans ce cas. Et même pour les cartes qui ont été déjà élaborées, il se pose le problème de la distribution. Toutes ces étapes du processus sont longues. Or, le gouvernement les a comprimées en voulant aller trop vite en prônant une espèce de révolution. Voilà ce que cela donne.

Vous critiquez beaucoup, mais faites-vous, au Ps et à la Cpa, tout ce qui est nécessaire pour que cela aille autrement ? Nous faisons ce qui se fait en démocratie, c’est-à-dire solliciter et rencontrer le ministre de l’Intérieur pour discuter. Nous manifestons, dénonçons, critiquons. C’est cela le rôle de l’opposition. Nous avertissons, nous prévenons afin qu’on ne tombe pas dans des situations incontrôlées.

Comme résultat, vous êtes souvent mis devant le fait accompli. Si nous sommes mis devant le fait accompli, nous continuons à critiquer et à dénoncer parce que je ne vois pas ce qu’il y a d’autre à faire. S’il s’agit d’aller casser les bus ou d’aller bloquer les rues, je ne pense pas que ce soit une bonne méthode.

Vous estimez que la Cpa est assez forte et crédible pour déranger Me Wade et son régime ? Je le pense bien sûr. La méthode utilisée par la Cpa est bonne, elle est en train de se rassembler, elle travaille sur un programme politique en attendant d’avoir une liste commune. Elle s’organise et essaie de convaincre les Sénégalais parce que en dernier ressort, ce sont les Sénégalais qui vont juger. C’est ce jugement qui est important et nous leur faisons confiance. S’ils estiment que me Abdoulaye Wade et le régime de l’alternance ont bien travaillé, qu’ils peuvent reconduire pendant cinq ans ce qu’ils ont fait pendant sept ans, ce sera le choix des Sénégalais. Mais s’ils estiment aujourd’hui que sur la base de ce qu’ils ont fait, ils veulent qu’on change, nous sommes prêts à prendre le relais.

Quels enseignements tirer de la Ca 2000 pour éviter que la Cpa, à son tour, explose à l’épreuve du pouvoir ? Il faut des engagements fermes et précis, un programme clair négocié, discuté, c’est cela qu’il faut. Il faut voir comment définir les modalités de mise en œuvre de ces engagements. Nous en discutons entre nous pour ne pas nous trouver dans une situation où les gens, une fois les élections passées, se croiront déliés des engagements originels. Mais là également, c’est au niveau des hommes. Je crois que nous sommes des hommes de parole, nous pensons respecter les engagements auxquels nous aurons souscrit. Je ne peux jurer de rien. Pour ma part, je respecterai les engagements que j’aurai pris.

Vous accepteriez de diriger une liste Cpa aux élections législatives ? Nous n’en sommes pas encore là. Je ne peux pas dire ce que j’accepterai ou pas. Je ne veux pas prendre ici une position a priori avant qu’on en discute. Ce que j’ai comme opinion, je la garde pour les réunions que nous tenons et je l’exprimerai une fois que nous aurons échangé, que nous aurons vu clair dans ce que nous voulons faire.

A votre avis, quels sont les problèmes à régler dans le corps de la magistrature afin que des dérives comme la corruption y soient bannies ? Vous me posez une question à laquelle je n’ai pas de solution. Elle est de celles auxquelles notre programme va essayer de trouver une solution définitive. Ce que je pense par contre sur cet aspect ponctuel qui est survenu, c’est que le gouvernement doit faire tout pour rassurer l’extérieur, les investisseurs. Au-delà du préjudice que cette affaire pose au plan interne, la conséquence la plus grave porte sur le crédit de notre pays. Si dans un pays, il y a des problèmes de cette nature, les investisseurs se poseront mille questions avant d’arriver. Il faut clarifier définitivement cette question, situer les responsabilités, et prendre les mesures appropriées pour que cela ne se reproduise pas.

Vous revenez de voyage et vous voyagez souvent pour le compte de l’Internationale socialiste. A quoi sert l’Is aujourd’hui ? C’est la plus grande famille politique au monde. C’est d’abord un cadre d’échanges comme un parti au niveau interne et on le juge par rapport à sa représentativité (…) C’est une structure d’influence au niveau international…

De lobbying… D’influence, disons. Ce qui me paraît le plus important, c’est que l’Is repose sur des valeurs qui la distinguent des autres, des valeurs de solidarité, de justice, de lutte contre la discrimination, de fraternité. Et tant que le monde ne reposera pas sur des valeurs comme celles-là, on finira toujours dans des situations comme celle où on pense que c’est la force et le marché qui doivent faire fonctionner le monde. Je rappelle que les premiers contacts entre Israéliens et Palestiniens ont eu lieu au sein de l’Internationale socialiste avec le Parti travailliste et le Fatah. Ce rôle, nous continuons à le jouer. Lorsque nous nous sommes rencontrés dernièrement à Athènes au niveau du Présidium qui est le gouvernement de l’Is, nous avons pu discuter en vidéoconférence avec nos camarades israéliens, palestiniens, libanais, leur poser des questions et voir quelle contribution nous pouvons apporter à la situation d’aujourd’hui. D’où la conférence de Rome ouverte hier sur la question sous les auspices de notre camarade Romano Prodi.

Vous avez rencontré les présidentiables du Ps français, il y a quelques jours. Ils promettent quoi sur l’immigration ? Je les ai rencontrés durant ma visite, tous vont abroger la loi Sarkozy s’ils reviennent aux affaires. De ce point de vue, ce que Nicolas Sarkozy veut faire en examinant au cas par cas les dossiers de 30 000 personnes qui sont des enfants, élèves, étudiants, c’est inacceptable, d’autant plus qu’au même moment ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont régularisées en plus des 700 000 autres que le gouvernement de Zapatero a acceptées sur le territoire espagnol.

Ce qui se passe actuellement au Moyen-orient, comment le lisez-vous ? Au-delà de la question ponctuelle entre Israël et le Liban, on ne peut pas défendre que ce soit normal que le Hezbollah enlève des soldats israéliens.

Le Hezbollah défend plutôt la thèse de la capture en plein territoire libanais, et non celle de l’enlèvement. C’est difficile parce que cela dépend des positions. Le fond du problème, c’est qu’il y a une dimension stratégique. En 1984 et en 2005, des problèmes de cette nature sont survenus, quasi identiques. Tout a été réglé par des échanges de prisonniers et de soldats. Aujourd’hui, il y a la situation en Irak, le terrorisme a pris la dimension qu’elle a prise, le nucléaire iranien, l’assassinat de Rafic Hariri. C’est ce contexte stratégique qui a donné une autre allure à cette question. Ce qui est en train d’être fait, du côté des Israéliens, c’est une lutte contre le terrorisme et les Etats-Unis les soutiennent dans ce sens.

Vous en pensez quoi ? Non, je ne crois pas que ce soit une lutte contre le terrorisme. Cette affaire a une dimension stratégique. Les Etats-Unis, dans leur vision du monde, considèrent que c’est cela. Bien évidemment, les démocrates du monde ne peuvent pas raisonner ainsi. Des questions de cette nature doivent être discutées par les intéressés au niveau de la région. Ce n’est par-dessus leur tête qu’on doive leur apporter la paix où la démocratie (…) En tous les cas, je suis solidaire du combat des Libanais car, une fois de plus, ils sont otages d’une situation qu’ils n’ont pas créée. La difficulté, c’est que le Hezbollah est membre du gouvernement libanais. Donc, si le problème n’est pas posé objectivement, sans partie-pris, on ne trouvera pas de solution (…).



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:37 PM)
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