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Politique

ENTRETIEN AVEC...Pierre Aïm, homme d’affaires français : :«Wade n’a pas oublie mon aide durant sa traversée du désert»

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ENTRETIEN AVEC...Pierre Aïm, homme d’affaires français : :«Wade n’a pas oublie mon aide durant sa traversée du désert»

Inculpé en France pour une affaire de détournement de fonds et d’abus de biens sociaux, pour laquelle il a eu à faire de la prison en Italie et en France, Pierre Aïm, ancien dirigeant de la société de manutention, Saga, qui a été rachetée par le groupe Bolloré, semble avoir trouvé à Dakar un havre où il reconstitue sa fortune. Le jugement définitif de cette affaire devrait intervenir aujourd’hui, devant le tribunal de Nanterre. Il est reproché à Pierre Aïm d’avoir détourné, de 1990 à 1996, plus de 50 millions d’euros de la trésorerie du pôle de distribution de boissons de son groupe, la Société parisienne alimentation distribution (Spad). Pour sa part, M. Aïm se défend dans la presse en pointant du doigt son ancien partenaire, Vincent Bolloré, comme étant à la base de ses malheurs. Selon lui, c’est ce dernier qui, après l’avoir incité à acheter la Saga, aurait coulé cette dernière entreprise, pour la racheter pour une bouchée de pain. Au moment où la Justice française va mettre le point final sur cette affaire, Pierre Aïm a accepté de se pencher, avec Le Quotidien, sur la vie qu’il s’est faite en Afrique.

C’est assez surprenant, de vous retrouver, ici à Dakar, dans les locaux d’une ancienne brasserie.

Je vais vous dire une chose. Pour moi, la France, c’est fini. Parce qu’elle ne reconnaît pas ses enfants. Si vous n’êtes pas énarque, inspecteur des Finances, quand vous ne faites pas partie de certains milieux, vous ne valez rien. Et si vous avez l’outrecuidance de vouloir rentrer dans le club et que vous n’en êtes pas, ça, c’est dramatique. Juste une parenthèse. En 1995, j’avais été désigné Manager de l’année par le magazine Le Nouvel économiste, parce que j’avais passé un accord avec les dockers, qui dure encore aujourd’hui, par lequel ils s’interdisaient de faire une grève sans préavis, pendant cinq ans. Cela a permis le re-développement des ports français. Mais que voulez-vous, aujourd’hui, j’ai une désillusion totale par rapport à la France.

Pendant ma traversée du désert, je n’ai eu que des amitiés africaines. Le Président Idriss Déby a été top, le Président Sassou, il a été top ! Le président Bedié- à l’époque, il était encore au pouvoir- a été top, et les Présidents Diouf avant, et Abdoulaye Wade depuis, ils ont été formidables. A partir du moment où l’on vous rejette d’un côté et que l’on vous accueille de l’autre, vous faites quoi, vous allez à l’endroit où on vous accueille ! Ma spécialité, c’est la manutention et la logistique. Et par ricochet, le chemin de fer, dont j’ai fait l’expérience de la gestion en Côte d’Ivoire et au Congo. Ici, je conseille le président Wade dans les questions de chemin de fer, et notamment, les problèmes du tramway. Donc, je suis un conseiller spécial, mais je ne suis pas à la Présidence, je ne suis pas payé. Mais, intellectuellement, cela me passionne, parce que, quelque part, cela me permet de me réhabiliter. Car, si mes idées passent, alors que j’ai une grande expérience, cela veut dire que j’ai réussi, et que je ne suis pas encore foutu.

Vous êtes conseiller du président de la République pour les chemins de fer. On sait que, votre «ancien frère», Bolloré, avait postulé et échoué dans la privatisation des chemins de fer Dakar-Bamako. Pourrait-on y voir votre main ?

Ce n’est pas ma main. Mais je dois dire que, à la fois les autorités sénégalaises et maliennes n’avaient pas apprécié la manière dont il s’était conduit. De plus, il avait contre lui le fait qu’il était dans une situation de quasi-monopole. A partir du moment où il a les bateaux, il a le port et le chemin de fer, il tient à la fois le Mali et le Sénégal entre ses mains. Donc, ce n’est pas à cause de moi. Mais à partir du moment où quelqu’un se conduit mal, par définition, on ne lui fait pas confiance. Mais en plus, si cette personne à qui vous ne faites pas confiance, doit vous tenir entre ses mains, avec autant de pouvoir, cela n’était pas possible. Et mon conseil à l’époque, c’était de prendre une société qui n’avait rien à voir avec le port, avec les bateaux, et qui soit purement chemins de fer. Et je crois que c’est ce qui s’est fait, avec les Canadiens.

Est-ce le montage que vous avez initié ?

Non, je n’étais pas là. Cela s’est fait en 2003, et à cette époque, j’étais à Rome. Mais, personnellement, je pense que c’était un bon montage. Je crois que les Canadiens font du bon travail, mais ils ne savent pas se vendre. Ils ont un problème de communication. Je pense aussi qu’ils ont fait une erreur fondamentale, que moi je n’ai pas faite dans les chemins de fer, quand j’étais à Abidjan avec Sitarail. Ils ont l’accord de la Banque mondiale pour financer les travaux. Forts de cet accord, les fonds vont venir dans 18 mois. A Abidjan, moi je suis allé voir les banques locales, pour leur demander un prêt par anticipation. En ce moment-là, j’ai pu mobiliser les fonds immédiatement et engager les travaux tout de suite, et je n’ai pas eu tous les inconvénients qu’a Transrail aujourd’hui. Parce qu’en réalité, ils ont fait des améliorations. Mais ils n’ont pas fait les fondements qui étaient nécessaires, à savoir, rectifier la voie, parce que pour cela, il faudrait avoir l’argent de la Banque mondiale. Comme cet argent tarde à venir, ils font du bricolage.

De plus, l’erreur que font les Canadiens, c’est celle de perdre la notion de service public. Le transport passager est déficitaire, mais on peut l’organiser comme il faut. Transrail l’a refusé. Si on veut qu’une privatisation réussisse, il faut que les acteurs ne perdent pas la notion de service public. S’ils avaient fait un gros effort du côté des passagers, et que ces derniers avaient été contents de ce service, le reste, l’augmentation du volume de fret, coulait de source. Mais aujourd’hui, quand ils disent qu’ils ont doublé le volume de fret, cela n’intéresse personne. Or, aujourd’hui, un container va de Dakar à Bamako en 72 heures, alors qu’il fait quinze jours par camion. Mais cela n’intéresse personne, parce que les passagers sont coincés à la gare de Dakar.

Et ici, dans ces locaux de l’ancienne Nba, que faites-vous ?

Quand Cheikh Tall Ndioum a déposé le bilan, le Président Wade venait d’arriver, et il m’a dit : «Il y a une affaire, et toi, tu as connu ça dans ton ancien passé.» Je suis venu tout de suite. Cela a été comme un rappel de mes origines. J’avais commencé par la boisson. J’ai dit Ok. On a mis beaucoup d’argent, mais maintenant, cela marche très bien. On produit des boissons gazeuses, cola, orange, ananas. Entre octobre 2004 et aujourd’hui, on a multiplié le chiffre d’affaires par dix. Nous réalisons aujourd’hui, 500 millions de francs de chiffre d’affaires par mois. Mais cette affaire, je la fais comme ça, parce que c’est ma vie, la boisson. Au Congo-Brazza aussi, je suis le conseiller du Président Sassou, pour les problèmes de chemin de fer. Bien que là-bas, ce n’est pas privatisé. Car, il y a cette guerre civile larvée, avec (le Pasteur) Toumi, et tout cela.

Et au Tchad, y allez-vous toujours ?

Ah oui, toujours ! Quand le président est venu ici, dernièrement, lors de la journée du Tirailleur, j’étais d’ailleurs avec lui.

Mais, au Sénégal, on a souvent entendu le nom de Pierre Aïm dans des péripéties qui ont affecté un groupe de presse. On dit que vous avez des intérêts dans un groupe de presse. C’est vrai, absolument.

Comment cela s’est-il fait ?

Tout à fait par hasard. Dans la foulée des Nba, Cheikh Tall Dioum m’a dit aussi : «J’ai aussi un groupe de presse qui va très, très mal. Est-ce que tu veux prendre des actions avec moi ?» Et il m’a vendu un certain nombre de parts de Le Populaire. Et puis, ensuite, Cheikh Tall Dioum, c’est Cheikh Tall Dioum. Il m’a vendu, et il a dit ensuite que ce n’était pas vrai ! Bon, l’histoire a duré jusqu’il y a six ou sept mois, quand, enfin, les tribunaux et tout le monde, ont reconnu qu’il avait bien vendu, et qu’il n’est plus actionnaire de Pop.

Donc, vous êtes…

Indirectement actionnaire. Car, en réalité, ces investissements se sont fait à travers une société qui s’appelle Audiocom, dont je n’ai que 40% des parts et dont la Cbao détient les 60%. Donc, les actionnaires de Com 7 sont Bara Tall, Mimran et Pierre Aïm… Exactement, et Cheikh Tall Dioum n’a plus rien à voir dans cette affaire. Vous êtes comme un personnage de l’ombre au Sénégal et en Afrique. En dehors de vos actions dans la presse, de ce que vous faites au grand jour, on vous prête beaucoup de pouvoir auprès de nos chefs d’Etat.

Vous savez, on me fait toujours faire et dire ce que l’on veut. (Rires !)

Mais n’est-ce pas que les rumeurs se nourrissent d’un fond de vérité ?

J’ai été d’une grande fidélité au Président Abdoulaye Wade, de 1993 à 2000. Je dois dire qu’il est d’une grande fidélité à mon égard, de 2000 à aujourd’hui. Il n’a pas oublié sa traversée du désert, comment je l’ai assisté. Et, pendant ma traversée du désert, il a été d’un très, très grand soutien. J’ai un avantage. Je ne suis pas fonctionnaire, je ne suis pas payé, je ne touche pas d’honoraires, je ne suis dans aucune affaire, je ne suis dans aucune commission tordue ou autre. Je ne fais que conseiller au mieux, en mon âme et conscience. Et, je crois que c’est un avantage énorme, cela me donne une très grande liberté, qui me permet de dire, à quiconque, ce que je pense, puisque je n’ai pas peur de perdre un marché. Je n’en ai pas. Je n’ai pas peur de perdre de marché, je n’en cherche pas. Et, je n’ai pas peur que l’on se fâche avec moi, parce que ma fidélité ancienne fait que l’on n’a pas le droit de se fâcher avec moi. Mais, je sais que (la publication) La lettre du Continent a dit des choses…, Non, on me prête des choses qui n’existent pas.

Vous semblez voyager beaucoup en Afrique. Quel est votre lieu de résidence habituel, entre Paris, Dakar, Brazzaville ou Ndjamena ?

Je suis plus permanent à Dakar. C’est une ville où on vit plus facilement qu’à Brazzaville, même du point de vue climat. La liaison avec Paris est plus facile. Cela me permet d’aller et de venir, plus facilement. Et aujourd’hui, je peux très facilement aller de Dakar à Brazzaville, ensuite, de Brazzaville à Ndjamena, sans être obligé de remonter par Paris.

Vous ne travaillez pas au Palais. Voyez-vous le Président Wade à volonté ?

Je dois dire que, pour cela, son amitié n’a pas varié. Si j’appelle au Palais et que je demande une audience, je l’ai assez rapidement.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
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