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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

ENTRETIEN EXCLUSIF - Dansokho parle de sa santé et de son procès

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ENTRETIEN EXCLUSIF - Dansokho parle de sa santé et de son procès

L’exercice est tellement rare qu’il relève presque de l’extraordinaire sous nos cieux. Dans un pays où la maladie est encore un sujet tabou, qu’on effleure avec pudeur, Amath Dansokho, comme il est d’ailleurs le seul dans le landernau politique sénégalais à dire certaines choses de façon crue, «s’attaque» cette fois à son…diabète. Sa maladie qui le ronge depuis des années. La facilité avec laquelle le leader du PIT a établi son bilan médical devant notre collaborateur fait croire que c’est déjà pour lui une victoire sur la maladie. On n'a d’ailleurs pas de raison de ne pas le croire quand, entre deux rendez-vous médicaux en France, il affirme qu’il a encore de la force pour se mettre en travers de la voie choisie par le régime du Président Wade. Les nombreuses convocations des hommes politiques à la DIC ne le font pas plus réfléchir que cela pour dénoncer «le pouvoir corrompu de Ablaye Wade » non sans prendre les devants, cette fois, pour apporter les preuves de ses déclarations. Et rendez-vous est pris, comme il nous y invite, au tribunal où il doit retourner le 19 mai. En attendant, voici le hors d’œuvre. ENTRETIEN

L’Observateur : Amath Dansokho, pour une fois on a presque envie de prendre des nouvelles de votre état de santé depuis que vos partisans ont laissé croire, suite à votre convocation à la DIC, que vous alliez rater un rendez-vous médical important.

Amath Dansokho : Il est vrai que j’avais un rendez-vous avec mes médecins mais cela n’a aucun rapport avec ma convocation par les policiers. Moi, j’étais malade avant, je dois même dire depuis des années. Je souffre d’une maladie dont tout le monde connaît le sérieux et la gravité. Surtout que je ne suis pas . . . (il hésite à confesser ndlr) . . . surtout que, je ne suis pas tellement « discipliné » (pour respecter les prescriptions des médecins ndlr). Mais enfin, je me soigne. J’ai vu certains de mes médecins depuis que je suis revenu en France il y a quelques jours, j’en verrai d’autres encore, notamment l’ophtalmologiste qui me fera subir une petite opération-laser le 17 de ce mois . Et le 31, je serai à l’hôpital Ambroise Paré où mon médecin traitant doit programmer mes soins pour différentes choses. Ca va, je me porte bien. L’essentiel, c’est que cela ne m’empêche pas de travailler, ni de réfléchir, encore moins de dormir. Je pense que j’ai encore assez de ressources pour me battre . . . comme je l’ai toujours fait : me battre contre l’injustice, contre l’arbitraire et défendre la démocratie et l’indépendance de mon pays et surtout me battre contre ceux qui détruisent le Sénégal à cause de leur soif d’argent.

Nous revenons justement d’une conférence sur l’initiative du PS en France. Conférence introduite par le président Abdoul Khadre Cissokho et le député socialiste Khalifa Sall et, traitant des conditions de non-élections créées par le Président Wade. Vous pensez vraiment que c’est compromis à ce point pour l’organisation du scrutin ?

Amath Dansokho : Moi, j’en suis convaincu depuis bien longtemps ! L’allure même donnée aux préparatifs de ces élections ne laissant guère plus de doute sur la volonté du Président à ne pas organiser des élections. Il prépare un coup de force. C’est-à-dire des troubles aux conséquences très graves parce que nous ne l’accepterons pas. Çà, il doit bien se le dire et comprendre que nous n’accepterons pas, alors pas du tout, qu’il organise des élections sur des bases frauduleuses, et tout porte à croire que c’est ce qu’il veut faire. Le Sénégal connaît des élections depuis plus de 150 ans, mais de mémoire d’hommes, on n’a jamais vu des élections préparées de cette manière. Nous avons certes connu le temps des deux collèges, mais ça remonte à bien longtemps ! Vous vous imaginez ! il veut nous ramener au début des années 50. C’est révolu, c’est fini ! Il n’y a plus qu’un seul collège électoral au Sénégal, or il a décidé par voie administrative d’en exclure les paysans et le monde rural en général parce que tout simplement ils lui ont tourné le dos en raison de la politique agricole catastrophique qu’il mène et qui a conduit à la ruine du rêve de plus de six millions de travailleurs de la terre. Ne pensez pas seulement au bassin arachidier . . . dans le nord, les superficies aménagées ont diminué de près de 41%.

Pour rester sur le processus électoral : Ne craignez-vous pas qu’on en arrive à un moment où, même si les acteurs politiques arrivaient finalement à s’entendre, qu’il soit trop tard pour respecter le calendrier notamment la date du 25 février 2007, juste parce que l’échéance approche et qu’il y a encore beaucoup de choses à faire pour y arriver.

Mais ce serait de sa faute, à lui Ablaye Wade. Il n’a qu’à faire les choses normalement. Ce serait alors à lui d’en assumer la responsabilité. Nous, nous avons tout fait pour qu’il y ait des élections normales et, à temps. On en a parlé et reparlé, mais c’est lui qui, à chaque fois, viole le calendrier électoral. Ensuite, il a commencé les prétendues inscriptions sur les listes électorales avant même la mise en place de la CENA. Il a volontairement retardé l’installation de la CENA pour pouvoir se donner une bonne marge d’inscription frauduleuse pendant tout un mois. Une fois installée, La CENA n’a pas eu les moyens de faire son travail, en tout cas pas à temps et à ce jour, elle court toujours sans recevoir les clés des voitures qui devaient lui permettre d’être sur tout le territoire national. On ne parle même pas des commissions à l’étranger. Alors, compte tenu de tout cela, il est aujourd’hui clair que Ablaye Wade veut à tout prix maintenir son régime au pouvoir. Ce que nous n’accepterons pas. Et vous me permettrez de lui demander de ne pas se faire d’illusions, de ne pas penser une seule seconde que nous pourrons accepter pareille forfaiture. Il n’a qu’à se méfier des eaux dormantes. Nous en appelons d’ores et déjà nous, au PIT, à la mise en place d'un mouvement populaire très fort pour arrêter les dérives qui ont conduit notre pays à un effondrement total et hâter le départ de Wade. Et, croyez-moi, je pèse bien le poids de mes mots ! Et ça, nous y travaillons

Vous ne craignez pas d’en répondre devant la DIC, déjà que vous avez un procès pour retourner au tribunal le 19 mai ?

J’ai hâte d’y arriver car ce sera leur procès. On verra bien , . . . ce sera leur procès ! Ils ne perdent rien pour attendre ce jour-là. Toutes ces choses dans lesquelles ils sont trempés, seront mises en lumière très clairement. Le monde entier verra comment ce pouvoir super corrompu a détruit un Etat, une Nation qui avait une très grande notoriété internationale.

L’Observateur : Parlant de notoriété, le chef de l’Etat semble bien jouir de la reconnaissance internationale. Je n’en juge que par le prix Houphouët-Boigny qui lui sera remis par l’Unesco le 16 mai. Une distinction que vos camarades du PIT en France dénoncent en prévoyant même de manifester à Fontenoy le jour de la remise du prix. Est-ce que vous souscrivez à cette idée de manifester contre Wade en France ?

Amath Dansokho : D’abord, je voudrais préciser qu’il n’est pas le premier à recevoir ce prix. Mais pourquoi diable ameuter tout ce monde pour sa fête ? On parle de 3.000 personnes. Et, je suis convaincu que dans ce chiffre, les invités seront pris en charge par l’Etat du Sénégal pendant une semaine à 10 jours. Avec quel argent ? Il n’y a aucune rubrique du budget qui puisse supporter de telles dépenses, à moins qu'on ait voté une loi rectificative des finances. Ce qui n'est pas le cas. Ce sont des dépenses illégales. Ensuite quand même, soyons sérieux ! avant lui, Mandela a eu ce prix. Mandela a eu le prix Nobel de la paix. Il n’y a jamais eu tout ce bruit pour une remise de prix. En réalité, il a tellement de choses à se reprocher qu’il en arrive finalement à croire que la consécration attendue d’une telle distinction va le blanchir. Mais il se trompe . Lui, même l’eau de Javel ne pourra le débarrasser des souillures … La seule manière pour lui de se blanchir, c’est de demander pardon au peuple sénégalais dont il a largement abusé de la confiance et de partir. Et pour la manifestation en tant que telle, bien sûr qu’on a raison de le traquer partout. Les Sénégalais ne doivent plus rester les bras croisés face au gaspillage monstrueux auquel il se livre alors que les paysans sont dans une misère incroyable.



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