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[Entretien] Farba Ngom, Wally Seck, Amadou Sall... : Les révélations de Me Baboucar Cissé

Auteur: Doudou DIOP

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Me Baboucar Cissé, avocat de Mouhamadou Ngom, dit Farba Ngom, placé sous mandat de dépôt le 27 février 2025 dans le cadre d’une enquête sur un rapport de la CENTIF, revient sur la procédure en cours. Il évoque les accusations, les acteurs impliqués, et l’état de santé de son client, tout en dénonçant une instrumentalisation politique.
Me, votre client, Mouhamadou Ngom, dit Farba, est placé sous mandat de dépôt le 27 février 2025 dans le cadre de l’enquête ordonnée par le procureur de la République financier sur le rapport de la CENTIF. Pouvez-vous revenir sur les actes forts que le juge d’instruction a posés dans cette procédure ?
Il faut d’abord dénoncer la manière dont cette procédure a été engagée. Elle repose non pas sur une enquête préliminaire, mais sur un rapport unilatéral de la CENTIF, établi sans caractère contradictoire. Ni Farba Ngom ni Tahirou Sarr n’ont été entendus par les agents de la CENTIF concernant les opérations jugées suspectes. C’est sur cette base que le procureur financier a rédigé un réquisitoire introductif, saisissant le juge d’instruction. Ce réquisitoire compile une série d’infractions dans le seul but de maintenir mon client en prison. C’est pourquoi je considère que ce dossier est une commande politique. Il est éminemment politique, ne nous voilons pas la face. On reproche à Farba Ngom des faits de blanchiment de capitaux et d’escroquerie portant sur des deniers publics, alors qu’il n’a jamais géré de fonds publics ni reçu de chèque du Trésor public. Pourtant, il est poursuivi pour détournement de deniers publics.
Justement, on parle de détournement de deniers publics, alors que votre client n’a jamais occupé un poste stratégique sous le régime de Macky Sall. Dans ce dossier, la responsabilité du Trésor public n’est-elle pas engagée ?
Avant de parler de détournement de deniers publics, il faut rappeler que le Trésor public est une administration. Les fonds ne sortent pas de cette institution sans un processus rigoureux. Si détournement il y a, les agents du Trésor, les inspecteurs, ceux qui ont donné les ordres et effectué les paiements devraient être les premiers à être poursuivis, avant Farba Ngom ou Tahirou Sarr. Ce sont eux qui auraient facilité un tel détournement ou une escroquerie portant sur des deniers publics. Ces personnes devraient être en prison avant qu’on ne s’en prenne à mes clients.
Dans les incriminations, Farba Ngom est inculpé pour le délit d’association de malfaiteurs en bande organisée. Ce chef d’accusation s’ajoute à ceux déjà mentionnés dans le réquisitoire introductif du parquet financier. Qu’en pensez-vous ?
Cela reflète la volonté du parquet financier, ou des autorités, de briser Farba Ngom en criminalisant le dossier. En ajoutant l’accusation d’association de malfaiteurs en bande organisée, on transforme l’affaire en un dossier criminel, ce qui aggrave la situation.
Quand le parquet vise l’association de malfaiteurs, cela implique une entente avec d’autres personnes. D’ailleurs, le fils de l’ancien président Macky Sall, Amadou Sall, et le chanteur Waly Seck sont cités dans cette affaire. Votre client a-t-il eu des transactions avec eux ?
Non, il n’y a aucun lien à ce sujet. On parle beaucoup, mais le réquisitoire du procureur est clair : il vise Tahirou Sarr, Mouhamadou Ngom, dit Farba, ses frères Ismaël et Birane, Mamadou Racine Sy et Bocar Mamadou Daff. Ce dernier est poursuivi pour 35 millions de FCFA et a été placé sous contrôle judiciaire. Quant à Mamadou Racine Sy, le parquet lui reproche 797 millions de FCFA, montant qu’il a proposé de consigner.
Et pour le cas d’Amadou Sall, qui a fait faux bond au juge d’instruction ?
Amadou Sall est effectivement visé dans le réquisitoire, tout comme Ndeye Seynabou Ndiaye, récemment inculpée et placée sous mandat de dépôt. Maintenant, je ne peux pas confirmer s’il a reçu une convocation ou s’il se trouve sur le territoire national. S’il l’a reçue, c’est à lui de décider s’il comparaît ou non. C’est une décision individuelle et personnelle.
Et le chanteur Waly Seck ?
À ma connaissance, le nom de Waly Seck n’apparaît pas dans le dossier concernant Farba Ngom et Tahirou Sarr.
Me Cissé, récemment, vous avez introduit des requêtes de mise en liberté pour vos clients, mais le juge d’instruction les a refusées. Farba Ngom a-t-il des problèmes de santé ?
Nous avons introduit une requête pour une expertise médicale, compte tenu de l’état de santé précaire de Farba Ngom. Lors de son inculpation, j’avais suggéré au juge qu’il soit transféré au pavillon spécial, en lui fournissant son dossier médical. Il souffre de problèmes cardiaques et de multiples ennuis de santé. Le juge n’avait initialement pas donné suite, mais récemment, il a accepté de désigner un expert médical pour évaluer si son état est compatible avec la détention. Un courrier a été adressé au président de l’Ordre des médecins, qui doit proposer un médecin pour cette expertise. C’est une avancée positive. Si l’expert conclut que son état de santé est incompatible avec la détention, nous introduirons une nouvelle demande de mise en liberté. La loi permet de faire de telles demandes à tout moment de la procédure, sans limitation de nombre.
Auteur: Doudou DIOP

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