Samedi 20 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Farba Senghor, Ministre des Transports, chargé de Propagande au Pds : Wade m’a dit : « Maintenant, ma succession par Karim est une hypothèse »

Single Post
Farba Senghor, Ministre des Transports, chargé de Propagande au Pds : Wade m’a dit : « Maintenant, ma succession par Karim est une hypothèse »

Derrière son bureau en verre, il se balance sur son fauteuil, larguant sereinement ses missiles à son «ami et frère» Macky Sall, N° 2 du Pds et président de l’Assemblée nationale. A ce dernier, il prédit une mort politique certaine qui va passer par son renvoi au niveau du parti et de sa destitution du Perchoir parlementaire. Pour Farba Senghor, les cadenas juridiques qui verrouillent le fauteuil de M. Sall sauteront sous l’effet des astuces politiques que le Pds va utiliser. Il jure ne plus voir d’avenir politique pour Idrissa Seck dont le retour est annoncé au sein du Pds. Sur l’annonce du retrait du Sénégal de l’Asecna, le ministre des Transports lève le coin du voile sur les raisons qui ont poussé l’Etat à ce divorce. Et non sans promettre l’enfer aux syndicalistes, notamment des aiguilleurs du ciel qui ont osé paralyser la navigation arienne dans la nuit du mercredi au jeudi.

Juste après l’annonce du retrait du Sénégal de l’Asecna, l’on a noté une levée de boucliers des syndicalistes. D’ailleurs, les aiguilleurs du ciel ont paralysé l’aéroport dans la nuit du mercredi au jeudi…

Je commencerai par dire que la grève est illégale, parce que les aiguilleurs n’ont pas respecté les procédures d’observation de grève. En effet, l’aéroport a été fermé avant-hier dans la soirée du 23 à 3 heures du matin. Ils manifestent leur mécontentement après la décision du Sénégal de se retirer de l’Asecna. N’empêche, la grève a été arrêtée parce que j’ai refusé de discuter avec des bandits. Ils ont installé deux camions des sapeurs-pompiers sur la piste et déconnecté les appareils de communication. Les responsables de cette forfaiture sont Seydou Diémé, Alassane Sall, Habib Mbaye et des chauffeurs qui ont placé le camion sur la piste. Ces derniers seront identifiés car, une enquête est en cours.

Pire, j’ai appris que des agents de l’Asecna ont envahi les locaux de l’Administrateur-délégué et ont coupé le courant. Cela est inadmissible de la part des agents de l’Etat. C’est pourquoi, je vais sévir contre ces agissements. En effet, l’on ne peut pas comprendre que des agents de l’Etat puissent endommager l’outil de travail. Malgré leur gesticulation, j’ai obtenu la réouverture de l’aéroport sans leur avis et sans aucune discussion. Mais, qu’ils sachent que l’Etat ne va pas varier dans sa position de se retirer de l’Asecna et qu’ils sachent aussi qu’ils seront poursuivis en justice.

Quelles sont les raisons principales qui motivent le retrait du Sénégal de l’Asecna ?

Il y a un impératif de compétitivité, de qualité dans le domaine de l’aviation à travers le monde. Nous avons constaté que l’Asecna n’a pas joué pleinement le rôle qu’on attendait d’elle depuis des années. Le président de la République avait reçu l’Association professionnelle des contrôleurs de l’Asecna, un mémorandum selon lequel, il y a une grande défaillance au niveau technique, notamment l’obsolescence des moyens de visualisation, la vétusté des moyens de communication, un personnel peu performant du fait du manque de formation et de perfectionnement, mais aussi, l’absence d’un centre régional de contrôle de l’aviation civile. Au-delà de ces griefs techniques, l’Asecna, qui gère nos aérodromes nationaux, l’aéroport international Léopold Sédar Senghor et notre espace aérien, collecte grosso modo plus de 50 milliards directement par an, sur lesquels le Sénégal ne perçoit aucun franc et nous avons des difficultés à amener l’Asecna à assumer ses responsabilités, aussi bien au niveau technique qu’au niveau de l’investissement pour rendre notre pays performant.

Voilà des facteurs qui ont été déterminants dans la décision du chef de l’Etat de reprendre la gestion de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor et les aérodromes nationaux, mais également, la gestion de nos espaces aériens. Voilà ce qui justifie cette importante décision que nous venons de prendre.

Les travailleurs avec qui vous avez discuté ont soutenu que vous voulez céder l’aéroport Léopold Sédar Senghor à Dubaï Airport.

C’est totalement faux, parce que nous avons dit que nous allons créer une Agence sénégalaise de sécurité aérienne. Cette agence va confier, pendant la phase transitoire, d’ici l’avènement de Diass, la gestion de nos aérodromes et de nos aéroports internationaux à une structure étatique, même à 100%. Voilà ce que nous avons dit aux travailleurs et c’est à la suite de leurs recommandations issues du séminaire qu’ils ont organisé au Méridien-Président le 27 mars 2007. Donc, c’est récent. C’est faux de dire que nous allons céder cet aéroport à Dubaï. Le Sénégal a pris ses responsabilités ; c’est très simple. Ce qu’il y a, il faut le dire, les travailleurs ont peur de perdre les avantages supplémentaires sur leurs salaires, qu’ils reçoivent de la part des activités aéronautiques nationales et qui représentent quelquefois plus de 25% de leurs salaires. C’est la seule crainte qui fait que les travailleurs ne veulent pas entendre parler de départ.

Est-ce que le Sénégal a vraiment les moyens de mettre en place une telle Agence de sécurité de la navigation aérienne ?

Ce que l’Asecna a au Sénégal, nous avons plus que ça, parce qu’à l’Asecna, comme l’a dit un des cadres de cette structure, la situation n’a pas changé depuis plus de dix ans. Le matériel que nous avons ne répond plus aux exigences actuelles de l’aviation civile, donc il est très facile de dépasser cette situation et je pense que ce que nous allons faire. C’est à l’avantage de nos clients de l’Iata, des grandes compagnies aériennes qui vont, enfin, trouver un interlocuteur qui est le Sénégal et qui pourra répondre à leurs préoccupations.

Il y a un paradoxe, l’Asecna tire des ressources évaluées à 50 milliards de francs Cfa, or vous parlez de matériels obsolètes et de manque de matériels. Où donc cet argent a été investi ?

Cet argent est réinvesti dans les autres pays. Ce que vous ignorez peut-être, ce sont des fonctionnaires issus du personnel de l’Asecna chaque année qui font des budgets pour les Etats. Je pense que les Etats doivent prendre leurs responsabilités pour faire leur propre budget. Donc le problème est là. Ils n’ont pas les mêmes soucis pour les Etats. Ce sont des fonctionnaires de l’Etat qui font ce budget. Grosso modo, l’aéroport international de Dakar produit plus de 71 milliards de francs Cfa par an. Est-ce que vous croyez que c’est vraiment juste que toute cette masse d’argent puisse passer sous le nez du Sénégal qui a un besoin important d’investissement en matière d’aviation civile ? Est-ce au nom de la solidarité que nous devons accepter de subir une telle discrimination dans l’investissement alors que les besoins sont énormes ?

Mais ne s’agit-il pas d’un problème de management quand on sait qu’il y a un audit publié en 2005 et qui note qu’il y a des dysfonctionnements dans le cadre des ressources financières de l’Asecna ?

Oui, mais l’Asecna ce n’est pas le Sénégal. L’Asecna, c’est 18 Etats. Les ministres de tutelle qui se réunissent en comité une ou deux fois l’an sont-ils en mesure d’aller au fond des choses, de regarder les détails et le budget ? Ce sont des lignes et des orientations générales que nous donnons. Et nos prédécesseurs ont laissé faire et je crois, qu’il est temps maintenant qu’on se réveille. Les organisations internationales en matière d’aviation civile ne reconnaissent pas ces organisations régionales ou communautaires. Ces organisations internationales ne reconnaissent que les Etats.

Quel devrait être le statut de la prochaine structure que l’Etat va mettre en place ?

Nous allons créer une agence. Une Agence sénégalaise de sécurité aérienne qui va prendre toutes les fonctions et toutes les missions de l’Asecna. Maintenant, il y aura une autre structure à laquelle l’Agence va déléguer la gestion d’un ou des aéroports et pour l’aéroport international de Dakar et des aérodromes actuels qui se sont retrouvés dans ce que nous appelons les activités aéronautiques du Sénégal, nous allons créer une structure légère. Les syndicalistes nous ont proposé une agence, mais nous leur avons dit qu’on peut créer une société anonyme avec un seul actionnaire : l’Etat du Sénégal. Cette société va conduire la gestion de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor et les aérodromes jusqu’à Diass. Et à partir de Diass, maintenant on parle de privatisation, parce que là, c’est le secteur privé et maintenant on verra la gestion des autres aérodromes.

On peut espérer que tout le personnel sénégalais qui travaillait à l’Asecna sera reversé dans cette agence

Oui. C’est clair, parce que notre besoin est plus important que le personnel actuel. Je dois, d’ailleurs, vous révéler que ce sont les activités aéronautiques nationales qui, devant le manque d’initiatives de l’Asecna, forment depuis plusieurs années, des techniciens de haut niveau, des contrôleurs pour venir en appui à l’Asecna ou bien forment et perfectionnent les cadres de l’Asecna. En matière de salaires aussi, je vous l’ai dit sur la plateforme de Dakar, c’est-à-dire l’ensemble des compagnies des sociétés des structures qui sont à l’aéroport, les salaires sont harmonisés. Et les salaires de l’Asecna sont harmonisés. Mais le Sénégal lui-même paie 10% de plus à ses employés et à ceux de l’Asecna qui sont à Dakar, plus une somme forfaiture allant de 70 000 à 300 000 et en moyenne 200 000 francs Cfa et la direction de l’Asecna dénonce ces salaires supplémentaires. En fait, si ces salaires supplémentaires avaient été visités, c’est parce qu’à chaque fois qu’il y a eu grève ou mouvement d’humeur au Sénégal, le Sénégal, acculé, est obligé de mettre ses billes. Voilà pourquoi nous sommes arrivés avec des salaires nationaux supérieurs à des salaires internationaux et tout le monde veut venir à Dakar. Le personnel de l’Asecna à l’extérieur veut venir à Dakar parce qu’à Dakar, on paie bien. Ceux qui sont à l’Asecna ont peur de notre rupture, parce qu’ils pensent que ceux qui resteront avec le Sénégal auront des salaires plus importants. Voilà la peur. Mais moi je les rassure. En leur disant que leurs avantages seront maintenus, sinon renforcés au besoin.

Si l’on vous comprend bien cette situation qui ne profite pas au Sénégal a longtemps duré, pourquoi l’Etat a attendu tout ce temps pour réagir ?

Cette situation a duré. En 1993, il y a eu une première initiative de faire un contrat particulier avec l’Asecna pour avoir au moins un petit point de vue sur la manière dont fonctionne l’Asecna au Sénégal. Et cette initiative a eu quelques réussites, parce que si les Activités aéronautiques nationales du Sénégal (Ans) n’existaient pas, aujourd’hui, nous serions encore plus en retard. Car sur le plan salarial, nous sommes loin devant les autres pays africains et sur le plan de la formation également, ce sont les Ans qui ont formé beaucoup de cadres pour le compte de l’Asecna. Est-ce que vous pensez donc que c’est normal que le Sénégal continue de former des cadres de l’Asecna par ses propres soins. Le Sénégal continue à pourvoir le budget de l’Asecna alors que nous avons des difficultés nous-mêmes pour que l’Asecna investisse au Sénégal. A Libreville, nous avons demandé 100 millions de francs Cfa sur un bénéfice de 14,5 milliards de francs Cfa, est-ce que l’Asecna doit faire un bénéfice alors qu’il y a une forte demande d’investissements au Sénégal ? Cette demande de 100 millions de francs Cfa, l’Asecna nous l’a refusé et ces 100 millions étaient destinés à la finition du siège de l’Oaci, l’Organisation de l’aviation civile internationale et la Cafac.

Il est soutenu que les extravagances de l’Asecna sont dues au fait que la tutelle cautionne les agissements de l’Administrateur général de l’Asecna.

Non, il y a deux choses. Quand on parle d’Administrateur de l’Asecna, c’est un abus de langage. Parce qu’il y a le directeur général de l’Asecna qui est à Dakar qui gère l’Asecna de tous les pays qui ont un contrat particulier avec le Sénégal, il y a un Administrateur délégué pour gérer la partie sénégalaise sous la tutelle du directeur général, c’est ce qu’on appelle Administrateur délégué qui gère les activités aéronautiques. Je ne sais pas ce que vous voulez dire, mais il faut faire la différence entre l’Administrateur général et directeur général.

Nous n’avons pas bien compris ?

L’Asecna est géré par un directeur général, mais dans tout pays où l’Asecna a un contrat particulier, c’est-à-dire si un pays confie à l’Asecna la gestion de ses aérodromes ou de ses aéroports, donc il est mis en place ce qu’on appelle les activités aéronautiques nationales. Au lieu d’avoir un directeur général a ce niveau, c’est l’Administrateur délégué dont certaines fonctions lui ont été déléguées par le directeur général. Au Sénégal, on a Mbaye Ndiaye qui est l’Administrateur délégué et on a le directeur général Youssouf Amar.

Mais l’Administrateur délégué est sous la tutelle du ministre des Transports ?

Non ! L’Administrateur délégué est sous la tutelle de l’Asecna…

Donc, il n’existe aucun lien entre l’Administrateur délégué et le ministre qui gère le secteur. Au niveau national, l’Administrateur délégué est à cheval entre le ministère et l’Asecna, mais il est la partie exécutive de l’Asecna au Sénégal.

vMais il ne rend pas compte directement au ministre de tutelle ?

Il peut rendre compte sur ces activités nationales. Le ministère a des droits de regards sur ces activités nationales. Mais en fait, ici, le Sénégal a ce qu’on appelle le représentant de l’Asecna, ce n’est pas très simple. Il y a le représentant, le directeur national de l’Asecna, parce que les délégués syndicaux qui ont pris la parole appartiennent à la représentation nationale et relèvent directement de l’Asecna. Eux craignent qu’avec un départ, ils soient relevés à l’Asecna ou que le Sénégal coupe les avantages. Par contre, sur la gestion même, en ce qui concerne l’exécutif, nous avons ici l’Administrateur délégué qui gère la partie sénégalaise, mais en tant que représentant ou bras du directeur général.

Vous avez donné beaucoup d’explications pour motiver cette décision de retrait de l’Asecna, mais d’aucuns pensent que l’Etat cherche à faire main basse sur les revenus dont vous parlez ?

Si d’autres vous prennent vos salaires quelle que soit votre motivation, il sera légitime que vous repreniez votre salaire. C’est une des raisons, parce qu’au Sénégal on ne peut accepter de perdre plus de 50 milliards par an. Et ces 50 milliards ne sont pas distribués dans notre pays alors que nous avons des impératifs de compétitivité. Nous avons des besoins énormes en investissements, de radars Ads qu’on n’a pas, que tous les autres pays ont, parce qu’il y a des pays qui sont moins nantis et qui ont des radars installés depuis belle lurette, qui ont des moyens de communication performants et qui ne contribuent pas autant que le Sénégal dans la constitution du budget de l’Asecna. Nous avons la responsabilité de reprendre ce qui nous appartient et de le gérer au profit du Sénégal au lieu de laisser les autres le gérer à leur profit.

Est-ce que vous avez une idée du coût global de ces installations pour la mise en place de cette agence ?

Oui, nous l’avons. C’est insignifiant avec ce que nous perdons chaque année et il y a des pays amis très performants en matière de navigation aérienne qui sont disposés à collaborer avec nous. J’ai eu une séance de travail avec le chargé d’affaires de l’Espagne et vous savez que l’Espagne appuie le Cap-Vert et nous n’avons aucune crainte, nous avons les moyens financiers, également, des partenaires qui sont sûrs, de nous appuyer dans ce domaine. Et contrairement à ce que disent les syndicalistes, les compagnies, telles que l’Iata, ont un intérêt que le Sénégal se modernise très rapidement parce qu’il y va de la sécurité de leurs voyageurs. Il n’y a aucune raison qu’ils se mettent à dos le Sénégal dont la volonté est de leur permettre de disposer d’un service de qualité.

Vous permettrez un glissement sur le terrain politique pour constater avec vous la crise et les remous qui secouent le Pds en ce moment ? Qu’est-ce qui explique toute cette agitation ?

Vous avez pu vous rendre compte qu’à chaque fois que le Pds nomme un n° 2, ce dernier se prépare déjà à prendre la place du secrétaire général national du parti, Me Abdoulaye Wade. En général, ce sont des maillages qui sont faits à travers le pays et, le plus souvent, c’est sous la pression de leur entourage que les numéros 2 commettent de telles dérives. C’est, en fait, la même chose qui est en train de se passer avec Macky Sall. C’est pourquoi, toutes les fédérations se sont réunies pour demander la suppression pure et simple de ce poste de numéro 2. Sinon, nous risquons de ne plus travailler car, tout le monde va s’engager dans une dynamique qui risque de ne pas être profitable au pays et à notre parti. Le numéro 2 pensant être l’héritier légitime du numéro 1, il faut le supprimer, surtout que nous sommes au dernier ou l’avant-dernier mandat du président de la République.

Nous avons suivi les arguments évoqués par les fédérations départementales pour motiver leur volonté de supprimer le numéro 2 mais, aucune d’entre elles ne peut, d’une manière précise, soulever un acte qu’il a posé de nature à gêner Me Wade dans l’exercice du pouvoir ou dans la gestion du parti…

(Il coupe). Pour la gestion du parti, il faut se rappeler, tristement, que Macky Sall a eu le plus faible taux de participation aux élections législatives, parce qu’il était la tête de liste. Il est comptable de l’échec des législatives.

Mais, sous l’effet du boycott alors décrété par l’opposition…

Non, ce n’est pas exact. Les renouvellements des structures du Pds ont été arrêtés au dernier moment par le secrétaire général national, Me Wade, pour la simple raison qu’ils se sont déroulés dans des conditions nébuleuses dans tout le pays. Les militants se sont levés pour dire au Président qu’ils ont été marginalisés et que cela a été une mascarade. Ensuite, il y a eu la question des investitures qui ont été très mauvaises. D’ailleurs, la chance de Macky Sall aurait été le couplage des élections, présidentielle et législatives. C’est ce qui devait le sauver, mais il a persisté dans ses mauvaises investitures et cela a eu des incidences négatives dans les élections.

Vous avez pu constater, lors de la campagne pour les législatives, Macky Sall n’était accompagné d’aucun responsable national. Partout, la mobilisation était nulle, à part quelques meetings, car il ne s’agit pas de rassembler des militants au cours des meetings, mais il y a un travail qu’il faut faire à la base pour amener les Sénégalais à aller voter. Ce qui n’a pas été le cas. En effet, les mauvais renouvellements et investitures peuvent amener les militants à demander que Macky Sall soit renvoyé de la tête du parti.

Dans ce cas, pourquoi ne pas convoquer une réunion du Comité directeur et décider son départ, comme ce fut le cas au moment de sa nomination ?

C’est l’affaire de notre parti. Dans un parti qui se respecte, les instances doivent se prononcer sur certaines grandes décisions. Ainsi, c’est le Comité directeur qui s’est prononcé en premier lieu et a renvoyé la question au niveau de la base. Celle-ci demande des moyens de statuer sur la question ; d’où les réunions convoquées par les fédérations départementales. C’est fini, politiquement, pour Macky Sall, parce que plus de 100 députés se sont prononcés pour son départ.

Justement, sur la pétition à laquelle vous faites allusion, vous semblez ignorer qu’une pétition n’a aucune valeur juridique et que le fonctionnement de l’Assemblée nationale est régi par la Constitution et par son règlement intérieur…

La pétition n’a pas pour objet de l’évincer directement. Il s’agit de réunir les députés et si la majorité aux 3/5 de l’Assemblée nationale se prononce, il sera destitué.

Mais, une destitution d’un président de l’Assemblée nationale obéit à une procédure légale…

(Il coupe). Alors, dites-moi comment cela doit se passer ? C’était la même chose avec Habib Thiam…

Habib Thiam a démissionné de lui-même ainsi que Daouda Sow…

Ils avaient démissionné parce qu’il y avait une majorité qui s’était prononcée pour demander leur départ.

Et si Macky ne démissionne pas ?

Je ne vous dirais pas mais, il y a des astuces pour le faire partir.

Ce sera sur le plan politique mais, juridiquement, il est protégé pour au moins deux ans au terme desquels le chef de l’Etat pourra dissoudre l’Assemblée.

Vous savez que les lois sont modifiées à chaque fois que de besoin. Je ne suis pas député. Je suis comme vous et je suis en train de donner des hypothèses. Mais, l’essentiel est qu’au finish, il sera obligé de démissionner ou d’être destitué.

L’on a constaté une coïncidence assez troublante entre le départ réclamé de Macky Sall et le retour annoncé de Idrissa Seck…

(Il coupe). Moi, je ne vois pas d’avenir politique pour Idrissa Seck. Je ne le vois pas.

Et pourtant, il y a des discussions intenses et avancées entre lui et Me Wade. Je ne suis pas au courant. Et même si cela est vrai, cela ne servira à rien. Il y avait des premières discussions. Il (Idrissa Seck : Ndlr) était venu au Palais avant de retourner en France ; cela n’a rien donné.

Ne risquez-vous pas d’être surpris ou mis devant le fait accompli avec le retour de Idrissa Seck ? Et si le Président vous demandait de vous ranger derrière lui, quelle serait votre attitude ?

Attendons que le Président me dise de me ranger derrière Idrissa Seck. De toute façon, il a été reçu et la suite est toujours la même.

Donc, vous ne croyez pas à de nouvelles retrouvailles entre Rewmi et le Pds ?

Du tout ! Pour moi, Idrissa Seck, c’est le passé, quoiqu’il puisse faire. Je le comprends ; Idrissa a été blessé moralement, affaibli politiquement et financièrement. Je ne crois pas qu’il ait assez de force pour rebondir.

Pour revenir sur le cas Macky, ses problèmes avec le Pds coïncident avec la convocation de Karim Wade à l’Assemblée pour s’expliquer sur les travaux de l’Anoci. N’est-ce pas un prétexte pour se payer sa tête ?

Les politiques enfourchent des chevaux qu’on appelle prétexte. Mais, il a commis une erreur monumentale en convoquant des structures comme l’Anoci qui relèvent de la présidence de la République sans obéir à la procédure normale. Une personnalité du parti ou de l’Etat choisi à son niveau ne devrait pas commettre certaines erreurs qui peuvent être assimilées à de l’incompétence ou à une défaillance vis-à-vis du président de la République. Il devra s’assurer de tous les moyens techniques et juridiques avant de poser certains actes. Convoquer l’Anoci qui appartient à la Présidence (sic) sans en référer au président de la République est une incompétence ou une défiance au chef de l’Etat.

Ensuite, à la lettre du chef de l’Etat, il n’a daigné répondre et a demandé au président de la Commission des finances (Mamadou Seck : Ndlr) de le faire à sa place. Mais, c’est grave ! C’est un manque du sens de responsabilité parce qu’un responsable de son niveau doit pouvoir assumer ses responsabilités. Mais, s’il va jusqu’à demander à un sbire de répondre au chef de l’Etat, c’est un acte grave qui est posé. Macky Sall a défié Me Wade.

Est-ce que ce problème ne pouvait pas être réglé en interne ?

Non, ce n’est plus un problème de parti ; c’est un problème de la Nation. Si le président de l’Assemblée nationale ne connaît pas le règlement intérieur de l’institution ou ne maîtrise pas les lois, ce n’est plus une affaire de parti. C’est un problème du Ps, de l’Afp, du Pit, du simple paysan. S’il ne sait pas que la convocation d’une structure relevant d’un ministère ou de la Présidence ne peut se faire sans l’aval de la tutelle, cela devient alors une faute grave. Est-ce qu’il a eu le temps de lire ses textes ? C’est un manque de sens de responsabilité. Il y a aussi l’incompétence. Il ne faut pas que ce problème soit rangé dans le registre d’une politique politicienne.

Mais, il y a eu autre développement de cette affaire car, le député du Jëf-Jël, Mously Diakhaté, a révélé que la convocation de ces agences relevant de la Présidence a été avancée par le député Iba Der Thiam. D’ailleurs, c’est lui qui avait présidé cette réunion… C’est encore plus grave. Même si c’est Iba Der qui a rédigé la convocation, c’est le président de l’Assemblée qui appose sa signature. C’est alors une négligence. Je ne vois pas d’argument pour défendre Macky Sall. Tant que les questions le concernant seront soulevées, je serais toujours obligé de l’enfoncer.

Par ailleurs, vous demandez la suppression du poste de numéro 2 au moment où le numéro 1 est en même temps président de la République. Est-ce qu’il pourra avoir le temps de s’occuper de la gestion du pays et du parti ?

Cette thèse est théorisée par Macky Sall. C’est lui qui l’a inventée à son domicile avec ses conseillers. Son ami, Alioune Fall, l’a défendue lors d’une émission, avant que Moustapha Diakhaté n’évoque les mêmes arguments. Et le plus grave, c’est qu’il le fait pour s’attaquer au Président Wade.

Mais que gagne Macky Sall en s’attaquant à Me Wade ?

Seul lui le sait. Mais, nous savons que c’est une attaque directe et frontale. Il ne faut pas oublier que le Pds est un parti de Me Wade. Nous avons un parti hiérarchique à la tête duquel il n’y a que Me Wade. C’est différent des autres partis. Même dans les partis communistes d’alors, il y avait des secrétaires généraux dans chaque domaine. C’est le cas au Pds où il y a un secrétaire général chargé de la propagande et de l’organisation ; Omar Sarr est secrétaire général chargé des élections, ainsi de suite. Donc, chacun se met au travail pour assumer pleinement les responsabilités qui lui sont confiées. C’est ce qui permet au parti de travailler calmement, sans accrochages.

Vous avancez tantôt que le Pds est un parti hiérarchique qui ne se reconnaît qu’en Me Wade ? Maintenant, comment vous appréhendez l’après-Me Wade au sein du Pds ?

Notre parti est suffisamment fort ; il a subi plusieurs attaques et il n’a pas manqué de ressources nécessaires pour s’en sortir. La différence avec les autres partis est que le Pds a une base. Nous avons des militants convaincus du fait que Me Wade est la personne par qui le parti est né. Malgré tout ce que vous voyez, il y a une grande solidarité entre les militants. Donc, l’après-Wade ne posera aucun problème. C’est ce que Wade voudra qui va perdurer jusqu’à 50 ans. Nous suivrons celui que Wade va désigner pour sa succession. Nous lui donnons carte blanche sur ce sujet.

Seule la volonté de Me Wade compte au Pds. Et s’il désigne Idrissa Seck pour conduire le parti ?

Je ne voudrais pas que l’on parle de Idrissa, parce que c’est fini pour lui. Je ne parle pas pour rien et je n’ai jamais parlé pour rien. Ce n’est pas la peine d’épiloguer sur Idy et Macky.

Maintenant, la voie est balisée pour qui ?

Dieu seul sait. Je n’ai pas encore les indices et le Président ne m’a pas encore dit qui il va choisir. Le moment venu, il le fera devant toute la Nation. Maintenant, tout le monde a le droit d’avoir des ambitions. Qu’il soit son fils, son neveu ou un simple citoyen. C’est le peuple Sénégalais qui va faire le reste et l’on sait que le Président jouit d’une grande confiance du peuple. L’avenir nous le dira.

Pensez-vous que Karim Wade puisse faire l’affaire du Pds ?

Je ne peux le dire car je ne fait que suivre le président de la République. Le jour où il dira que Karim Wade est le candidat à sa succession, je saurai qu’il est le candidat idéal. A ce que je sache, Karim n’a pas posé un acte de candidature pour diriger le Sénégal. Ce sont des suppositions et cette question est tellement importante qu’on ne devrait pas épiloguer, là-dessus. Le Président l’a, lui-même dit. «Je n’avais jamais pensé à mon fils pour me succéder. Mais, à force de me matraquer avec cette question, j’ai dit que c’est une hypothèse.» Donc, ce sont les Sénégalais qui ont poussé le Président à voir si Karim peut être président de la République. Il a vu ce qu’il cherchait ou non, je n’en sais rien.

Peut-on s’attendre à ce que Farba Senghor brigue le poste de secrétaire général nationale du Pds comme tous les autres responsables ?

Farba Senghor, c’est Abdoulaye Wade. Le reste, je ne sais pas.

Vous n’avez aucune ambition politique ?

Actuellement, ma seule ambition, c’est d’accompagner le chef de l’Etat. Je ne suis pas dans ces querelles de positionnement. Je ne suivrai personne. Je n’ai jamais été derrière personne et je ne serai jamais derrière personne, si ce n’est Me Abdoulaye Wade.

Avant les élections législatives, vous aviez convié la presse pour annoncer que vous battrez campagne à Thiès. Au constat, cela n’a pas été fait. Pourquoi ?

Je suis allé à Thiès.

Vous étiez parti là-bas une seule fois…

Cette journée vaut plus que mille autres jours. Lors des élections législatives, la victoire a été facile et l’essentiel est que la ville est derrière Me Wade.

D’aucuns avancent que vous n’avez pas pardonné à Macky Sall de vous avoir retiré de la gestion des finances lors de la campagne électorale pour les législatives ; d’où votre radicalisation…

Ma mission a été terminée quand Me Wade avait été élu et largement à la présidentielle. C’est lui seul qui m’intéresse. Les élections législatives ont été confiées à Macky Sall et il a démontré ce qu’il savait faire. Et voilà le résultat. C’est tout !



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email