La capitale gambienne va accueillir, aujourd’hui, le procès du financement de la rébellion casamançaise par l’Etat du Sénégal. Des membres du Mfdc, ainsi que des peulhs seront aujourd’hui devant la barre du Tribunal Small Cours de Banjul pour répondre de l’argent que le gouvernement du Sénégal leur faisait parvenir par le biais de Latif Aïdara et de l’Ambassadeur du Sénégal au pays de Yaya Jammeh.
Des rebelles appartenant au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) et des Peulhs originaires de la Casamance arrêtés et emprisonnés en Gambie vont connaître leur sort ce mercredi, après avoir passé plus d’un an dans les geôles gambiennes. Selon un responsable du mouvement indépendantiste basé à Banjul qui nous a joints au téléphone dans la soirée d’hier, «plusieurs membres du Mfdc dont Sidate Diédhiou, Aboudia, Abdou Salam Diémé, Joseph Diatta, Demba Sambou, Vieux Diédhiou et Alexandre Djiba seront jugés ce 5 décembre au Tribunal Small Cour de Banjul». Il a aussi indiqué qu’une dizaine de peulhs originaires de la Casamance accusés d’appartenir au mouvement, vont être jugés au même moment.
Les confidences de nos sources sont confirmées par un policier gambien du Nia, un service de renseignement. Ce dernier que nous avons joint au téléphone dans la nuit du lundi au mardi, persiste en précisant que «tous les rebelles sont passés devant le juge au mois de novembre». Toutefois, il a refusé de révéler leur lieu de détention et de confirmer le traitement auquel les prisonniers sont soumis.
Mais, notre interlocuteur proche du Mfdc ajoute que ces rebelles et les peulhs ont été jugés dans le même Tribunal les 28 et 29 novembre dernier. «Lors de ce 1er jugement, le juge leur avait appris les motifs de leur arrestation. Laquelle s’explique par le fait que le gouvernement du Sénégal remet, à chaque fin du mois, la somme de 3 millions de francs Cfa à Latif Aïdara. Ce dernier étant chargé de transmettre l’argent aux rebelles par le canal de l’ambassadeur du Sénégal à Banjul qu’il rencontre dans un hôtel appelé Praïa», confie-t-il.
Lors de cette séance, il a été ordonné aux prévenus de se tenir debout durant toute l’audience, ce qui n’a pas manqué d’indisposer les rebelles et les peulhs du fait de leur faiblesse pour des raisons de maladie. En effet, notre interlocuteur révèle que leurs pieds sont enflés. D’ailleurs, il se plaint de l’état de «Abdou Salam Diémé et d’autres détenus qui, actuellement, ont des problèmes de vision. Ils ne voyaient pas du tout quand ils étaient rentrés dans la salle». «Nous avions voulu les aider mais, la police ne permettait à personne de s’approcher d’eux», regrette notre source sur fond de lamentations.
D’après les confidences de notre interlocuteur, ces rebelles et Peulhs sont détenus à Mile 2, une prison construite dans une rizière située entre Banjul et Sérécunda. «Dans cette prison, ils sont torturés. On leur attache les pieds et les suspend, la tête en bas. Ils sont obligés de raconter n’importe quoi de manière inconsciente», renseigne-t-il.
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