En dépit d’avoir fait juré à ses ministres engagement, loyauté et silence, des années après, le président Wade, constate les têtus faits : ses ministres ne peuvent garder les secrets d’État. Comme lui, ils les divulguent selon leurs intérêts et humeurs du moment .
Sous le magistère de son cinquième chef de gouvernement, Cheikh Hadjibou Soumaré, après seulement sept ans passés à la tête du Sénégal, le président Wade avait demandé à ses nouveaux ministres de lui jurer engagement, loyauté et de garder toujours les secrets d’État. Sous le troisième chef de gouvernement, Idrissa Seck, il avait annoncé l’installation de caméras de surveillance dans leurs bureaux, pour vérifier s’ils travaillaient. Un projet rangé, depuis, dans les tiroirs.
Ses ministres n’ont pas également respecté leurs serments. Car, à l’issue de chaque conseil des ministres bon nombre de membres du gouvernement parlent à la presse « off the record ». C’est pour rapporter les bévues de leurs pairs, avec lesquels ils ne sont pas du même bord, en dépit d’être du même parti ou de la même mouvance présidentielle. Chacun d’eux cherche à griller son vis-à-vis, selon ses intérêts de l’heure. D’autres se confient pour tenter de manipuler les journalistes et d’en faire leurs « amis ». D’autres ministres parlent à la presse, encagoulés, parce qu’étant du genre à ne pas pouvoir garder les secrets ; ceci soit par nature, soit parce qu’ayant perdu toute lucidité.
Trois ans après sa mesure préventive, le président Wade en a fait l’amer constat. C’était pour tirer la sonnette d’alarme. Ses avertissements seront vains, d’autant que lui-même est à l’image de ses ministres. Âgé de 85 ans, il lui arrive de confier même à des diplomates des anomalies qu’il devait cacher pour les corriger. Ce fut le cas quand il confia à un membre du corps diplomatique, en service à Dakar, que même le fils de son ministre d’État Habib Sy jouissait d’une bourse scolaire ! Le président voulait convaincre son hôte qu’il a vraiment investi dans l’éducation. Excédé de voir ce qui devait revenir aux fils de nécessiteux détourné pour ceux des nantis, le diplomate finira par faire la révélation à l’occasion d’un séminaire.
Du fait de son âge, le président Wade aime également bavarder. C’est ce qui fait que les conseils des ministres s’étirent en longueur. Ceux qu’il attaque durant ces moments, finissent par ébruiter ses « délires ». C’est pour éviter ceux-ci que son fils Karim Wade cherche à l’amener à respecter le temps normal à consacrer aux Conseils des ministres, selon des sources dignes de foi. Karim avait pris des mesures pour faire surveiller et filtrer les audiences qu’accorde son père. Car, celui-ci se laissait aller à des confessions déplacées, s’il ne piquait, sans raison, une colère noire ou ne se laissait aller à des éclats de rire, que rien ne justifie. Des comportements qui avaient amené l’opposition à projeter de faire constater son état mental par la Cour suprême.
Les mesures de Karim on été vaines. Son dessein de normaliser la durée des conseils de ministres risque de l’être. Car, le fils du président reste rarement au Sénégal. Il est celui qui assiste le moins aux conseils du gouvernement, parce que toujours entre deux jets privés. Car, il veut la fortune et le pouvoir. Des ambitions pour lesquelles son père de président lui a taillé et dévolu le ministre le plus costaud, le plus juteux et le plus stratégique. Un favoritisme, qui explique, également, les fuites à l’issue des conseils de ministres. Car, rares sont ceux qui aiment le fils du président Wade. Ils le craignent plutôt.
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