(ENVOYE SPECIAL)- Dans cet entretien qu’il nous accordé hier, vendredi 19 janvier, dans son bureau de la mairie de Ziguinchor, le candidat la présidentielle du 25 février 2007, Robert Sagna s’est attaqué aux responsables du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) qui se querellent autour de la succession de Abbé Diamacoune. «Ce n’est pas très sain qu’à peine décédé, des voix s’élèvent pour se positionner. Ce n’est pas à mon avis très correct. Cela ne me paraît pas une priorité aujourd’hui. La priorité est que l’Abbé soit enterré dans de bonnes conditions, et qu’ensuite, sereinement, l’aile civile comme l’aile militaire se concertent pour savoir qui va assurer la succession», dit-il.
Quelle lecture faites-vous de la disparition de la figure emblématique du Mfdc, Diamacoune Senghor ?
D’abord je présente toutes mes condoléances à sa famille, au clergé, ainsi qu’à l’évêque de son diocèse, l’évêque Mexan Coly. Ce décès est arrivé à un très mauvais moment. Je veux dire par là un moment où était engagé un processus de négociations pour la paix en Casamance et vous savez que Diamacoune est une personne un peu centrale dans toutes ces négociations. Par conséquent, sa disparition ne peut pas laisser indifférent, en ce sens que malgré son âge, il était le nœud du problème, puisqu’il en était le principal responsable, la figure emblématique et toutes les fractions du Mfdc se réclamaient de lui. Je pense que sa disparition laisse un vide, comme vous l’avez dit : pose le problème de sa succession. Il ne sera pas facile de trouver un homme qui rassemble l’ensemble des combattants, comme l’ensemble de l’aile civile. Ce que nous souhaitons simplement, c’est que le Mfdc choisisse cette occasion pour se reprendre, pour réfléchir à la voie la meilleure qui nous permette de ne pas ralentir le processus de paix dans lequel l’Abbé s’était engagé.
Pour la succession de Diamacoune, des noms circulent : Nkhrumah Sané, Ansoumana Badji, Jean Mari Biagui… Pensez-vous que c’est dans ce trio que le Mfdc doit choisir son successeur pour continuer la recherche de paix entamée ?
Je ne sais pas dans quel vivier le Mfdc va choisir le remplaçant de l’Abbé Diamacoune Senghor. Mais je ne pense pas non plus que le meilleur moyen de le succéder soit de se présenter comme étant son successeur. Je crois qu’il faut laisser au Mfdc le soin de choisir en son sein qui va le diriger. Comme je l’ai souvent dit, dans notre tradition, on ne se fait pas roi, ce sont les autres qui font de vous un roi. Et ce n’est pas très sain qu’à peine décédé que des voix s’élèvent pour se positionner. Ce n’est pas à mon avis très correct. Cela ne me paraît pas une priorité aujourd’hui. La priorité est que l’Abbé soit enterré dans de bonnes conditions, et qu’ensuite, sereinement l’aile civile comme l’aile militaire se concertent pour savoir qui va assurer la succession. Je ne crois pas non plus que, c’est à partir de disputes, de tiraillements que cette succession se fera en douceur. Or, on gagnerait à ce que cette succession se fasse en douceur.
Le temps n’est-il pas venu de rebattre les cartes, d’autant que dossier casamançais dépasse le seul horizon du Mfdc et interpelle tous les fils de ce pays ?
Non, il faut rebattre les cartes en ce qui concerne le processus de paix et impliquer tout le monde et comme vous le dites, la paix ne concerne pas que les belligérants. La pais concerne l’ensemble du peuple sénégalais en général et le peuple casamançais en particulier.
Mais je pense qu’il appartient exclusivement au Mfdc de se choisir son chef. Je ne pense pas qu’il est sein qu’on vienne de l’extérieur pour lui imposer un chef. Celui-là doit venir de ses propres rangs. Je crois que c’est tout à fait exclusif. Toutefois, la recherche de la paix n’incombe pas seulement au Mfdc, puisque nous sommes tous interpellés, c’est bien tout le monde qui doit s’impliquer.
C’est justement à ce niveau-là que le candidat à la présidentielle de 2007 est interpellé. En combien de jours allez-vous régler la question de la crise casamançaise ?
J’en ferai certainement une priorité ; il n’y a pas de doute, mais il est hasardeux de dire que je vais le régler en tant de jours, voire en tant d’années. C’est trop prétentieux. Le problème est trop complexe et on ne peut pas l’aborder de cette façon, en pensant que dans des délais qu’on peut se fixer on peut le régler. Je crois qu’il faut se donner le temps de résoudre durablement le problème de la Casamance et en profondeur.
Je crois que le régime actuel et le Président Wade en particulier, s’est aperçu que ce n’est pas en cent jours un problème aussi difficile. Peut-être par méprise, il n’avait pas mesuré la difficulté qu’il y a à reprendre le processus de paix. Mais à mon avis, je crois qu’il a pris la pleine mesure de la chose. Le problème simplement est qu’il faut que le gouvernement montre une ambition réelle, une volonté réelle affichée de régler cette question, se donne une stratégie claire pour le faire. Or, pour moi aujourd’hui, c’est la nébuleuse, ce n’est pas clair, je ne vois pas très bien quelle est la stratégie du gouvernement. On nous parle de négociations, de régler le problème par le dialogue. Or, je ne vois pas de négociations engagées, je ne vois pas non plus de dialogues, puisqu’à la place ce sont des militaires que je vois redéployés. Alors, je ne comprends pas très bien…A ce niveau, il faut que le gouvernement soit très clair. Qu’il affiche, décline, déroule une stratégie et une volonté très claires. Que nous sachions qu’est-ce qu’il veut et comment il veut arriver à cette paix durable en Casamance.
En dehors du dossier Casamançais, avez-vous d’autres points de votre programme de campagne pour la présidentielle 2007 à dévoiler ?
Je l’ai dit quelque part, ma priorité c’est d’abord de rétablir des valeurs dans ce pays, de réconcilier le Sénégal avec lui-même, de rassurer la jeunesse désespérée, de lutter contre la pauvreté surtout en milieu rural, de mieux assurer la bonne gouvernance, cela est fondamental. Et autant que possible, par des équilibres et des choix rationnels d’investissements de susciter une croissance soutenue pour créer des emplois, parce que sans développement, sans croissance, il n’y a pas de générations d’emplois. Mettre l’argent où c’est prioritaire. Je vous donne l’exemple : pour moi douze (12) kilomètres de Corniche à 150 milliards ça me paraît pas prioritaire. Je ne dis pas que ce n’est pas utile, mais est-ce qu’il n’y a pas plus utile, plus pressant.
Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que votre retrait probable de la mairie de Ziguinchor fait partie du «deal» avec le candidat libéral à la commune, Abdoulaye Baldé ?
Je n’ai jamais rencontré Abdoulaye Baldé pour parler des problèmes de la mairie, jamais… Nous ne nous sommes jamais entretenus de ces questions là.
Réalisé par Bacary Domingo MANE
«Ce que nous souhaitons simplement, est que le Mfdc choisisse cette occasion pour se reprendre, pour réfléchir à la voie, la meilleure qui nous permette de ne pas ralentir le processus de paix dans lequel l’Abbé s’était engagé. »
«(…) On gagnerait à ce que cette succession se fasse en douceur»
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