Abdoulaye Wade est un « président spécial » disait de lui l’ancien président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, au sortir d’une audience avec le chef de l’Etat sénégalais, il y a quelques années. Plutôt d’y voir de l’ironie à l’endroit de quelqu’un qui se prend pour un messie en troisième millénaire, Wade en a plutôt fait un motif de fierté. Il vient d’en rajouter une couche dans un entretien accordé au journal français ‘’L’expansion’’ publié ce jeudi.
A la question de savoir s’il ne craint pas l’usure du pouvoir, le président Wade, qui est à son onzième année au pouvoir et qui entend briguer un troisième et polémique mandat en 2012, répond sans ambages que non. Mieux, il affirme qu’il ne croit pas à l’usure du pouvoir au Sénégal. « Je suis le seul président en perpétuel état de grâce », pérore-t-il.
Feignant l’amnésie ou vivant un trou de mémoire réel, Wade omet de parler de la raclée et de l’humiliation subies jusque dans son propre bureau de vote à Dakar, lors des élections locales de 2009. Il passe sous silence les émeutes des crises alimentaire et de l’électricité, les manifestations contre les inondations, les immolations par le feu au porte de son palais, etc.
A en croire le dernier président spécimen en activité, « son » perpétuel état de grâce s’explique : « C’est un phénomène spécial lié à ma personnalité. C’est sans doute lié au fait que je ne suis pas un baratineur, je suis un homme d’action ». A beau mentir qui vient de loin semble-t-il se convaincre face au journaliste français. Wade oublie que l’on est dans « un village planétaire » où les personnes sont informées partout presque en même temps, comme en atteste sa tentative de corruption d’un fonctionnaire du Fmi qui avait fait le buzz du Net en 2009. Le monde entier sait depuis longtemps que Wade promet plus qu’il ne fait, dit une chose un jour et son contraire le lendemain.
Se comparant à l’économiste Keynes, son « maître » (tient donc, il en a un), Wade pense qu’« on ne peut pas nier le rôle des personnalités dans l’histoire. Ce sont les hommes qui sont déterminants ». Il prend ainsi le contrepied du président des Etats-Unis Barack Obama, qui dans son discours au Ghana, en 2009, a indiqué que l’Afrique a besoin moins d’hommes forts que d’institutions solides.
3 Commentaires
Khoumba
En Avril, 2011 (01:21 AM)Feeegne
En Avril, 2011 (01:46 AM)Undefined
En Avril, 2011 (08:50 AM)Participer à la Discussion