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Politique

IBRAHIMA ISIDORE EZZAN : « La supression du deuxième tour obéit à des raisons économiques »

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IBRAHIMA ISIDORE EZZAN : « La supression du deuxième tour obéit à des raisons économiques »

portant amnistie des crimes de sang commis entre 1983 et 2004 qui porte son nom, Ibrahima Isidore Ezzan est de nouveau au-devant de la scène politique. Le député libéral de Kaffrine est en train de préparer un texte sur la suppression du deuxième tour de la présidentielle. Invoquant des raisons économiques pour justifier l’organisation d’une élection présidentielle à scrutin unique, Ibrahima Isidore Ezzan s’en prend vivement, dans l’entretien qu’il nous a accordé, aux nombreuses voix qui se sont élevées pour remettre en question son idée. Entretien

Le Depute Ezzan, Photo WalfOn a appris dernièrement que vous êtes sur le point d’introduire au niveau de l’Assemblée nationale une proposition de loi portant suppression du deuxième tour de la présidentielle ?

En fait, j’ai émis l’idée parce que je pense que le rôle d’un député c’est de légiférer et comme nous permet la loi, les députés peuvent faire des propositions de loi allant dans le sens de parfaire certaines dispositions de la constitution. En tant qu’acteur politique et intellectuel dans ce pays, je pense que j’ai le droit d’avoir des idées, de les exposer avec des arguments à l’appui. Raison pour laquelle, j’ai estimé que pour les mêmes raisons qui ont guidé au couplage des élections, il est judicieux que nous allions à une Présidentielle à un tour. D’abord, il est établi que les deux tours demandent des moyens financiers colossaux à la charge de l’Etat. Ensuite au niveau de la campagne électorale, on perd beaucoup de temps par rapport au travail alors que nous sommes un pays émergeant où chaque seconde est précieuse pour le tissu économique et social. En campagne électorale, vous savez que même l’administration ne travaille plus, elle reste bloquée malgré elle. Trois mois avant et trois mois après les élections, les gens ne travaillent pas. Pour toutes ces raisons que je viens d’énumérer, j’ai estimé, après mure réflexion, qu’il était nécessaire de supprimer le second tour. C’est une proposition que j’ai. Maintenant la classe politique a le droit de réagir positivement ou négativement mais en donnant des arguments. Il faut que les gens apprennent à débattre sur les idées et non sur la vie des personnes ou sur leur comportement social.

Quand comptez-vous déposer le texte sur le bureau du président de l’Assemblée nationale ?

Je ne peux pas vous dire exactement la date parce que je suis dans un groupe et il faudrait donc que j’en discute avec les autres. D’autre part, c’est juste une idée que j’ai émise. Une fois de plus, cela ne veut pas dire que l’idée est effective et que la proposition va être incessamment déposée au niveau de l’Assemblée nationale. On est en train d’y travailler et convaincre par la même occasion les gens qui sont avec moi ainsi que mes autres collègues parlementaires. Ceux qui qualifient, maintenant, cette idée de recul démocratique n’ont rien compris. Je regrette de le dire, mais une élection à deux tours ou à scrutin unique ne constitue pas un critère de démocratie. D’autant plus que les Etats-Unis, la mère de toutes les démocraties, organisent un seul tour. Les critères d’une démocratie, c’est la transparence, l’égalité de chance et la sincérité des élections durant tout le processus. Et sous ce plan, il n’y a rien à dire.

Pour d’aucuns, vous n’êtes que le bras armé du Président Abdoulaye Wade à qui revient cette idée de suppression du deuxième tour. Que répondez-vous à cela ?

Le disque est devenu rayé. Ce n’est pas la première fois que j’entends cette chanson. Le problème, dans ce pays, c’est qu’on ne peut pas faire la séparation des pouvoirs. Qu’il y ait des problèmes aussi bien au niveau de la justice qu’au niveau du législatif, on indexe toujours le président de la République. Mais ce n’est pas possible ! Le problème de tous ces gens qui crient de gauche à droite, c’est qu’ils n’ont pas une tradition de liberté de travail. Maintenant, le Parlement s’immisce dans beaucoup de domaines, prend de nombreuses initiatives louables et travaille indépendamment de l’exécutif parce que dans la séparation des pouvoirs, l’initiative des lois appartient à la fois à l’exécutif, par les projets de loi, et au législatif qui rédige des propositions de loi. Pourquoi diable, voit-on à chaque fois, la main du Président derrière chaque acte posé par une personne ? Il faut donner un peu de respect aux parlementaires. Le rôle régalien de l’Assemblée nationale est des légiférer... Mais dans ce pays, on fait semblant d’ignorer cette réalité. La liberté, c’est dans la tête d’abord.

Je peux vous certifier que c’est une idée que j’ai émise tout seul. Je n’en ai discuté avec personne. Et d’ailleurs, la constitution qui n’est ni une Bible ni un Coran est perfectible.

Au-delà des raisons économiques que vous avez tantôt évoquées pour justifier la suppression du deuxième tour, n’y a-t-il pas un manque de confiance en vos chances de remporter les prochaines élections ?

Pourquoi douterions-nous de nos capacités électorales ? C’est insensé ! Vous savez, les Sénégalais sont intelligents et savent celui qui travaille pour l’amélioration de leur vie quotidienne et ceux qui ne sont là que pour leurs intérêts personnels. Si les réalisations effectuées par le Président Abdoulaye Wade en six ans avaient été faites par les socialistes durant leurs quarante ans de règne, le Sénégal serait aujourd’hui un eldorado. Par conséquent, Me Abdoulaye Wade sera jugé sur son bilan qui est largement positif. Si vous pensez que nous avons peur des élections, vous vous trompez lourdement. Nous allons dans la brousse, discutons avec les gens et savons ce qu’ils pensent de la situation nationale.

Comme la fameuse loi d’amnistie dont vous êtes l’auteur, cette idée de suppression du deuxième tour est partie pour susciter une grosse controverse au sein de la classe politique. C’est comme si vous vous plaisez à être à l’origine des polémiques...

Je ne parlerai plus de cette loi (Ndlr, loi Ezzan) pour des questions bien précises. Dans ce pays, c’est comme si les Sénégalais n’avaient plus le droit d’émettre des idées. Moi, Ibrahima Isidore Ezzan, j’ai été élu pour légiférer, je ne me contenterai jamais, et tous mes proches le savent, d’être dans une position d’attente. A chaque fois que je me rends compte que sur une question bien donnée, il urge de faire quelques correctifs, je n’hésiterai pas. Maintenant, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. L’essentiel pour moi est de m’acquitter convenablement des missions qui m’ont été confiées par les Sénégalais.



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